Le Deal du moment :
Bon plan achat en duo : 2ème robot cuiseur ...
Voir le deal
600 €

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas
Un réveil en plein cauchemar
Note:


 

     


A son réveil, Nathan met quelques instants à lutter contre l’immobilité qui le maintien encore dans sa capsule. Il a l’impression d’être totalement engourdi, et il n’a qu’une envie, étirer tous ses muscles pour se débarrasser des fourmillements et des pincements désagréables qu’il ressent.





Finalement, après ce qui lui semble avoir duré des heures, les pincements cessent et il se sent de nouveau libre de ses mouvements. Il se redresse tant bien que mal et promène un regard rendu larmoyant par la soudaine lumière sur son environnement.

- Que…

Il rassemble péniblement les brides de ses souvenirs, luttant contre la torpeur qui paralyse encore son esprit.

Il se souvient du centre, du personnel médical, de la capsule et puis… plus rien. Il ne se rappelle même pas s’être endormi. Et pourtant, de toute évidence, il vient de se réveiller.

Un sentiment d’espoir gonfle son cœur.

Ça y est ? Ça a fonctionné ? Les tests sont terminés et je suis toujours vivant ?

Il tente de s’extirper de la capsule, mais ses membres refusent encore de réagir correctement et il se retrouve à glisser à moitié sur le sol, incapable pour le moment de supporter son propre poids. C’est inconfortable, il a soif et il sent poindre un mal de tête qui n’arrange pas la confusion de son esprit.

Il s’adosse à la capsule, et ce n’est qu’à ce moment-là qu’un fait le frappe : il est seul et un silence glacial l’enveloppe.

- Il y a quelqu’un ? appelle-t-il d’une voix enrouée.

Il tend l’oreille mais rien ne lui répond.

- Je suis réveillé, j’ai besoin d’aide ! lance-t-il plus fort.

Sa voix gagne en assurance en même temps que son corps. Sous le coup de l’angoisse qui commence à monter, il sent son cœur accélérer, et l’adrénaline l’aide à se remettre sur ses jambes.

Ce n’est pas normal. Quelqu’un devrait l’attendre à son réveil. Le personnel médical au moins. Sa capsule s’est-elle ouverte de manière inattendue ? A en juger par certaines autres déjà vides, qui occupent également la pièce, il n’est pourtant pas le premier à en sortir. A moins qu’elles n’aient jamais été utilisées

Il doit y avoir une explication logique. C’est peut-être le milieu de la nuit et tout le monde dort ?

Il tente désespérément de s’accrocher à une hypothèse rationnelle pour dompter son angoisse. Paniquer ne servirait à rien pour le moment, il ferait mieux d’aller vérifier par lui-même la situation.
Avisant une ouverture de l’autre côté de la petite pièce, il s’avance vers elle, d’abord d’un pas mal assuré, puis de plus en plus aisément au fur et à mesure que ses jambes retrouvent une certaine assurance. Sur son chemin il esquive quelques objets incongrus en cet endroit, sans y prêter grande attention.

Il découvre un tunnel. La structure s'est en partie effondrée, mais un passage assez grand pour qu'il s'y aventure subsiste. Le cœur battant et le souffle court, Nathan progresse vers la lumière du jour - au temps pour l’hypothèse nocturne - repoussant fermement les doutes qui envahissent son esprit.

Une fois l'air frais atteint, s'offre alors à lui un paysage étrange, sauvage, d'une beauté à laquelle un citadin comme lui n'aurait pu être habitué.

Devant la splendeur de la vue, il ne peut faire qu'une constatation : quelque chose s’est horriblement mal passé.


----

Une forêt ?

De toute évidence, c'en est bien une qui entoure l'endroit d'où il vient de sortir : des arbres, de l'herbe, de la mousse et des… champignons géants ?

Nathan sent un rire incontrôlable monter, et bientôt il se retrouve plié en deux, pris d'une véritable hilarité nerveuse, entrecoupée de violents hoquets.
La situation lui semble si absurde qu'il n'arrive pas à en tirer le moindre sens. Une forêt à la place du centre ? Et là… les traces d'un campement sans le moindre signe moderne ? Et des… paniers tressés ? Ce détail anodin achève de lui faire perdre le peu de sens commun qu'il était parvenu à conserver depuis son éveil.

La crise lui semble durer une éternité et le laisse chancelant, essoufflé et les yeux embués de larmes qu'il ne songe même pas à essuyer.

Rien de tout ça ne lui semble réel. Et si c'était juste un rêve ? Un cauchemar, plutôt, dans lequel tout ce qu'il s'attendait à retrouver avait disparu.

Hagard, il fait plusieurs fois le tour du camp, sans réel but. Il regarde sans vraiment les enregistrer les détails : les rondins faisant office de siège, divers récipients - il ne lui vient même pas à l'idée d'en ouvrir - et d'autres arrangements qui semblent relativement récents.

Finalement, la fatigue le rattrape. Il décide de s'adosser au tronc le plus proche et de fermer les yeux 5 minutes. De toute façon, il est incapable de voir quoi faire de mieux.


----

Nathan revient lentement à lui. Il ne saurait dire s'il a dormi quelques secondes, minutes ou heures, mais ce qui est certain c'est que quelque chose l'a tiré de son sommeil. Quelque chose qui approche.

L'équipe médicale est enfin là pour l'examiner ? Il se souvient d'avoir remarqué leur absence à son réveil. Mais il aurait préféré qu'ils viennent un peu plus tard, là il se sent encore fatigué, et l'herbe parait si confortable… L'herbe ? Les yeux toujours clos, comme si les garder fermer pouvait le protéger de la réalité, il tâtonne autour de lui. Ses doigts rencontrent des brins d'herbe folle, des feuilles éparses et finissent par tomber sur un mince bout de bois, dont il est impossible de ne pas reconnaître au toucher l'écorce rugueuse.
Tout lui revient soudainement : le réveil solitaire, le tunnel en partie effondré, le campement, la forêt…

Et dans une forêt, il y a des bêtes sauvages n'est-ce pas ? Son esprit de citadin, alimenté par la confusion et le stress de ces dernières heures, fantasme déjà des loups ou des ours malfaisants se réjouissant du goûter facile qu'il représente




     


Le bruit se rapproche rapidement et, son instinct de survie reprenant le dessus un court instant, il se redresse d'un bond, brandissant son bâton maigrelet en guise d'arme improvisée. Enfin, c'est ce qu'il tente de faire… En réalité, ses jambes se dérobent sous lui, et il retombe en arrière dans un grognement de douleur.


Nathan
≣ Quartz blanc
Nathan
Nathan
Lun 8 Mai - 0:33
Revenir en haut Aller en bas
Kat déménage.

La maison sur piloris au-dessus de la rivière est enfin assez solide pour qu’elle puisse y dormir. Elle aime ouvrir ses yeux le matin sur son toit et les rectangles de ciel gris ou bleu. Elle aime savoir où en est le soleil dans sa course, entendre le brouhaha des animaux si nombreux et la musique de la rivière qui coule. Au début, cela l’empêchait de dormir ; pas tant les sons eux-mêmes, parce qu’elle se rend bien compte qu’avec l’âge son ouïe est quand même moins fine et que toute cette vie qui grouille n’est pas si bruyante à ses tympans, mais ce qu’ils impliquent, l’inconnu qui se cache derrière. Elle ne sait pas encore lire les vrombissements, elle ne sait pas encore lire les silences, alors à chaque instant, elle se préparait, sur le qui-vive, à faire face. Elle ressentait de la peur dès qu’un animal s’approchait pour boire, que des ailes se froissaient, que les ombres se mouvaient, qu’un bruit dont elle ne connaissait pas la source éclatait. Elle commence à apprendre à reconnaître le hululement des oiseaux de nuit qui chassent, les sabots des herbivores qui viennent remplir leur gosier, les sauts des poissons (ou des caïmans ? brr), le vent dans les lianes, les branches qui parfois craquent, la pluie, le grésillement des insectes ou les croassements des grenouilles. Elle commence à comprendre que la vie qui l’entoure, disons-le, ne se soucie strictement pas d’elle. Elle commence à pouvoir fermer les yeux et faire confiance en sa maison pour la protéger des dangers.

Ces premiers tests accomplis, elle s’est donc décidée à déménager pour de bon. Elle ne se réveillera plus au milieu des capsules, à se demander quand les autres sortiront de cryonie ou à calmer ses élans de panique à l’idée d’être enterrée vivante suite à un nouveau séisme. Elle n’ira plus vérifier les signes vitaux de Seth de manière compulsive alors qu’ils ne changent jamais, bloqués par le froid et la glace. Elle n’enjambera plus les débris dans le tunnel en sortant chaque matin.

Elle garde le campement devant la ruche, bien sûr, mais elle en fait un autre ici. Tout ce qui lui paraît nécessaire au quotidien sera déplacé dans ou proche de la maison, et tout ce qui est plutôt du stockage pourra rester au Bouquet d’Orties, sous terre, à l’abri de la pluie et des animaux.

La matinée s’est déroulée tranquillement. Elle est allée cueillir du manioc et des orties, rajoutant dans son panier deux œufs d’origine inconnue trouvés cachés dans l’herbe (et laissant les autres). Et puis elle s’est dirigée vers la ruche, puisque ses fours sont construits là-bas, et que ça reste plus pratique qu’un feu de camp pour préparer une tarte.

Elle n’est pas très discrète. L’habitude du chemin la rend même carrément distraite. Alors elle sursaute et fait tomber son panier quand quelque chose bondit à sa droite. Elle porte la main à son cœur. Ce n’est qu’un jeune homme – qui d’ailleurs ne tient même pas debout. Pas un jaguar ou une panthère ou un singe. Mais elle pourrait payer son imprudence de sa mort, une autre fois. Alors elle avale sa salive, son cœur battant dans ses oreilles, et prend un moment avant de revenir à elle. Décidément, tout l’inquiète ces derniers jours. Elle ne s’attendait pas à ce que déplacer son lieu de vie de trois kilomètres lui crée autant d’anxiété. Elle en perd ses moyens alors qu’elle sait très bien ce qu’elle doit faire : elle se précipite alors jusqu’à son congénère.

– On s’est fait une belle frayeur tous les deux ! ça va ti ? Tu veux que je t’aide à te relever ? Do you understand French ? Is English better ? I’m Kat.

Elle lui tend la main.

Cette publication remporte un ruban puisqu'elle contient un défi mensuel réussi !
Katell
⚘ Bouquet d'orties
Katell
Katell
Mar 9 Mai - 12:57
Revenir en haut Aller en bas
Nathan relève la tête. Un peu calmé, ou plutôt sonné, par sa chute, il prend le temps cette fois d'observer ce qu'il prenait pour une menace.

Une femme âgée se tient devant lui. Fait-elle partie de l'équipe médicale ? Non, certainement, elle lui semble trop âgée, à moins qu'une nouvelle loi repoussant l'âge de la retraite soit passée pendant son sommeil. Mais alors qui est-elle et que fait-elle là ? Est-ce la propriétaire du campement qui les entoure ?
Finalement, après ce qui lui semble avoir duré des heures, les pincements cessent et il se sent de nouveau libre de ses mouvements. Il se redresse tant bien que mal et promène un regard rendu larmoyant par la soudaine lumière sur son environnement.

Il s'oblige à se concentrer de nouveau sur la situation actuelle. Rien ne sert de faire des hypothèses bancales pour le moment, son esprit n'étant de toute façon pas en état de formuler des pensées logiques.

Elle lui propose de choisir entre le français et l'anglais.

- En français, c'est très bien…

Il est plutôt heureux de ne pas devoir parler en anglais. Même s'il maitrise assez bien cette langue, articuler autre chose que des mots de sa langue maternelle alors qu'il est si confus pourrait se révéler compliqué. Il est d'ailleurs plutôt étonné qu'elle parle aussi anglais : avant qu'il ne s'endorme il était rare de croiser des personnes françaises - il suppose qu'elle l'est puisqu'elle s'est ainsi exprimée en premier lieu - de l'âge de cette femme sachant le parler.

Avisant la main toujours tendue qu'elle lui offre, il hésite un instant, puis approche la sienne, lentement. Il s'attendrait presque à ce qu'elle se révèle immatérielle, qu'elle ne soit qu'une construction de son esprit, trop bouleversé par les évènements récents. Peut-être même que tout ce qu'il est en train de vivre est en réalité un cauchemar et qu'il est toujours étendu dans sa capsule, bien à l'abri dans le centre de recherches ? Tout bien réfléchi, ce serait une constatation plutôt rassurante.

Mais la main est bien réelle, force lui est de le constater lorsque ses doigts en rencontre la peau. Il note qu'elle est rugueuse, signe certainement d'une habitude des travaux manuels, en curieuse opposition avec l'instruction supposée de la femme. Encore une fois, il se rend compte qu'il s'attarde curieusement sur des détails qu'il devrait trouver négligeables.

Assez gauchement, il sert la main tendue, se méprenant totalement sur l'intention du geste. Le contact lui procure immédiatement un sentiment chaleureux et apaisant. Ne plus être seul dans cette situation absurde est rassurant.

- Euh… Nathan, se présente-t-il, à défaut de savoir quoi dire d'autre.

Lui-même se trouve particulièrement ridicule en ce moment, à faire ainsi des présentation alors qu'il est à moitié allongé dans l'herbe.

Il se redresse un peu plus. Mauvaise idée, il sent immédiatement sa tête tourner. Il prend également conscience de sa soif, maintenant que la surprise est passée. Sa gorge est douloureusement sèche, et il commence à ressentir les effets de la déshydratation.

- Par hasard…Sauriez-vous m'indiquer où je peux trouver de l'eau ?
Au vu de la situation actuelle, il est peu probable qu'elle lui désigne le robinet le plus proche, mais peut-être pourrait-elle lui montrer la source qu'elle utilise ? Du moins il suppose que c'est une source. Sa représentation d'un camp en pleine nature s'inspire uniquement de livres ou de films et tous font figurer un point d'eau à proximité. En espérant juste qu'il soit suffisamment proche pour qu'il puisse s'y rendre.


Cette publication remporte un ruban puisqu'elle contient un défi mensuel réussi !
Nathan
≣ Quartz blanc
Nathan
Nathan
Mar 9 Mai - 18:27
Revenir en haut Aller en bas
Nathan lui donne la main, mais pour la serrer et lui dire bonjour. Elle voit, au passage, un morceau de code-barre dessiné sur son poignet. Génération 0. Son cœur se serre. Elle ne sait pas ce qui a poussé ce jeune à être cryogénisé, mais il n’a pas signé pour se réveiller après la fin de l’Humanité. Elle s’apprête à resserrer sa prise pour l’aider à se relever complètement, mais à le voir tanguer et papillonner des yeux, elle se dit qu’il est mieux par terre pour le moment et le lâche doucement. Elle s’assit en tailleur face à lui pour être à son niveau et décroche la gourde accrochée à sa ceinture. Dessus, le symbole de la ruche des orties.

Comme Nathan porte la combinaison de cryonie et a l’air complètement perdu, sans la moindre affaire, elle en conclut qu’il n’est pas un voyageur qui aurait suivi ses traces de vie. Il vient de la Ruche et le sang coule chaud dans ses veines depuis peu. Kat a les larmes aux yeux en le regardant boire, mais elle ferme les paupières pour les ravaler avant de cacher ce petit moment d’émotion derrière un sourire amical. C’est sur elle que ça tombe, elle qui va tout lui expliquer, elle qui sera l’oiseau de mauvaise augure. Et en même temps, elle est heureuse de s’être Réveillée avant lui. C’était déjà dur, à soixante-dix ans, en sachant à quoi s’attendre, de se retrouver seule plutôt qu’avec l’entièreté de sa ruche. De contempler les capsules rester fermées autour d’elle. Alors si en plus, elle avait été aussi sensible que dans sa jeunesse, aussi facilement paniquée, et qu’elle n’avait rien compris à ce qui l’entourait ! Elle voulait faire comprendre les choses au nouvellement réveillé avec le plus de douceur possible ; mais elle voyait mal comment. Salut, nous avons épuisé, empoisonné le monde et il n’a pu guérir et se ressourcer qu'en l'absence de notre présence… Est-ce que c’est comme ça qu’on présente le monde post-apocalypse ? Bienvenue sur la nouvelle Terre, elle s’appelle toujours Gaïa mais tout a changé ?

– Est-ce que tu as besoin d’autre chose ? Tu veux que je t’aide à te lever, essayer de marcher un peu ? Ça prend quelques temps avant que tous les muscles soient vraiment réveillés, mais ça va venir.

Elle ne peut pas tourner pendant mille ans autour du pot ; mais peut-être qu’elle peut apprendre à le connaître un tout petit peu mieux pour savoir de quelle façon lui annoncer que tout le monde est mort.

– Est-ce que tu veux bien me raconter ce dont tu te souviens, avant ton réveil ? Je vais avoir beaucoup de choses à t’expliquer, mais peut-être pouvons-nous partir de là.
Katell
⚘ Bouquet d'orties
Katell
Katell
Mer 10 Mai - 16:39
Revenir en haut Aller en bas

Nathan accepte avec reconnaissance la gourde et la porte immédiatement à ses lèvres. Il prend la première gorgée avec un peu trop d'enthousiasme, manque de s'étouffer, n'attend pas de retrouver son souffle pour engloutir les suivantes.
Il n'a pas l'intention d'en vider l'intégralité, mais avant même de s'en rendre compte, il ne reste plus rien de son contenu. Ses joues s'enflamment aussitôt de honte. Comment a-t-il pu tout boire, sans considérer que sa bienfaitrice aurait éventuellement elle aussi besoin d'eau ? Il espère que ce n'était pas la seule qu'elle possédait.

Il repousse la gourde, se promettant d'aller la remplir dès que possible.

La femme lui propose justement d'essayer de se lever et il acquiesce. Il se sent mieux maintenant qu'il a pu se désaltérer et il lui semble qu'effectivement il commence à être moins engourdi.

Il note au passage qu'elle ne semble pas étrangère aux sensations du réveil qu'il est en train de subir. Il se demande si elle aussi vient d'une des capsules ouvertes sous terre. Si c'est le cas, combien de temps ont-ils passés, allongés à côtés, sans même le savoir ? Et depuis combien de temps est-elle réveillée ? Assez pour construire un camp visiblement. Son cerveau refuse d'en tirer la conclusion logique et son attention s'échappe de nouveau vers des détails insignifiants. Un symbole orne la gourde, une plante qui lui semble familière, il est certain de la connaître sans parvenir à mettre le doigt sur son nom.

Il en oublierait presque la présence à ses côté, sans la nouvelle question qu'elle lui pose.

- Avant…Vous voulez dire au centre de recherche ? Je me souviens de la salle d'attente, et puis de l'examen médical. C'était assez long.

Il prend quelques secondes pour se remémorer cette journée. Les souvenirs lui semblent à la fois très proches, et étrangement lointains. Rien d'étonnant après cette trop longue nuit.

- On nous a donné des papiers à signer pendant l'attente, des formulaires de consentement. Je crois qu'il voulaient vraiment être couverts en cas de problème pendant l'expérience. Ensuite on a pu appeler nos proches, si on le voulait. Mais je ne l'ai pas fait. J'avais trop peur, si j'avais entendu leur voix je n'aurais pas pu… Presque personne n'a passé d'appel de toute façon. Je pense que beaucoup de gens n'avaient pas grand monde à qui parler.

Il n'avait rien trouvé d'étonnant à cela sur le moment. Participer à cette expérience, accepter de s'endormir sans certitude de se réveiller, ce n'est pas possible si l'on a quelqu'un à perdre. Pas sans une bonne dose d'espoir en contrepartie.

- Et finalement c'était le moment. On s'est changé, on a été appelé par nos noms et un à un on a suivi l'équipe médicale. C'était assez rapide, et plutôt agréable de s'endormir, plus que ce à quoi je m'attendais. Un peu comme une anesthésie peut-être ?

Quant à savoir comment il s'était retrouvé en pleine nature plutôt qu'au centre, ça restait un mystère. On ne lui avait jamais parlé de bouger les capsules, et il ne voyait aucune raison de le faire. Le déplacement n'avait pas l'air récent non plus, à en juger par le manque de traces que celui-ci aurait dû laisser. L'image de bouteilles de vins placées au frais dans une cave, des années durant, avant que l'on ne vienne finalement les ouvrir lui vient à l'esprit, et il ne peut s'empêcher d'en sourire. Peut-être était-il juste une bouteille qui s'était ouverte trop tôt, alors que personne n'était encore prêt à la récupérer ? D'ailleurs, combien de temps s'était-il écoulé depuis qu'il s'était endormi ? Peut-être moins qu'il ne le pensait…

- En quelle année sommes-nous ?
Nathan
≣ Quartz blanc
Nathan
Nathan
Jeu 18 Mai - 18:28
Revenir en haut Aller en bas
Nathan a vraiment très soif ; rien d’étonnant après son réveil et son arrivée dans un climat lourd de chaleur et d’humidité auquel il ne doit pas être habitué. Katell se place à côté de lui pour marcher, prête à le rattraper si ses jambes se dérobent et à servir d’appui s’il en a besoin, mais ça n’a pas l’air nécessaire et elle se détend légèrement après quelques foulées.

Alors il avait une famille, des proches qu’il pensait peut-être retrouver après l’expérience, si l’expérience fonctionnait. Ça ne rendait la tâche de Katell que plus difficile, même s’il avait dû se préparer à ne pas se réveiller, ou à se réveiller trop tard. Elle ressentit soudain une grande dose d’empathie pour tous ces médecins qui devaient, chaque semaine, annoncer à la famille de mauvaises nouvelles concernant leur proche. Un cancer, une maladie sans traitement, un décès pendant une opération chirurgicale. Devoir regarder les gens dans les yeux et briser leurs espoirs. Kat puise dans leur expérience pour se donner du courage. C’est un rôle difficile mais un rôle nécessaire, et ce sera toujours moins difficile pour elle que pour lui. Quand il pose la question, pourtant, elle ne répond pas de but en blanc. Elle veut l’amener avec le plus de douceur possible jusqu’à la réponse.

– Revenons un peu en arrière. Tu es jeune et tu as été cryogénisé parmi les premiers, alors tu le sais, que le vingt-et-unième siècle, c’est surtout le réchauffement climatique… La situation s’est grandement détériorée dans les années 40. Catastrophes naturelles, épuisement des ressources, records de température battus chaque année et de moins en moins gérables pour les populations, pandémies... Cette technologie que tu as testé a alors été redirigée vers le Projet Perséphone. L’idée était de préserver des humains en espérant que la planète se régénérerait et que nous nous réveillerions dans un monde plus vivable que ce qu’il devenait. Toutes les capsules ont été déplacées en Amérique Latine, en tout cas à ma connaissance. Nous sommes dans la forêt Amazonienne.

Elle fait une pause. Donner les bonnes nouvelles d’abord.

– Le projet a fonctionné. Nous sommes vivants. Et le monde… Et bien, nous avons clairement de nouveaux insectes pollinisateurs et les plantes envahissent à nouveau la surface terrestre, même si les champignons s’en sortent visiblement encore mieux.

Elle a subtilement dirigé leurs pas dans une direction précise pendant leur marche, et elle ralentit devant l’arbre dans lequel elle a attaché les poupées de paille qu’elle a tissées en commémoration des gens qu’elle a perdus, proche du ceiba, un arbre énorme au tronc clair qui attire l’attention bien plus vite que les minuscules brindilles sur l’arbre plus petit qui le côtoie.

– Ceci est l’Arbre des Souvenirs. Pour ne pas oublier ceux qu’on aimait et qui ne sont plus à nos côtés. Il y a aussi un Musée des Souvenirs, mais il est… ailleurs.

Ce n’est pas le moment de rentrer dans les détails. Kat a cependant une pensée pour Roz qui a si gentiment enregistré sa voix et son témoignage d’amour envers sa famille. Savoir que d’autres gens qu’elle, Roz et Mako, se souviendront aussi de ceux avec qui elle avait choisi de partager sa vie, lui avait fait énormément de bien.

Mais pour l’instant, elle attrape le regard de Nathan avant de continuer, grave, parce qu’il faut dire les mots clairement pour qu’une idée aussi impensable soit vraiment comprise.

– Je ne sais pas en quelle année nous sommes. Il faudra attendre de croiser un ou une archéologue pour le savoir précisément. Je sais juste qu’il s’est passé beaucoup, beaucoup, beaucoup d’années, au moins plusieurs siècles, assez en tout cas pour engloutir les restes de nos civilisations.
Katell
⚘ Bouquet d'orties
Katell
Katell
Dim 21 Mai - 11:14
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé
Contenu sponsorisé
Revenir en haut Aller en bas
Sauter vers: