Norvégiens. Ok. Noté. Rune. Noté aussi. Il va sûrement oublier, il n’a jamais été doué avec les noms. Il ne lui vient même pas à l’esprit de se présenter en retour. En même temps, son esprit… est loin. Si loin. 

Il laisse même Lysandre s’occuper de ses sangsues, c’est dire. Ça arriverait un autre moment, sa main aurait été tapée, et Maggie se serait débrouillé seul, sans aide, parce qu’il n’a pas besoin d’aide. Clairement. 
Là, il est juste au bout. Et ses plaisanteries sont rebutées de manière encore plus étrange. Il ne peut pas s’empêcher de grimacer à la réponse de Rune, déjà parce que c’est d’un beauf redoutable, mais aussi parce que le gars est d’une sincérité inexistante. Un Maggie déprimé est un Maggie observateur, c’est pour ça qu’il a grimpé si vite les rangs à l’armée avant de se faire mettre sur liste noire. 
Et il ne fait pas confiance aux personnes aussi factices. Et qui détourne les choses à leur avantage. 

Bien entendu, Lysandre en rajoute une couche, qu’est-ce qu’il croit cet imbécile ? Il se prend un regard noir de la part de l’ancien caporal, c’est quoi son problème, il est jaloux ? Il n’y a que lui qui a le droit de faire des traits d’humour ? Monsieur et siiiii spécial.
Putain.
 “C’était clairement une blague. Lui aussi.” Encore une fois, il le dit d’un ton si faible, mais sec, qu’il ne pense pas être entendu. De toute façon, ce qu’on entend, c’est le ventre de machin une fois rhabillé. Maggie lui, ne fait pas de mouvement pour sortir de nouveaux vêtements. Il en a juste, rien à battre. Et ne veut pas se mettre sur le dos des frisques qui vont se salir aussi vite et prendre l’odeur de la vase qu’il a dans les cheveux. Putain ses cheveux.. Immonde. Il est immonde.

Ah. Il est invité à manger. Comment dire qu’il n’a pas faim ? Ou plutôt, que son appétit est coupé ? Il n’a même pas fini le poisson séché offert après avoir été repêché des marais de l’enfer. 
Il vient quand même, s’asseoir près du feu, à juste regarder les flammes danser. Il aimerait mettre sa main dedans, voir s’il ne se réveillerait pas. 

Et puis l’ex junior, pas junior, plus vieux, plus jeune, déballe son plan. Autant dire que Maggie n’est pas emballé. Il en a un peu ras le cul, mais vraiment, de ne pas avoir le choix. Pas s’il veut survivre en fait. Est-ce qu’il veut survivre déjà ? Il devrait rester par ici comme il dit.

“Je. M’en. Fout.” Il aide. Beaucoup. Il est très agréable aussi.

Lys voit bien le regard que lui adresse Maggie, qui semble avoir étrangement les pieds sur terre tout à coup. Le brun hausse une épaule à sa réponse, sans s'en soucier. C'est pas le moment des blagues, donc il a pas prit ça pour une blague, point. Il finit son job anti-sangsue et se relève pour approcher du campement. Son sachet d'herbe récupéré et rangé, il répond tranquille.

- J'l'ai rencontré tout à l'heure. Ça fait longtemps que j'me débrouille seul sinon, ouais.

Lui pense faire tout bien : inviter Maggie à manger pour se changer les idées, proposer un plan, planifier des trucs. Mais la réponse qu'il se prend lui fait hausser un sourcil, et il songe à lui répondre avant de se taire en voyant Rune approcher du brun pour lui filer sa gourde. Lys fixe le dos qu'il voit maintenant, captant bien le regard que le type lui adresse.
Il ferait presque flipper avec son air de type sorti tout droit d'un film chelou.

Il grimace à sa façon de parler de lui. « G.I. Joe » sérieusement ? Il l'a pas nommé Dracula, lui, pourtant il a bien la gueule d'un type qui a vécu dans une cave, vu sa peau. Faut croire que tout le monde n'est pas capable de respect. L'ex-militaire pousse un long soupir agacé et préfère se redresser pour plutôt vérifier la cuisson du repas. Il pourrait s'énerver mais ça ne servirait à rien. Y'a un type en pleine crise, et l'autre qui cherche visiblement à l'agacer. Ça ferait que l'amuser.
Lys est un con, mais l'armée lui a au moins appris à savoir se tenir et à essayer de faire passer le bien commun en premier. Il aurait pu se barrer maintenant qu'il a sorti Maggie du marais, mais non, il préfère rester pour s'assurer que ça se passe bien pour eux. Il entend l'histoire de la rivière et note d'y nettoyer ses habits avant de lever le camp.

Il reste un petit moment silencieux à fixer la pauvre patate dans l'eau comme si elle allait lui dire un truc utile, avant de soupirer encore et approcher du duo.

- Ok, bon, comment j'peux aider ? J'suis pas psy mais j'vais pas te laisser dans le mal comme ça.

Son œil unique se pose sur Maggie, avec un visage fermé pour éviter de laisser transparaître son agacement. Il sait qu'il peut tomber sur toutes sortes de personnes ici, dont beaucoup pas rodées sur la survie. Il sait que Maggie a pas choisi d'être là. Mais lui aussi, il en a marre, là. Il a le marais dans les pattes, un sommeil pas franchement réparateur chaque nuit, et puis il se retrouve ignoré en proposant des idées. Il a le droit de pas être le type le plus sympathique du monde non ?

Un miaulement attire son attention et il observe Galette qui approche pour se frotter aux pieds de son "maître".

- Tiens, regarde, elle voit que t'es pas bien. Fais lui un câlin, ça va t'faire du bien.

Lui, il touche pas aux chats. Il a rien contre eux, hein, mais déjà qu'avant ils étaient capables de filer un coup de griffe pour rien, il imagine pas les chats actuels qu'ont pas vu d'humains depuis des siècles. Aucun doute que s'il attrape Galette, il finit avec les bras en carpaccio. Bizarre qu'elle soit aussi attachée à Maggie, d'ailleurs.
Il doit sentir le poisson vu sa balade dans le marais, ou un truc du genre.

…

…….

……..

Ah. 

Maggie lève la tête, tiré de ses..rêveries vides. Une gourde. Il cligne des yeux, et tend la main pour l’accepter, même s’il est un peu, circonspect. Il ne boit même pas, la tenant juste contre lui, peut être en la serrant trop fort, et en regardant silencieusement l’autre, (Rune ? Il pense que c’est Rune) s’accroupir à ses côtés. Son regard est perçant. Personne ne devrait avoir des yeux aussi clairs. 

Il l’écoute, les mots s'assemblant petit à petit dans sa tête. Il se pince les lèvres, il ne sait pas pourquoi, mais, ça lui donne envie de craquer. Il ne peut pas se le permettre par contre, il le sait. Et il n’a pas envie non plus, pas devant deux inconnus, encore moins devant un vraiment inconnu et un visage aussi nouveau que passé qui l’a déjà vu péter les plombs une fois. Oh et qui lui a dit qu’il était…quoi déjà ? Ah oui. Instable. Il ne veut vraiment pas lui donner raison, déjà que là, il doit bien se dire qu’il est complétement taré. 

Super. 

Il baisse les yeux. 
Le G.I Joe est un peu marrant au moins. 
Même s’ils ne sont clairement pas pote. 

Et puis Lysandre en rajoute. Mais contrairement au médecin, ce qu’il dit ne fait que l’enfoncer. Un peu comme un coup de poing dans le ventre. Sans compter que son visage transparent de toute émotion, fermé, lui fait juste l’effet…et bien de se sentir absolument pathétique. Ridicule. Naze. Égoïste. 
Et con. 

Il ne peut pas être si inutile, il ne peut pas être une écharde dans le pied comme ça. Il n’a pas le temps de se morfondre et de faire la pauvre petite victime. Sérieux, pour qui il se prend ? Les deux autres ont mieux à faire que de s’occuper de ses états d’âmes, clairement. Tout le monde est fatigué, tout le monde a ses merdes à gérer. 

Galette vient se frotter à ses pieds à ce moment. Et Lysandre fait encore une remarque que Maggie n’arrive pas à identifier comme dédaigneuse et moqueuse, ou simplement sincère et perspicace. Il ne sait pas. 

Mais il prend quand même Galette dans ses bras, rendant d’abord la gourde au Norvégien, sans même avoir bu dedans, et se lève. 

“Je n’ai pas besoin d’un psy.” Sec. Cassant. Il n’est pas certain que l’autre le mérite.

Il met sa tête dans la fourrure du chat, dans son cou, respirant un coup tout en se cachant à moitié. Il jette tout de même un regard à la fameuse asperge blanche. Il ne peut pas dire merci, pas là, ce n’est même pas sûr qu’il a conscience qu’il veut le dire. 
“Je vais me rincer. C’est par où ?” 

Et il va aussitôt dans la direction, chat et combinaison sale dans les mains. Ce n’est peut-être pas la meilleure idée de nuit, mais franchement, c’est pour le mieux là.