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Monsteras
Le coffre cède au terme d’un long crissement et, dans la bouche de Kendra, il y a soudainement l’arôme d’un millénaire révolu.

Comme en réponse à son vacarme, au loin, un bruit attire son attention. Vive, rapide, sa tête se relève et son regard longe le paysage tandis que sa paume se resserre sur le grand bâton de marche en bois pétrifié qui venait de lui servir de levier.

Tout est calme : rien ne parait avoir bougé et, tout autour, les insectes et les oiseaux qui chantent semblent des plus sereins. Malgré tout, Kendra continue d’observer son environnement, un tronc à la fois, en suivant le mouvement de leurs feuilles qui valsent avec la brise.

La végétation, ici, n’est pas aussi épaisse que dans le reste de la jungle. Jadis une grande autoroute - une plaie de béton - c’est aujourd’hui une cicatrice sinueuse qui serpente entre les arbres. Ainsi, des fuseaux de lumière pleins d’un grain vaporeux s’infiltrent là où se déchire la canopée, illuminant par ci et par là le relief tortueux des carcasses de voitures abandonnées, enlisées sous les racines et la mousse.

Prudente, attentive, elle met encore un temps avant de se pencher à nouveau vers le butin qui repose sous son nez. Le coffre - en meilleur état que la plupart de ceux qu’elle avait pillés jusqu’ici - recèle d'une multitude de petits trésors.

Parmi les tissus dégradés de sacs et de valises rendues inutilisables, il y a tout un tas de minuscules pièces de métal : des boutons, des anneaux et des œillets que Kendra inspecte, trie et glisse dans un sachet de cuir. Dans une trousse de premiers soins qui tombe en morceaux, elle s’émerveille finalement de dénicher une petite paire de ciseaux dont les lames sont à peine rouillées qui devraient pouvoir être remises en état.

Satisfaite de son butin, elle passe à la prochaine voiture. Celle-ci, très abimée, ne contient pas grand-chose d’intéressant, pas plus que les deux autres après. Kendra aurait également négligée la suivante, sur laquelle d’énormes monsteras pleins de racines se sont installés, si ce n’avait été de la bouteille de verre intacte qui repose bien en vue dans le porte-gobelet du fond. Les plantes avaient tellement poussé, liane après liane, qu’elles avaient légèrement soulevé le véhicule dans un angle improbable, juste trop haut pour qu’elle n’arrive à atteindre l’objet qui, malgré tous ses effort, nargue le bout de ses doigts.
Kendra
❀ Ancolie
Kendra
Kendra
Monsteras 9XrwpnX
Sam 5 Aoû - 23:49
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Tu penses partir de Paris un jour?
Franchement, ouais. Mais je ne saurais pas où aller.”
Kenza avait eu un large sourire à ce moment-là.
Tu sais que t’es trop facile à lire, meuf. En vrai, tu vas prendre racine ici, tu vas juste regarder la terre tourner dans ton petit jardin et tu verras juste la fin arriver dans les yeux quand tout va s’éteindre.”

Mais qu’est-ce qu’elle foutait là. Non, vraiment. C’était une vraie question. Depuis son départ du nid, il n’y avait probablement pas eu un moment où ses sourcils s’étaient détendus, voûtés dans un arc mécontent d’ado sur le tard désenchanté par le monde autour d’elle. “Va voir dehors Basile, va chercher de l’eau Basile, va surveiller les alentours Basile.”

Dire qu’elle avait quitté la civilisation et avait choisi une vie d’ermite du futur pour se retrouver pionnière dans une coloc du futur. Certes, elle aimait bien ses nouveaux copains campeurs. Ils étaient calmes, tranquilles. Enfin, les deux personnes qu’elle avait pu rencontrer. Mais c’était plutôt le… Le tout. Le monde entier était devenu nouveau, et pour elle qui s’enfermait dans quelques mètres, un tel espace, c’était hostile.
Et se retrouver à être expédiée aux quatres coins de leur petit territoire, ça passait bien deux minutes.

Aussi, Basile désobéissant. Bof. A moitié. Elle avait été envoyée à la recherche de ressources, à sillonner le monde plus loin que la ruche. L’idée était charmante sur le papier, mais elle n’était pas réveillée depuis longtemps, et l’idée d’aller dans ce vaste monde l’impressionnait un peu. Après, il fallait bien qu’elle se lance un jour, c’était inévitable. C’était obligatoire. C’était fatale. Et puis, elle pourrait être un peu seule, et ça c’était du pain béni pour la petite révoltée.

Coiffée de ses fidèles tresse qui remettait au goût du jour la mode capillaire des années 2020, elle s’était aventurée dehors, seule, comme une grande, son détachement mis à l’épreuve par une méfiance animale et l’appréhension de ne plus rien connaître. A chaque nouveau pas, c’était plus de questions. Mais qu’est-ce qu’elle foutait là.

Et au fil des pas, la sensation tenace s’était calmée. Au point qu’elle en oublie un peu le chemin, qu’elle en oublie ses doutes. Rapidement, le paysage avait évolué pour devenir une forêt épaisse; confirmant tous ses espoirs les plus fous. La nature était bien plus forte qu’eux. Oh, c’est pas comme si elle ne croisait pas quelques vestiges de leurs bêtises passées. Là, une dalle de béton. Ici, du verre brisé. Là, un vieux débris rouillé. Mais ils n’étaient plus que des anecdotes jonchant un sol fertile, entre des racines épaisses ou rongées par des mousses sinueuses.
Le soleil passait gaiement sous la canopée. Elle n’avait pas trop su comment elle s’était retrouvée sur ce qu’il semblait être une vieille autoroute. Enfin, de prime abord, ça aurait pu être juste une route. C’était dur à dire, tant le bitume n’était plus qu’un amas de gravats que des troncs transperçaient, éventré par les racines et par la nature riante. Tout autour d’elle, des feuilles qui faisaient sa taille lui présentaient leurs courbes affolantes, leur chlorophylle vibrante de vie et de croissance furieuse. Ses yeux captaient le moindre détail. Elle avait voulu voir ces espèces dans leur milieu naturel toute sa vie, et enfin elles étaient à sa portée. Le sentiment de tranquillité qui l’enveloppa était semblable à nul autre, et rapidement elle attrapa son carnet pour croquer toutes les merveilles qui l’entouraient, comme si elles allaient disparaître en un claquement de doigts. Certaines lui paraissaient étranges, certainement le fruit d’hybridations sauvages qui lui avait échappé. Les bases d’un codex moderne, peut-être? Sans doute. Une chose était certaine, Basile s’assit sur une carcasse de voiture pour commencer à dessiner.

Mais rapidement, un bruit attira son attention. Et pas un bruit naturel. Un son qu’elle n’aurait pas pu espérer entendre là, des années après la chute de la race humaine et de sa décadente civilisation. En haussant les sourcils, elle regarda au loin et s’approcha lentement - nonchalamment, presque - du bruit entre les troncs. Elle distinguait mal sa source, seulement que ça provenait de là. Ses pieds la guidèrent assez spontanément, et même si elle était partagée entre l’envie de rester dans la solitude et la découverte d’un danger imminent, force était de constater que la curiosité gagnait. Enfin, pour l’instant.

En s’approchant, elle remarqua du mouvement derrière des feuilles immenses de monsteras. La plante avait complètement pris le contrôle de son environnement, entourant une épave de toyota comme une main vorace pour la soulever du sol, l’enserrant comme un serpent en camouflant son larcin de ses larges feuilles fenestrées. Et au milieu de tout ça, ce qu’elle devinait être le dos d’une femme aux longs cheveux bruns. Basile leva un sourcil.Elle ne l’avait jamais vu dans sa ruche, c’est certain. Mais son flegme oblige, la jeune marocaine n’eu guère d’expression, tout just un sourcil levé. Elle n’avait jamais été très douée pour les effusions de joie, ou de quoique ce soit, de toute façon. Elle aurait pu tourner les talons. Elle le pourrait encore. Après tout, la forêt était grande. Elle pourrait être discrète. Merde. Si elle avait besoin d’aide? Et c’était encore normal d’être social, aujourd’hui dans le futur? C’était encore d’actualité?

Besoin d’un coup de main?” Les mots étaient sortis de ses lèvres assez spontanément. Dans un anglais bancal, trahissant son accent français à couper au couteau. Shit.

Presque immédiatement, elle regretta son élan de bienveillance à l’égard de l’inconnu. Mais sans trop savoir pourquoi, elle se rappela d’un moment avec Kenza, passé sur les toits de Saint-Denis à regarder Paname de loin. Elle n’avait aucune raison de se souvenir de ça maintenant. Mais curieusement, ce souvenir la calma.

Kenza, où que tu sois, regarde bien. Je vais te prouver que le monde ne s’éteindra pas sous mes yeux.

Basile
⚘ Bouquet d'orties
Basile
Basile
Dim 6 Aoû - 12:32
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Debout sur la pointe des pieds, ça tire dans ses mollets.

Là-haut, si près, le verre se moque du bout de ses doigts étendus, la surface lisse caressant l'extrémité de ses phalanges. Si Kendra pouvait faire osciller la bouteille, juste un peu, celle-ci tomberait et elle n'aurait qu'à la rattraper. Alors elle agrippe, tire, puis secoue l’une des longues racines aériennes qui soutient le Monstera : les feuilles dansent – dévoilant çà et là des inflorescences à différents stades de croissance – mais son graal ne s’en émeut pas et reste sagement dans son socle.

Vraiment, c’est d'une longueur de main de plus dont elle aurait eu besoin, mais, soudain, voilà que la bouteille tangue dangereusement, puis bascule tandis que Kendra sursaute et fait volteface: elle qui, pourtant, est de nature attentive, n'avait pas entendu venir cette toute petite femme qui venait de l'interpeler.

Un éclair rouge, un éclat de voix : le contenant heurte le coté de sa tête et Kendra se rétracte sous le choc. C’est douloureux, mais ça a au moins le mérite d’amortir la chute de l’objet qui lui glisse ensuite sur le dos avant de venir se déposer – intacte – sur un lit de feuilles et de mousse.  

Lentement, elle se penche pour ramasser son trésor en pliant les genoux, en gardant le dos droit, et sans jamais lâcher des yeux la jeune femme qui venait, une minute plus tôt, de lui proposer son aide.

Oui, dit-elle tout bonnement au terme d’une longue minute d’observation – tout en lui tendant la bouteille transparente, tiens-ça une minute.

Rapide, décisive, elle s’est ensuite retournée pour replonger sous les énormes feuilles du monstera. Son trésor fragile récupéré, Kendra ne se gêne plus pour secouer le filet végétal qui s’agite furieusement tandis qu’elle grimpe, tire, puis arrache d’entre les nœuds de gros épis couverts d'écailles vertes qu’elle avait remarqué un peu plus tôt.

Quand elle ressort des fourrés, c’est avec trois fruits au creux du coude.  À l’inconnue, elle en tend un en échange de la bouteille.  

Ils sont délicieux, dit-elle avant d’ajouter, mais un peu irritants.

Du pouce, elle désigne derrière elle la direction de son encampement, caché au loin dans les entrailles d’un gros camion défoncé.  

Viens, on pourra parler.
Kendra
❀ Ancolie
Kendra
Kendra
Monsteras 9XrwpnX
Mar 12 Sep - 19:02
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