Soif.
Il avait putain de soif. Tout ça parce que cette con de gourde s'était ouverte alors qu'il marchait. Quel idiot il faisait, à pas avoir vérifié vingt fois avant de l'accrocher à son sac. Oh il n'était pas aux portes de la mort, loin de là, mais pour marcher dans un endroit comme ça... Tss.
Il fallait qu'il se pose, et vite, pour s'occuper de filtrer un peu de cette eau autour de lui. La boire comme ça le rendrait clairement malade. Mais pour ça, il voulait un coin à l'ombre et il avait repéré au loin quelque chose qui avait clairement titillé son intérêt. Une église. Là, au loin. Il en était sûr. C'était clairement un clocher, en étonnamment bon état.

Là-bas, il aurait du frais et peut-être même -soyons fous- une source, creusée là pour amener de l'eau au village qui devait autrefois entourer le lieu. Alors il marchait, bouche pâteuse. Il avait finit par changer de haut en changeant de climat par rapport à la forêt aux champis géants, troquant sa combinaison de cryonie pour un t-shirt et un pantalon léger. Il se sentait bien plus à l'aise, même s'il faudrait qu'il songe à réellement se poser pour s'occuper de laver tout ça, d'entretenir ses affaires, etc. Monter un petit camp temporaire, en fait. Il ne s'installait jamais bien longtemps, de peur de finir par attirer des prédateurs ou des humains en quête de pillage.
Une main en visière au dessus des yeux car le soleil brillait sur lui, il fronçait les sourcils alors qu'il approchait. Il était sûr de voir une silhouette bouger. En marchant encore un peu, il en eu confirmation. Une autre âme était là, à s'agiter sans sembler avoir remarquer sa présence. Une femme, à priori ?

Heh. Lui qui était en mal de relations sociales quelques jours plus tôt, le voilà qui croisait deux personnes en relativement peu de tôt. Voilà qui tranchait avec son habituelle vie en solitaire. L'endroit où ils étaient était dégagé, contrairement à la jungle aux champis, et Lysandre se sentait bien plus à l'aise ici pour approcher un inconnu. On le verrait arriver de loin aussi et deviner les premières intentions serait plus facile : si elle fuyait, il n'insisterait pas. Si elle restait, peut-être était-ce l'occasion de parler, d'apprendre l'un de l'autre, et pourquoi pas de s'entraider. Il aurait bien besoin d'un sommeil réparateur, avec quelqu'un prêt à monter la garde. En lui rendant évidemment la pareille.

La silhouette finit par entrer dans l'église et Lysandre approcha donc, curieux. Avait-elle fait son camp ici ? C'était à la fois une bonne idée pour le lieu qui était à la fois frais, bien protégé et qui protégeait du vent, et à la fois une idée dangereuse. Combien de temps avant que tout ça ne s'écroule ? Sans parler du fait qu'il était facile à voir, et donc constituait sûrement un lieu de passage. Encore plus pour les gens qui pouvaient croire en un foutu dieu dans un monde pareil.
Lysandre atteint finalement le bâtiment, jaugeant rapidement son état comme si cela pouvait lui donner une idée du temps qu'il avait passé en cryonie. Toujours aucune idée. Il soupira finalement puis s'arrêtait à l'entrée, bloquant la sortie certes, mais sans entrer pour autant. Là... il l'entendit parler. En français. Elle avait un allié ?
Non. Il plissait les yeux alors que ses yeux s'habituait à l'obscurité à l'intérieur du lieu. Une statue, une sorte d'ange.

Une croyante ? Peut-être. Francophone, surtout. Ils pourraient se comprendre facilement. Sauf si elle avait vrillé dans ce chaos et qu'elle pensait parler à une vraie personne en observant cette statue. Lysandre la fixait, un peu incrédule. Est-ce qu'il parlait aux choses, lui ? Peut-être bien qu'il lui était arrivé de parler tout seul, en tout cas. Ce n'était pas dans ses habitudes mais la solitude ne pouvait que l'avoir changé.
Tant pis.

- Hey.

Fallait bien qu'il parle. Tant pis s'il lui faisait peur.

- J'te veux rien ok ? Juste, j'ai soif, et j'ai besoin d'me poser.

Sortit-il, dans la même langue qu'elle. Il avait le visage fatigué, sans sembler à bout de force. Quelques cernes donc, autour de son œil valide, et de la boue séchée un peu partout à force de patauger. Elle portait sa tenue de cryonie, remarquait-il maintenant que sa vision s'était adaptée.

- Pourquoi tu parlais à ça ?

Dit-il en désignant la statue du menton, la voix un peu méfiante. Si elle se montrait louche, il préférait rester loin d'elle, tant pis pour son repos.

- C'est ton pote ?

Oh wow, un coup de pelle. S'il pouvait éviter de se le prendre, ça lui allait bien ; pas qu'il craigne particulièrement la douleur, mais un truc pareil ça pouvait tuer, bien visé. Il hausse un sourcil et recule d'un pas en secouant un peu les mains. Doucement. C'était elle qui le prenait de haut parce qu'il osait lui demander pourquoi elle parlait à une statue ? Pauvre fille, déjà à moitié cinglée.

- J'ai pas dit qu't'étais une simplette. J'évalue ton état mental. Me crois pas si tu veux mais y'en a deux trois qu'ont vrillé, hein. Et salement.

Enfin, elle desserra ses mains de la pelle et Lysandre sentit ses épaules se détendre. Il avait certainement l'avantage en terme de carrure, aucun doute sur ça, mais il préférait éviter de devoir s'en prendre aux gens tant que possible. Juste comme défense, il se l'était promis. Il humidifiait un peu ses lèvres trop sèches, bouche pâteuse. Un rire jaune échappa ses lèvres à ses « conditions ».

- Essaie-donc.

Ça pouvait presque sonner comme une menace, pourtant il n'en était rien. Il n'avait jamais été doué avec la parole et les mots à choisir. Il parlait comme ça venait, point. Et c'était largement pire depuis qu'il était sorti de sa ruche. S'il perdait la parole, ça ne le dérangerait même pas tant que ça. Il gardait ses mains baissées pour qu'elle ne croit pas qu'il s'apprêtait à la frapper ou autre connerie du genre et fit un pas dans l'église. Il faisait meilleur ici, c'était flagrant. Largement moins humide. C'était bien plus supportable et un soupir de soulagement lui vint.
Il fut surpris de la voir s'asseoir, baissant visiblement sa garde. Hm, ok. Il l'imita donc, venant s'installer au sol non loin d'elle, jambes croisées. Avant de répondre à sa question, il attrapa la gourde avec un vague « merci » marmonné, trop impatient. Là, il bu mais s'arrêta avant de tout vider. Il n'allait pas faire le chien et tout lui vider. Il soupira d'aise et lui rendit l'objet.

- Merci. Vraiment.

Il s'essuya la bouche du revers de la main et répondit enfin.

- J'sais pas depuis combien de temps mais ça fait un bail. J'ai pas trop compté et j'sais pas comment s'passent les saisons ici. Ca fait... j'sais pas, deux ans ? P'têtre plus.

Très franchement, Lysandre ne voyait pas trop l'intérêt de tenir un carnet, un compte du temps, ou quoi que ce soit. Il préférait plutôt noter les spécificités des lieux selon la météo, le temps, marquer ses impressions. Les trucs utiles, quoi.

- Jamais testé l'ignatruc. J'dis pas non.

Il rapprocha son sac en le tirant à lui et l'ouvrit pour en sortir du poisson séché, assez pour deux.

- On partage ?

Lys lui devait au moins ça. Son expression restait neutre, mais il était juste comme ça. Au fond, il était content de voir un autre humain. Plutôt mignonne en plus, même si c'était pas un sujet qui l'avait vraiment intéressé un jour dans sa vie.

- J'm'appelle Lysandre. Toi ?

Ce n'était pas un secret. Après tout, il avait laissé son nom marqué en gros sur sa capsule quand il était parti de sa ruche, au cas où quelqu'un veuille retrouver un autre survivant.

- J'crois ? P't'être plus.

Peut-être trois ans, qui sait si la durée des saisons avait pas été niquée aussi, hein ? Son regard se posait sur la nourriture en pleine cuisson alors qu'ils discutent, notant l'aspect des plantes pour pouvoir en trouver plus tard. Ca devait pousser sous terre, vu l'aspect un peu patate. La question d'Alice le fit réfléchir, tournant son œil valide sur elle.

- L'plus étonné ? Les plantes, les bestioles. T'as vu comme ça a évolué ? On est resté endormi combien d'siècles pour que ça ait l'temps d'évoluer comme ça ? Y'a plein d'trucs qui sont devenus carrément plus grands, y compris les animaux. Sauf qu'entre temps, les animaux, ils ont perdu cette peur de l'humain qu'ils avaient avant. Fais gaffe à toi.

Le poisson séché sorti et les présentations faites, Alice s'occupa du légume qui avait apparemment fini de cuire. Lysandre l'observait faire, peu familier avec la nourriture et la cuisine. Il avait appris les bases, mais ça n'avait jamais été son truc. Apprendre en observant lui semblait une bonne idée, histoire de pouvoir varier un peu plus les goûts.

- Tant que ça nourrit bien, ça me va.

Il se forçait alors à lui faire un sourire pour montrer que ce n'était pas une critique, juste... une vérité. Il préférait largement un plat pas très bon ni beau mais qui nourrit que quelque chose d'agréable qui ne tient l'estomac que deux pauvres heures. Alice mentionnait le topinambour, qu'il connaissait un peu plus pour le coup que l'ignatruc. Il n'était pas trop capable de penser au goût que ça avait puisqu'il en avait surtout consommé mélangé à pas mal de trucs, mais peu importe.

Se saisissant de la gamelle, il sorti alors son couteau suisse. Pas celui fournit dans le kit et que tout le monde devait avoir, non. Le sien, à lui, avec vraiment pas mal d'outils et surtout une qualité formidable. Il en avait toujours pris soin et seul le manche montrait de l'usure, le bois étant creusé et lisse à force d'être utilisé. De là, il sortit une sorte de mini-fourchette, juste ce qu'il fallait pour attraper un morceau sans se brûler les doigts, et porta une tranche du légume à sa bouche pour goûter. Il sourit, peut-être un peu plus emballé qu'il ne le pensait à ce goût nouveau et franchement agréable à son palais. Et puis la texture était sympa. Un peu plus cuit, il imaginait facilement ça dans une sorte de ragoût.

- C'est déjà bon, tout seul.

Et puis il fit comme elle le disait, s'amusant de la voir aussi heureuse. Il attrapa un bout de poisson séché pour manger avec un nouveau morceau du légume, hochant la tête alors qu'il mâchait. Le côté salé du poisson était au top, le combo marchait effectivement très bien !

- Un parmentier ?

Il lâcha un petit rire.

- Pars pas sur des recettes trop compliquées Alice. C'est un autre de mes conseils : le confort, ça viendra après la survie. Si tu comptes pas trop bouger, trouve un moyen de chopper de l'eau douce pour que ça soit plus un problème et trouve comment dormir bien et te remplir le ventre. Tout le reste, c'est après.

Il sortit le carnet qu'il avait reçu dans le kit, prêt à lui montrer quelques notes. Il écrivait et dessinait mal, mais il s'était appliqué pour justement pouvoir le montrer à d'autres personnes. Et puis s'il venait à mourir, quelqu'un pouvait trouver ça et peut-être sauverait-il ainsi une autre vie.

- Si ces trucs poussent aussi bien que des patates, c'est une sacrée source de nourriture et-...

Il se tut, tendant l'oreille. Un bruit se faisait entendre hors de l'église, comme des pas irréguliers. Deux personnes, dont une qui devait marcher de travers... Pas bon ça. Une personne seule a souvent besoin d'aide ou est prête à coopérer. A deux, on peut se croire invincible et vouloir piller les autres. Alors il se redressait lentement en évitant de faire du bruit, portant la main sur sa machette, en fixant l'entrée.

Et puis il vit enfin les coupables. Ou plutôt le coupable. Une sorte de lama pointa le museau devant l'église, se figeant aussitôt en voyant ces animaux étranges à deux pattes. L'une de ses pattes arrières restait légèrement levée, une blessure visiblement douloureuse et récente saignant sur le haut de sa cuisse. Ce truc avait été attaqué par un prédateur.

- Mh, Alice ? Ca te dit de la viande au menu ce soir ?

Il fallait profiter de chaque opportunité.

Un parmentier, rien de compliqué. Sans doute. Sûrement. La cuisine, c'était pas son truc à lui, t'façon. Il restait sur des plats plus simples que simples : poisson grillé, légumes grillés... beaucoup de grillé au feu, en fait. Parfois ça lui arrivait d'y mettre un peu plus d'effort, mais c'était rare. Il nota les informations partagées par Alice avant que le bruit de pas ne les interrompe. Sur la défensive, il avait attrapé sa machette et s'était levé avant de se détendre en voyant l'animal blessé.
Déjà prêt à approcher l'espèce de lama, il manqua de sursauter à la réaction d'Alice et il tourna vers elle des yeux -un oeil- rond. Hein ?

- Quoi ? T'es sérieuse ?

Malgré le débat qui s'annonçait, il chuchotait aussi. Il ne comptait pas faire fuir leur proie en faisant trop de bruits. Quoi, sérieusement, elle comptait en faire quoi de ce truc ? A peine rétabli qu'il se barrerait rejoindre son troupeau ! Et puis il avait besoin de protéines lui, déjà que sa force physique avait un peu réduit depuis sa cryonie à cause de la nourriture pas toujours adaptée. Ce truc était un steak sur pattes, rien de plus !

Il grimaça à sa demande, sans aucune gêne pour montrer qu'il n'approuvait franchement pas l'idée. Mais, malgré lui, il finit par ranger la machette dans son étui avant de croiser les bras.

- Ca va, j'suis pas un monstre. Va pas pleurer.

Trop violent peut-être. Tant pis. Il était frustré et agacé, avec une tendance à immédiatement penser qu'Alice ne supportait juste pas l'idée de tuer un être vivant avec l'hypocrisie de manger le poisson qu'il lui avait partagé.

- Mais t'comptes en faire quoi ? Ces trucs là ça vit pas en troupeau ? Il se cassera une fois rétabli, t't'en rends compte ? Et toi t'auras juste gaspillé du temps et de l'énergie alors que tu pourrais l'utiliser pour te faire de sacrées réserves de protéines.

Il approcha de la créature en évitant d'être brusque. Il voulait voir la blessure de plus près. Avec un peu de chance, ça serait finalement trop profond et... Oh ! Quel dommage, aucune chance de survie pour la bestiole, autant la passer en beefsteak ! Mais non, évidemment que c'était assez superficiel. Ca aurait été trop beau. Pourquoi ce genre de chance ne pouvait pas débarquer lorsqu'il était seul et donc maître de toutes les décisions hein ?

- J'te préviens, s'il commence à vouloir se barrer, il est mort.

L'animal tendit le cou, plus curieux qu'autre chose de ces créatures bipèdes et sans poil (sauf la touffe sur la tête). Au moins, ils pouvaient l'approcher sans soucis. Lysandre soupira un peu et posa sa main sur l'encolure du lama pour le caresser un peu et le rassurer. La sensation était sûrement nouvelle pour l'animal vu qu'il recula d'un pas, perturbé.

- Quoi, j'pue ?

Tsss.
Ok, il n'était pas le mec le plus friand des animaux, mais là...
Sérieusement, en pleine survie, avec une obligation de trouver des sources de nourriture, il allait devoir jouer les nounous pour lama. Ses supérieurs à l'armée se seraient sûrement foutus de sa gueule.

- Eh Alice, t'as d'quoi faire au moins ? Déjà faudra clairement finir sur un truc genre attelle, parce qu'il comprendra pas si on lui dit d'pas bouger. Mais l'urgence là c'est de désinfecter ça. Et autant j'connais des plantes qui aident, autant j'en ai vu aucune. On est clairement pas dans c'qu'était l'Europe.

Au moins, il avait quitté son ton agacé pour juste... constater. Maintenant qu'il était convenu de le soigner... après tout rien n'empêchait de le tuer plus tard, avant qu'il fuie.

- C'est dingue que tu partes du principe qu'un truc qu'a pas connu l'humain depuis je sais pas combien de temps va être aussi docile qu'un agneau. La domestication ça s'est pas fait en un jour.

Il hausse les épaules. Au moins plusieurs siècles sont passés vu les différences dans l'environnement et l'état des constructions humaines. Tous les animaux sont forcément revenus à l'état sauvage et en domestiquer réellement un résulterait du miracle, selon lui. Oh, il doit bien y avoir quelques personnes avec des bestioles, mais ça doit surtout dans une optique de partage. Là, le lama gagnerait certes à manger mais... laisser ses congénères ? Lys imagine franchement mal une bestiole proche du comportement des moutons avoir un instinct aussi fragile que ça, à laisser un groupe pour quelques feuilles.
Mais bon, Alice ne changera visiblement pas de position. Elle veut sa bestiole, quoiqu'il en pense. Plutôt que de lancer une guerre, il préfère simplement hausser une épaule à sa remarque sur l'odeur. Elle comptait conserver la carcasse au milieu de son camp, si elle était obligée d'abattre l'animal ? Tsss. Il ne manque pas une remarque sur le fait que le lama allait sûrement s'enfuir plus tard, et il tourne la tête vers elle avec un regard noir à la réponse de la rousse.

- Évidemment qu'elle ne va pas partir dans l'immédiat, tu as vu sa patte ?

Elle le prend clairement pour un con.
Et en plus elle se fout de sa gueule en imaginant qu'il s'offusquerait que l'animal lui crache dessus. Vu l'état de ses vêtements, il n'est plus à ça prêt. Il prend sur lui pour éviter de répondre quelque chose. Il se connaît par cœur à ce niveau là ; quand il est agacé, il peut sortir des trucs stupides et faux qui le feraient, pour le coup, vraiment passer pour un con.

Il se calme en soufflant puis vient observer l'état de l'animal. Son passé militaire l'aide à reprendre vite son sang froid et il laisse rapidement de côté son agacement pour se concentrer sur l'idée de soigner la bestiole. C'est là qu'Alice approche, avec sa mixture que le brun observe avec intérêt. Pour le coup, il est curieux d'apprendre de petites choses bien utiles à la survie ; c'est d'ailleurs sur ça qu'il devrait se concentrer plutôt que sur cette fille qui lui tape sur les nerfs.
Lys l'écoute et hausse un sourcil un poil méfiant à l'idée de se faire envoyer en mission conifère. Elle veut l'éloigner tiens, à coup sûr. Mais au final l'idée lui va ; à la fois le coup des torches est bien vu, à la fois ça lui permettra de souffler et de la laisser tranquille dans son petit monde Disney plein de gentils animaux.

- Ça marche. Par contre j'ai pas de récipient bien adapté pour ça.

Dit-il alors qu'il retournait dans le petit camp improvisé pour s'accroupir et voir ce qui pouvait en faire office. Une sorte de casserole peut-être. Tant pis si Alice râlait, lui n'avait pas grand chose dans ses affaires puisqu'il préférait ne voyager qu'avec le nécessaire et avait laissé le reste à une ruche, des fois que ça soit utile à un autre. Peut-être qu'il pouvait emprunter le truc dans lequel elle avait fait cuire son espèce de topinambour.
C'est alors qu'un bruit lui fit relever le nez, venant du toit et de l'extérieur.

Attend, il pleut ?
Il tourne la tête vers l'extérieur.

- C'est une grosse blague.

Grogne-t-il en se redressant. Il jette un œil à la statue et se demande un court instant s'il y a pas un truc là-haut finalement, qui a décidé de pourrir sa journée parce qu'il a osé critiquer l'envie d'Alice de parler à une bête statue. En passant sa main sur son front, il soupire et regarde Alice.

- Alors, vu que tu vas possiblement gagner une bête de somme dans tout ça, je veux savoir ce que je gagne si je me rend malade à aller chercher ça sous la pluie. Me dit pas « un abri et à manger », ça ça fait un moment que je me débrouille.

En réalité il s'en moque, il n'a pas besoin de plus que ce qu'il a. C'est plutôt que, s'il voulait bien se montrer sympa, il ne voulait pas non plus se décarcasser pour le petit duo face à lui alors qu'il n'avait pas d'atome crochu avec Alice.
D'ailleurs, il était déjà en train d'ouvrir son sac pour sortir l'imperméable qu'il y avait dans les affaires qu'il avait trouvées à son réveil. Histoire de montrer sa bonne volonté malgré tout.

Caractère de cochon, ok. Mais il n'était pas non plus un connard et il avait accepté d'aider, à la base.