Le Deal du moment : -39%
Ordinateur portable ASUS Chromebook Vibe CX34 Flip
Voir le deal
399 €

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas
Wake me up when september ends
Quand tu fais des cauchemars, tu n’as qu’à te réveiller, ma fille. C’est pas bien compliqué. Tu regardes autour de toi, tu te mets une petite claque, et hop, tu seras dans ton lit. Attention, ça a l’air difficile. Mais vraiment, c’est pas si dur, ma fille.

C’est pas si dur. C’est pas si dur. Elle ouvrit un oeil. Doré, profond. Elle les avait gardé fermé depuis la dernière injection, l’ouverture de sa capsule sur un monde nouveau. Comme si ça allait changer la vue, qu’elle les rouvrirai sur sa chambre, ses feuilles. Mais à la place, c’était une sorte de grotte qui l’entourait. Les parois étaient humides, et dégageaient une forte odeur de moisissure qui la projeta loin, très loin dans le passée, dans un grenier mal aéré d’une vieille maison de campagne qui ne lui appartenait pas. C’était curieusement écoeurant, cette odeur, au réveil. Son estomac se serrait, et elle commença à lutter avec une nausée viscérale alors que ses yeux fraîchement réchauffé s’adaptait encore à la faible luminosité.

Pourquoi la pièce était bleue? Elle plissait ses iris dans un effort félin pour mieux distinguer ses alentours immédiats. Quelle galère, n’empêche. Il n’y a pas quelques heures, elle écoutait encore une blonde à l’accent américain révoltant lui expliquer qu’ils seraient placés quelque part en amérique du sud. C’était plutôt une bonne nouvelle. Après tout, la plupart des plantes qu’elle adorait venait de là. Donc ça ne pouvait être qu’une bonne nouvelle. C’était sa vaine, ça. Se retrouver dans une grotte miteuse et couverte de champignons plutôt que dans un bureau ou un bunker, c’était quelque chose.

Doucement, Basile se laissa tomber au sol, tombant sur ses fesses engourdies, ses jambes rabougries suivant peu après pour se heurter à la surface dure du sol. Elle n’avait pas besoin de le voir pour sentir la poussière. Tout sentait la poussière, ici. Et comme ça, à même le sol, elle voyait enfin un moment pour faire le point, bercée par les lumières tamisées des murs bleus, et les clignotements réguliers de la cabine.

La suite des évènements ne faisait guère de sens dans son esprit lourd. Il y a quelques heures à peine, elle était encore dans un bureau. On lui répétait milles informations sur la survie, sur les premières choses à faire au réveil. Sur le monde qu’elle retrouverait. D’ailleurs, quelle monde retrouverait-elle? Certainement pas ce qu’elle avait quitté. Plus de Paris, plus de familles. Plus rien de ce monde connu qui l’avait vu grandir. Juste le goût de l’asphalte chaud et du goudron après la pluie, la lointaine lueur du feu rouge au carrefour, et le petit trèfle qui pousse à travers le pavé.

Machinalement, elle chercha dans sa poche pour trouver une clope, et fut presque surprise en constatant qu’elles n’étaient pas là - seulement pour se rappeler que ses effets personnels avaient été mis à l’écart dans sa capsule pour échapper au froid. En agitant ses neurones encore froid, elle se redressa, recherche dans sa tanière pour finir par déterrer un sac en plastique hermétique, fermé par un petit zipper bleu. Habile, comme camouflage. Ses lèvres épaisses se serrèrent. Pourvu que…
Comme une bête en manque, elle ouvrit nerveusement le trésor pour attraper le carton de Marlborrow encore fermé. Quelle panique. Ca non plus, il n’y en aurait plus. Plus de clopes, plus de vins. Plus de soirée d’ivresse au coin d’une banquette moite, dans un aquarium de toutes sortes de vapeurs lourdes et sucrées. C’était pas un mal, après tout. Mieux pour la santé sans doute. Mais les mauvaises habitudes ont la vie dure, et quand on a choisi son poison, il était difficile de s’en défaire. Elle ouvrit le carton encore hermétiquement fermé, répandant sous ses narines l’odeur du tabac sec qu’elle inspira comme un grand cru. Sa mère, qu’elle en avait besoin.

Avec dédain, elle compta les petits tubes de tabac. Que vingt clopes… Peut-être les dernières de l’humanité. Merde… C’était maigre pour se sevrer. Avec un peu de chance, elle tomberait sur du tabac sauvage - enfin, si l’espèce avait survécu. Et elle pourrait peut-être relancer la production, au moins pour elle… Un sourire aigre éclaira son visage basané. Des siècles de sommeil, et c’était ça, sa première préoccupation. Foutue droguée, c’était ridicule. Mais ça ne l’empêcha pas de coincer le tube dans le coin de ses lèvres, savourant le goût herbeux et goudronné comme si elle retrouvait une vieille copine.
Elle tendit la main vers la pochette en plastique et… Merde. Mais c’est qu’elle avait oublié son briquet! Comme la dernière des bleus!

Saloperie. Dans l’abattement, elle se laissa glisser sur le sol une nouvelle fois, massant systématiquement ses tempes avec ses pouces. Faire les choses à moitié, c’était ça son domaine d’expertise. La botanique? Mouais, une bagatelle à côté de son esprit nul.

Elle dû bien rester quelques minutes assise ainsi, à regarder le mur l’esprit dans le vide. Au final, c’était peut-être un peu trop pour son cerveau qui se réveillait à peine. Des émotions en pagaille qu’on jetait sur les murs, le colorant de mille couleurs chaotiques qui ne faisaient pas sens. Basile était sceptique, dans tout ça. Pas vraiment heureuse, pas vraiment bien. Rien, en fait. Juste une meuf blasée, assise contre une capsule de cryogénie, une clope éteinte au bec à aspirer de long filet d’air à travers elle pour pouvoir bénéficier d’un ersatz de goût frais, d’une bribe de nicotine. Merde, faudra bien qu’elle se sevre.

Un bruit la tira de sa torpeur. Elle n’était pas seule. C’est seulement là qu’elle regarda les autres capsule, qu’elle réalisa seulement son existence. Elle s’était tellement projetée dans la solitude qu’elle en avait oublié que le programme était multiple. Elle détailla les autres lits. La majorité était vide… Elle était tardive, à se réveiller. Merde, ça lui creusa de nouveau le ventre. L’idée d’arriver au milieu de la fête ne l’enchantait guère. Elle regarda un instant la sortie. Quel monde retrouverait elle? Froid, hostile, verdoyant, brûlé? L’appréhension faisait monter la pression. Elle avait mal, la nausée. Mais bon. Mieux valait arracher le sparadraps. Et… Elle avait vraiment besoin de feu.

Lentement, elle se releva, appropacha vers quoique ce soit qu’il y avait après la porte. L’idée d’un briquet l’enchantait plus qu’un nouveau monde, à présent. Et quand elle approcha d’une source de lumière, qu’elle cru entendre un nouveau bruit, elle s’annonça d’un timide:

Euh… Salut?” qui brisa le silence et le court de ses pensées qui n’avait plus aucun contrôle.

Au pire, elle n’aurait qu’à se mettre une petite claque. Et hop, elle serait dans son lit.
Basile
⚘ Bouquet d'orties
Basile
Basile
Mer 2 Aoû - 10:10
Revenir en haut Aller en bas
Lentement mais surement, tu prenais tes marques dans cette jungle qui s'étendait à perte de vue. Deux jours depuis que tu avais ouvert les yeux, sortant d'une torpeur quasi millénaire, pour découvrir un décors qui ne t'avait rien de familier, bien loin des paysages de ta terre natale. Pourquoi l'Amérique du Sud ? Une chose était sûr, tu ne te risquais pas encore à de grandes expéditions, ni à la moindre expédition tout court en réalité. Tu t'étais contenter de fabriquer un simulacre d'abris à l'entrée du bunker, bien que les drones n'aient cessé de "t'inviter à parcourir le territoire", pour ne pas dire te chasser de là. Tu ramassais ce que tu trouvais, ci et là, du bois pour faire un feu, des baies et fruits pouvant servir de provision, de quoi éviter de taper dans les rations au plus vite. Et tu lisais, énormément, tu t'étais replonger dans les deux guides que tu avais emportés, cherchant à en mémoriser la moindre information.

Bravant un certain danger, tu avais tout de même pris un peu de distance de ce lieu, explorant les proches alentours, jusqu'à trouver un arbre semblant s'élever plus haut que les autres, et dont le tronc était également plus épais. Alors tu t'étais élancé, et non pas d'un premier essai, mais tu parvins bien à l'escalader pour en approcher la cime et admirer le paysage. Il t'avait coupé le souffle, à la fois par sa beauté et par son poids oppressants. Comment survivre à cette terre devenue sauvage ? Si vaste et dangereuse. Car des bêtes, ils y en avaient, plus d'une pour sûr comme tu avais pu l'entendre durant la nuit précédente.

Le soleil descendait peu à peu, se dissimulant derrière la masse écrasante de la végétation.

Au coin du bâtiment, tu t'étais aménager un feu que seules des braises maintenant en vie durant la journée. Puis, le soir venu, comme en cet instant, tu les ravivais et allumer un feu de camp qui éloignerait les prédateurs la nuit. Avec un peu de chance, il attirerait l'attention d'autres survivants par la même occasion.

Dès lors que les flammes se mirent à danser devant tes yeux brun, tu t'assis à ses côtés, reprenant le trésor de la journée, la carcasse d'un lièvre pas bien gros qui s'était fait avoir par le seul collet que tu avais posé. Hier encore, tu aurais parié que ça ne marcherait pas, surtout avec ta maigre pratique de la fabrication de piège, pourtant, voilà qu'un petit miracle s'était produit. Cependant, les réjouissances n'étaient pas encore de mise car, maintenant t'attendait une autre tâche tout aussi ardue, dépecer l'animal. Et ça, tu ne l'avais jamais fait non plus. Tu avais la théorie, mais pas la pratique.

Alors tu débutas les manipulations, l'attachant tête en bas à une structure de branche fabriquée pour l'occasion, puis tu amorças la découpe de la peau. Le sang gicla droit sur ton visage et ton maillot, ne laissant pas tes mains propres également, dès la première incision. Plus encore lorsque tu continuas à maltraiter la dépouille dont la peau résister à tes mouvements imprécis.

C'est en te battant avec une patte qu'un bruit métallique attira ton attention. Peut être ton imagination ? Car rien d'autre ne vint à tes oreilles dans les secondes qui suivirent. Tu repris ton activité, néanmoins sans rester un brin plus vigilant au monde t'entourant.

A nouveau, l'animal te tint forte tête, malgré son triste sort, il était bien décidé à ne pas te faciliter la tâche et tu grognais et bougonner dans une barbe inexistante et finalement, toi qui pensait être sur tes gardes, tu sursautas presque en entendant une voix hésitante adresser un simple "Salut".

Tu lâchas le lièvre dépouillé pour te retourner vers là d'où venait cette soudaine salutation, le couteau de chasse toujours dans tes mains ensanglantées. Tu glissas sur la terre sèche autour du feu jusqu'à rejoindre l'entrée du bunker. "Sawubona" Tentas tu simplement, un simple bonjour dans ta langue, en direction de ce qui te semblait bien être une autre personne venant de s'éveiller.
Mathias
⚘ Bouquet d'orties
Mathias
Mathias
Ven 15 Sep - 18:54
Revenir en haut Aller en bas
Sauter vers: