« Bordel. De. Temps. De. Merde ! »Crier contre la météo en donnant des coups de pieds dans la terre -qui ressemble plus à de la boue à l’heure actuelle- ne change certainement rien, mais cela a le mérite de lui calmer les nerfs. Ewan n’a rien contre la pluie en temps normal, mais le fait que cette dernière se déchaîne alors qu’il est tranquillement en train de ramasser des lianes pour assembler de nouvelles échelles de cordes pour les abris suspendus l’agace.
Décidément, le sort s’acharne sur lui, même lorsqu’il a
de lui-même décidé d’être sympa. Il a entendu des bribes de conversations la veille. Certains campeurs qui se plaignaient de maux de dos, de difficultés à grimper à l’échelle. Il voulait tester un système, voir si les lianes supporteraient le poids d’une plateforme, pour créer une sorte d’ascenseur rudimentaire... Cela lui demanderait d’aller en parler avec Callem ensuite, mais ça peut valoir le coup.
Évidemment, hors de question qu’il lui parle de son idée avant d’avoir un minimum de données et de matériel. Il est donc parti s’enfoncer dans la jungle un peu plus tôt dans la journée, sans dire à personne où il se rendait -pas que quiconque lui ait demandé. Sur le coup, cela ne l’a pas dérangé plus que ça. A présent, il se rend bien compte que ce n’était pas la meilleure idée du monde.
Franchement trempé, Ewan souffle pour tenter de dégager la mèche qui lui tombe sur les yeux et l’empêche -encore plus- de voir ce qu’il se passe devant lui. Mais c’est peine perdue : ses cheveux ruissellent bien trop pour ça et quand bien même le geste serait efficace, le rideau d’eau qui tombe sans arrêt ne lui permet pas de voir à plus d’un mètre. Il doit bien se rendre à l’évidence : il faut qu’il se pose le temps de laisser passer l’averse.
Grognon, le jeune homme soupire de mécontentement. Qui sait combien de temps cette tempête peut durer. Depuis qu’il est réveillé, il a réalisé que la météo est bien la chose la plus incertaine sur ce continent. On peut passer d’un grand soleil à une pluie d’orage en un instant, et ces dernières sont particulièrement capricieuses. Une fois, il a compté : cinq jours. Il a plu cinq jours sans s’arrêter. C’est à ce moment-là qu’il a abandonné l’idée de construire quoi que ce soit dans les steppes.
Heureusement pour lui, à force d’errer sans but dans la jungle, il finit par trouver un abri provisoire sous un arbre plus couvrant que les autres. Ewan lève la tête pour tenter de l’identifier mais se prend plusieurs gouttes -probablement une ou deux dans les yeux- et baisse aussitôt le regard en se frottant le visage en râlant :
« Mais quel con, bon sang... »Il lui faut un peu plus de temps pour arrêter de bougonner à voix basse -certaines habitudes sont bien ancrées- et essayer de profiter d’une légère accalmie pour regarder autour de lui. C’est à ce moment-là qu’il remarque la silhouette. Assise quelques mètres plus loin, en diagonale, elle aussi à l’abri -relatif- de l’averse. Il hausse un sourcil.
« Je... » Non. Commencer par se présenter, c’est très con et ça ne sert à rien. Boulet.
« Ça va ? » Mieux.
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