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Au coeur d'une marée bleutée
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Voyager lui permettait de voir de nouveaux paysages, c’est vrai. S’il avait eu une âme de scientifique, et le matos pour, il aurait adoré étudier la composition des végétaux pour comprendre ce qui avait pu leur donner cette singulière teinte bleutée. S’il avait eu une âme d’artiste, il aurait cherché à la représenter sous une multitude de différents bleu pour immortaliser sa beauté. Et s’il avait été un poète, il aurait trouvé quantité de synonymes pour en écrire une ode. Mais il n’était qu’un médecin, alors il ne pouvait qu’admirer cette merveille de la nature… Et tenter de trouver des plantes intéressantes pour son activité.

En tout cas, les voyages maintenant étaient bien plus agréables que tous ceux qu’il avait fait dans le monde d’avant. Notamment car il n’avait plus à se taper les douanes, le monde, le bruit et les retards en tout genre. Là, il pouvait avancer à son rythme, et prendre son temps s’il le souhaitait. Bon, techniquement, il ne voyageait plus seul, mais c’était le moins chiant du trio des Châtaigniers - il appréciait Lysandre, mais il appréciait encore plus Maggie qui n’avait pas ce côté directif - et il ne lui imposait pas un rythme de militaire.

Et l’avantage, c’est que même s’il s’éloignait quelques heures, l’autre le laissait faire sans nécessairement s’inquiéter, ce qui l’arrangeait.

Avant, Rune n’avait jamais eu de soucis avec son corps, ou avec le regard des autres en général. Qu’on le mate ou non, qu’on apprécie ce qu’on voyait ou pas, il s’en foutait. Mais le problème, c’est qu’avec l’agression dont il avait été victime, il n’avait pas vraiment pris le temps de… Juste s’habituer à sa nouvelle apparence. Et il avait préféré se faire cyroniser plutôt que de demander un soutien psychologique. Mais bon, marcher en permanence dans la nature, ça n’aidait pas à rester propre, alors il sortait de temps à autre une excuse pour s’éloigner un moment, et pouvoir se rafraîchir en paix.

Il avait accroché son lourd manteau à une branche d’arbre après l’avoir frotté avec de la cendre et rincé dans la rivière, fait subir le même traitement au reste de ses habits, et vu qu’il avait besoin d’attendre que cela sèche, il avait finit par se glisser dans l’eau, le tout en évitant aussi soigneusement que possible de discerner son reflet. Et puis il s’était détendu, et laissé aller, flottant à moitié dans le faible courant et trempant ses - trop - longs cheveux avant de finir par s’appuyer contre la berge, et de fermer les yeux. Détendu. Au calme. Et seul.
Rune
❦ Feuille de châtaignier
Rune
Rune
Au coeur d'une marée bleutée Giphy
Lun 31 Juil - 21:30
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La jungle était un enfer.

Tu t'y attendais, indéniablement, mais pas aussi hostile, invivable. Enfin, pas entièrement. Bon candidat, tu avais fait de nombreuses recherches sur un peu tous les environnements possibles après ton réveil. Rien n'assurait que la végétation aurait repris ses droits, il était autant envisageable qu'un hiver éternel ai pris possession du globe. Néanmoins, puisqu'il s'agissait de l'Amérique du sud, c'était sur ses forêts tropicales que tu t'étais le plus penché. Cherchant à comprendre comment s'y déplacer, éviter les danger, trouver à manger... Survivre en fin de compte. Ton objectif premier. Mais bon sang, entre la théorie et la pratique, il y avait toujours une marge, mais actuellement cet enfer était incomparable. Les ghettos de Johannesbourg te manquaient presque.

Perché dans les branches d'un arbre à la hauteur impressionnante, le seul qui t'offrait une vue sur les alentours, tu soupirais face à cette immensité à la fois merveilleuse et oppressante.

Pour sûr, depuis ton perchoir, ce paysage était d'une beauté indécente, digne des documentaires écolos, mais tu savais très bien qu'une fois tes pieds revenus sur la terre ferme, la végétation t'engloutirait à nouveau. C'était comme se jetait dans sa gueule béante, n'attendant que des âmes imprudents pour se repaître. D'une jungle de béton, tu côtoyais à présent son égal naturel face auquel tu étais mitigé. Au moins, personne pour te les briser.

Déjà plusieurs jours que tu t'étais lancé à la recherche d'autres candidats. Vous ne pouviez pas être que quatre, c'était impensable. Tout autant que s'imaginer rester chacun dans son coin. Même si l'idée semblait séduisante, dans tes laborieuses recherches tu avais bien compris que pour survivre efficacement, il fallait se réunir. Preuve en était les tribus tropicales, ou même africaines. Toujours des groupes, jamais des solitaires. Pensée ironique en observant que tu étais partie seul, mais les autres ne voulaient pas. Alors tant pis, tu reviendrais les chercher plus tard, en espérant les retrouver.

A l'instar de tes recherches sur le potentiel futur dans lequel tu viendrais à vivre, tu te montrais exemplaire dans ton aventure. Dessinant sans grand talent l'esquisse d'une carte, de ton chemin plutôt. Y griffonnant chaque détail qui attirait ton attention, se démarquant du paysage et pouvant former un repaire. Peut-être te servais-tu de ce prétexte pour juste prendre plaisir à prendre de l'altitude pour observer le monde. A, comme les grues te manquaient. Il te tardait d'en retrouver une, ou même les restes d'un gratte-ciel suffisamment conservé pour t'installer quelques jours sur son toits. Sentir le vent sur ton visage et savoir qu'en un instant, tout pourrait finir si tu le voulais. La maîtrise absolue.

Il était encore tôt dans la journée. Tu voyageais beaucoup, le sommeil te manquait. Pour autant, tu ne te sentais pas encore épuisé, tu avais de quoi manger et boire, le matériel de base, enfin, un peu moins pour voyager aussi léger que possible. Puis tu étais armé pour te défendre.

Un bourrasque soudaine fit tourner les pages de ton carnet, en profitant pour te faire sortir de tes rêveries. Une sortie si abrupt que tu manquas de perdre l'équilibre. Plus de peur que de mal, si ce n'est pour ton crayon que tu suivis du regard chuter jusqu'au parterre de feuilles et de racines. Fait chier. T'allais encore mettre des plombes pour le retrouver.

Le carnet ne tarda pas à retrouver sa place dans ton sac à dos, puis tu quittas ton perchoir avec toujours plus d'aisance. Tu commençais à y prendre l'habitude, autant que le goût d'ailleurs, même si tu étais encore loin de maîtriser la descente à la perfection.

Te voilà enfin enfoiré ! Lâchas-tu après bien cinq minutes passées à épier chaque centimètre entourant ton ancien perchoir. Enfin tu allais pouvoir te remettre en route.

La direction était incertaine, comme depuis ton départ en fin de compte. Peut-être marchais tu vers le rien ni personne, peut-être allais tu vers une zone déjà sécurisée. Il n'y avait que l'incertitude dans ce nouveau monde. Alors tu avais pris plein Nord, une direction simple à garder.

Tu t'apprêtais à repartir quand tu te souvins ne pas encore avoir marqué cet arbre, alors tu le fis à l'aide de ton couteau. Une gravure simple, une pseudo flèche suffisamment grande pour se démarquer si l'on savait quoi chercher, à hauteur des yeux, indiquant la direction des Orties. Tu avais commencé par reproduire le symbole qu'elles gravaient, mais il était trop long et puis à force de s'éloigner, il aurait perdu de son sens. Une flèche était plus simple.

La chaleur était étouffante, pourtant tu y étais habitué, mais celle-ci était différente. L'humidité était la cause de ce désagrément et tu te demandais comment les gens pouvaient s'y habituer. Tu pris une courte gorgée de ta gourde, sentant par la même occasion qu'elle commençait à se vider. Peut-être lui restait-il un quart de son contenu, pas assez à ton goût. Heureusement, tu avais repéré le sillon d'une potentielle rivière depuis les hauteurs. Rien ne t'en assurait sa présence, mais tu préférais te montrer optimiste. Peut-être même que tu pourrais en profiter pour pêcher un casse-dalle. Hum. Non, sans doute que tu te remettrais en route jusqu'à trouver un meilleur coin. Puis, suivre un court d'eau était toujours une bonne idée pour trouver la civilisation avais-tu lu.

Il te fallut plus longtemps que prévu pour l'atteindre. Tu commençais même à douter de son existence avant d'en entendre l'écoulement délicat. Pas des grandes rapides à priori. Même si tu n'y connaissais pas grand chose, le son ne ressemblait pas à ce que tu avais pu voir dans les reportages. Sans doute une mince rivière. Peu importait en fait, tant que tu pouvais y faire tes réserves. D'ailleurs, tu avais toujours sur ta liste des trucs à trouvés des bouteilles en verres. Il devait bien en restait des utilisables quelque part.

Le bras d'eau était plus grand que tu ne le pensais. Suffisamment pour s'y immerger jusqu'à la taille, mais pas d'une grande largeur en contrepartie. Quelques poissons s'y faufilaient discrètement, essayant d'échapper à ton regard. Ils étaient bien trop vif pour toi, alors tu ne perdis aucune énergie à essayer de les attraper, te contentant de finir tranquillement ta gourde avant de la remplir. Il te faudrait allumer un feu avant de la boire, peut-être dans une heure ou deux. En attendant, tu repris ta route en suivant le courant qui, par une chance insolente, se dirigeait droit vers le Nord.
Mathias
⚘ Bouquet d'orties
Mathias
Mathias
Lun 31 Juil - 23:32
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Il avait traversé pas mal de contrées différentes au fil de sa vie, et ce avant même d’intégrer le projet Perséphone. Des régions enneigées de la Norvège au climat des Etats-Unis où il avait subi sa première tornade, des terres plus secs du Mexique à l’humidité tropicale du Brésil… Et même maintenant, entre les steppes asséchées à côté de l’immense marais, la tempête de sable en plein désert ou même la luxuriante végétation de la jungle et ses cascades, il pouvait clairement affirmer avoir admirer ses paysages exceptionnels. Avant, voyager et traverser les pays avait un aspect pratique: celui de l’éloigner de ses sombres pensées et de s’isoler toujours plus dans son travail. Alors il ne faisait pas nécessairement attention à là où il allait, il se contentait d’avancer sans but, parce qu’il y aurait toujours des malades dans le besoin quelque part, et qu’il ne pensait à rien d’autre qu’à la médecine quand il était aussi absorbé par les soins qu’il prodiguait. Ce qui était très bien. Moins de temps libre, moins de temps de réflexion. Et qu’il n’avait aucun souci à sacrifier sa santé sur l’autel de sa vocation, tant que cela lui permettait d’éviter de voir les choses en face.

Maintenant, c’était différent. Oh, pas qu’il accepte toujours les faits, c’est juste qu’il n’avait pas vraiment le choix de toujours détourner la tête de ses problèmes. Surtout quand il était seul. C’est pour ça que malgré l’agacement que cela représentait, il préférait quand même voyager en groupe. Il devait certes supporter des bruits encore plus incessants - mais rien n’était totalement silencieux de toute façon, encore moins pour lui, et encore moins dans ce nouveau siècle - et les tentatives de socialisation, mais cela le forçait au moins à se concentrer sur autre chose que lui-même. Cela ne voulait pas dire qu’il n’appréciait pas d’être seul, juste qu’être avec d’autres lui donnait au moins… Une excuse pour ne pas réfléchir à ce qu’il ne voulait pas réfléchir.

Et quand il se retrouvait seul malgré tout, que ce soit de son plein gré ou non, et bien il pouvait toujours tenter de penser à autre chose. Les plantes lui offraient un bon moyen pour ça d’ailleurs, il y avait quelque chose d’assez plaisant à les observer, à les tester, à les goûter, et à voir ce qui pourrait être utile ou non, et écrire ensuite consciencieusement le fruit de ses recherches.

Oui, tout était prétexte à ne pas penser au passé.

Mais là, pour une fois, il n’était pas envahit par les idées noires, et il se contentait de savourer pleinement cet instant de calme où il pouvait juste prendre soin de lui. Et peut-être, c’était une légère possibilité, que l’herbe qu’il avait fumée en marchant jusqu’à la rivière aidait pas mal aussi. Bien qu’il ne trouvait pas très pratique la façon dont il pouvait profiter des effets de la drogue. Se faire un joint en pleine jungle n’était pas chose aisée. Il se demandait de plus en plus si une pipe ne serait pas plus intéressante, ne serait-ce que pour contrôler la quantité qu’il fumait, vu qu’il pourrait se contenter d’une ou deux taffs sans soucis. Mais il était loin de pouvoir y parvenir, même s’il commençait à tester ses taillades sur quelques branches de bois.

Pour l’heure, et vu que la drogue faisait son effet sur son organisme, il se laissait aller bien plus qu’il ne l’aurait sans doute fait en temps normal. Il avait le temps, vu que ses habits séchaient, même si le soleil devrait aider. Il s'immergea totalement dans la rivière, les yeux clos, savourant la façon dont la fraîcheur du liquide remonta le long de sa peau jusqu’à le recouvrir totalement, et il resta quelques secondes ainsi, protégé par le calme fabuleux du monde aquatique, loin du tumulte de la jungle au-dessus de lui.

Ce n’est pas qu’il trouvait ça particulièrement bruyant, c’est qu’il avait du mal à s’habituer aux divers cris et sonorités des animaux, et que cette cacophonie incessante lui donnait quasiment tous les soirs de belles migraines. Alors ce presque silence soudain…

Quelques bulles d’air s’échappèrent, traitresses, de ses lèvres, et il fit durer la sensation encore quelques instants, assez pour que ses poumons le brûlent de plus en plus, et il se laissa enfin remonter à la surface, crevant l’eau limpide pour inspirer une gorgée d’oxygène salvatrice. Prenant son temps, il rassembla ses cheveux en arrière, et revient chercher le peu de cendre qu’il lui restait pour les frotter avec. Il devrait sans doute les couper, ce serait plus pratique et bien plus hygiénique, mais ses longues mèches lui permettaient de cacher en partie l’immonde cicatrice sur sa gorge quand il devait ouvrir son col en marchant, alors il ne s’était toujours pas décidé. Il prit donc son temps, car ce serait inconscient de sa part de laisser un quelconque parasite s’installer sur lui, et les rinça avec soin, penchant la tête en avant jusqu’à être totalement satisfait. Il les essora vaguement et redressa le crâne, et c’est là qu’il le vit.

Un autre homme, non loin. Et ce n’était pas quelqu’un qu’il avait déjà rencontré.

Il se demanda vaguement si l’autre avait profité de la vue qu’il lui offrait - il n’était pas certain à 100% que ses fesses soient restés totalement immergées dans la manœuvre - avant que sa conscience ne lui rappelle que son corps était bardée de cicatrices qu’il ne supportait pas lui-même et qu’il était nu. Face à un inconnu. Alors certes, elles ne s’étalaient pas jusqu’à son dos, donc il ne devait pas les avoir totalement vues, mais même si ce n’était pas le cas, il était un putain de point statique au milieu de l’eau et ses vêtements à une dizaine de mètres sur la berge, donc courir dessus attirerait bien vite l’attention et les réflexions. Et il risquait de perdre le peu de dignité qu’il lui restait en s’étalant par terre s’il tentait de remonter la berge sans faire attention.

Alors il fit ce qu’il savait faire de mieux: nier être dans l’embarras, arborer sa meilleure moue blasée, et pincer les lèvres en attaquant le premier.

- Je ne te gêne pas j’espère ?
Rune
❦ Feuille de châtaignier
Rune
Rune
Au coeur d'une marée bleutée Giphy
Mar 1 Aoû - 20:07
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Suivre un cours d'eau avait son intérêt, les civilisations s'y installaient avec aisance et pour trouver quelqu'un, c'était une méthode qui pourrait s'avérer payante. Néanmoins, elle n'était pas sans faille. Un défaut que les moustiques venaient à combler d'un plaisir sadique, voletant autour de l'eau prêt à s'agripper à la moindre âme voulant s'abreuver. Et même si tu n'y étais resté qu'un instant, toute une ribambelle de ces suceurs de sangs t'avaient pris en chasse. A cause de la chaleur et de l'humidité, tu faisais une proie aisée, un pantalon transformé en simulacre de pantacourt, et un simple T-shirt auréolés de tâches de sueurs. Ta veste fermement attaché sur le dessus de ton sac-à-dos. Alors tu les chassais par de frénétiques revers de la main, voir tu te coller des claques dès que tu sentais une présence atterrir sur ta peau. Le pire dans ce carnage, c'est que tu savais bien ne pouvoir tous les chasser, et bien un ou deux de ces parasite parviendraient à se faufiler là où tu ne les sentirais pas, te pompant alors sans vergogne pour te laisser une horripilante démangeaison.

Putain de jungle.

De temps en temps, tu t'essayais à l'herboristerie en comparant certaines plantes de ton guide de survie à celle que tu rencontrais. Certaines, d'après le bouquin, pouvait permettre de créer des onguents atténuant l'envie de se gratter. Mais pour l'heure, tu te retrouvais bredouille.

Au loin, d'autres oiseaux se mirent à chanter. La vie était partout dans cet océan de végétation, mais une vie humaine à ton désarroi. Pas que tu sois pressé de pouvoir t'emporter dans des discussions sans intérêts, tu n'avais pas grand chose à dire, mais plutôt pour former un semblant de communauté plus grand que quatre personne. Enfin, c'est certain que tu ne t'attendais pas aussi vite à rencontrer un caucasien se baignant.

Ta réaction ne fut pas des plus vives, pas des meilleurs non plus. Tu te contentas, incertains de savoir si ta vue te jouait des tours ou non, à rester là, debout comme un piqué, surplombant l'homme nu depuis les hauteurs de la berge. Ta bouche s'entrouvrit légèrement, une certaine volonté d'ouvrir les hostilités de cette rencontre, pourtant, tu restais bouche bée et ne parvint à te ressaisir que lorsque l'étranger ouvrit lui même la conversation.

Ton premier réflexe, même s'il semblait bien inutile au vue de la non-violence qu'affichait l'inconnu, fut de t'emparer du couteau de chasse attaché à ta ceinture. Puis, les yeux toujours fixé vers le dénudé. Ton tatouage. J'veux voir ton tatouage ! Tout en ponctuant cette phrase un tantinet agressive, tu leva ton bras pour lui présenter le tiens. Il te semblait bien avoir vu le siens, mais tu n'en étais pas sûr, en tout cas, ce n'était pas sur ça que ton regard s'était focalisé, mais bien sur la présence générale d'un autre humain.

Rapidement, tu quittas ta posture défensive, sans totalement baisser ta garde pour autant, te rendant bien compte que dans cette rencontre, c'était toi qui se montrait dangereux. Pour autant, tu ne quittas pas ta position surélevée. Excuses moi, je m'attendais pas à trouver quelqu'un ici. Moi c'est Mathias, de la ruche Orties. Des jours que je marches pour trouver d'autres personnes et t'es le premier. Quelques secondes flottèrent durant lesquelles tu jaugeas le gars, observant son allure et sa carrure plus que les nombreuses cicatrices qui le recouvraient, tu avais vu pire. Je tenterais rien avec ça s'il en va de même pour toi. Ajoutas-tu en plaçant en évidence l'arme que tu tenais.

Mathias
⚘ Bouquet d'orties
Mathias
Mathias
Lun 14 Aoû - 12:28
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Prendre soin de son corps, c’était aussi un principe de médecine en soit. L’hygiène était une donnée importante face aux diverses maladies, et bien qu’il ne pouvait plus en appliquer les règles à la perfection, il essayait au maximum de faire attention à ce qu’il faisait. Se laver les mains correctement, nettoyer ses aliments et ses affaires, et se laver donc. Tout n’était pas parfait sans savon, et l’utilisation de la suie avait des limites, mais c’était mieux que rien. Et même en oubliant tout cela, rien que de pouvoir se rafraîchir était une bénédiction, au vu de la chaleur étouffante de la jungle. Mais bon, dans son cas, et vu les marques qu’il cachait sur sa peau, ses petits moments de bonheur simples étaient plus compliqués à mettre en œuvre. Voyager à plusieurs avaient l’avantage de réduire les dangers de la faune locale, mais cela impliquait de montrer ce qu’il ne supportait pas de voir lui-même. D’où son excuse foireuse pour s’éloigner un peu et avoir quelques heures seul.

Enfin, il aurait dû être seul. Mais depuis quelques temps, il trouvait que les dieux s’acharnaient beaucoup sur lui, à lui faire rencontrer des inconnus quand il le souhaitait le moins. Et dans le cas présent, quand il n’était vraiment pas prêt à devoir entretenir une quelconque conversation. C’est surtout pour ça qu’il se montrait hargneux. Avec ses cicatrices, il se serait foutu qu’on le voit nu ou non, il y aurait été avec quelques blagues douteuses, et il s’en serait foutu. Maintenant, sans vêtements sur le corps, il se sentait totalement vulnérable, et grogner contre le nouvel arrivant était une manière comme une autre pour cacher sa gêne. Déjà qu’il n’avait pas un caractère très commode de base…

Mais ça, c’était avant que l’autre ne sorte un couteau et lui ordonne de montrer son tatouage.

Il aurait pu se moquer, encore une fois, de la façon dont tous les survivants se référaient à ses fameux tatouages, parce qu’il n’avait jamais compris l’identification que chacun faisait avec sa Ruche de base, alors qu’ils vadrouillaient quasiment tous seul ou en tout petit groupe, et donc que ses signes de reconnaissances ne valaient rien du tout. Il aurait pu, en effet, mais à cet instant la seule chose qu’il voyait, la seule chose qui s’imposait dans son esprit, c’est que ce type avait sortit une arme.

Un couteau. Un inconnu. Une ruelle sombre pleine d’ordures. Le métal mordant sa chair et tailladant sa peau. Le poids de l’homme au-dessus de lui et l’arme qui s’abattait un peu plus. Douleurs vives et lancinantes, et ses cris qui s’étouffaient dans son propre sang.

Il recula de quelques pas maladroits, glissant dans l’eau et réussissant à conserver son équilibre de justesse, alors que les souvenirs de son agression lui revenaient en pleine face. Il sentit la bile remonter le long de sa gorge, et il lui fallu se concentrer de toutes ses forces pour réfréner la nausée. Un simple couteau, et tous les murs et les défenses mentales qu’il avait construit pour se préserver avaient volés en éclat. Il se sentait trembler alors qu’il fixait toujours l’autre, essayant de reprendre le contrôle de son corps quand tous ses instincts hurlaient au danger et à la fuite. Mais il ne pouvait pas s’enfuir. Il était une nouvelle fois piégé, vulnérable, à la merci de son vis-à-vis.

Il n’avait pas montré son tatouage, pas plus qu’il n’avait regardé celui de l’autre. Ce dernier se présenta toutefois, peut-être parce qu’il venait de capter qu’il était en train de lui foutre la frousse, qui sait ? Il fallut un instant pour que les mots soient compréhensibles dans son esprit paralysé.

Sérieusement ? Il se baladait depuis moins d’un an sur ses terres. Il avait affronté pas mal de choses depuis, et rencontrés pas mal de personnes. Ses deux comparses, bien sûr. Kendra et la tempête de sable. Alice et son lamalpagua. Zach et sa maladresse. Il avait eu à subir les frasques des éléments, de la saison des pluies au tremblement de terre. Il avait du faire face à des bêtes sauvages. Il avait connu le danger. Mais c’était un danger qu’il pouvait difficilement prévisible ou inévitable. Il n’avait jamais rien eu à craindre des autres colons de Perséphone. Parce qu’ils étaient tous dans le même bateau, ils étaient tous là pour la même chose, pour la survie de l’humanité. Qu’importe qu’il râle ou soit un connard quand il parlait, cela n’avait jamais eu d’importance. Déjà avant, il avait tendance à être sans tact quand il s’exprimait. Et que, naïvement, il n’avait jamais pensé qu’il aurait eu à craindre un autre être humain ici.

Et là, ce Mathias se présentait comme si de rien était, alors qu’il était clairement agressif et menaçant. C’était quoi l’idée de ceux qui avaient foutus des types pareils dans le programme ? Il se croyait au temps du far-west ? Il n’avait même pas l’excuse d’avoir subit une mauvaise rencontre et donc de se protéger à l’avance, non ! Il disait lui-même qu’il était le premier à rencontrer. Alors pourquoi le menacer comme ça ? Il voulait l’envoyer bouler. Il voulait l’envoyer paître, lui et sa foutue Ruche, récupérer ses affaires et rejoindre Maggie, ne pas être seul face à un gars pareil. Mais qui sait ce qu’il lui ferait s’il n’appréciait pas ce qu’il lui disait ? Avant la chute de l’humanité, on entendait déjà des histoires d’agressions pour un téléphone. Pour le sac d’un médecin. Il serra les dents. Brièvement. Juste le temps qu’il reprenne la parole, encore, pour lui dire qu’il ne tenterait rien avec son arme si lui faisait de même. Et sa peur se fit balayer par la rage en un instant.

- Hellig dritt ! T’es sérieux là ? Tu me trouves dangereux, à putain de poil dans l’eau ? Tu débarques de nul part pour m’agresser et tu veux me faire croire que je suis dangereux à tes yeux ?!

La colère ne faisait pas bon ménage avec son instinct de survie, mais bon, son instinct était à chier depuis le temps, sinon il n’irait pas dans un désert alors que sa peau craignait le soleil et il ne se serait pas éloigné de son groupe pour se laver seul alors qu’il y avait manifestement des tarés dans le coin. Son corps accusait encore le choc de la peur, sa poitrine le compressait et il avait du mal à reprendre correctement son souffle, les mains crispées et les muscles tendus, comme si cela suffirait à le défendre s’il venait l’attaquer, alors qu’il avait juste la carrure d’une grande asperge. La nausée était toujours présente, plus violente même, mais il n’arrivait pas à se concentrer dessus. A la place, il laissait totalement ses émotions prendre le dessus, et déversait verbalement sa rage sans se soucier d’être blessant ou quoi que ce soit.

- T’espère arriver à quoi en t’en prenant aux autres comme ça ? Trouver de l’aide, monter une communauté ? Avec un tel comportement ? Putain on est tous dans le même bateau mais faut toujours trouver des drittsekk pour croire que la force est la solution ultime à tout !

Il n’avait absolument plus de souffle, et il était totalement conscient d’être en pleine crise de panique, tout ça pour un putain de couteau. Il devrait s’asseoir, se forcer à respirer lentement, et laisser le temps à son corps de se remettre, mais il n’était pas certain que l’autre le laisserait faire. Dépité, il donna un coup dans l’eau, qui n’éclaboussa rien d’autre que lui-même, et se dirigea enfin vers la berge, vers ses affaires, jetant un regard toujours noir à Mathias.

- J’ai au moins le droit de me rhabiller avant que tu me fasses passer ton interrogatoire, cowboy ?

Et pour le coup, il en avait rien à foutre qu’il puisse voir la marchandise quand il sortirait de l’eau, il voulait juste… Cacher ses cicatrices. Comme si s’enrouler dans son large manteau allait former autour de lui un bouclier face aux évènements.
Rune
❦ Feuille de châtaignier
Rune
Rune
Au coeur d'une marée bleutée Giphy
Mer 16 Aoû - 14:34
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Il parlait vite, et l'émotion l'emportait, à ça s'ajoutait son accent particulier et le tout créait un cocktail qui te laissait dans l'incompréhension. Finalement, tu te retrouvais un peu comme un con face à lui, à ne quasiment rien comprendre de son charabia. Merde, s'il y avait bien un point sur lequel tu aurais dû davantage te focaliser, c'était l'anglais. Tu comprenais les bases, et encore ça dépendait de l'accent et du patois, et tu pensais que ça suffirait. Preuve que non.

Ta posture dominante s'effaça rapidement alors que tu essayais de déchiffrer les paroles du nudiste. Un vague sens parvenait à ton cerveau, principalement dû à la rage qui le caractérisait à cet instant plutôt qu'à ses propres mots. Son intonation était claire, il était furax et même s'il était à poil loin de toi, et désarmé, il t'inspira une certaine crainte. Bordel, il en fallait des c***** en acier pour ainsi se tenir face à un mec armé et menaçant. D'autant plus face à ton gabarit. T'avais rien d'un géant plein de muscles, mais tu savais ne pas laisser les blancs-becs indifférents sur ton territoire natal. Puis, tu avais appris à la dure que le physique ne voulait pas tout dire. Un svelte t'avait déjà pété un bras avec une prise de tu ne savais quel art martial.

Un frisson te parcourut l'échine. Tu avais cru qu'il était seul ici, mais tu commençais à en douter. Peut-être que ses aboiements avaient pour but de lui offrir du temps avant que ses camarades n'arrivent. Et là, tu serais sans doute dans la merde.

Rapidement, le choix s'imposa à toi, fallait que tu calmes le jeu avant que ça ne tourne mal. Surtout qu'il commençait à se diriger vers ses fringues, le souffle court, certes, mais rien de rassurant pour autant. Punaise ce que tu devais avoir l'air d'un con à cet instant. Une décision appuyée par le désintérêt indécent que l'autre afficha en sortant de l'eau.

Par chance, ces dernières paroles furent les plus compréhensibles à tes oreilles. Tout du moins, tu cernas l'intention de vouloir se s'habiller. Même s'il fallait bien avouer que le cowboy te laissait dubitatif. Pourquoi parler de ça ? Quel était le foutu rapport ? Il te prenait pour un de ces amerloques qui se croyaient supérieur ? Euurh ! Quel dégoût.

Ok. Fut tout ce que tu répondis après quelques instants, te détournant de lui par la même occasion. Descendant la bute sur laquelle tu te trouvais, non pas pour le rejoindre sur la berge, mais afin de t'enfoncer dans l'océan de végétation. Tu pouvais bien lui laisser un peu d'intimité, pour ce qu'il lui en restait. Néanmoins, même si tes sens étaient toujours désarçonnés par ton incapacité à avoir compris ce qu'il disait, tu t'essayais à rester vigilant au moindre mouvement. Tu diras quand t'as fini mec.

Tu attendis un peu avant de finalement reprendre, toujours avec la volonté d'arrondir les angles de ce départ catastrophique. Euuh, je suis juste sur mes gardes. On sait pas sur qui tomber, pis ça reste dangereux et c'est l'inconnu pour moi un peu, tu vois ? Mais euuh, cool tu vois ? Pas de raison de se battre, c'est pas mon intention à la base. Même si ça pouvait paraître étrange, à tes yeux rien ne signifiait que les seuls humains trouvables viendraient de Persephone. Après tout, quand on t'avait mis dans la capsule, rien ne pouvait réellement prédire l'état du monde quand tu en sortirais. Aussi, il était bien concevable que le genre humain et survécu, des pillards ou autre, ça pouvait peupler la jungle. Ouais, désolé mec. On est ok ?
Mathias
⚘ Bouquet d'orties
Mathias
Mathias
Mar 22 Aoû - 21:26
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Rune n’était pas vraiment du genre à laisser exploser sa colère. En règle générale, il ne cherchait pas le conflit d’ailleurs. Oh, il pouvait être en désaccord avec les autres, très souvent même, sans doute parce qu’il avait tendance à prendre les autres de haut, mais il considérait toujours que les personnes en face étaient des adultes, et qu’on pouvait reconnaître ne pas avoir le même avis sans pour autant vouloir se taper dessus. Malheureusement, l’humanité n’avait pas son degré de maturité, et lui n’avait absolument pas le physique pour les règlements de comptes, alors il évitait généralement de trop forcer, avant. Depuis son réveil aussi, dans un sens, mais il savait – enfin, il avait toujours cru – qu’il n’y aurait pas de risques, parce que tous les humains vivaient dans le même but. Alors quand la peur et la panique l’avaient envahis, il n’y avait plus eu que la colère pour évacuer son mal-être. Et il n’y allait pas de main morte.

Bon, quand le souffle commença à lui manquer et sa gorge à lui faire mal, il se rendit bien compte que l’autre n’avait pas l’air d’avoir capté un mot de sa tirade, et étrangement, cela l’énerva encore plus. Non seulement il se permettait de le menacer, mais en plus il arrivait pas à le comprendre ? C’était vraiment la meilleure ça. Et son propre état n’était guère mieux, et il n’était pas certain que laisser éclater sa rage allait véritablement lui permettre de se sentir bien. Son esprit essayait de réfléchir de manière rationnelle pour qu’il se calme, alors que ses émotions étaient encore à fleur de peau, le mélange était toujours très… Explosif.

Il remonta sur la berge, et l’autre eu au moins la décence de se détourner pour le laisser se rhabiller. C’était bien la peine de lui laisser de l’inimité maintenant après une telle rencontre. Sérieusement… Ses oreilles bourdonnaient désagréablement à cause de son éclat de voix, et il serait bon pour une bonne migraine sous peu. Mais bon, si ce n’était que ça… Actuellement, vu ses tremblements, il n’était même pas certain de réussir à rejoindre son campement pour la nuit. En plus, ses fringues étaient toujours humides, et il n’était pas partit avec tout son barda quand il s’était éloigné, alors il n’avait pas vraiment le choix. Entre ça ou resté nu, il préférait largement être habillé. Il enfila ses habits, grimaçant légèrement quand le tissu froid entra en contact avec sa peau, mais il se sentit… Un tiers mieux. Ce qui était mieux que rien.

Il laissa son manteau accroché à sa branche pour le moment, et se retourna enfin vers Mathias. Il avait légèrement bougé, sans se rapprocher totalement de lui. Tant mieux. Il l’avait écouté tenter de… S’excuser ? Et il avait du se mordre les lèvres pour ne l’envoyer chier tout simplement. Il croisa les bras sur son torse, comme si cela pouvait cacher les tremblements qui le parcouraient encore et qui n’étaient pas dues au froid, et lui adressa sa plus mauvaise tête. Finalement, il accepta enfin de reprendre la parole, dans un anglais volontairement plus lent, autant pour qu’il le comprenne, mais aussi pour lui-même, pour se forcer à se contrôler :

- Il y a une différence entre « être sur ses gardes » et « menacer quelqu’un de nu dans une rivière avec un couteau ». Tu pensais que j’allais te faire quoi dans ma position ? Te lancer de l’eau dessus ? Terriblement dangereux mec, vraiment.

Et il espérait clairement que son ironie lui soit perceptible, car il ne tenta absolument pas d’adoucir son ton. Oui, il l’avait toujours mauvaise. Il se força à prendre une grande inspiration, puis à expirer lentement, pour calmer les battements encore trop rapide de son coeur. Il n’était pas vraiment certain que cela marchait vraiment. Il recommença quand même. Il arrivait à gérer les crises des autres, il n’y avait pas de raison pour qu’il n’y arrive pas avec lui-même. Pour tenter de se concentrer sur autre chose que son propre état, et surtout parce qu’il ne voulait pas que son vis-à-vis s’avance pour « l’aider » - il ne supporterait absolument pas que ce type s’approche, et encore moins le touche, vraiment -, il reprit de lui même, toujours mordant :

- Alors Mathias des Orties, tu espères quoi maintenant ? Parce que si mon aide, c’est clairement compromis.
Rune
❦ Feuille de châtaignier
Rune
Rune
Au coeur d'une marée bleutée Giphy
Ven 25 Aoû - 14:16
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Tes paroles filaient avec le vent vers des directions inconnus ou aucunes oreilles ne s'y intéresseraient vraiment, tout comme le faisait le type que tu venais de rencontrer. Adosser contre l'écorce d'un grand arbre, ton regard oscillait entre la pointe de tes chaussures, recouvertes de quelques feuilles mortes suffisamment humide pour y rester collées, et des alentours dénuées de danger direct. Pourtant, tu ne pouvais te résoudre à ranger cette arme derrière laquelle tu te cachais. Baisser ta garde n'était pas dans tes habitudes et ceux même quand les autres te paraissaient sympathiques. Combien de fois avais-tu entendus des histoires de touristes se faisant agresser ou arnaquer après avoir cru en la bienveillance des natifs ? Tu avait déjà vécu telle expérience, dans une moindre mesure certes, mais le souvenir n'en restait pas agréable et il t'était difficile de faire confiance, suffisamment pour ne plus craindre pour ta sécurité.

L'épais feuillage de plusieurs branches bougea au dessus de ta tête suite à l'envol d'un oiseau, sans doute. Dans une autre situation, un autre jour, peut-être aurais-tu pris le temps de feuilleter l'un de tes guides pour patienter, mais pas à cet instant. Tu les connaissais presque par cœur, encore que cette formulation restait un abus de langage, mais tu les avais tellement lu encore et encore avant d'entrer dans la capsule. Et depuis ton réveil tu ne pouvais nier t'y être replongé avec autant d'intérêt. Toute information te permettant de survivre était bonne à prendre.

D'ailleurs, cette divagation vint à soulever une question dans ton esprit. Etait-il bon de rester ici ? Avec ce gars fou de rage et imprévisible ? Pas tant que ça à bien y réfléchir. Finalement, il t'avait apporté la première réponse qui t'importait depuis le début de ce voyage : il y avait d'autres vivants parmi ces landes. Peut-être était-il un solitaire, mais il venait probablement d'une autre ruche, ou alors un survivant de ce fameux apocalypse qui devait ravager la vie humaine les siècles passées. Dans un cas comme dans l'autres, en continuant ton chemin, tu finirais par tomber sur d'autres personnes.

Tu te râclas la gorge, près mentalement à te casser d'ici et le laisser pénard quand tu fus interrompu par sa voix s'approchant de toi. Sans quitter le maigre confort de l'arbre, tu tournas simplement ta tête vers lui, l'écoutant sans chercher à répondre. Comprenant avec plus d'aisance ses paroles bien qu'elles te semblaient erronées. Tu ne lui avais pas mis le couteau sous la gorge, tu l'avais juste en main au cas-où, pas plus que tu ne l'avais menacé par tes paroles. Une mijaurée, voilà ce qu'il était en fin de compte ? Et sans la présence de ses cicatrices, tu lui aurais donné une vie paisible dans un coin riche du monde, là où les seuls problèmes sont à savoir le goût du prochain café que tu boiras. Quand à savoir ce que tu espérais, tu ne savais pas bien plus que lui. L'idée à la base, c'était juste trouver d'autres survivants et faire en sorte que ça se regroupe pour une survie plus efficace qu'en étant chacun dans son coin. Après, t'en avais un peu rien à foutre, t'étais pas dans l'humanitaire, tu l'avais jamais été, tout ce que tu voulais, c'était t'assurer une survie facile, et pour ça, fallait bien trouver des gens pour bosser aux tâches basiques.

D'une certaine manière, le ton qu'employait ce gars, ainsi que son air général en cet instant te rappela ton père dans ses crises de colères et de paranoïas. Alors tu te décidas à finalement agir comme avec ce dernier, esquivant la conversation stérile pour autre chose. Tes fringues sont encore trempées, tu vas chopper la crève. J'peux allumer un feu si tu veux pour les sécher. J'ai une sorte de drap dans mon sac en attendant pour pas rester à poil.

Et merde, les excuses et adoucir les angles, ça allait bien cinq minutes mais ça te gavait très vite. Comme avec ton paternel finalement, surtout quand elles étaient pas si justifiées. Alors si même après ce dernier geste "amical" il t'envoyait chier, tu en ferais de même et avec un plaisir non dissimulé. Des cons arrogants, tu ne manquerais pas d'en croiser d'autres, y en avait beaucoup plus qu'il n'en fallait. Mais je crois que je vais plutôt te laisser pénard, j'trouverais bien d'autres gens tôt ou tard.
Mathias
⚘ Bouquet d'orties
Mathias
Mathias
Ven 25 Aoû - 16:35
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En soit, et en règle général, Rune avait l'habitude de gérer le stress. Il avait toujours vécu au milieu de situations stressantes, que ce soit sa propre vie en Norvège ou à partir du moment où il avait commencé à exercer son métier de médecin jusqu'aux faubourgs infâmes des bidonvilles abandonnés par les autorités. Généralement, ça ne lui faisait rien, il avait de sacrés nerfs depuis le temps, mais son self-control avait volé en éclat après son agression et sa "fuite" dans ce projet. Et s'il avait tenu le coup jusqu'à présent, il fallait croire que ses peurs étaient revenues en force à la simple vue de ce couteau.

Cela ne veux pas dire qu'il ne se rend pas compte qu'il est bien trop à fleur de peau et qu'il a sûrement surréagit par rapport à la situation. L'expérience qu'il a subi n'y est pas étrangère bien sûr, et il continu de croire que Mathias est tout autant en tort. On a beau vouloir être prudent, quelle idée d'approcher quelqu'un avec une arme à la main dans un tel lieu ? Surtout qu'on ne pouvait pas vraiment dire qu'il avait un air menaçant, il n'avait clairement pas les muscles de l'autre, et il était incapable de se défendre. Il ne saurait certainement pas utiliser le couteau qu'on leur avait fournit pour attaquer un animal, alors un homme... ! Mal à l'aise, il porte sa main à sa gorge, sur cette hideuse cicatrice qui a manqué de le tuer, comme si sa main pouvait cacher l'horreur qu'on lui avait infligé. Mais c'était inutile: ses marques défiguraient aussi bien son visage que son torse, et dans une telle tenue, il ne pouvait rien cacher.

Il souffle, lentement, continuant à faire baisser artificiellement sa respiration. Et Mathias semble décider à... Arrondir un peu son approche. Il ne peut nier, malgré toute sa mauvaise foi, qu'un feu lui ferait plus de bien que rester avec ses fringues trempées. Quand à supporter sa présence en plus... Hum. C'est uniquement parce que l'autre déclare, de lui-même, qu'il va le laisser en paix, qu'il finit par se décider, laissant un grognement lui échapper, avant de répondre lentement:

- J'veux bien le feu ouais. J'ai pas pris mes affaires, j'ai pas de quoi en allumer un.

Il hésite un peu, un bref instant, mais il finit par soupirer.

- Je suppose qu'on est partit... Tous les deux, sur de mauvaises bases. Tu peux rester, mais lâche cette putain d'arme. Mon couteau est au fond de mon sac, je sais même pas m'en servir.

Et il laisse son sac sur le sol, juste sous son manteau, bien en évidence l'autre survivant. Avec sa tenue actuelle sur le dos, il était évident qu'il ne pouvait pas cacher une quelconque arme, alors ça devrait suffire à le rassurer. Il suppose. S'il voulait partir après, qu'il le fasse après lui avoir allumé un feu, merci bien. Il n'était pas tout à fait prêt à laisser tomber son hostilité à son égard d'ailleurs. Il se frictionna d'ailleurs les bras, essayant de calmer un frisson dû à l'humidité sur sa peau. Le geste attira son propre regard sur le tatouage qui tranchait nettement avec sa carnation pâle. Maintenant qu'il arrivait enfin à réfléchir de façon cohérente sur leurs premiers échanges, il pouvait sans doute tenter de répondre un minima à ses interrogations. Il plissa le nez, toujours mécontent.

- Je ne vois toujours pas pourquoi vous accordez autant d'importances à ses putains de tatouages et pourquoi c'est la première chose que chacun demande quand vous rencontrez un inconnu. Qu'est-ce que ça vous apporte de savoir de quel Ruche on peut venir ? Et ne va pas me dire que tu étais pas agressif quand tu m'as gueulé de montrer mon tatouage.

En fait, il avait même eu l'air effrayant, quand il lui avait demandé ça, son arme à la main. En guise de salutations, il avait connu mieux. Bon, il demandait pas la politesse, il l'oubliait les trois quarts du temps, mais de là à être aussi agressif... Même ses condisciples de route étaient plus sympathiques de prime abord. Bordel, même lui était plus sympathique que ça, et pourtant la sympathie ne faisait absolument pas partit de ses attributions. Sérieusement...
Rune
❦ Feuille de châtaignier
Rune
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Au coeur d'une marée bleutée Giphy
Ven 25 Aoû - 22:42
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Tu hésitas encore en l'entendant te répondre. Cette fois, tu comprenais ce qu'il disait, là n'était plus le problème, simplement tu étais comme désorienté par la situation et la tournure qu'elle prenait. Vous oscilliez si aisément entre les émotions et les manières de parler que tu t'en trouvais dépassé. Néanmoins, cela restait plaisant de l'entendre parler d'enterrer la hache de guerre et de potentiellement passer à autre chose. Aussi, pour aller dans ce sens, tu rangeas ton arme dans son étui à ta ceinture, non sans une certaine appréhension. Il avait beau se montrer sans arme pour l'heure, rien ne réduisait à néant la possibilité que le scandinave attende le bon moment pour frapper. Peut-être qu'avec un brin de confiance envers les autres te serais-tu montré plus enclin à le faire sans rechigner, voir même ne l'aurais-tu pas sorti en premier lieu.

Tu le suivis jusqu'à la berge où tu lui allumerais un feu. Bin, en fin de compte, la ruche je m'en fou pas mal. Tout ce que je veux savoir si c'est tu es du Projet ou pas, et dans un deuxième temps si t'es de la génération 1 ou 2. Ou ceux d'avant encore. Enfin, tu vois, pour savoir à quoi je peux m'attendre. Parce que, j'trouve ça fou si on est vraiment les seuls survivants. Enfin, je veux dire que ça me paraît dingue que nulle part sur terre, des gens ont survécu à ce qu'il c'est passé, même si j'ai aucune idée de ce qu'il s'est passé. Tu vois le truc ? Tu décrochais les attaches de ton sac tout en parlant, avant de le déposer à tes pieds juste à côté d'une pierre suffisamment grosse pour servir de chaise de fortune.

Doté d'un sursaut de sympathie, autant pour la conversation que l'acte de l'aider, sans doute pour te racheter, tu en déballas le contenu avec précaution, jusqu'à en sortir un long tissu qui pourrait lui servir le temps que ses affaires sèchent, puis tu cherchas le matériel pour allumer un feu. Relations humaines, c'est pas mon truc, j'avais parlé avec un type avant la cryonie, censé être dans la même ruche, mais j'crois qu'il est pas encore sorti de la capsule. C'est lui qui devait être notre porte-parole à tous les deux. J'suis plus là parce que j'sais me démerder avec pas grand chose. Tout ce dont tu avais besoin était à présent dans tes mains, aussi te levas-tu, observant les alentours à la recherche de petit bois à utiliser. Je sais pas pourquoi j'dis tout ça, tu dois t'en contrebattre les reins. Tu soupiras avant de murmurer pour toi-même. Thula Nqobani

Sans un mot de plus, le coeur plus peiné qu'autre chose, tu glissas les artefacts créateurs de feu dans tes poches et débutas ton ramassage des futures braises. Avec la densité de la forêt, la tâche semblait aisée, pourtant, à cause de l'humidité, elle ne l'était pas tant que ça. La majorité du bois aurait du mal à prendre feu correctement, demandant un surplus d'effort non-nécessaire. C'était bien différent de ta terre natale, où l'air était sec à s'en étouffer. Peut-être qu'un jour, tu finirais par t'y habituer.

La survie dont tu pouvais faire preuve, c'était surtout de la théorie. La pratique rentrait peu à peu, au fil des jours, mais le noyau central restait de la pure connaissance logée dans ton esprit, au sein d'un compartiment qui avait une importance primordiale.
Mathias
⚘ Bouquet d'orties
Mathias
Mathias
Mar 29 Aoû - 0:23
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