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Alice haussait les épaules à chaque remarque désagréable du borgne. Elle n'avait aucune envie d'alimenter sa mauvaise humeur, il y arrivait très bien tout seul. Elle le laissa prendre la cuve sans rien dire, heureuse qu'il accepte sa mission et qu'elle retrouve enfin un peu de calme. Cet espoir fut de courte durée cependant, car des trombes d'eau se mirent à tomber au moment où il allait sortir. Vu de l'intérieur, on aurait dit qu'un rideau grisâtre recouvrait soudain l'horizon. C'était mort, il n'accepterait ja...
Il négociait ? Et bien, voilà qui la surprenait agréablement ! La rousse était pourtant sûre qu'il allait simplement refuser en bloc. Finalement, sauver cette pauvre bête lui importait peut-être. Ou bien n'était ce qu'une question d'honneur après avoir donné sa parole ? Peut importait, à vrai dire. Tant qu'il aidait, elle se satisferait de cela.
- Du café et du sucre ça te dit ? Je te dirais même comment en récupérer et le préparer facilement, lui proposa-t-elle, le regard plein de défi.
À son époque, elle connaissait peu de personnes actives qui n'était pas accro à la caféine. Alice en faisait partie, bien entendu. C'était un fait qu'elle assumait parfaitement, bien qu'elle sache qu'en boire avec excès était loin d'être anodin.
Elle n'avait pas osé en faire durant son voyage, car l'odeur forte pouvait attirer n'importe quoi. Mais ici, dans l'église, avec lui à côté, c'était jouable. Elle comptait donner la pulpe sucrée à la lamalpaga pour la calmer et éventuellement l'assommer un peu, au passage. En attendant la réponse de Lysandre, Alice laissait sa nouvelle amie lui renifler les mains, choquée de la sentir si confiante. Ou résiliente ? Elle devait pourtant sentir l'obsession de l'homme pour sa chair...
- C'est que de l'eau, ça ne va pas te tuer ! À ton retour, tu auras de quoi te réchauffer, ajouta la rousse en lui faisant de petits yeux de chat qui a mangé le canari.
Elle n'allait pas se laisser impressionner. Ah, ça non ! Ce n'était pas le premier individu mal léché - pour ne pas dire autre chose - qu'elle rencontrait. Elle en avait croisé des tas dans sa carrière, certes courte, mais intense. Elle caressa l'encolure de la bête qui claudiquait pour sentir sa combinaison, puis ses cheveux, sans montrer de signe d'agressivité.
- C'est ça, ma belle, je ne vais pas te faire de mal, tu vois ? Souffla-t-elle en lui faisant à nouveau renifler le contenu du bol. Essaye de ne pas bouger, d'accord ?
Très délicatement, la rousse observa la plaie, pas aussi profonde qu'elle l'avait craint, et visiblement exempte de saletés. Elle y déposa la mixture en l'étalant bien sur toute la longueur de la chair à nu, puis elle chercha dans son sac les cosses rougeâtres dont la pulpe avait ce petit goût sucré.
- Qu'est-ce que tu en penses, Géraldine ?
La créature posa sur elle ses yeux d'un marron chaud, aux longs cils frémissant, comme si elle approuvait ce nom. Pendant que la lamalpaga mâchait tranquillement les fruits du févier Kipicafé, Alice fit bouillir de l'eau et sorti une des cartes vierges et son crayon à papier. Quand Lysandre revint, elle lui exposa son œuvre sous laquelle était écrit en capitales : Géraldine Beefsteak. La jeune femme espérait franchement que son trait d'humour ferait mouche et réchaufferait un peu l'ambiance.
- Verdict ?
| ❦ Feuille de Houx Alice | |
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L'humidité n'était jamais bonne pour l'organisme, mais Lysandre avait déjà remarqué qu'il y avait une bonne résistance. Lorsqu'il avait été porté disparu en forêt, ses problèmes venaient souvent d'autre chose que la pluie ou l'air pas assez sec. Et depuis qu'il était ici, ce n'était pas différent. Au pire, il aurait le nez pris quelques heures et ça partirait ensuite. Autant user de cette chance pour remplir la mission qu'il avait accepté.
Finissant d'enfiler l'imperméable, il haussait un sourcil en entendant la proposition et se fendit d'un réel premier sourire, bien plus honnête que le premier qu'il lui avait donné. L'échange l'amusait autant qu'il lui plaisait.
- Deal. Par contre je veux bien que tu gardes le feu actif histoire de pouvoir me réchauffer et me sécher en revenant.
Le brun approchait de l'extérieur, passant proche de la bête qui ne lui adressa pas un regard pour plutôt se préoccuper de la rousse. Une grimace lui vint en voyant l'ambiance grisâtre au loin. S'il n'y avait pas d'urgence pour l'animal, il serait clairement resté à l'abri et au chaud. Déjà des flaques se formaient au sol et Lys estimait au minimum une vingtaine de minutes de marche pour atteindre le bosquet au loin. Et encore fallait-il que celui-ci contienne quelques pins. Le temps de récupérer ce qu'il fallait et revenir, il comptait une petite heure.
Alors qu'il repérait de loin par où passer pour éviter les mares qu'il pouvait deviner ça et là à l'horizon, il écoutait la rousse parler au lama comme si il pouvait la comprendre. C'était une femelle donc ? Peut-être qu'Alice s'imaginait en tirer du lit. Ca devait pas donner grand chose, mais ça devait donner...
- Tu crois qu'elle te comprend ?
Pour une fois, ça ne sonnait pas sarcastique. Juste curieux, puisqu'il semblait l'animal soit calme en la présence d'Alice. Ça ne lui venait absolument pas à l'idée que c'était juste l'instinct qui lui faisait préférer quelqu'un de calme qui parlait doucement à un type bourrin comme lui. C'est la suite qui donna envie à Lysandre de soupirer fort bien qu'il se retint.
- Géraldine ?..
Le jugement était là.
Tss.
- A plus tard.
Et le voilà parti. Si le trajet est relativement long, Lys ne le voit pas passer. Il entre vite dans cet espèce d'état second qu'il avait appris à développer lors de sa première expérience de survie et où il ne devait concentrer son corps et son esprit qu'à une tâche. C'était la même qu'il avait utilisé lors des entraînements les plus physiquement et mentalement violents de l'armée par la suite et qui lui permettait d'avoir des nerfs d'acier dans des situations compliquées.
Ne restait que lui, le son de ses bottes dans les flaques, la pluie qui formait un brouhaha constant autour de lui et son objectif : le bosquet. Il ne pensait pas à grand chose, esprit vide de quoi que ce soit. Il aimait cette sensation, jusqu'à ce que celle-ci s'arrête lorsque le bruit de la pluie se fit un peu moins violente car stoppée en partie par les feuilles. Il clignait des yeux en observant les environs, avant de retirer la capuche et repousser les cheveux mouillés de son visage. Là, il se mit aussitôt à chercher quelque chose qui ressemblait à un conifère. Il en avait déjà vu pas mal depuis sa sortie mais plutôt dans les coins montagneux...
Enfin, le graal se montrait : là, un pin pas bien grand, à moitié mort mais encore assez vivant pour avoir de la sève. Mh. Est-ce qu'il devrait vraiment se faire chier à ramasser de la sève petit à petit ? Franchement, ce truc allait bientôt mourir. Il pourrait en couper une branche encore jeune pour la ramener, en la protégeant bien de la pluie. Ca ferait une petite réserve et ça serait bien plus rapide. En plus, il en voyait une récemment abîmée et donc couverte de sève en plus d'être assez simple à briser avec un peu de force. Il y mit donc son poids jusqu'à entendre un « crac ». Il avait maintenant une bûche de la largeur de son bras et d'une bonne longueur. Restait à la protéger de la pluie jusqu'à son retour. C'était le moment d'utiliser la bâche de son sac (sac protégé sous l'imperméable jusque là). Elle serait pleine de sève mais la laver devrait être simple.
Avec son trophée bien emmitouflé, le voilà qui rentrait. L'église au loin était une promesse de chaleur et Lysandre avait plus qu'hâte de se poser vers le feu. Il n'était pas frigorifié, était resté plutôt sec en dehors du visage, mais c'était juste désagréable. Il n'était pas un escargot ou une grenouille.
Enfin, il passa le pas de la porte depuis longtemps disparue. Le feu brillait, il voulait s'y installer et...
et pas...
- Alice...
Il la regarde, l'air fatigué et peut-être un peu blasé.
- C'est très mignon mais là j'ai surtout envie de me réchauffer, excuse-moi.
Il continua son chemin pour poser le colis au sol et jeter son imperméable sur le côté pour plutôt s’asseoir près du feu et pousser un long soupir de soulagement. Aaah. Enfin. Un nouveau petit sourire vint sur ses lèvres alors qu'il fermait l'oeil et écoutait le craquement du feu.
- J'ai ramené un rondin couvert de sève, tu devrais avoir largement de quoi faire.
Enfin, le nom noté sur le papier qu'on lui avait mis sous le nez à son retour lui revint et il eut cette fois un petit rire franc.
- Le « Beefsteak » c'est en hommage à ce que je voulais en faire ? Tu veux me faire culpabiliser ?
Oh il avait peu d'humour, mais là il disait très clairement ça sur le ton de la plaisanterie. Une fois le premier plaisir du feu passé, il entreprit de retirer ses bottes. Elles étaient parfaites en terme de tenue sous la pluie, il n'était absolument pas mouillé dessous. Il n'avait finalement pris qu'au niveau des mains et du visage. Quelques mèches restaient collées à ses tempes.
- T'as pu t'occuper d'elle ?
Dit-il en faisant un mouvement de tête vers l'animal qui s'était couché entre temps. S'il avait eu un peu d'amour pour le monde animal, il aurait pu trouver ça un peu mignon. En attendant, il l'observait en se disant qu'apprendre à faire du café en échange d'un beefsteak sauvé, ça valait certainement le coup. Sans même parler du sucre. Il avait toujours été plus salé que sucré, mais parfois l'idée d'une bonne glace lui manquait.
| ❦ Feuille de châtaignier Lysandre | |
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Alice avait hoché la tête, concentrée sur la bête. Il était évident qu'elle comptait entretenir le feu, elle lui prêterait même son sac de couchage pour le remercier et le réchauffer s'il le fallait. La rousse était généreuse, c'était une de ses qualités qui la mettait souvent en défaut, faisant passer l'autre avant ses propres besoins. Elle n'avait jamais su faire autrement. Si elle n'avait pas voulu tant lui faire plaisir, elle serait morte ce jour-là après tout, avec eux. Et pas là à taper la discut' avec un inconnu sacrément bougon mais assez bienveillant pour l'aider à soigner une pauvre créature.
- Bien sûr que non, souffla-t-elle avec une pointe d'agacement avant de se radoucir. Quoi que, peut-être. Elle comprend mon intonation en tout cas, la douceur que je mets dans mes gestes. Les animaux sentent ces choses-là. Du moins, j'aime à le croire.
Après avoir clairement dénigré le nom choisi, Lysandre quitta l'église à grand pas. Alice regarda sa silhouette disparaître sous la pluie battante, presque hésitante à le rappeler. Il persistait une certaine peur qu'il ne revienne pas, un frisson irrationnel que la fit fixer plus longtemps que nécessaire l'endroit où il avait disparu. Qu'est-ce qui lui prenait ? Il n'était personne ! C'était tout bonnement ridicule.
Et pourtant, elle fut soulagée lorsqu'il reparut, trempé et sûrement gelé. L'air las qu'il affichait l'encouragea à le laisser tranquille. L'odeur amère de la fève torréfiée et réduite en poudre avait effacé celle de l'Achillée kipu et, couplée à la chaleur du feu, offrait une aire de repos plutôt agréable.
Alice alla ramasser le rondin pour gratter la sève fraîche, qui grâce à la pluie n'avait pas tout à fait durci, et se hâta de l'étaler délicatement par-dessus le cataplasme d'herbe. Avec ça, aucune bactérie n'entrerait dans la plaie. Il restait à voir si la fleur ferait son effet. En attendant, elles pouvaient se reposer toutes les deux.
La rousse s'installa à côté de Lysandre, face au feu et au visage de l'homme. La danse des flammes dessinait sur ses traits des angles francs et des creux profonds. La fatigue s'en ressentait d'autant plus.
- Merci pour elle. Souffla-t-elle à voix basse pour ne pas briser la sérénité que le roulement de la pluie et les craquements du foyer offraient.
Elle ôta le récipient du feu et mit un peu de poudre marron foncé, presque noire, dans la demi-noix de coco qu'elle avait rincé sous l'averse. Elle versa dessus l'eau bouillante et tendit le contenant à son interlocuteur en le prévenant d'un sourire :
- Ça va te requinquer. Fais attention, c'est brûlant.
Elle se réserva le même traitement et le posa au sol, le temps que la température de la mixture baisse. Elle sortit de son sac d'autres cosses dont les graines avaient été extraites et en donna plusieurs à l'homme en expliquant avant de faire la démonstration :
- Il faut mâcher un peu, mais c'est très sucré. Je n'ai pas encore essayé de le broyer ou de le sécher pour en faire de la poudre, mais c'est déjà un début d'avoir trouvé ce petit goût dans un végétal.
Elle porta l'enveloppe de la fève à ses lèvres et croqua dedans. Il s'agissait autant d'en profiter que de montrer à Lysandre qu'il n'y avait aucun danger. La douceur de la cosse restait un moment sur la langue. Ce n'était pas tout à fait le goût du sucre classique, plus quelque chose comme le stevia. Il y avait ce petit arrière goût, pas tout à fait désagréable, mais qui pouvait écœurer à force.
- Pas tout à fait, non, lâcha-t-elle en haussant les épaules. Comme nous l'avons trouvé ensemble, je me disais qu'il devait avoir un petit peu de nous deux. C'est plus rigolo comme ça.
Elle pouffa en le regardant par-dessous ses cils et ajouta en se penchant vers lui pour le taquiner :
- Ne fais pas cette tête, je ne te demande pas d'être son père !
Elle se remit face au feu et goûta son substitut de café. C'était parfait et son sourire n'eut aucun mal à retranscrire cette émotion de ravissement.
- Oui, je ne sais pas si ça va marcher, mais en tout cas, elle a l'air plus calme. Elle s'est posée là-bas et n'a plus bougé depuis un moment. On devrait se dormir nous aussi. Je te laisse te reposer en premier, j'ai un sac de couchage, si tu n'as pas le tiens. Je vais monter la garde.
Déjà, elle allumait des torches qui prirent bien grâce à la sève restante. Elle les coinça tant bien que mal à l'entrée de l'église, dans la pierre friable des vieux murs et revint près du feu. Là, elle sortit son carnet, voulant relire ses notes et en ajoutant d'autres si Lysandre acceptait de dormir.
| ❦ Feuille de Houx Alice | |
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Lys regarde le feu alors qu'il se réchauffe doucement, et ne relève son regard que quand Alice le remercie. Il étire un léger sourire, peu visible mais bien là. Rien de forcé, il apprécie simplement le remerciement. Il hoche la tête.
- Je t'ai dit que j'allais t'aider, je tiens parole. Et puis la possibilité d'avoir un café, c'est difficile à refuser.
Il repousse une nouvelle mèche qui lui tombe sur l’œil puis prend le récipient offert par Alice. Le bol en coco lui brûlerait presque les mains mais il s'en moque, profitant de la chaleur et humant la délicieuse odeur de café. C'est clairement moins puissant que ce qu'ils avaient autrefois, mais d'un côté, ça lui manque tellement qu'il ne va pas râler. Et puis peut-être qu'au bout de trois ans sans café, sans l'odeur, sans même en voir au loin, il s'était mis à idéaliser le breuvage obligatoire tout les matins de sa vie précédente.
La simple odeur l'aide à visiblement détendre ses muscles, surtout au niveau des épaules. Une petite touche d'autrefois. Il s'en sent presque nostalgique, pour une fois.
Le brun dépose le breuvage pour récupérer les graines offertes par Alice, écoutant son explication et l'observant croquer en premier. Puis, il attrape une des fèves et vient la croquer avec curiosité. S'il est assez méfiant au début, il change très vite d'avis quand un goût bien sucré quoiqu'un peu amer envahit sa bouche. Il ouvre plus grand l’œil sous la surprise et ne peut refréner un nouveau sourire plus large en direction d'Alice.
- C'est génial ! Il faudrait voir comment l'utiliser pour créer des choses sucrées... genre...
Il prend l'une des fèves et l'écrase entre sa paume et la première phalange de son pouce pour l'écraser un peu, avant de faire de même avec une autre et les ajouter à son bol de faux-café. Reste à attendre un peu pour voir si ça fonctionne, au moins un peu.
En attendant, il pose sa question concernant le nom donné au lama et il hausse les sourcils, questionnant l'utilité de lui donner deux noms juste pour qu'il ait... quoi ? Non, il espère bien qu'il n'est pas mandaté pour être le père d'une bestiole comme ça ! Il grimace et secoue la tête, conscient qu'il s'agit d'une blague mais n'étant pas particulièrement sensible à ça.
- Encore heureux ! Et puis pas besoin des deux noms tu sais ? Je compte partir demain, je ne vais pas l'embarquer alors que toi tu vas sûrement l'accompagner, si elle ne décide pas de s'enfuir.
Il apporte enfin le bol de café à ses lèvres pour goûter. Le goût lui tire un soupir de satisfaction accompagné d'un « bordel » soufflé dans sa barbe, et le très léger goût sucré apporté par les fèves est parfait. Autrement il prenait son café sans rien dedans, mais là c'est comme... un bonbon, en fait. Deux plaisirs mélangés en un. Il ferme les yeux, retrouvant son sourire et continuant de boire. Enfin, il repose le bol vide et se laisse retomber en arrière pour poser sa tête sur le sol frais de l'église. Ses cheveux s'étalent autour de son crâne et il pose ses mains sur les côtés de son visage.
- Ça fait un bien fou. J'ai bien fait d'aller prendre la pluie.
Cette fois, son côté grognon semble s'effacer enfin puisqu'il laisse échapper un rire. Il hoche la tête à la proposition de dormir et accepte de prendre le second tour de garde. Il a bien besoin de repos.
- Je veux bien le sac de couchage. Je n'en ai plus vu la place que ça prend, j'utilise la bâche comme un hamac maintenant pour m'alléger la charge. Mais ici, je peux pas trop le déployer.
Il reste au sol, savourant la sensation d'enfin pouvoir se détendre. C'est rare qu'il puisse se dire qu'il peut dormir sans devoir rester aux aguets. Il sait dormir d'une seule oreille mais c'est loin d'être aussi réparateur.
- Réveille moi quand tu l'sens, j'ai l'habitude d'être interrompu en plein sommeil donc je risque pas de mal réagir. Ok ?
| ❦ Feuille de châtaignier Lysandre | |
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L'enthousiasme de Lysandre pour le succédané de café et le sucre des cosses la fit sourire. Enfin, il se déridait un peu ! Finalement, ce n'était peut-être pas juste qu'un bougon blasé de la vie qu'avait besoin de tirer un coup. Dommage — Ou pas.— elle était forcée de revoir son jugement.
- Genre des gâteaux, des bonbons ? Toi qui me disais qu'avant de penser à cuisiner des choses élaborées, il fallait penser au plus important. Je sens que c'est ta came, le sucre. Pas vrai ?
Quand il lui apprit qu'il partirait le lendemain, Alice hocha la tête, ni surprise, ni déçue. Elle s'y attendait, et avait de toute façon à faire de son côté. Tout un monde à explorer, qui n'attendait qu'elle !
- Tu as raison, souffla-t-elle. Officiellement, elle ne sera que Géraldine, si elle ne choisit pas de recouvrer sa liberté. On verra bien !
Le voilà qui rit ? Et bien, monsieur se lâche ! Elle n'y aurait pas cru. Tout en penchant la tête de côté, la rousse l'observa avec un sourire amusé jusqu'à ce qu'il accepte sa proposition d'utiliser le sac de couchage et de dormir un coup. Il faut dire qu'il semblait vraiment en avoir besoin. Elle sortit donc l'objet pour le lui étendre un peu plus loin du feu, pour ne pas prendre de risques inutiles, et lui lança en guise de bonne nuit :
- La chambre de monsieur Beefsteak est prête, le personnel lui souhaite un bon repos ! Oh, et tu peux m'appeler si tu fais un cauchemar ou que tu as besoin d'aide pour tuer les fantômes et les monstres qui rôdent dehors ~
Puis, d'un signe de la main, elle lui tourna le dos et alla se rasseoir près du foyer. Bientôt, elle fut totalement absorbée par ses croquis et notes, si bien qu'elle ne vit pas le temps passer. Ce n'est que lorsque elle se mit à dodeliner de la tête qu'Alice décida qu'il était temps de réveiller le grand brun ténébreux.
Elle poussa Lysandre doucement, ne voulant pas profiter de son autorisation de le réveiller pour en abuser plus... franchement. Dès qu'il eut ouvert les yeux, elle expliqua tranquillement, pour lui laisser le temps d'émerger :
- Je suis à bout, j'espère que t'en as bien profité. C'est mon tour !
Puis, sans attendre qu'il se lève, elle se laissa tomber sur le matelas en soupirant-grognant et le poussa sans ménagement pour finalement lui demander une fois qu'il se fût redressé :
- Tu me racontes ce qu'était ta vie d'avant pour m'endormir ?
| ❦ Feuille de Houx Alice | |
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Alice le taquine sur sa dent sucrée et Lys lui jette un œil amusé en répondant.
- J't'ai pas dit de commencer à préparer un fraisier hein, juste un peu de sucre dans ton café ça te ferait pas plaisir ? Y'a des façons simples de faire !
Un demi-aveu, finalement. Il s'allonge au sol et profite de sa fraîcheur contrastant avec la chaleur du feu, œil clos. Ça fait du bien de se poser. Vraiment beaucoup de bien. Il rouvre l'oeil et tourne la tête vers elle tout en râlant un peu au surnom qu'elle lui donne, puis il se relève pour aller jusqu'au sac de couchage.
- Merci Princesse Disney. Et t'en fais pas pour les fantômes et les monstres, je doute qu'ils puissent percer mon sommeil vu comme j'en ai b'soin.
Il s'installe confortablement, frémissant de la première fraîcheur ressentie avant que l'intérieur ne se réchauffe de sa présence. C'est agréable. Tellement agréable qu'il tombe presque aussitôt, parti pour un sommeil profond et réparateur, dont il ne retirera aucun souvenir du moindre rêve.
Les habitudes ont la vie dure, et quand Alice le pousse doucement pour le réveiller c'est presque aussitôt qu'il est en alerte. Il grimace un peu sur le coup, car même s'il se sent reposé il n'aurait pas dit non à quelques heures de plus. Il soupire et se frotte l’œil avant de se redresser pour s'assoir.
- Carrément profité ouais... profite bien aussi.
Il lui fait un petit sourire, encore un peu dans les vapes, puis s'extrait du sac qu'il lui laisse. Lui part s’asseoir auprès du feu après s'être largement étiré le dos et le cou. Il entend Alice et tourne le nez vers elle, avant de finalement se tourner entièrement par praticité.
- Ma vie d'avant ? Y'a pas grand chose à dire. J'étais dans l'armée. Instructeur.
Il est pas bien doué pour parler, encore moins pour parler seul et raconter sa vie. Il réfléchit un peu à ce qu'il peut bien dire, son regard alternant parfois entre les flammes et la jeune femme.
- On m'a déclaré disparu pendant quelques temps, suite à un exercice qui a mal viré en pleine jungle. J'ai survécu solo, donc en revenant j'ai pu transmettre ce que j'avais appris. On m'a fait quelques cours supplémentaires, et j'ai fini par grimper en rang comme ça. J'suppose que c'est grâce à ça qu'on m'a proposé d'être cryonisé. Et comme j'avais pas trop d'attache et que je m'ennuyais franchement, j'ai dit oui. J'regrette pas, j'crois...
Il surveille la respiration de la jeune femme, espérant qu'elle dorme déjà. Il n'a pas grand chose de plus à dire, à part peut-être raconter comment un idiot à peine arrivé à l'armée avait oublié la règle n°1 : ne jamais avoir le canon de son arme tournée vers quelqu'un. Lys était passé à quelques centimètres près d'avoir une balle en pleine tête. A la place, c'était son œil qui avait prit. Il avait dû se battre bec et ongles pour garder sa place, hors de question pour lui de passer au civil alors qu'il faisait tout pour s'adapter à sa nouvelle condition.
Un son le fait sursauter et Lysandre remarque alors Géraldine, fraîchement réveillée, approcher d'eux. Sûrement de la curiosité, puisqu'elle commence par renifler Alice. Lys la laisse faire tout en surveillant quand même qu'elle n'ait pas une réaction bizarre. Son regard se porte sur la plaie, constatant qu'elle n'a pas empiré depuis tout à l'heure. Une bonne chose.
Voilà que la bête l'approche, maintenant. C'est pas si grand, un lama, mais quand on est pas trop à l'aise avec les animaux et qu'on est assis, ça a un côté un peu imposant. Le brun grogne.
- T'avises pas de confondre mes cheveux avec de l'herbe toi...
Mais non. A la place, Géraldine s'allonge près de lui, tranquille. Il reste un moment confus à observer l'animal. Animal qui lui rend un regard qu'il trouve aussi vide que celui d'une vache.
- T'veux quoi ?
Comme s'il allait avoir une réponse. Il soupire, et finit par reculer le dos pour le poser contre le flanc de l'animal.
- Bon, puisque t'as décidé de bien m'aimer, j'vais en profiter. Bouge plus.
Et c'est plutôt confortable. A moitié allongé, il croise ses jambes étendues près du feu et ramène son sac à lui. Là, il sort son carnet pour y noter ce qu'Alice lui a montré aujourd'hui. Le sucre, le café... Il a du temps à tuer, après tout.
Enfin, le soleil pointe le bout de son nez. Lysandre ferme son carnet et le range, avant de se relever en s'étirant. Il aurait dû bouger un peu plus pendant son tour de garde, il est engourdi comme pas possible maintenant...
- Alice ?
Il approche du sac de couchage et pousse gentiment la jeune femme à l'épaule, comme elle l'avait fait pour lui.
- Le soleil se lève.
| ❦ Feuille de châtaignier Lysandre | |
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Princesse Disney ? Elle pouffa doucement, attentive à ce qu'il allait lui révéler, ou non, de sa première vie. La rousse était d'une curiosité maladive, ce n'était pas nouveau, elle la cryonie n'y avait rien changé. Dès qu'il commença à parler, Alice se focalisa sur son visage, cherchant des expressions qui lui en apprendrait autant, voir plus, que les mots employés.
Apprendre qu'il avait été dans l'armée ne l'étonna pas. Il en avait la carrure quelque part, et peut être la droiture aussi. Pourtant, le savoir instructeur lui arracha une mimique. Elle le voyait mal enseigner avec son caractère bien trempé et elle aurait payé pour voir ça. Vraiment.
Le récit de son aventure la berça et elle sombra finalement dans les bras de Morphée. Elle fit un drôle de rêve où elle traversait un désert brûlant. Un soleil rouge, apocalyptique, dardait son dos, et le paysage calciné semblait s'étendre à l'infini. Une voix familière lui soufflait de ne pas abandonner, mais elle était bien incapable de dire à qui elle appartenait. Une autre voix, proche et ne lui rappelant rien, résonne dans sa tête tandis qu'elle se retourne. À la place du soleil rougeoyant, le visage de Lysandre la fixe.
- Salut... Souffla Alice, la voix légèrement rauque, en se redressant.
Dans le même moment, elle remarqua Géraldine, assise près du feu, à côté du sac du brun. Elle ne le détestait pas tant que ça tout compte fait ! Cette constatation lui arracha un sourire et elle acheva de quitter le sac de couchage pour le plier et le ranger. Dans un moment de sincère gratitude, elle lança à son compagnon de chambrée tout en mettant de l'eau à bouillir :
- Merci d'être resté. J'avoue que je n'étais pas tout à fait sûre que tu ne disparaîtrais pas pendant que je dormais... Un café, Beefsteak ?
Et tandis qu'elle préparait la boisson des dieux, elle l'interrogea sur la suite, sans aucune accusation dans la voix :
- Tu comptes partir dès qu'on aura déjeuné ?
Pas que la rousse craignait son départ, mais elle préférait anticiper le retour de la solitude. Qui sait quand elle a croiserait à nouveau un humain ?
| ❦ Feuille de Houx Alice | |
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Lys sourit à la rousse tandis qu'elle se réveille, et il recule pour lui laisser un peu d'intimité. Il part remettre un peu de bois au feu pour le raviver, histoire de boire un café du matin. Son premier café du matin depuis deux ans, en fait. Avant que tout ne devienne trop chaud, il récupère un peu de cendre qu'il ajoute à sa « réserve », aka un de ces sacs étanches présents dans leur sac. Finalement, il en prend un peu pour l'appliquer sur ses cheveux tandis qu'Alice s'occupe de mettre de l'eau à bouillir. Après quelques minutes, il pourra les secouer et ses cheveux sembleront plus propres, en attendant un lavage plus poussé. Il sourit un peu à sa question, autant agacé qu'amusé par ce surnom stupide.
- C'est parce que j'ai un look de brute que t'avais pas confiance ? J'veux bien un café, ouais.
Alors qu'il range son sac étanche dans son sac à dos, il entend la question de la jeune femme et lui jette un coup d'oeil.
- J'pense ouais. Tant qu'il fait frais. Sauf si tu veux d'la compagnie ? J'veux pas rester sur place, en tout cas. J'voudrais juste bien trouver un coin où les gens s'organisent, on va pas y arriver si on est tous solos. Mais j'peux comprendre que t'ais pas envie d'bouger. Et puis, y'en a une qu'ira pas très loin tant que sa blessure est pas refermée comme il faut.
Il indique Géraldine du menton, conscient que la bestiole n'est pas encore sortie d'affaire.
- Fais gaffe à toi, dans tous les cas. J'compte bien te revoir vivante, et Géraldine avec.
Qu'il plaisante en s'installant pour le café. Heureusement, la pluie s'est calmée dehors. Il ne va pas marcher dessous comme la veille. Tandis que l'eau finit de bouillir, il s'occupe de ses cheveux en se disant qu'il devrait peut-être les couper. Il s'est toujours préféré les cheveux longs, mais il doit bien avouer que la coupe militaire avait un côté bien pratique niveau entretien...
Et puis cette con de mèche blanche super visible alors qu'il est pas vieux... C'était quasi invisible, avant. Là, il a l'impression que c'est encore plus remarquable que son œil manquant. Un peu trop plongé dans une remise en question très existentielle sur ses cheveux, Lys en sort finalement pour parler à Alice quand l'odeur du café vient lui chatouiller le nez.
- Tu vas te diriger vers où, après ?
| ❦ Feuille de châtaignier Lysandre | |
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Sa question lui avait arraché un éclat de rire éraillé par l'engourdissement du repos. L'eau se teinta d'encre, moussant légèrement avant que la surface ne s'en aplanisse, parfait miroir.
- J'ai du mal à accorder ma confiance aussi aisément que certains, c'est tout, admit-elle doucement en tendant sa tasse au brun avec un sourire d'excuse.
Ils abordèrent leur séparation et sa proposition embarrassa Alice. Une part d'elle-même, bien cachée au fond, avait envie d'accepter, de montrer sa faiblesse, son besoin de contact humain. Mais l'autre, celle qui tenait les rênes, refusa poliment :
- C'est gentil, mais j'ai aussi de quoi faire et je ne veux pas te retenir inutilement. D'ailleurs, enchaîna la rousse en levant son index, si tu cherches un groupement de personnes, j'ai rencontré une jeune femme qui bâtit un camp et espère obtenir de l'aide et des invité. Permanents, les invités. Tu devrais peut-être aller à sa rencontre ? Elle se nomme Akara, tu la trouveras...
La jeune femme tira le carnet de son sac et ouvrit une page avec un semblant de carte et des annotations sur l'endroit où elle s'était reposée après la visite annulée du navire échoué. Elle posa l'index sur un endroit de sa carte et expliqua :
- Par ici, à environ quatre jours de marche rapide sans trop de pauses. Cinq, si tu remontes par les plages. Mais ce sera moins fatigant que de couper à travers la jungle bleue. Si tu t'y rends, salue-la pour moi.
Elle prit une gorgée de succédané de café et entreprit enfin de lui répondre, hésitant sur la façon d'annoncer sa décision.
- T'inquiètes pas, je suis plus solide qu'il n'y parait. Je vais retourner à ma ruche, l'aménager en refuge pour ceux qui en auront besoin et vérifier l'état des capsules restantes. J'y laisserais de quoi orienter ceux qui tomberaient dessus. Une carte, quelques ressources, des informations sur les animaux et les plantes, surtout les médicinales. Ensuite, je remonterais vers la jungle bleue et je rejoindrais sûrement un groupe à mon tour. J'ai l'impression que c'est dans cette partie du continent qu'il y a le plus de monde.
Comme elle le voyait galérer avec ses cheveux, elle se leva et alla s'accroupir derrière lui.
- Ne bouge pas, je vais t'aider.
Avec les gestes de l'habitude, alliant assurance et douceur, elle démêla la masse brune en moins de deux.
- La prochaine fois qu'on se voit, je te montre comment faire un super shampoing. En attendant, tu peux les frotter avec de l'eau et de la cendre ça marche pas mal et c'est facile à trouver.
Alice tapota sa tête et observa Géraldine qui mâchait en fixant son père adoptif.
- Tu crois qu'elle te fera la fête la prochaine fois qu'on se verra ? Ce serait drôle, ajouta-t-elle avec un sourire moqueur.
Ils achevèrent leur café et la rousse accompagna Lysandre sur le pallier de l'église, découvrant un spectacle pour le moins hors du commun. Le bâtiment se trouvait sur une colline et l'averse qui avait duré toute la nuit l'avait transformé en île. Ce ne devait pas être bien profond, mais tout de même embêtant pour progresser sur de longues distances. Les nuages, paresseux, se reflétaient sur le lac improvisé.
- Comme si on marchait dans le ciel...
| ❦ Feuille de Houx Alice | |
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Lys note l'indication d'Alice pour aller au camp de cette fameuse Akara, et la remercie avant de ranger son propre carnet. Les zones en communs sur leurs deux cartes se ressemblent plus ou moins, c'est qu'ils ne doivent pas se tromper quand ils essaient de la dresser. Il y sera assez vite, ce qui sera pas plus mal pour peut-être avoir un peu plus de repos. Peut-être qu'il devrait réellement songer à voyager au moins en duo pour pouvoir dormir plus sereinement.
- Ça marche, je la saluerai. Merci.
Il l'écoute exposer son plan et hoche la tête. Il l'approuve totalement et peut-être qu'il aurait fait la même si sa propre ruche n'était pas aussi dangereuse. Peut-être qu'un ou deux malheureux avait été réveillés au mauvais moment et avaient fini noyés avant même de comprendre ce qu'il se passait. Mais puisqu'il n'avait aucun moyen de prévenir ça pour les prochains, il avait simplement décidé de faire au mieux pour ne pas y penser.
Quand Alice approche pour aider Lysandre avec ses cheveux, celui-ci ouvre d'abord la bouche pour râler avant de la refermer et plutôt choisir de se taire. Il hoche simplement la tête à la mention du shampoing -quel luxe, il donnerait beaucoup de chose pour un bon bain, là- et sourit.
- Ça, je retiens. T'as pas intérêt à oublier.
Il hausse un sourcil presque courroucé à la blague sur Géraldine puis hausse les épaules en lui donnant finalement un demi-sourire.
- Tant qu'elle saute pas comme le font les chiens, ça devrait aller. Mais je sais pas si ces bestioles là ont une grande capacité niveau mémoire... Elle va p't'être m'oublier et tu s'ras sa seule et unique maîtresse, du coup.
Il boit ensuite calmement son café, avant de se relever pour préparer son départ. Il observe les environs, constatant les effets violents de la pluie de la nuit. La plaine s'est changée en plein de petites îles, dont une avec l'église. Il cherche déjà des yeux le chemin le plus pratique à emprunter pour se diriger vers le camp indiqué par Alice, avant de l'entendre rêver tout haut. Il tourne la tête vers elle, curieux.
La voilà qui se sent poétesse.
C'est un peu mignon, mais lui a du mal à ce moment là à profiter de la vue. Son côté pratique lui indique surtout qu'il va en chier pour passer toute cette eau et pour laver ses vêtements de toute la boue qu'il va accumuler d'ici là.
Enfin bon, il ne lui brise pas ce moment, parce qu'un peu de joyeuseté fait toujours plaisir dans un monde comme ça. Il hoche la tête et regarde le soleil pour se faire une idée de l'heure.
- Eh bien Alice, je te dis au revoir. On se reverra, j'en doute pas. Si le camp de... je sais plus qui que tu m'as indiqué est si bien que ça, tu devrais y retourner quand t'auras fini avec ta ruche. Peut-être que je traînerais par là-bas. Je préfère les arbres aux plaines.
Il lui sourit, puis lui fait un signe avant de s'éloigner. Il ne se retourne pas, se remettant très vite dans l'ambiance à laquelle il s'est habitué pendant tout ce temps en solo. Ne jamais trop penser, tant qu'il n'est pas sûr d'être hors de danger. Qui sait ce que la pluie a pu apporter comme bestioles dangereuses, hein ?
Retour à la jungle pour lui.
Ce qui était autrefois un traumatisme avec son expérience désastreuse de la survie est désormais presque réconfortant puisqu'il lui semble bien mieux gérer le terrain.
Alice avait été une très bonne rencontre, même si leur façon de voir les choses est largement différente. Lys, fidèle à lui-même, préfère se dire qu'elle manque juste d'expérience plutôt que de remettre en doute son propre avis.
Mais bon, il les aime quand même, cette jolie rousse et son nouvel animal de compagnie.
| ❦ Feuille de châtaignier Lysandre | |
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