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Bon sang ne saurait mentir - Dorota [Warning : souffrance psychologique et suicide /!\]
Ft. Dodo

Bon sang ne saurait mentir - Dorota [Warning : souffrance psychologique et suicide /!\] 10017

Code:
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Je suis le personnage de Björn Ulksfärd et je parle en #003300!
Carte d'identité

Nom complet
Dorota Paull
Date de naissance
Juin 2051
Âge
38 ans avant cryonie
Genre
Homme cisgenre
Orientation
Tout ce qui est aimable est susceptible d'être aimé.

Nationalité
Polonais
Langues parlées
Cachoube, parce qu'il est Cachoube (même si tout le monde s'en fout), Polonais et Anglais.

Taille
1.93 m.
Couleur des cheveux
Terre volcanique saupoudrée de neige.
Couleur des yeux
Bleu glace.
Autres marques distinctives
Une première vie de militaire ça marque pas mal, la survie après cryonie aussi. Il serait fastidieux de dénombrer toutes les blessures du gars. Mais pour l'anecdote, la cicatrice qu'il a sur la truffe c'est un coup de pelle reçu lors de ce qu'il appelle "un mauvais timing". Et bordel que ça fait mal, le nez !

Cryonie
Génération 3
Ruche
Aconit

Trois questions

Quel était son métier et ses occupations avant la cryonie
Dodo était militaire pour le compte de l'armée Polak.
Qu'est-ce qui lui manquera le plus
Sa babka (grand-mère) Mariam, les siestes au soleil dans les prairies de blé sauvage, la quiétude de la retraite qu'il n'aura jamais, et probablement cette petite gamine qu'il a en photo autour du cou et dont il ne se rappelle pas...
Quel est son objectif sur Gaïa
Ne pas devenir fou et porter secours à tout ce qui croisera sa route.

Objets personnels choisis


🍀Un médaillon ovale à clapet dans lequel se trouve une photo d'une fille aux yeux bleus d'environ huit ans avec un chat roux dans les bras. Anita.
🍀Ses dog tags.
🍀Une alliance en or devenue trop petite pour ses doigts, alors il la porte avec ses dog tags.
🍀Un livre de recettes cachoubes (très abîmé car il appartenait déjà à sa babka) qui fait aussi office de vieil herbier.
🍀Une paire de lunettes de vue.

Bon sang ne saurait mentir - Dorota [Warning : souffrance psychologique et suicide /!\] Djdj10
Caractère


Des gens sont morts autour de moi, et je ne sais plus si je les ai connus ou non, s'ils sont morts il y a longtemps ou s'ils viennent de partir. Les champs de blé resplendissants de Poli ne sont plus des champs mais une étendue grise et lisse ravagée par des hivers trop froids à répétition.

Depuis combien de temps n'avons-nous pas vu de printemps.
Ce n'est même pas une question rhétorique.

La fureur de mes combats passés se mêle à l'hécatombe humaine de mon présent, et dans un monde qui a cessé de tenir debout, je reste droit. C'est la seule chose que je sache faire : rester droit, fixe, stoïque sur mes jambes et dans mes bottes, malgré les sentiments qui ruinent mes os, mes muscles et empoisonnent mon sang, malgré les tremblements qui m'agitent de la tête aux pieds, malgré cette amertume qui me coule dans la gorge et qui précède la tristesse. Mais je suis blindé contre le monde et moi-même. Je ne sais plus ce que c'est que d'avoir peur, et la souffrance physique est comme un accessoire indispensable et habituel de mon existence de fantôme.

Personne ne revient jamais du front.
Un homme  y a laisse tout ce qu'il a.
Le meilleur d'entre nous y abandonne toute son éducation, toute la foi qu'il puisse avoir en un dieu, tous les projets qui puissent agiter son désir d'avenir et ses ambitions de fils, de frère, de père.

On est comme ça. Soldats. Des vies en mute, des histoires en pause.

Quand on a compris ça plus besoin de lutter.

Faut juste avancer et se satisfaire de pas être encore crevé.


Cheminement



Babka a toujours eu un regard perçant sur le monde. Ça ne l’empêchait pas d’aimer les gens, profondément, de rendre service et d’être une personne foncièrement heureuse, mais elle avait ce je-ne-sais-quoi de jugement parfaitement…juste (ouais) et objectif sur tout un chacun.

Et elle m’a transmis ça.

Pour que je continue de m’émerveiller, pour que je sois capable d’aimer mon prochain, pour que je ne détruise pas tout…

Un vrai combat pour un gosse hyperactif et hyper-violent, incapable de gérer ses émotions. Un regard de travers me faisait péter une pile, un mot le ton trop haut et je partais en crise, alors les rapports avec les autres ça a été lé corvée. J’suis pas allé bien à l’école. C’était Poli qui me donnait des cours, il m’apprenait la langue, la Littérature et la culture Cachoube, parce qu’on l’était depuis au moins le Moyen-Age dans la famille Paull.

J’ai pas connu mes parents. Poli, c’était mon grand-père, et Mariam, alias babka, ma grand-mère. Quand les leçons – qui me demandaient une attention vraiment énergivore – étaient finies, je me tirais dans les champs et les prairies. Et je courais comme un dératé jusqu’à plus avoir de souffle, jusqu’à plus avoir rien dans le cœur que l’allégresse et les prémices du bonheur.
Y a que là-bas que je l’ai senti celui-là, dans ma Poméranie natale, à l’est de la Pologne, couché dans le blé sauvage qui ondulait au-dessus de mes cils sombres.

J’aurais voulu faire des photos du ciel bleu et de ses nuages dans lequel trempaient tous ces épis soyeux, mais ma mémoire a tout gardé, avant d’être abîmée.

Un jour j’ai cogné un type si fort juste parce qu’il avait mal parlé à Poli, qu’il a fallu m’envoyer dans un centre pour jeunes qui était pour moi rien de plus qu’une prison. J’y ai usé mes poings et mon esprit jusqu’à ce qu’un instructeur ne me repère. Je le détestais parce qu’il me poussait dans mes retranchements pour m’apprendre à me canaliser et à mettre ma rage au service de ma force, et plus tard j’ai compris quel service il m’avait rendu. J’ai oublié son nom, sa voix sèche comme une pierre fendue est en revanche encore présente dans ma tête.

De fil en aiguille, on m’a fait comprendre que je serais jamais un petit citoyen normal qui travaillerait dans une droguerie ou comme mécano (parce que Dieu que j’aimais les tracteurs !), ou même en tant que simple facteur. Mariam et Poli voulaient que je reprenne la ferme à Gryszna, mais eux comme moi on savait qu’il valait mieux pas, et puis de tout façon la ferme c’était devenu une utopie depuis que les abeilles crevaient, que les fleurs crevaient, que les arbres crevaient.

Les récoltes étaient catastrophiques et le village se vidait.

Les gens essayaient de gagner les villes, jugées plus protectrices.

Je me rappelle qu’un ami racontait qu’une brique de lait valait 150 zloty (environ 35€).

Je me suis engagé dans l’armée de terre. Là, ma tête ne fourmillait pas de trucs et en tenant une arme je sentais que je reprenais le contrôle sur mes bouillonnements internes. Ça n’a jamais signifié que j’avais la gâchette facile, au contraire. On nous apprend à tirer, mais pas à tuer à tout prix. Pourtant j’en ai éteint des bonhommes, leurs corps désarticulés dansent encore devant mes yeux le soir, pantins tristes sans visages, tombant et se relevant sans fin.

L’armée m’a offert un cadre, des objectifs accessibles, m’a permis d’augmenter ma rigueur, cependant contrairement à la plupart des autres gars qui venaient aussi chercher la sécurité et l’unité du groupe, je suis toujours demeuré à l’écart. Pas physiquement cela dit, mais je ne me suis jamais investi émotionnellement avec mes frères d’armes. Pas de fraternisation, pas de contacts en-dehors des Opex, juste la froideur d’un métier qu’on exerce pour survivre égoïstement.

Et ça m’allait très bien, ne pas m’attacher.
Vous voyez où j’en viens, hein.
C’est le revers de la médaille de ceux qui se croient intouchables et épargnés par tout un tas de trucs, et qui succombent plus fort que les autres.

Zofia.
Permission après une opération de soutien militaire en Ukraine. Elle était dans le même camion que moi, médecin sans frontières. Je n’ai pas le temps de comprendre que ce qui m’arrive se nomme amour que nous volons de précieux instants à la face d’un monde qui part sérieusement en sucette.

Zofia a de l’espoir, elle le fait germer en moi, et moi en elle.

Regardant monter les extrêmes au pouvoir, les guerres civiles ravager les populations affamées, dépossédées et malades, ne pouvant rien contre la nature qui se déchaîne en empruntant toutes les formes de destruction possibles et imaginables, constatant l’impuissance des armées à maintenir un semblant d’équité (la paix, ça fait belle lurette qu’on n'y croit plus) quand toutes les économies s’écroulent, je réalise que tout ce que je possède vient de naître et pleure dans mes bras.
Hébété, c’est la première fois que je verse des larmes depuis longtemps.

La dernière fois, c’est quand moi aussi je suis né.

Ce brin de bonheur met toutefois le feu aux poudres : Zofia ne supporte pas la naissance et la présence d’Anita sur une terre à l’agonie et sur laquelle elle ne pourra probablement pas grandir. Tout ce qui était pour moi l’accomplissement d’une vie représente pour elle le désespoir le plus absolu.
Elle n’y résiste pas.

Suicide post-partum.

Ø

Alors que les rationnements alimentaires se font drastiques aux quatre coins du monde, je me retrouve seul avec Anita, ma fille orpheline d’une maman. Le choc causé par la perte de Zofia est au-delà de l’écho de toutes les bombes que j’ai vu et entendu exploser dans ma vie. Il m’arrache des bouts entiers de chair et d’âme, et je finis pelé comme une orange entre les mains d’un Biafrais.

Aussi vite que faire se peut sur des routes gelées qui n’en sont plus vraiment, je conduis bébé Anita chez Mariam et Poli. Mais babka a succombé au dernier variant et Poli est trop faible pour faire quoi que ce soit d’une terre pourrie. Il prend quand même la main d’Anita dans la sienne, vieille et tremblante, et je repars faire ce que je crois être mon devoir.

Plus de Mariam, plus de Zofia, plus d’Anita.

Je ne tiens pas le coup sur le front, manquant de me faire tuer pendant une émeute, et le diagnostic du médecin militaire est clair : j’ai le vitré décollé et des corps flottants dans les yeux, résultants d’un violent choc psychologique. On se demande lequel. Il parle aussi de dépression mais je n’écoute pas. Je suis congédié de la seule corporation à laquelle j’ai jamais appartenu et pour laquelle j’ai tout donné.

En Pologne, chez moi, et dans les pays frontaliers, j’apprends par des contacts que la famine fait rage et que des pilleurs entrent directement chez les derniers habitants. Je ne sais pas si la campagne profonde de Cachoubie est touchée, je ne sais pas si Poli va bien, si Anita est toujours vivante, et j’ai besoin de cette certitude. Amaigri mais armé, renseigné sur les sites de pilleurs et les zones sinistrées, je rentre à Gryszna après toutes ces années.

Dans des ruines, je retrouve une connaissance d’enfance : Gryszna, ça n’existe plus ça, rayé d’la carte, y a plus un mouton, plus une touffe de verdure là-bas. L’vieux et la p’tite sont partis pour un lieu safe. Entendu parler d’un truc qui s’appelle « Projet Perséphone », l’vieux veut sauver la p’tite. Si t’veux mon avis, mon ami, on va tous crever.

Il me tend un médaillon à clapet que je reconnais être celui de Poli. Dedans, une photo d’Anita avec un chat roux. Anita que je n’ai pas revue depuis tant d’années, et c’est une petite fille maintenant.

J’ai mal.

Mon ami grimace. Il avait prévu de troquer le bijou contre de la bouffe, mais en découvrant ma tête, il s’est sûrement ravisé ; j’aurais arraché le collier de son cadavre si je m’étais rendu compte du larcin.

Mais je ne retrouve jamais la trace de ceux que j'aime. Je me console en me disant qu'ils survivent peut-être dans un coin, ayant échappé à la rafle de ce virus qui décime tout le monde.

Je suis seul et je ne sers à rien. Voici mes seules pensées. Alors à quoi bon ?

Une force plus profonde que tout ce que j'ai connu me pousse à ne pas tomber à genoux et à abandonner. C'est la voix du soldat qui me chuchote de continuer.

On ne va pas claquer comme ça.

Tant qu'on est là, on survit.
Tant qu'on est là, on avance.

Alors AVANCE, PUTAIN.

Ø

Je suis de ce qu'ils appellent la troisième génération du projet Perséphone. Cassé mais pas trop, vieux mais pas trop, je fais l'affaire sans même donner le change ; j'en ai de toute manière pas la force.

Je signe des trucs sans trop savoir quoi, sans trop savoir qui j'ai en face de moi. Je me dis juste qu'Anita est peut-être dans une autre ruche, qu'on se retrouvera de l'autre côté.

Ø

C'est marrant cette fleur qu'ils foutent sur mon poignet. Elle sécrète une toxine qui baise tout ce qui bouge, sans être affectée par son propre poison.
On dirait quelqu'un que je connais.

Ø

Je me rappelle que je ferme les yeux, qu'il fait bon dieu de froid. Je voudrais, loin de cette capsule sinistre, me coucher dans le blé sauvage près de la maison, et que rien, rien de tout ça ne soit arrivé.








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L'amour est comme le blé, le germe de notre force.
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Dorota
❀ Aconit
Dorota
Dorota
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Mar 12 Déc - 12:38
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Vi dit qu'on aurait pu te valider sans lire. Mais on a lu quand même. Et c'est effectivement une validation directe.

Bébé Anita U_U.
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L'horizon
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Mar 12 Déc - 19:21
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