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Juste un instant de calme
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Elle était… Bruyante. Divertissante peut-être un peu, mais bruyante, alors qu’il avait souhaité profiter d’un calme bienvenue en s’installant ici pour la nuit. Oh, il ne dirait pas qu’elle manquait d’arguments, au contraire: elle en avait justement bien trop à lui renvoyer. En temps ordinaire, dans l’ancien temps, nul doute qu’il aurait adoré débattre avec elle, ne serait-ce que pour voir jusqu’où sa vivacité d’esprit pouvait la mener. Et il avait connu pas mal d’étudiants, à l’époque, qui l’auraient accueilli avec joie pour le vent de fraîcheur que ses idées apportaient. Mais là, il était fatigué de ses derniers jours de route, et notamment de son passage dans le désert qui l’avait pas mal épuisé. Et si elle continuait de s’exciter et d’hausser la voix comme ça, il allait finir plus fatigué qu’à son arrivée, ce qui n’était pas le but. Il se contenta de lui accorder un minima d’attention polie, mais sans vouloir relancer le sujet.

Enfin, il ne pouvait pas rester silencieux tout le long. Pas qu’il se souciait vraiment de paraître impoli - Maggie l’avait traité de “pédant” une fois, et c’était devenu sa nouvelle expression favorite, car il était clair qu’elle lui correspondait totalement - mais il ne pouvait s’empêcher d’apporter certaines précisions à ses propos.

- Moi j’en ai rencontré un. Un type qui ne savait même pas qu’il allait participer à ce projet, cryonisé en 2037. Il a tout perdu sans qu’on lui demande son avis.

Bon, il n’était pas certain que sa dépression, qu’il était facile de lui diagnostiquer quand on passait du temps à ses côtés, soit due au projet, en tout cas pas totalement. Mais difficile d’y faire face dans les conditions actuelles. Et qui sait ce qu’il avait laissé derrière ? Enfin, ce n’était pas le sujet, et il n’était pas dans ses habitudes de parler de la santé des autres.

- Je ne suis en effet pas d’accord sur tous les points que tu abordes, mais je conçois que tu as de bonnes idées. Et puis, il n’est pas nécessaire d’avoir une pensée unique pour vivre en communauté, tant que l’effort commun prime sur l’individualisme, non ?

Il finit calmement son maigre repas, appréciant ce retour au silence - relatif - de la nature. Ce qui ne dura cependant pas. Il ne put s'empêcher de pincer les lèvres quand elle eut l'air si satisfaite quand il s’enquit de la présence de Lysandre dans les environs.

- Je l’ai donc rencontré après toi, alors tes infos sont plutôt obsolètes, désolé.

Au moins, il pouvait confirmer que c’était bien de la même personne qu’ils parlaient, Lysandre n’était pas d’un naturel très avenant. Son côté militaire sûrement. Il était sans arrêt sur le qui-vive, et assez autoritaire en soit. Après, l’organisation qu’ils avaient tous les trois grâce à lui avait été des plus efficaces, il n’allait pas le nier. Par contre… Lamalpaga ? Ils avaient… Trouvés une bestiole croisée avec ses deux animaux ? Il se frotta la tempe sans trop savoir quoi penser de cette information, avant de lui serrer la main, maintenant qu’ils en avaient fini avec les débats inutiles.

- Rune. Je suis réveillé depuis… Deux mois je dirais. J’ai croisé Lys et le fameux autre gars peu de temps après, ils venaient de se rencontrer en revenant justement voir si y avait des nouveaux éveillés. On a voyagé un moment ensemble.

Il marchait dans la direction qu’ils s’étaient fixés quand ils s’étaient séparés, mais entre son détour, la tempête de sable et son rythme de marche, nul doute que les deux autres étaient déjà loin et qu’il devrait faire une croix sur l’idée de les rattraper pour continuer la route avec eux. Il s’étira doucement, avant de bouger un peu les bûches dans le feu à l’aide d’un petit bout de bois.

- Tu disais que tu avais vu des campements en formation ? Je serais plus utile à un groupe qu’à crapahuter seul dans les bois.

Même si cela lui permettait de pouvoir trouver et tester les nouvelles plantes pour en connaître les effets. Il n’y avait aucun intérêt à savoir soigner des gens s’il ne croisait jamais personne. Et si l’envie lui reprenait de reprendre la route et de changer d’endroits, et bien il pourrait quand même apprendre aux autres à se servir de la nature pour s’en sortir.
Rune
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Mar 18 Juil - 23:02
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Sa soudaine déclaration l'avait fait pâlir. Disait-il ça par simple esprit de contradiction, pour la calmer ? Non, son expression était trop franche pour cela. Ils changèrent de sujet sans que cette révélation ne disparaisse de son esprit et elle se contenta d'hocher la tête, trop perturbée pour embrayer.

- Obsolètes ou non, ça ne me dit pas d'où vous vous connaissez, répliqua-t-elle bougonne en sortant de son mutisme. Tu n'es pas causant, comme gars.

Le bref contact, accompagné de son nom, lui arracha un sourire et elle répéta tranquillement :

- Rune ? C'est joli.

La rousse enchaîna sur le même ton, plus calme désormais, en fixant à nouveau l'étendue céleste et ses myriades scintillantes :

- Je vois. Ce doit être sympa de voyager accompagné...

Un souvenir lui éclata à la figure et elle se crispa. Ses mains enroulèrent ses genoux, les serrant contre elle à s'en faire mal. Alice aussi avait connu des randonnées en agréable compagnie. C'était il y a longtemps, dans une autre vie, et ceux qui avaient arpenté le monde à ses côtés ne le feraient plus jamais. Persephone n'aurait rien pu y changer...

Le regard éteint, les larmes au bord des yeux sous sa longue chevelure flamboyante, la jeune femme observa les braises s'envoler dans le ciel nocturne lorsque l'homme remua les bûches dans l'âtre. Elle demeura silencieuse jusqu'à ce qu'il relance la conversation, ce qui la surprit suffisamment pour qu'elle tourne vers lui ses émeraudes humides, d'ailleurs. Reniflant, elle chassa ses regrets et se remémora le plan.

- Je connais une femme qui monte un campement, à environ deux mille cinq cents kilomètres d'ici, dans la jungle. Pourquoi tu penses leur être utile ? Quelle est la raison pour laquelle Persephone t'a recruté ?

La survivante venait peut-être de trouver une raison d'en apprendre plus sur son hôte, elle ne comptait pas la laisser passer. Quoi que... Un peu à l'ouest depuis qu'elle avait appris que tous n'étaient pas volontaires au programme, elle s'étendit soudainement vers l'homme, saisissant délicatement une mèche de ses cheveux dont l'opalescent renvoyait la lueur des flammes et la laissa glisser entre son pouce et son index.

Pourquoi avait-elle souhaité se rapprocher de lui d'un coup ? C'était un mystère. Était-ce la mélancolie, un élan d'empathie, ou encore un simple besoin de proximité, de chaleur humaine ? Elle était si lasse... Il allait sûrement la repousser sans prendre de gant. Ce serait bien mérité. Pour qui elle se prenait ? Elle qui lui criait ses quatre vérités deux minutes plus tôt avec véhémence. La solitude quasi-constante de ces derniers mois lui avait pesé bien plus qu'elle n'avait accepté de l'admettre. Chaque rencontre suivie d'une séparation l'avait harassé.

- Tu as vraiment de beaux cheveux... Murmura-t-elle tristement en songeant que son physique et l'idée qu'elle se faisait de son caractère étaient dépareillés.

Elle aurait pu se gifler pour ce cliché, s'éloigner en lançant une blague débile. Oui, ça aurait été elle tout craché. Alors pourquoi ça ne sortait pas ? Pourquoi avait-elle envie de pleurer et de rire en même temps ? Parce qu'il était la première personne à vraiment la contrarier depuis son réveil ? Parce que cet accès de colère avait ouvert la porte à des émotions qu'elle avait gardées enfouies durant six mois ? Parce qu'elle était persuadée qu'il la repousserait, et qu'elle ne considérait donc pas ça comme un risque ? Ah, c'était si fatigant d'être tout le temps concentré sur sa survie. D'être en alerte, méfiante, attentive. Elle était épuisée.

Alice
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Alice
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Jeu 20 Juil - 10:37
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Il hocha la tête à son affirmation. Oui, voyager à plusieurs avait clairement eu son lot d’avantages. Surtout que leur petit groupe s’était très vite organisé sous les directives de Lysandre, qui avait pris la tête des opérations - ce qui n’avait pas manqué de faire râler le troisième homme, mais en vérité, ils avaient tous les deux suivis quand même, parce que l’ex instructeur était effectivement très doué pour la survie. Ils contribuaient tous selon leurs compétences, pour chercher à manger, du bois, pour purifier de l’eau, pour cuisiner un peu, et bien sûr pour monter la garde. Même s’il ne dormait correctement qu’un jour sur trois, il dormait bien. Seul dans la jungle, son sommeil était bien plus agité.

La rouquine - Alice donc - s’était désormais calmée. En fait, elle avait l’air… Hum, triste. Plus que triste, constata-t-il quand elle entoura ses genoux de ses bras et qu’il l’entendit renifler. Il avait sans doute touché un point sensible dans ses dernières paroles, il était malheureusement très franc. Il lui laissa quelques minutes de silence pour qu’elle puisse se reprendre, avant de lui-même changer de sujet. Un peu trop tôt sans doute. Mais ça lui permettrait de se concentrer sur autre chose.

- Un médecin n’est pas utile s’il se balade seul loin des personnes qu’il pourrait aider, répondit-il laconiquement.

Deux mille cinq cent kilomètres, c’était énorme. Il devait faire… Quoi ? Trente ou quarante kilomètres par jour, à tout casser. Selon son état et les chemins qu’il prenait, et c’était s’il ne s’arrêtait pas pour explorer une quelconque zone dangereuse. Il lui faudrait plus ou moins deux mois pour y arriver, à condition qu’il ne lui arrive rien avant. Et que la femme en question n’ai pas bougé entre temps au final.

Il était perdu dans ses réflexions et ses calculs quand sa comparse s’approcha soudainement de lui pour saisir une mèche de ses cheveux. Le mouvement aurait dû le faire réagir, mais ses réflexes de survie étaient proches du néant et il se contenta de plonger son regard dans le sien, comme pour l’interroger silencieusement sur son geste. Et ce qu’il y vit… Le regard de quelqu’un qui avait perdu beaucoup et qui tentait de faire face sans avoir pu guérir les blessures de son coeur. Il connaissait ce regard. Il le connaissait pour l’avoir fuit des mois dans les miroirs, et même continuer lorsqu’il apercevait son reflet dans l’eau.

Et si Rune se définissait volontiers de lui-même comme un connard… Il était plus sensible à la détresse des autres qu’il ne le montrait. Peut-être parce qu’être médecin était sa vocation, et qu’il avait toujours fait passer ça avant sa propre santé. Parce qu’il était incapable de ne pas aider les autres, même quand ça le mettait en danger.

- Qu’est-ce que tu as perdu avec ce projet ? Demanda-t-il d’une voix plus légère, plus douce en soit. Tu as le regard de quelqu’un qui se débat avec ses regrets et son chagrin.

Les yeux étaient le miroir de l’âme, et quand on savait regarder correctement, il en dévoilait beaucoup sur les autres. Lui voyait à quel point elle semblait à bout. Et malgré sa colère précédente, il ne se voyait pas la laisser comme ça et la rembarrer. Il en connaissait un qui se foutrait de sa gueule s’il apprenait ça. Il chassa cette pensée de son esprit, ce n’était pas le moment.

- Nous sommes seuls ici. Si tu ressens le besoin de parler, ou même simplement de pleurer, tu peux le faire sans crainte. Il n’y a pas de mal à lâcher prise de temps à autre.

Un médecin ne parle jamais de ses patients. Et guérir l’âme était aussi important que soigner le corps. Le physique ne pouvait être en forme si le mental ne suivait pas. Il était prêt à accorder à Alice l’attention qu’elle avait besoin pour qu’elle puisse se sentir mieux.
Rune
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Rune
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Jeu 20 Juil - 22:34
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Oh, il était médecin ? Alice comprenait mieux pourquoi il lui incombait de rejoindre un groupe. Ses connaissances étaient précieuses, sa formation tout autant. Si elle n'avait pas été au plus mal, en cet instant, elle lui aurait sans doute demandé de lui dispenser une formation. Son diplôme de secouriste, obligatoire sans son cadre professionnel, datait maintenant de quelques milliers d'années... Le mettre à jour aurait sûrement une grande utilité. Mais ses pensées étaient ailleurs, loin de toute raison.

Et parce qu'il ne la repoussait pas, parce que son regard embrassait le sien sans le fuir, elle sentait les murailles qu'elle avait dressées entre elle et le monde s'effondrer, brique par brique. Les larmes s'accumulaient aux bords de ses yeux. Ah, elles allaient s'échapper... Tant pis... Il avait compris, il savait, elle pouvait bien le dire, alors... Non ?

Elle laissa son bras retomber, sans s'éloigner, sans décrocher son regard du sien, honteuse de se laisser aller, mais trop engagée pour y renoncer maintenant. Les mots glissaient seuls, se bousculaient presque pour sortir.

- Dans ma première vie, j'ai monté une affaire avec des amis. On organisait des excursions en milieux sauvages. C'étaient les seuls moments où je me sentais vivante. Loin des faux-semblants, dans les épreuves et les réussites, c'est là qu'on découvre le véritable visage des personnes que l'on côtoie. Quelques mois avant ma cryonie, ils sont morts dans un éboulement, lors d'un repérage sur un site que je connaissais bien mieux qu'eux... Je ne les accompagnais pas parce que mon copain m'avait invité pour me demander en mariage...

La rousse renifla doucement, écrasa la première larme d'une longue série.

- Il ne me restait que lui... Plus j'y repense, et plus je me dis que j'aurais dû être avec eux plutôt qu'avec lui. Leur absence m'a anéantie... Sans ça, je n'aurais sans doute jamais été invitée à participer au projet... Je n'aurais sûrement jamais réalisé non plus que j'étais la seule prête à faire des compromis dans mon couple. Je sais que lui demander de m'accompagner était égoïste... Mais je ne me voyais pas vivre sans lui.

Cette fois, elle se laissa basculer en arrière, riant amèrement au nez et à la barbe de la lune qui s'était levée, croissant souriant, moqueuse et inatteignable. Plusieurs perles salines échouèrent sur son menton sans qu'elle ne les cache, bien vite absorbées par les mèches de feu qui encadraient son visage dévasté.

- C'était le seul avec qui je me permettais d'être vulnérable. Je lui disais tout, on était fusionnel... Je n'arrive toujours pas à comprendre pourquoi il n'est pas venu... Ah, quel enfoiré... Je l'ai attendue, je pensais qu'on allait se réveiller côte à côte et qu'il me dirait : surprise, tu croyais quand même pas que j'allais te laisser embarquer pour le futur toute seule ?!

Elle rit à nouveau, les nerfs à vif, mais l'éclat s'étrangla dans sa gorge en un sanglot qu'elle étouffa rageusement dans ses paumes. Il ne méritait pas la peine qui la rongeait jour après jour, venin toxique consumant sa volonté d'aller mieux.

- Tu sais, parfois, j'ai cette impression oppressante que je dois être forte pour tous ceux que je rencontre... Cette obligation omniprésente d'être celle qui va bien, qui rassure et encourage... Celle qui porte un peu de la douleur des autres pour qu'ils puissent continuer d'avancer...

Elle demeura cachée derrière le rempart de ses mains. Repliée sur elle-même et pourtant jamais aussi ouverte à sa douleur, elle cracha avec colère :

- Mais moi aussi, je suis fatiguée, frustrée, et en colère ! Moi aussi, j'ai mal ! Moi aussi, je suis effrayée de ce qui nous attend dans ce nouveau monde... Bien sûr que je doute, que j'idéalise les possibilités, que je minimise les risques d'échecs !... Parce que moi aussi, je suis perdue... Parce qu'il n'y a rien de plus terrifiant que de ne plus savoir où est sa place... De ne pas savoir à qui l'on peut faire confiance, d'avancer dans l'incertitude... Mais...

La survivante planta son regard rougi débordant de larmes dans celui de Rune, désespérée, ne sachant plus où s'arrêter, quand se taire. Forcée de serrer ses genoux contre elle pour empêcher son corps de trembler à chaque sanglot rauque qu'elle n'essayait même plus de cacher, Alice se vidait petit à petit de tout ce qui lui pesait, et de son énergie par la même occasion. Elle souffla enfin, dans un murmure brisé :

- Si je tombe le masque... J'ai tellement peur que tout s'effondre... De ne plus jamais pouvoir sourire ou rire sincèrement... De ne plus pouvoir apporter mon aide à ceux qui en ont besoin... Je ne veux pas devenir une de ces personnes amère et méprisante qui regarde les autres de haut parce qu'elle estime qu'ils n'ont rien vécus en comparaison de sa souffrance... Je veux continuer de cultiver des petits morceaux de bonheur... Et tant pis s'ils sont éphémères... Tant pis s'ils se brisent si facilement... Tant pis s'ils ne sont pas vraiment pour moi...

Alice
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Alice
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Ven 21 Juil - 23:35
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La peine d’Alice était encore vive, c’est ce qu’il constata quand elle choisit finalement de se laisser devant l’inconnu qu’il était et de déballer son cœur de tout ce qu’elle retenait. Il écouta, religieusement, il l’a laissa se décharger de son chagrin et de sa colère, parce qu’elle en avait besoin, et que tout retenir en permanence n’était bon pour personne. Il n’était pas là pour juger, pour critiquer les choix qu’elle avait fait ou non, il était là pour l’écouter, pour lui accorder toute l’attention dont elle avait besoin, parce qu’elle en avait besoin, et qu’à cet instant, elle ne pouvait plus prendre sur elle pour cacher sa douleur.

Alors il l’écouta sans l’interrompre, et laissa même passer quelques instants une fois qu’elle eut fini, pour lui permettre de souffler et de respirer. Il se tourna légèrement vers elle, et il prit enfin la parole, d’une voix douce, calme, une tonalité plus basse que d’ordinaire même, de manière à ce qu’elle soit apaisante:

- Parfois, le plus douloureux, pour les personnes qui subissent de telles pertes d’êtres aimés… C’est d’être toujours là quand eux non. Tu as le droit d’avoir du chagrin ou de la peine, tu as le droit d’être en colère ou de trouver ça douloureux. Ce sont des sentiments qu’il est normal de ressentir mais qu’on a tendance à intérioriser parce qu’on ne cesse de nous répéter qu’on doit être “fort” pour ceux qu’on a perdu.

Il regarda quelques secondes les flammes danser sur les bûches, et les petites étincelles tournoyer sous l’effet d’une petite brise, scintiller quelques instants avant de s’éteindre, poussières éphémères dans l’intensité de la nuit. Il repense à tous les livres religieux qu’on lui a fait apprendre par cœur et toutes ses phrases vides de sens qu’il pourrait lui dire. Mais ce n’est pas ça qui l’aidera à aller mieux. Les affaires divines ne soulageaient pas la douleur des Hommes.

- Quand on perd quelqu’un… Le monde s’assombrit pendant un temps. On est à fleur de peau. On ne pense qu’au défunt. On aimerait que la Terre arrête de tourner, que l’horloge se fige, ou que tout le monde pleure avec nous. Mais le monde est cruel. Ceux qu’on croise continuent de sourire et de vivre, alors même que ton propre univers s’est arrêté.

Il lui adresse un sourire extrêmement doux. Entre ses longs cheveux blancs et la lueur du feu, il semblait nimber d’une lueur irréelle, comme s’il ne faisait pas vraiment partie du monde des vivants, un mélange entre un esprit de la nature et un être fait de chair et de sang et qui apparaissait à la nuit tombée pour guider les âmes perdues. Mais il n’était pas une illusion. Il tendit un bras, comme une invitation silencieuse si elle ressentait le besoin d’avoir un contact, un peu de chaleur humaine pour repousser les ténèbres qui l’entouraient. Elle était seule juge de si elle avait besoin de son réconfort.

- Même si cela peut te sembler contre-nature… Tu as le droit Alice. Autant d’être heureuse que malheureuse. Autant de rire que de pleurer. Autant d’aimer que de détester. Tu peux pleurer tes amis disparus, et être en colère contre ton fiancé pour son abandon. Tu as le droit d’avoir peur de l’avenir et de ne pas savoir comment agir. C’est normal. Et tu as tout autant le droit de vouloir t’épauler sur quelqu’un si tu en ressens le besoin.

Cette fois, c’est lui passe doucement ses doigts dans les longues boucles rousses de la jeune femme. S’il est une créature lunaire, alors elle est l’incarnation d’une entité solaire. Chaleureuse et pleine de vie, mais dont une seule des faces est visible et qui cache tant de tumulte en son sein.

- Un jour, la vie prendra un nouveau sens. Pour autant, tu n’oublieras jamais ce que tu as perdu. Cela fait partie de toi. C’est quelque chose avec lequel tu devras vivre malgré tout. Parce que la force se puise dans la faiblesse, et que tu finiras par faire de cette douleur une expérience que tu pourras utiliser par la suite. Ne te ferme pas aux émotions, qu’elles soient bonnes ou mauvaises.

La vie était parfois injuste. On accordait des fois son cœur à des mauvaises personnes. On en aidait d’autres qui ne le méritaient pas. On se blessait mutuellement dans les colères et les incompréhensions parce qu’on ne savait pas comment dire ce que l’on ressentait. La société d’avant avait bien trop misé sur l’individualisme et l’égoïsme de chacun, tentant de minimiser les douleurs ou de leur donner une valeur. Il priait sincèrement le ciel pour que celle qui naîtrait sur les cendres de l’ancien monde soit meilleure, et accorde à chacun la possibilité de vivre à son rythme sans imposer quoi que ce soit…
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Sam 22 Juil - 23:53
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Alice s'était attendue à ce qu'il se moque gentiment d'elle, qu'il minimise sa peine en arguant qu'ils avaient tous laissés des proches derrière eux et qu'ils devaient faire avec. Que c'était comme ça, point. Mais non, elle qui l'avait cru insensible et distant, il se révélait être attentif et empathique. Ses paroles réchauffaient son cœur meurtri d'avoir trop longtemps encaissé. Mot après mot, la rousse se sentait redevenir une fillette qui voulait juste du réconfort après un gros chagrin. Sauf que son chagrin ne s'évanouirait pas si facilement et qu'il n'avait rien d'un chagrin d'enfant.

Sa main, qui se tendait vers elle, fit sursauter la jeune femme, mais elle ne chercha pas à l'éviter pour autant. Au contraire, elle avança son visage pour appuyer sa joue glacée et humide de larmes contre sa paume tiède en tentant un sourire tremblant. Ce n'était pas désagréable, tout au plus bizarre étant donné qu'elle était une adulte — Vraiment ? — et lui un inconnu. Elle aurait voulu entendre ces mots de l'homme qui avait partagé sa vie, ou de ses parents, si droits et exigeants qu'ils en avaient oublié la tendresse des premières années. Mais les recevoir de Rune était suffisant, là, tout de suite. Ils posaient sur son esprit fatigué un pansement doux et bienfaiteur.

Quand il caressa ses cheveux, Alice se sentit parfaitement apaisée. Elle voulait lui dire combien elle lui était reconnaissante, mais quelque chose dans son regard l'en empêchait. Une petite voix lui chuchotait qu'il connaissait trop bien le sujet pour ne l'avoir pas expérimenté. Ils étaient si proches qu'elle eu à peine à bouger pour passer ses bras derrière sa nuque et l'attirer contre elle dans un mouvement doux et maternel. Emmêlée dans ses longs cheveux de nacre, le visage dans son cou, elle se sentait protégée. Comme dans un confessionnal. Après tout, elle venait d'admettre devant lui ses plus noires pensées. En serait-elle pardonnée pour autant ? C'était peu probable. Pour ça, elle devrait faire le bien autour d'elle. Rétablir l'équilibre.

- Merci, je me sens mieux, croassa-t-elle contre sa peau dans un murmure, la voix encore rauque de chagrin. Mais toi, dis moi, qui est-ce que tu as perdu ?

Il pouvait nier, elle ne le forcerait pas à parler. Il lui semblait toutefois qu'il s'agissait d'un juste retour. Un échange de peine. Il lui avait offert un refuge, elle pouvait bien lui accorder de partager ses regrets.

Alice
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Lun 24 Juil - 21:20
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Il n’y avait rien de mal à pleurer un mort, ou à être triste. Il le savait. C’était normal de ressentir de la peine, ou même de la colère et du déni. Il connaissait toutes les théories. Il savait manifestement les expliquer à l’oral et apporter du réconfort aux autres. Et pourtant, il était toujours incapable de faire face à ses propres douleurs. C’était sans doute ridicule. Lui n’affrontait pas son deuil: il le fuyait encore et toujours, même des siècles après. Il avait fui à l’instant où son bonheur éphémère lui avait été enlevé, dès que ceux qui lui avaient enfin offerts de l’amour étaient décédés. Il n’avait jamais accepté ça.

Fuir et se concentrer sur son travail avait été une bonne idée, à la base. Comme si soigner et sauver les autres pouvait lui permettre d’expier ce qu’il considérait comme sa faute, parce qu’ils étaient morts et lui non. Et quand ses pensées noires revenaient le hanter, il suffisait de partir plus loin encore. Petit à petit, il avait travaillé plus aussi. Parce que ça tenait les cauchemars à distance, quand il s’écroulait à cause de la fatigue. Et puis, parce qu’il n’avait pas le temps de se concentrer sur lui-même quand il était occupé. Alors il avait vite négligé sa santé pour prendre soin des autres, toujours plus.

Ironiquement, le projet Perséphone lui avait sans doute sauvé la vie. Son corps n’aurait sans doute pas supporté encore longtemps un tel traitement, surtout après l’agression qu’il avait subie. Ou alors son mental se serait effondré avant, et il aurait fini dans une camisole de force, gavé de médicaments, après une crise nerveuse. Triste fin après une triste vie. Et ici, il ne pouvait pas autant se plonger dans le travail qu’avant. Ce qui allait l'obliger à réfléchir quand il se retrouvait seul. Il était vraiment le pire des idiots… En groupe, il espérait du calme et du silence, seul il préférait de la compagnie pour lui éviter de méditer sur son passé.

Pour l’instant, il se concentrait sur Alice. Le plus gros de son chagrin semblait être passé. Doucement, elle l’attira contre elle pour enfouir son visage contre son cou, ses mains autour de sa nuque, se perdant dans ses cheveux. C’était… Étrange. Pas désagréable pour autant, il avait initié le mouvement de lui-même, c’était juste qu’il n’avait pas senti quelqu’un contre lui depuis… Et bien, des siècles techniquement. La chaleur humaine avait quelque chose d’incroyablement reposant. Il ferma à demi les yeux tout en lui rendant son étreinte, comme si le simple fait de la tenir dans ses bras pouvait chasser ses pleurs. Il en doutait, mais l’important était qu’elle y puise du réconfort.

Sa question lui tire un sourire presque triste, vite caché par sa chevelure de feu. Il allait falloir qu’il fasse attention, les personnes les plus déboussolées étaient parfois les plus perspicaces. Pendant un bref, très bref, instant, il songea à lui parler. Mais le masque revient vite à sa place, verrouillant ses pensées derrière un mur protecteur.

- On a tous perdu quelque chose ou quelqu’un. Mais c’est du passé, ne t’en fais pas.

Il n’était pas du genre à s’épancher. Au contraire, il avait tendance à se refermer sur lui-même quand les questions devenaient personnelles. Il caressa distraitement ses boucles rousses. Elle avait besoin de pleurer, ça ne pourrait que lui faire du bien. Encore une fois, il préférait reporter toute son attention sur elle plutôt que sur ce qu’il ressentait lui-même. Il avait l’habitude. Il lui adressa un sourire neutre quand il recula doucement.

- Tu n’as pas mal à la tête ? Souvent, c’est un contrecoup des émotions. J’ai des plantes qui ressemblent à de l’herbe-des-prés, c’est efficace contre les migraines.
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Mar 25 Juil - 22:05
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Son étreinte était douce, elle avait quelque chose de familier et d'étrange à la fois. Peut-être retrouvait elle dans sa stature, une part de l'homme qui avait partagé sa couche plusieurs années durant. Ou bien était-ce le simple fait de ce contact qu'elle n'avait pas eu depuis son éveil qui faisait remonter à elle des souvenirs de ses amis, de sa famille, de ces contacts calculés, formels, polis, souvent faux. Non, Rune n'avait aucune raison de se forcer. Ils n'étaient pas en société, personne ne l'aurait jugé pour l'avoir rembarré. Après tout, même s'il lui avait tendu la main, rien ne l'avait autorisée à se rapprocher autant

La respiration d'Alice s'était peu à peu apaisée. Les battements de son cœur avaient retrouvé leur régularité. Derrière le rideau de feu et de glace mêlés, il ne restait que le silence ponctué de cris d'oiseaux et de stridulations d'insectes. Comme elle l'avait supposée, l'homme ne lui offrit pas de réponse, mais une simple généralité, niant l'effet que la perte qu'il avait subi avait sur lui. Il n'avait pas encore accepté, malgré ce qu'il prétendait. Certains avaient besoin de plus de temps.

Quand il rompit leur étreinte, les yeux de la rousse étaient encore écarlate, mais secs. Elle avait recouvré la maîtrise de ses émotions, un sourire doux et compréhensif. Le sien ressemblait à une façade, une muraille qui s'était dressée quand la sienne avait cédé. Il n'était pas prêt, elle n'insisterait pas.

- Un peu, mais ça va sans doute passer tout seul, ne t'inquiètes pas, répondit-elle au lieu de cela. Je veux bien savoir ce que tu allais me proposer, tout de même, ça pourrait être utile pour d'autres, à l'avenir.

Elle s'éloigna encore un peu, témoignant de la fin de cet échange intense. Puis s'asseyant en tailleur, la jeune femme tourna son regard vers les flammes qui continuaient leur danse lascive, les baignant d'une lumière protectrice.

- Ma ruche n'est pas loin, si tu veux. Tu pourrais y dormir en sécurité. Elle n'est pas sous terre, sa grande ouverture et sa hauteur permettent même une vue dégagée sur les terres en contrebas, tu pourras établir la suite de ton voyage pour retrouver tes comparses au petit jour. Oh, et je ne sais pas si tu faisais partie des adeptes du café, mais si c'est le cas, j'aurais quelque chose à te faire goûter. Je pourrais également te laisser feuilleter mes carnets, tu y trouveras sûrement des informations utiles. Qu'est-ce que tu en penses ?

C'était tout ce qu'elle pouvait lui offrir pour lui témoigner sa gratitude, puisqu'il avait refusé de la laisser porter une part de son fardeau comme il l'avait fait pour elle. Reculant ses mains pour y prendre appuis et observer le ciel, elle heurta quelque chose de mou qui céda sous sa paume.

- Qu'est-ce que ? Oh ! S'exclama-t-elle en reconnaissant un bolet.

Alice
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Alice
Alice
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Mer 2 Aoû - 8:39
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D’autres en auraient sûrement profité pour s’épancher aussi, parce que, c’était bien connu, partager était quelque chose qui rapprochait, et cela avait toujours tendance à apaiser les âmes perdus que d’avoir quelqu’un, près de soit, qui avait vécu quelque chose du même genre et à qui tu pouvais donc te confier sans crainte de jugement. Mais Rune avait toujours été plus doué pour prendre soin des autres que pour s’occuper de lui-même. L’adage « fais ce que je dis, pas ce que je fais » semblait être son crédo principal, car il faisait tout pour que les personnes qu’il croisait aillent mieux, sans se préoccuper de lui et de ses propres besoins. Il le savait, mais il ne faisait rien pour y remédier. C’était sa façon d’être, et surtout sa propre manière de gérer les choses. Ou plutôt, de faire semblant de bien les gérer, jusqu’à ce que ça ne finisse par lui exploser au visage.

Alors il se concentre sur Alice, refusant l’aide qu’elle se propose timidement de lui apporter, et fait comme si tout allait bien, comme toujours. Il sait qu’il ne dupera jamais tout le monde, et il sait aussi qu’il se braquera si on tente de le forcer, mais la jeune femme semble plutôt croire à sa réponse, et elle n’insiste pas, ce qui l’arrange plutôt. Il hoche la tête à sa demande et fouille dans son sac, et dans les diverses plantes qu’il a déjà ramassées pour les analyser et les utiliser et lui montre la plante en question.

- Elle est assez reconnaissable en soi. Tu peux faire infuser les fleurs dans de l’eau pour en faire une tisane, elle a des vertus contre les migraines et la tension en général. Et aussi contre les rhumes.

Il lui donne la plante sans crainte. Il en avait vu d’autres sur sa route, il pourrait en récupérer sans soucis par la suite, et comme ça, elle aurait de quoi comparer.

- J’ai étudié un peu les plantes, expliqua-t-il, et j’essaie de voir ce qui est utilisable ou non depuis mon réveil.

Alice avait repris sa place, non loin de lui, mais elle semblait aller mieux, et c’était le principal. Il lui offrit un sourire doux, encourageant, alors qu’il l’a laissait reprendre complètement le contrôle sur elle-même, et il lui tendit sa gourde, si d’aventure elle voulait se désaltérer après tout ça. Il pencha légèrement la tête à sa proposition, et regarda vaguement autour de lui, et les bois environnants. Il ne dormait jamais vraiment correctement depuis qu’il voyageait seul, car il avait conscience que de nombreux dangers pouvaient se tapir dans l’ombre de la végétation. Et son feu, inutilement trop grand sûrement, ne pouvait pas le protéger complètement de tout.

- Pourquoi pas. Et un semblant de caféine me fera un bien fou, je n’en doute pas. Je pourrais te montrer un peu plus les plantes que j’ai pu trouver et les utilités si tu veux. Question médecine, je pense que tout apprentissage est bon à prendre.

Et puis, même s’il voyageait et n’avait pas encore trouvé d’endroit où véritablement s’établir, rien ne l’obligeait à reprendre la route dés le lendemain. Si la rouquine n’y voyait pas d’inconvénient, il pourrait sans doute passer quelques jours à ses côtés, cela leur donnerait l’occasion d’échanger toujours plus. Nul doute qu’un peu de compagnie leur ferait du bien à tous les deux, non ? Mais il n’eut pas le temps de lui proposer qu’il l’entendit s’exclamer non loin.

- Un bolet ? S’étonna-t-il en se penchant un peu pour mieux voir. S’il y en a un, il y en a forcément d’autres.

Il s’y connaît étonnamment très peu en champignons sauvages, certainement car ça n’a pas de valeurs en médecine. Personnellement, le poisson lui a suffit pour le repas, mais d’un autre côté, il a l’habitude de si peu manger que son corps ne dirait sans doute pas non à un peu plus de protéines diverses.

- Hum, on peut en récupérer pour aller jusqu’à chez toi. Ou on profite du feu pour en manger ici avant de partir, si ça te dit.

Il ne savait pas exactement à combien de temps se situait sa Ruche, et donc s’il était plus pertinent de partir avant qu’il ne fasse trop sombre, ou s’ils pouvaient en profiter un peu avant de reprendre. Non pas que l’idée de la marche l’enchantait spécialement après sa journée, mais si c’était pour un abri correct, il n’allait pas faire la fine bouche...
Rune
❦ Feuille de châtaignier
Rune
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Mar 8 Aoû - 19:57
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La plante qu'il lui avait présentée était effectivement reconnaissable, bien qu'elle ne se soit pas attendue à la trouver ici. Alice photographia mentalement le végétal pour se souvenir de ses caractéristiques et en constituer une petite réserve. Après tout, s'enrhumer était commun, et toujours pénible. De l'aide pour en guérir était donc toujours la bienvenue.

Après avoir accepté son invitation, Rune proposa de lui offrir ses connaissances en botanique médicinale et la rousse hocha vivement la tête, ravie.

- Je ne saurais assez t'en remercier ! Pour survivre dans ce monde, il nous faut à tout prix partager nos découvertes et savoirs.

Focalisée sur le champignon, la survivante ne put empêcher un sourire malicieux d'étirer ses lèvres en illuminant son visage. Voilà qui promettait un moment sympa !

- Tu as raison, je vais inspecter les alentours pendant que tu plies bagage ! Crois-moi, ceux-là, il vaut mieux les manger dans un environnement sécurisé. Si ce sont bien ceux que je crois, leurs effets ont quelque peu évoluer depuis notre époque. Et puis...

Elle se passa la main dans les cheveux, gênée d'exposer sa dépendance affective pour un animal qui ne faisait que ruminer en lorgnant le vide avec indifférence.

- Géraldine m'attend à l'Observatoire, je n'aime pas l'y laisser seule trop longtemps.

Sans lui expliquer de qui — ou quoi — il s'agissait, la rousse entama sa cueillette, ne choisissant que les plus beaux spécimens. Elle décida d'en ramasser trois sur la dizaine qu'elle avait vue. Au souvenir du mal qui avait pris Akara après l'ingestion d'un seul de ces bolets, elle décida qu'il ne servait à rien de trop en récolter. Avec quoi allaient ils pouvoir déguster ce petit plaisir coupable ?

Son cerveau fit soudain un back-flip total. La demoiselle se rendait compte qu'elle n'avait jamais touché à ce genre de produit. Et si elle y réagissait mal ? Si elle partait dans un bad trip ou elle se remettait à pleurer toutes les larmes de son corps ? Pire ! Si elle agressait Rune pour x ou y raison ? Ce n'était peut-être pas une si bonne idée... Elle ne savait même pas quelle quantité prendre pour demeurer dans le raisonnable tout en ayant tout de même les effets hallucinogènes...

- Je vois que tu as fini. Ce n'est pas si loin, ne t'inquiètes pas. En marchant à bon rythme nous y seront d'ici un peu plus d'une heure et demie, soit avant que l'obscurité ne devienne totale.

Après avoir allumé une torche de fortune faite d'une épaisse branche enrobée de sève de pin, elle aida l'homme à bien éteindre le feu. Il ne manquerait plus qu'ils enflamment la forêt par manque de vigilance... La rousse le guida ensuite d'après les repaires qu'elle avait pris à l'allée. Bientôt, le terrain commença à monter et l'air se chargea d'humidité. Ils touchaient au but.

- RRRRRRRRRRRRRROOOOOOOAAAAAAAARRRRRRR -




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Alice
❦ Feuille de Houx
Alice
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Lun 21 Aoû - 22:42
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