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Système D [Katell]
La grange est presque prête.
Bon, ça ne ressemble pas trop à une grange correcte. Elle n’est pas rouge, pour commencer. Elle n’a pas d’étage où stocker le foin loin des animaux et il n’y a même pas d'animaux dedans à vrai dire, et puis le sol n’est pas forcément très droit, et enfin il n’y a bien sûr pas d’eau courante.
Mais la grange est presque finie.
Elle a quatre murs faits de bois et de boue séchée. Elle a une structure sur laquelle fixer le futur toit. Il ne manque plus que… Pas mal de choses, en fait, maintenant qu’on le mentionne. Mais aujourd’hui, alors qu’Angel finit sa journée de travail là dessus, elle est satisfaite de son oeuvre.

Et demain, lorsqu’elle se réveille, elle rassemble ses affaires pour voyager dans son sac. L’heure est venue de se re-lancer à l’aventure pour quelques semaines avant de revenir avec ce qu’il lui faut pour finir la grange. De l’écorce, peut-être, ou de grandes feuilles pour le toit. Des cailloux plats pour le sol, pour protéger de l’humidité ce qu’elle y stockera. La peinture rouge, elle n’y croit pas trop mais qui sait ?
Angel, donc, se met en route. Si elle se souvient bien des cartes pré-congélation et si la géographie n’a pas changé depuis tout ce temps, il y a un lac dans la direction dans laquelle elle se dirige.

Il n’y a pas de lac. Il y a des arbres mais il n’y a absolument aucun lac près duquel chercher des cailloux. Une semaine de marche en direction du nord, de la nage, de l’esquive de plantes géantes et affamées, et voilà qu’elle se retrouve… Hé bien, pas plus avancée. Il va falloir qu’elle se rabatte sur la récolte d’écorce, c’est ça ? C’est ça.
Elle commence donc à s’intéresser aux arbres, à inspecter leurs troncs un par un avec beaucoup d’application. Il y en a peu dont les écorces semblent facilement se détacher, mais il y a de drôles de flèches dessinées sur certains. La première qu’elle voit est une coïncidence, la seconde est un signe. Et la troisième est une motivation à continuer à avancer jusqu’au moment où elle entend des bruits différents de ceux de la jungle.
Il doit y avoir quelqu’un pas loin, la personne qui a dessiné les flèches probablement, le premier humain qu’elle croisera après beaucoup de temps seule, au moins plusieurs mois.
Il faut qu’elle fasse bonne impression. Les doigts dans les cheveux, elle essaie vainement de se coiffer sans miroir pour savoir si elle y arrive. Est-ce qu’elle est présentable ? Impossible à dire. Disons que oui, elle ne va pas hésiter sur place pendant des heures.
En avant, marche !

- Bonjour ?

C’est une clairière dans laquelle elle arrive, avec une personne au milieu. Angel s’arrête donc, pas certaine de vouloir avancer plus sans être certaine que l’humain en face est aussi pacifiste qu’elle.

- Je cherche un lac, est-ce que vous connaissez le terrain ? J’ai à manger à échanger si vous m’aidez.

Dans le doute, toujours faire appel au pouvoir de la nourriture pour amadouer autrui. Sa mère lui a bien appris les bases des relations interpersonnelles
Angel
❀ Pissenlit
Angel
Angel
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Lun 10 Avr - 15:52
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Katell lève les yeux de son carnet et sourit de toutes ses dents. Ses marquages fonctionnent, les gens les suivent et trouvent sa ruche.

– Bonjour !

Elle a en face d’elle une personne jeune – comme toujours – coiffée d’une paire de lunettes de soudure. Ça, c’est très bon signe, et ça suffit à donner à la vieille une très bonne première impression.

– Moi aussi j’ai besoin d’aide et à manger à échanger, répond Kat dans un éclat de rire. Je m’appelle Kat, ravie de te rencontrer. Est-ce que tu parles autre chose qu’anglais ? J’aime pas parler en anglais.

Elle montre de la main le gros bol de semoule mélangée à de l’avocat et diverses herbes posé devant elle, le saladier bleu rempli de fruits à côté et enfin l’assiette où s’empilent les petits biscuits au manioc et à la noix de coco. C’est la révolution depuis que Katell a trouvé du manioc sauvage : elle peut enfin faire de la farine, des galettes, de la semoule, et donc préparer autre chose que des fruits et des salades d’herbes variées. Les racines ne sont pas encore bien grosses, le riz et les pâtes lui manquent, mais c’est quand même déjà ça.

– Sers-toi si tu veux quelque chose. Et pour te répondre, il n’y a pas de lac dans les vingt kilomètres à la ronde, par contre il y a une rivière à disons une demi-heure dans cette direction-là. Est-ce que ça marche aussi ? Je peux t’y accompagner ou te donner les indications, comme tu préfères.

Si elle cherche un coin où se baigner, ça ira très bien, et si c’est vraiment un lac qu’elle veut, peut-être qu’elle pourra suivre la rivière et en trouver un. A moins qu’elle n’ait rendez-vous quelque part et qu’elle cherche un lac précis, auquel cas elle est sûrement partie dans la mauvaise direction. Katell espère qu’elle ne va pas fuir trop vite ; les visites sont quand même rares et elle a soif d’échanges. Mais comme il y a des biscuits, la nouvelle venue devrait être assez appâtée. Dans le doute, toujours faire appel au pouvoir de la nourriture pour amadouer autrui.

Kat pose son carnet par terre, face visible. Elle était en train d’y dessiner des cabanes. Elle essaie de trouver un concept pour être à la fois à l’abri de la pluie pendant la mousson et pouvoir faire sécher des trucs sur le toit en saison sèche ; à la fois à l’abri des bêtes et avec de grandes ouvertures pour laisser passer le vent et le frais ; à la fois très ouvert donc mais abrité de l’humidité. Elle n’a pas l’habitude du climat amazonien, elle ne sait pas bien comment s’abriter de la chaleur et de l’humidité, mais elle se doute qu’il n’y a pas les mêmes enjeux de construction. Alors elle bidouille sur le papier des murs de pierre et des murs de rondins, des buttes en terre et des maisons de paille, des murs-portes qui pourraient vraiment s’enlever et des murs qui ne montent que jusqu’à la taille, et elle pleure l’existence des fenêtres qu’elle se sait incapable de construire. C’est beau, les fenêtres, on peut être dans une ambiance et en regarder une autre à travers. En attendant, elle n’a que sa bâche tendue entre les branches et un abri en dur ne pourra être que mieux.

Quand elle aura décidé lequel construire. Avec un peu de chance, la randonneuse qui lui fait face aura quelques idées sur la question.
Katell
⚘ Bouquet d'orties
Katell
Katell
Mar 11 Avr - 17:45
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Oh mon Dieu, c’est une vieille dame ! Ca fait tellement longtemps qu’elle n’en a pas vu que à peine une seconde après avoir vu le visage de la femme inconnue, Angel est prête à lui faire une confiance aveugle. Elle lui rappelle un peu sa nonna, parce qu’elle lui propose d’échanger à manger et qu’elle a des rides au coin des yeux qui montrent qu’elle sait sourire.

- Angel ! Enchantée !

Qu’elle répond avec enthousiasme en entrant dans la clairière, plus du tout méfiante. Aisément, elle sourit. Sa démarche est même à la limite du sautillement alors qu’elle se rapproche des bols dans lesquels plusieurs plats qui ont l’air absolument délicieux lui font très envie. Elle va avoir l’air un peu bête en sortant ses petits sacs de fruits secs et ses arachides… Si elle avait su, elle aurait aussi embarqué quelque chose de plus recherché. Quoi exactement ? Aucune idée.

- Ohlala ça a l’air trop bon… J’ai rien d’aussi travaillé avec moi, désolée.

Mais ça ne l'empêche pas de poser ses affaires par terre pour en sortir ses petits sacs de nourriture de route et les poser à côté de la cuisine de Kat.

- Je parle brésilien et italien, continue-t-elle en anglais faute de savoir si c’est le cas pour la gentille dame, et euh, je comprends le portugais du Portugal je pense.

Pas qu’elle aie déjà essayé, mais il ne peut pas y avoir tant de différences entre deux langages portugais, non ? Heureusement qu’elle ne sait pas encore que si, sans quoi elle se dégonflerait beaucoup plus facilement alors que là, elle vit sa meilleure vie : elle s’est posée par terre et elle se penche vers le carnet qui n’est pas très loin.
Un bruit de gorge appréciatif lui vient en voyant les cabanes qui y sont tracées. C’est évident que Kat essaie plusieurs concepts, probablement avant de construire celui qu’elle choisira, et il faut toujours réfléchir longtemps pour ne construire qu’une fois.

- Oh, tu cherches un modèle de maison ? Tu sais s’il y a une rivière, faire une cabane au-dessus peut être bien.

Le carnet d’Angel sort de son sac et elle commence à y griffonner elle aussi pour montrer ses idées sans trop se demander si son aide est requise. Au pire elle ne l’est pas et ça leur fait quand même un sujet de discussion.

- Avec mon papa on avait été visiter des cousins à lui le long de l’Amazone et ils avaient une maison sur pilotis. Ca ressemblait un peu à ça, fait-elle en tendant son dessin grossier d’un bâtiment sur pieds, avec des murs en bois. C’est un mur qui se bouge sur ton dessin là ? Parce que pour l’été c’est une super idée ! Je peux te la piquer pour chez moi ?
Angel
❀ Pissenlit
Angel
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Dim 23 Avr - 17:27
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Le regard de Katell s’illumine.

– Et est-ce que tu comprends mon portugais ? J’ai appris chez moi. Portugal, Brésil, j’ai tout mélangé...

Katell rit. Elle sait qu’elle va faire plein de fautes et qu’elle a un accent français (ce qui est une bonne nouvelle, puisqu’il ressemble plus à la prononciation brésilienne qu’à la prononciation du Portugal, même si clairement elle va faire des ajustements en cours de route en écoutant Angel). Elle sait aussi qu’elle va être frustrée, à ne pas réussir à exprimer parfaitement ses pensées et à utiliser comme il faut les formules grammaticales les plus nuancées. Elle s’en moque, elle va pouvoir parler portugais et ça la rend heureuse. C’est l’une des langues qu’elle a le plus aimé apprendre, même si ça s’entend bien que ce n’est pas sa langue maternelle. Si elle peut faire un peu vivre la culture de la voyageuse, elle est heureuse de le faire, plus que de continuer à faire vivre cet anglais international blougiboulga. Et puis, elle sait qu’elle s’améliorera à force d’entendre Angel ou d’autres.

– Tu me dis si tu me comprends pas, et je te demanderai de répéter des fois.

Elle se sert sans hésitation dans les victuailles d’Angel pour rajouter des fruits secs et des noix dans la semoule. C’est vraiment un festin, aujourd’hui, et elle est si heureuse d’avoir de la visite. Et d’avoir cette visite-là en particulier. Parce qu’elle prend facilement ses aises avec Angel et qu’Angel prend facilement ses aises avec elle, ce qui fait qu’en quelques minutes, Kat a l’impression qu’elle se connaissent déjà depuis un moment. Tout est simple et fluide, pas de « oh est-ce que je peux regarder ton carnet ? » ni d’hésitation à partager ses idées, elles partent ensemble d’une évidence de confiance et de volonté d’échanger qui fait du bien à la septuagénaire.

Elle est vive et intelligente, en plus, elle fait des liens avec ses expériences, elle applique directement dans le concret, elle n’a pas peur de l’inconnu… Kat rapproche le dessin de ses yeux pour mieux voir. Le concept répond à tous ses besoins. Sur piloris, elle sera à l’abri des créatures mais n’aura pas vraiment besoin de murs. Le vent passera librement, encore plus si elle est au-dessus de la rivière et qu’il n’est pas bloqué par les troncs et les lianes qui obstruent la jungle. Elle aura plus de soleil sur le toit quand il ne pleut pas, et il emportera avec lui une partie de l’humidité. Et comme elle a trouvé du caoutchouc, peut-être qu’elle pourra trouver un moyen de traiter le bois pour le protéger un peu et ne pas avoir à changer des planches pleines de champignons trop souvent. Les moustiques l’inquiètent, si proche d’une source d’eau, mais elle trouvera bien des odeurs qui les repoussent ou bien tissera des moustiquaires.

– Merci. Tu l’as trouvée. Je veux construire cette maison. Mais les murs pourront bouger, oui. Et bien sûr tes murs aussi. On vivra mieux en partageant nos bonnes idées !

Kat cherche le regard d’Angel pour lui poser sa question :

– Est-ce que tu veux la construire avec moi ?

Ce serait beaucoup, beaucoup plus simple à deux, alors ça l’arrange ; mais surtout, ça l’amuse, parce qu’elle a très envie qu’elles portent ensemble des troncs sur leurs épaules en blablatant en portugais.
Katell
⚘ Bouquet d'orties
Katell
Katell
Lun 24 Avr - 10:34
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- Oh !

L’exclamation de Angel est étonnée et surtout ravie, ponctuée d’un hochement de tête positif. “Oui oui oui” fait sa tête, et tout pareil pour son coeur.

- Je comprends ! Tu as un très bon accent.

Et celui de la jeune femme est de ceux que l’on prend lorsqu’on parle dans sa langue maternelle : détendu, facile, avec les voyelles rondes du confort et les consonnes raccourcies de l’habitude. Elle n’y prend même pas garde, toute concentrée qu’elle est sur ses dessins, mais il y a quelque chose en elle qui se débloque et illumine son visage lorsqu’elle parle la langue qu’elle a toujours parlé. C’est comme si ses parents étaient là, avec elles, pour veiller sur leur rencontre impromptue dans la jungle.
Qu’ils auraient été fiers de leur fille, en cet instant. Qu’elle est triste de ne pas pouvoir se tourner vers son père et lui demander comment faire des murs amovibles facilement, ou voir sa mère interagir avec Katell. Elles se seraient bien aimées, Angel n’en doute pas.
Mais ils ne sont pas là, pas autrement que dans sa manière de rire du fond de sa gorge en opinant du chef, ou dans l’éclat de ses yeux. Et c’est doux-amer mais il faut continuer d’avancer.

- Oui, tu as raison ! On va pas aller loin tout seuls. Je ferais des murs amovibles en pensant fort à toi, Katell !

Elle racontera leur rencontre à tous ceux qui viendront à proximité de la Ruche du Pissenlit et l’histoire pourra se répandre. Ce sera un bon commencement de communauté, ça. Une légende d’entraide c’est quand même plus sympa qu’une légende de guerre fratricide ou quelque chose du genre.

- Je veux la construire avec toi !

Elle s’agite, elle se lève à demi, prend gentiment dans sa main l’une de celle de la vieille dame pour sceller son aide.

- J’ai quelques outils là-dedans.

Encore de l'agitation pour désigner son sac, puis pour appuyer un doigt sur sa tempe en éclatant d’un sourire plus lumineux que le soleil.

- Et plein de connaissances ici. J’étais bricoleuse avant alors il faut pas s’en faire, les murs seront droits et solides avec moi, foi de DiAngelo ! Si je pouvais te montrer ce que j’ai déjà construit près de chez moi… C’est pas pour me vanter, hein, mais les murs tiennent plutôt bien depuis qu’ils sont montés. Il manque un peu tout le reste mais…

Une de ses épaules se hausse. Il y a le temps de construire mieux, elle n’est pas si pressée.

- Est-ce que tu veux une maison une personne, ou c’est pour toi et d’autres personnes ?

Curieuse ? Oui, certainement. Mais c’est une question qui est pertinente pour la construction, surtout : maintenant qu’elle est passée en mode travaux manuels, il va falloir la fin du monde ou du projet pour arrêter Angel.
Angel
❀ Pissenlit
Angel
Angel
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Dim 18 Juin - 18:04
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Katell sourit. Elle ne croit pas vraiment les mots d’Angel, elle ne pense pas avoir un bon accent, mais elle a une totale confiance en la sincérité de l’enthousiasme qui la pousse à dire ça. Katell aussi serait envahie de joie si quelqu’un lui parlait en galo. Alors la vieille polyglotte est heureuse de pouvoir faire vivre cette langue et elle fait des efforts particuliers pour ne pas laisser des mots en d’autres langues faire leur chemin dans ses phrases.

– Tu me montreras. Je viendrai te voir. Mais plus tard, je te crois !

Elle voudrait faire des phrases plus complexes, lui dire qu’elle la croit sur paroles, qu’elle n’a pas besoin de voir ses murs pour savoir qu’elles feront un super travail et qu’elle adorerait quand même lui rendre visite, mais sa syntaxe simplifiée suffit à communiquer ses émotions.

Elle a l’impression d’enfin créer de la communauté. Ses précédentes rencontres l’ont laissée sur sa faim : Lysandre n’était resté qu’une nuit, Roz et Mako à peu près pareil, Seth a été blessé à peine Réveillé… Échanges éphémères, alors que les uns partaient et qu’elle restait. Aujourd’hui, c’était différent : elle avait l’impression de rencontrer une voisine. Une voisine qui habitait un peu loin, certes, mais une voisine tout de même. Peut-être qu’Angel ne restera pas beaucoup plus longtemps que les autres, mais elles construisent ensemble, Angel dit déjà qu’elle pensera à Katell, et Katell sait qu’elle aimerait lui rendre visite.

– Pour moi et d’autres personnes, répète Katell mot à mot pour ne pas se tromper. Je veux…

Je veux que toutes les personnes qui passent par ici se sentent chez elle, je veux que celleux qui veulent s’installer le puissent, je veux que celleux qui ne sont que de passage se ressourcent et se reposent vraiment, sans s’inquiéter des dangers. Je veux créer une grande cabane où tout le monde peut chiller sous le même toit, et si plus tard il en faut des plus petites pour créer plus d’intimité, ça n’empêchera pas tout le monde de se rejoindre dans la maison principale pour le repas.

– Je veux une grande cabane. Je suis seule aujourd’hui, mais pas demain. J’espère. Et tu pourras rester dormir quand tu veux, ajoute-t-elle avec un grand sourire.

Katell se permet de jeter un œil aux outils dans le sac et laisse échapper quelques exclamations de joie et de surprise. Il faudrait qu’elle s’en trouve ou qu’elle s’en fasse aussi. Son sac de survie est déjà super, certes, mais pour survivre plus que pour construire au long-terme. Elle a déjà mille idées, mille envies : la présence d’Angel lui procure un élan de motivation, là où précédemment il lui semblait plutôt faire le travail qu’elle devait faire.

– Tu as fini de manger ? Je peux te montrer la rivière.

Trois kilomètres à marcher dans la forêt avant d’atteindre le cours d’eau, à échanger en brésilien, à se montrer des plantes et des formes d’écorce bizarre et étouffer des rires. Katell s’arrête quand elle y est et se rend soudain compte de ce que ça veut dire, construire cette cabane ici. Elles vont devoir aller dans l’eau, mesurer de leurs corps la profondeur du lit pour savoir quelle taille de piloris choisir, les stabiliser aussi. Elle n’a encore jamais fait ça. En partie à cause des histoires qu’elle a entendu sur les rivières amazoniennes. Les poissons carnivores, les vers qui te rentrent par les narines, les parasites qui se glissent sous ta peau pour y pondre, les piqûres d’insectes qui te font tomber malades, le courant qui t’emporte avant que tu ne comprennes ce qui t’arrive. Ce sont peut-être des peurs infondées d’européenne (quoiqu’elle ne se baignait pas beaucoup plus en Bretagne, où elle blâmait cette fois les usines industrielles qui les avaient polluées et détruites), mais elle est en terrain inconnu, elle ne connaît pas les dangers ni les moyens de s’en prémunir, alors elle se méfie. Quand elle se baigne elle le fait vite, elle reste sur le bord. Katell grimace à l’intention d’Angel.

– J’ai peur de cette rivière. Elle est différente. Les poissons… peut-être c’est des piranhas ?

Pourtant elle n’avait jamais vu une eau aussi belle.

– Je vais apprendre à la connaître. Un jour je l’aimerai.

Mais aujourd’hui c’était encore compliqué, et elle espérait que ça ne mettrait pas un trop gros frein à leurs travaux.


[« Une légende d’entraide c’est quand même plus sympa qu’une légende de guerre fratricide ou quelque chose du genre. » Un merci tout particulier pour cette magnifique phrase <3]
Katell
⚘ Bouquet d'orties
Katell
Katell
Mer 28 Juin - 9:34
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Pour une communauté. Tout au fond de son grand coeur, Angel n’a jamais douté de cette réponse. Peut-être qu’elle saute trop vite aux conclusions en voyant Katell comme cette gentille grand-mère avec un immense instinct de groupe, une espèce d’image cliché de la vieille dame entourée de personnes plus jeunes, tout le monde autour de la même table pour un repas énorme… Mais c’est un peu comme cela qu’elle a grandi, la demoiselle à l’enthousiasme débordant pour le bricolage, et elle se dit que sa nouvelle amie ne dépareillerait pas au milieu des siens.
Enfin, s’ils n’étaient pas tous morts depuis longtemps.
Et s’il y avait encore des maisons avec des tables géantes.
Et des animaux et plantes avec lesquels faire facilement un festin.

- Je viendrais dormir souvent, et tu pourras venir à ma Ruche aussi ! Ca m’a manqué de voir du monde, fait-elle avec un ton bien trop joyeux pour une solitude bien trop immense, ça me ferait tellement plaisir ! Je pourrais ramener des fraises. J’en ai trouvé des sauvages sur le chemin.

Et il faut voir comment l’idée lui fait du bien au moral : son sourire est immense, ses yeux pétillent, elle s’imagine déjà prendre un bain des grands jours pour se présenter sur son trente-et-un à une future grande soirée.
Mais ce n’est pas pour de suite.
Elle finit par se calmer, mais pas avant d’avoir marché les trois kilomètres acceptés d’un hochement de tête enthousiaste pour aller voir la rivière.

C’est une bien belle rivière qui se dévoile à elles. Ses flots chantent une mélodie allègre, le soleil rebondit sur sa surface comme une invitation à se baigner dedans. Le courant est peut-être un peu fort mais c’est bien la seule chose que l’on peut lui reprocher, c’est pourquoi la jeune mécanicienne semble étonnée qu’elle puisse faire peur.

- Est-ce qu’il n’y avait pas de rivière comme ça où et quand tu vivais ?

Elle a bien appris, maintenant, que l’éloignement des époques qu’ont connu deux membres du projet est presque plus important à prendre en compte que leur éloignement géographique. C’était un drôle d’ajustement à faire mais il est fait.

- Je ne sais pas pour les poissons, ils ressemblent pas à quelque chose que j’ai déjà vu… Mais si c’est des pirañas c’est pas dangereux tant que tu ne saignes pas !

Comme pour démontrer ses dires, Angel commence à retirer chaussures et chaussettes, puis à se diriger lentement vers l’eau.

- Et je ne vois pas de crocodile ! Je vais aller jusqu’à hauteur de cuisses pour voir, d’accord ? Je suis sûre que c’est sans danger ! On voit même le fond !

Ce qui est, de son expérience, un bon signe. Suffisamment pour qu’elle ne se débine pas en mettant ses deux pieds dans l’eau, gloussant de ravissement comme de fraîcheur, et qu’elle continue de marcher vers le centre de la rivière. Rien ne lui mord les pieds. Rien ne semble vouloir la transformer en snack. Tout est fabuleux. Est-ce que ça se voit sur son visage ? Elle fait de son mieux pour, en tout cas.

- Tadaaah !, s’exclame-t-elle une fois ses cuisses mouillées, Et j’ai encore tous mes orteils ! Est-ce que tu veux me rejoindre, Katell ? Je te protègerais s’il le faut.

Et en disant ça, elle exhibe pour de faux ses muscles avant de rire une fois de plus, amusée par son propre cabotinage.
Angel
❀ Pissenlit
Angel
Angel
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Dim 1 Oct - 18:33
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– Des fraises ! Quel bonheur.

La conteuse ferme les yeux pour en caresser le souvenir et en rappeler le goût à ses papilles. Et puis elle sourit en les rouvrant, parce que de cette simple proposition, Angel vient de leur créer un avenir commun où il fera bon vivre. Et que ça suffit à rallumer une flamme, dans le corps de la grand-mère, que la solitude jusqu’ici étouffait.

En réponse à ses inquiétudes, la question d’Angel désarçonne Katell. « Où et quand tu vivais »… Huh.

– J’ai vécu longtemps, répond-elle lentement, mais loin d’ici.

Les rivières de sa jeunesse ne ressemblaient pas à celles qu’elle a quittées en fermant les yeux, bien emmitouflée dans son congélateur personnel. Mais elles étaient déjà polluées. Les présentateurs télé sortaient plein de noms de bactéries à rallonge pour dissuader les gens de se baigner, mais elle le faisait quand même, jusqu’à ce que la couleur de l’eau ne donne même plus envie d’essayer. En tout cas, en Bretagne, elle avait le droit à de petits cours d’eau glacés, ou bien à la Loire large et rapide, bien froide elle aussi. Au début, de petits poissons passaient entre ses mollets et elle pouvait se pencher pour ramasser des coquillages. Ensuite, il n’y avait plus eu ni poissons, ni coquillages. Des algues toxiques partout, par contre, qui remontaient doucement les rivières, et les produits chimiques qui allaient à leur rencontre, avançant dans le sens du courant.

On lui avait parlé de l’Amazone, des piranhas, des crocodiles d’un autre continent. Elle en avait tout un imaginaire à travers les histoires, un imaginaire tiède et effrayant.

Mais ce n’étaient que des histoires, et si Kat sait qu’il y a du vrai derrière les histoires, elle sait qu’elles sont aussi tout un tapis de mensonges. Par exemple, pour décourager les jeunes filles qui veulent sortir la nuit et être libre de se rendre où elles le souhaitent, à l’heure qui leur convient. « La nuit appartient aux hommes », répètent des centaines de contes. « Restez à la maison, où vous serez en sécurité, loin du diable/du petit peuple/des fées/des korrigans/des géants/des fantômes, sous la protection de votre père ou de votre mari (quand il ne décide pas de vous faire lui-même du mal, mais si ça arrive, vous le méritez sûrement) ». Peut-être qu’il en est de même pour ces fables qui peignent des pays étranges et inconnus où l’on préfère ne pas s’aventurer. Une mise en garde qui existe davantage pour contrôler les comportements de la communauté que pour vraiment les protéger face à un véritable danger.

Alors Kat regarde en amont, puis en aval. C’est vrai que, s’il y avait des crocodiles, elle l’aurait remarqué, depuis le temps. Et les poissons… Donc, les poissons carnivores ne sauront pas qu’elle est là si elle ne saigne pas. Et elle aura pied, et elle pourra facilement revenir à la rive s’il le faut.

Et Angel lui sourit de toutes ses dents en lui montrant ses biceps. Kat éclate de rire.

– Si tu me protèges, donc je ne risque rien.

Elle aussi retire ses vêtements, dévoilant sans pudeur ses vergetures et la cicatrice de sa césarienne, souvenir de la naissance de Naïg. Un pas dans l’eau, puis un autre. Elle s’approche doucement, sous les encouragements d’Angel qui, avouons-le, ressemble un peu à un parent gaga devant un enfant qui apprend à marcher. Et puis un sourire espiègle apparaît sur le visage de Kat et soudain elle court vers Angel. Elle ne se retient pas, l’attrape à bras le corps et la fait tomber à la renverse dans une grande éclaboussure. Elle aussi se retrouve submergée et avale la tasse, mais elle revient vite à la surface, dégageant les cheveux qui lui tombent sur les yeux, et crache.

Brrrr !

Ça fait du bien, en fait.

Ça fait si longtemps qu’elle n’a pas joué.
Katell
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Katell
Katell
Lun 23 Oct - 19:21
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Katell fait un premier pas dans l’eau, et Angel, elle, piaille. De surprise. De joie.
Elle ne s’attendait pas à ce que la vieille dame la rejoigne, même après l’avoir vu enlever ses vêtements, même en la voyant s’approcher de la rive. La mécanicienne aurait misé sur une peur de dernière minute et que les choses soient claires, elle n’en aurait pas voulu à son aînée. Pas une seule seconde.
On ne peut pas s’attendre à ce que les autres sachent ce que nous savons, lui avait dit un jour sa mère. Elle parlait des citadins qui venaient essayer de travailler à la ferme et n’avaient aucune idée de comment mettre en marche un tracteur, mais ce petit bout de sagesse s’applique bien aux pirañas et aux rivières. Mais bref, trève de vieux souvenirs et de pensées philosophiques.

Katell entre donc dans l’eau, sa jeune visiteuse sautille à chaque pas qui la rapproche d’elle-même. Ses encouragements sont forts, clairs, dignes des meilleurs spectateurs. Il y a même un vovò qui lui vient, affectueux, pour la grand-mère qui fait preuve de tant de courage.

Et de fourberie.
C’est quoi, cette vitesse de course ? C’est quoi, ce tacle de rugbyman ? D’où sort-elle autant de force, et cette idée ?! Avec un glapissement de surprise, Angel -qui ne s’attendait pas du tout à ça- se laisse emporter dans l’eau.
Il ne lui faut qu’une seconde pour en ressortir la tête, crachotante et trempée comme une soupe, incapable de comprendre immédiatement ce qui lui est arrivé.

- Que ? Quoi ! Hein !!

La vieille dame sort elle aussi de l’eau, et elle ne peut pas se retenir : Angel lui fait un grand sourire joueur tout en frappant la surface du plat de la main, envoyant une trombe d’eau en direction de l’autre femme.

- Vengeaaance !

Ca lui rappelle les après-midis à jouer avec ses cousins, alors elle rit tout ce qu’elle a tout en essayant d’envoyer le plus d’eau possible en direction de son adversaire de jeu.

- Oeil pour oeil, eau pour eau ! Yaaaah !

Il ne faut pas croire, elle fait très attention à ses gestes. A aucun moment la jeune femme ne fait mine d’envoyer Katell dans l’eau, ou de trop forcer ses attaques. Elle saute et éclabousse et fait des bruits de dauphin et joue, mais elle tient à ne surtout pas risquer de faire peur à son aînée. Elle est même prête à se laisser envoyer vers le fond une ou dix fois de plus sans se défendre, tellement elle est prévoyante.
Vraiment, Angel est une gentille fille. C’est pour ça qu’elle finit par se calmer et se laisser flotter à la surface, le visage illuminé de bonheur, les dents bien visibles dans un sourire qui ne part pas.

- Est-ce que tu avais vraiment peur ? Tu es redoutable, Katell, les crocodiles devraient avoir peur de toi !
Angel
❀ Pissenlit
Angel
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Dim 3 Déc - 16:24
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