Encore une fois, comme très souvent en ce moment, qu’est-ce qu’il fout là ? Non mais vraiment, pourquoi a-t-il la très distincte impression de toujours se retrouver au mauvais endroit, au mauvais moment, ou juste dans un lieu totalement random, mais avec un problème.
Un petit problème.
Franchement pas grand-chose.
Seulement une caverne sans torche quoi.
Je vois pas ce qu’il pourrait mal se passer.
Il en avait une au début, mais un malencontreux accident de ‘connard de chauve-souris de merde’ lui a fait lâcher. Le plouf résonnant et les ténèbres recouvrant les murs lui avait fait pousser un soupir à en éteindre des incendies. Terrible. Il était supposé faire quoi de toute façon ? Hurler ? Généralement, ça ne fonctionne pas, il a déjà testé. Rester là sans rien faire ? Oui, super s’il voulait finir en squelette.
Donc bon, il soupire et cherche son chemin, une main sur un mur, l’oreille affûtée, veillant à toujours entendre le petit cours d’eau qui file entre les stalagmites.
Au moins, dieu merci, Maggie n’a pas peur du noir. Il se sent même plutôt à l’aise, aussi longtemps que ça va lui prendre pour sortir de là, ça pourrait être bien pire, et au moins, il n’y avait pas des milles et des uns tournant dans cette caverne, juste beaucoup d'obstacles. Long, fatiguant, fastidieux, mais pas une épreuve.
Dire qu’il était entré pour voir s’il y avait quelque chose au fond. Sa ruche (quel nom débile) s’était bien retrouvée dans un endroit similaire alors bon… Un vieux labo flippant ça ne serait pas siiiii étonnant (ok, un peu quand même).

Vingt minutes plus tard, il se prend les pieds dans un…truc ? Cris, et se rattrape sur un mur. Tête la première. Enfin, nez le premier plus tôt.
Ça aussi ça arrive trop souvent. Un miracle qu’il ne s’est jamais encore péter le pif vu comment l’appendice semble être attiré par toutes les putains de surface.
“Mais..bordel…” Quelle vie mes aïeux.

…Attends.

Il était occupé à essuyer le sang (aka, probablement s’en foutre plein la face, et les mains, et de se faire basiquement un maquillage de sérial killer), mais il a totalement entendu quelque chose. Juste un peu plus loin, un bruit sourd, sec. Pas un bruit naturel dans une grotte vide ou le seul sons depuis le début ne sont que des grattements de rat, couinements d’animaux et ruissellement d’eau.
Huh.
Donc. Deux solutions. Soit c’est quelqu’un d’autre (dans ce cas woohoohoo, mais il ne voit pas de lumière), soit c’est un gros bestiaux mutant avec une hache (parce que pourquoi pas ?).
Le truc, c’est qu'il n'entend vraiment plus rien là. Il aurait rêvé ? Il n’a pas vraiment envie de tenter la fameuse phrase “il y a quelqu’un?” parce que ça porte toujours malheur, et qu’il n’a pas envie d’être étripé, mais… urgh. Non. Ok. Il va forcément remarquer si c’est un ours non ? Pas besoin de se signaler.

Il continue d’avancer, prudent, il se souvient d’un tournant vers la gauche un peu abrupte…..oui...… faire attention... attention... il n’y avait pas de chose à éviter au sol si on longeait les murs normalement.
Sauf que son karma est tout naze et il trébuche (ahah, ça n'arrive JAMAIS hein) sur un gros truc qui n’était pas supposé être là (un peu mou d’ailleurs). Parce que se casser la gueule une fois, c’est jamais assez.
“MAIS C’EST UNE BLAGUE!” Au moins, cette fois, il s’est rattrapé correctement.

Pardon ? Pervers dégénéré ? Lui ? Quoi ?

Même pas le temps de réfléchir que le dit pervers dégénéré se fait valdinguer contre le mur (parce qu’il ne se l’est pas assez pris aujourd’hui visiblement), éberlué, et un peu (beaucoup) énervé. “Mais QUOI?!” Et la créature, enfin, la meuf qui s’avère ne pas être un ours flippant, (mais presque), hurle aussi, du coup, ils sont tous les deux à crier dans la caverne, qui résonne, ce qui fait encore plus de bruit, ce qui réveille les chauves-souris, qui volent à nouveau dans les cheveux de Maggie (et probablement de la femme) et.. et bref c’est le bordel. Et est-ce qu’il a entendu un clic ? Il reconnaît ça, c’est le même bruit qu’une matraque qui se déploie, mais comme ils n'ont pas de matraque (enfin, peut être qu’elle en a une ? Qu’est-ce qu’il en sait lui, il voit que dalle), c’est sûrement un outil. La pelle probablement.
Ce qui n’est pas mieux hein. C’est même pire.

“Mais de quoi ? Mais calmos ! C’est toi la dégénérée ! Tu foutais quoi à terre de toute façon !” Il va se faire tuer, tuer dans une cave toute noire, par une folle à lier et sa pelle. Mais au secours. C’est ça, sa vie ? Il pensait au moins revoir le soleil un jour, pas mourir insulté sans même voir la tronche de son meurtrier.

“Stop-STOP !” Il se relève, non sans difficulté, les bras étendus devant lui comme pour mettre de la distance, calmer le jeu (ce qui est incroyablement inutile dans la pénombre, mais bon, détail). “Si tu me frappes, je te préviens que..Je ne sais pas ce que je ferais, mais je le ferais !” Ouais, ça, c’est de la grosse menace, vraiment flippante, clairement, on va le prendre au sérieux là.
En-tout-cas, super idée pour apaiser les esprits l’intimidation. Il a vraiment dû perdre les trois-quarts de ses neurones en sortant de cryogénie, n’était-il pas une personne sur qui on pouvait facilement compter pour être la voix de la raison lors d’une dispute ou malentendu ?

Yup.

Mais ça, c’était avant.

Elle…Rigole ? Qu’est-ce que c’est qu'ce binz ? Elle se fout totalement de lui en fait. Et honnêtement, elle le perd un peu. D’abord, ça traîne à terre, ensuite ça menace de le tabasser à coup de pelle, et maintenant, c’est la foire à la saucisse. Non, vraiment, il a un peu de mal à suivre, et s’ils n’étaient pas dans la pénombre, on pourrait voir la confusion plaquée sur son visage.
Mais passons, il n’a jamais été très doué avec les gens, alors il sait que parfois, il vaut mieux ne pas trop se poser de question. Elle rigole ? Bien, soit, au moins elle ne veut plus le tuer, c’est une bonne chose, fin de l’histoire.

La suite est plus calme, et lui est plus détendu, écoutant ses explications. Ça..pour partir du mauvais pied… Littéralement vu qu’il a buté sur elle. En-tout-cas, il ne bouge pas, la laissant avancer vers lui. Pourquoi est-ce qu’il gesticulerait..
“..J’ai glissé et je me suis pris un mur. J’ai lâché ma torche.” Il pourrait être embarrassé. Pourrait. Mais vu la situation, ils n’ont vraiment plus de quoi être gênés. Tout était déjà assez bête comme ça.

En attendant, elle réussit à le rejoindre, surpris par le contact soudain, -il fait chaud et humide dans cette caverne, alors non, il n’avait pas mis les manches longues, mais les mains de la jeune femme sont plutôt froides-, il lui tend un peu son bras pour qu’elle se repère mieux et qu’elle s'ancre finalement sur son épaule. Dire qu’il aime avoir une zone d’espace personnel assez large d’habitude… Mais ils n’ont pas trop le choix.
“Je ne sais pas, je ne fais que longer les murs depuis vingt minutes. Avant de te tomber dessus et d’être insulté de pervers.” Oui, il est un petit peu rancunier, mais juste un poil. En y repensant, c’est même un peu drôle. Et puis, pour ce qui est d'elle, à terre… Et bien, il suppose que c’est pareil que lui, elle devait penser qu’il était une bête ou quelque chose de similaire. En y réfléchissant, sa réaction était la bonne, elle s’est protégée voilà tout.

“..Si on est vigilant à chaque pas et qu’on reste..accroché.. On devrait pouvoir ne pas tomber dans un trou ou rattraper l’autre à temps. Peut-être.” Le peut-être super rassurant.
Quel idiot de ne pas avoir prévu une torche de rechange. Vraiment, il aurait dû y penser ! Tout peut arriver ! Et ce n’est pas si compliqué à faire. Rah, c’est frustrant, surtout quand une autre personne y est mêlée, ça aurait pu l’aider aussi ! Zut. Et puis il pourrait essayer d’attraper le silex pour faire des étincelles, mais ils brûleraient quoi ? Des cailloux mouillés ? Peine perdue.

“..De toute manière, on peut réfléchir pendant des heures, on perdrait notre temps. Avançons et on verra.” Il lui prend la main et passe, à tâtons, devant elle. Vaut mieux que ce soit lui qui tombe si jamais il y a vraiment une crevasse. Elle a l’air d’avoir un minimum plus d’instinct de survie, même si c’est avec une pelle.

Elle n’a pas l’air convaincu par ce “plan”. Il ne peut pas vraiment la blâmer, lui non plus n’aime pas avancer dans le noir, aussi bien métaphoriquement que littéralement.

La suite se fait dans un silence presque apaisant. La caverne fait raisonner le claquement de leurs chaussures contre la pierre, et le ruissellement de l’eau à quelque chose de Zen. S’ils n’étaient pas dans une situation qui pourrait bien les tuer à un faux pas près, Maggie dirait qu’il se sent confortable ici, et qu’il y ferait bien une sieste.
Il doute cependant que sa partenaire de spéléologie improvisée soit du même avis.

Sa main continue de glisser contre la roche, lentement, ne s’écartant que pour éviter les obstacles qui les obligent à lâcher la paroi ne serait-ce que quelques secondes. Ils vont bien finir par sortir un jour, elle était si profonde que ça cette grotte ? Il espère, ignorant le nœud dans son estomac, qu’ils ne se sont pas trompés de chemin. Qu’ils ne s’enfoncent pas plus vers un autre fond.
Non.
Il doute que ce soit le cas. Ce sont juste des pensées parasites.

Ses muscles se tendent et se relâchent, se reconcentrant pleinement et uniquement sur la route, jusqu’à ce qu’il entende la fille lâcher un petit cris de surprise, il a peine le temps de réagir pour qu’ils ne perdent pas l’équilibre quand elle se rattrape à lui, à moitié retourner, tirant fermement sur sa main par réflexe. Pendant même pas une seconde, il doit avouer avoir cru à une de ses fameuses crevasses.
Peut-être qu’il finira par mourir d’une crise cardiaque au final ?

“ Dé... Désolée... On peut faire une pause ? J'ai de l'eau et de quoi reprendre des forces."
Il soupire, rassuré, et hoche la tête dans le noir, avant de se rendre compte que c’est bien stupide de sa part.
“Oui, c’est une bonne idée..” Continuer comme ça serait appeler à la faute d’inattention qui mènerait à la catastrophe.

Il s’abaisse lui aussi, la rejoignant en s’asseyant sur le sol humide, et lâche la main de la jeune femme, non sans une certaine hésitation. Depuis quand est-il aussi parano ? Ce n’est pas comme si le sol pouvait se dérober, ou un mur jaillir entre eux.

“Tu ne t’es pas fait mal en tombant ?” Non, parce qu’il ne manquerait plus qu’ils se cassent un doigt de pied ou se foulent la cheville, et là, là ça serait très drôle.

En attendant, il attrape un des tubes en bambou autour de sa taille. Il a bricolé ça à défaut d’avoir de quoi faire un sac solide (aka de trouver un décathlon quelque part) (il ne sait pas comment faire du cuir, il a essayé, mais Galette a mangé la peau). Il ne voulait pas se balader ici avec son gros barda, c’est bien pratique tout ce qu’il y a avec, mais c’est encombrant et lourd, et aussi, il avait peur de tout perdre avec quelconque accident. Alors avant de rentrer, il a enterré le tout pas loin de la grotte et n’a pris que ce qui lui semblait nécessaire. Aka de l’eau, le couteau suisse et des rations. Rations qui ne sont juste que des insectes et des plantes qui ne l’ont pas encore tué ou donné mal au ventre, et qu’il a donc mit dans ces tubes.
Peut-être n’est-il pas assez prudent.
Mais ce n'est pas très intéressant.
Alors que manger dans le noir avec une inconnue, ça c’est..bizarre en fait. Juste bizarre.

“...Imagine..On tombe sur une troisième personne sans lumière.. Ce serait comme le début d’une mauvaise blague..” Trois personnes entrent dans une grotte, le nouveau bar.
Oui. Faire la conversation n’est pas vraiment son fort.

Il l’écoute, ça a quelque chose d’apaisant dans son naturel. Elle a l’air plus à l’aise que lui pour parler en tout cas, c’est certain. Et il aime bien ce concept de ‘première vie’, ce qui implique que celle-ci est une deuxième, et c’est un peu ce qu’il voulait a la base, une deuxième chance, un nouveau départ.. Le fait de séparer les deux et une notion qui est étrangement la chose la plus réconfortante qu’il est entendue depuis son réveil. C’est ne pas continuer sa vie précédente et avoir tout perdu, ce n’est pas recommencer, c’est commencer tout court.

Ah, mais il interprète un peu trop encore. Il doute qu’elle l’ait dit en pensant à tout ça, peut-être que oui, mais il n’est pas dans sa tête. Il a un petit souffle de rire qui lui échappe et croque dans ce qu’elle lui a donné. C’est bon. C’est bon, mais…
“J’ai 0 idée de ce que je viens d’avaler." Un fruit ? Il n’est vraiment pas certain. Ce n'est pas un goût qu'il reconnait. Le noir brouille tout, et pourtant, il estime avoir un bon palais. Ça le fait rire encore. “Je peux prendre l’offre sur les deux ? Ou je dois choisir entre café et poisson ?”
En attendant, c’est bien de casser la croûte et de parler cocotte, mais.. La conversation est coupé par sa remarque.
...
Elle totalement a raison en fait. La réalisation le fait se lever brusquement. Oh non. C’est pas bon ça. Vraiment pas.

“..Il doit pleuvoir dehors.” Et quand il pleut ici, c’est des grosses gouttes, des draches qui peuvent durer vraiment longtemps. Si l’eau est à un volume assez élevé pour lécher le dessus de leurs semelles alors qu’elle ne dépassait pas la crevasse il y a à peine quelques minutes, c’est qu’elle monte rapidement, dans une pente, ce qui veut dire courant inverse à leur marche, ce qui va les déséquilibrer facilement. Comme si le manque de lumière n’était pas déjà assez chiant comme ça.

“Faut qu’on bouge.” Il essaye de la retrouver, il n’aurait pas dû se redresser comme ça, sa main trouve une stalagmite, le vide, et enfin après avoir manqué de lui tomber dessus à nouveau, ses cheveux. Il s’empresse de lui attraper le bras, certes sans aucune délicatesse, mais avec une certaine urgence. La situation est passée de ‘problématique et dangereuse’ à ‘catastrophique et dangereuse’. Hey, au moins, ils sont certains d’aller dans le bon sens maintenant ! Franchement, c'est plutôt positif du coup ! Non ? Disons que oui. Pour les nerfs !