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Palace des crabes
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Le garçon était pensif. Il faisait glisser la culasse de son arme machinalement dans ses mains, les yeux rivés dans le champ du voisin, au-delà des barrières en bois branlantes, le jeune homme observait les hautes herbes se balancer au grès du vent.
Le service militaire avait redoré son image depuis les récents conflits de l’époque. Les jeunes polonais masculins étaient fortement invités à servir la mort et les desseins de leurs supérieurs dans l’attente d’une guerre latente.
Rorke nettoyait avec précaution son arme, le cul posé sur une souche moisie. Le garçon pensait à son paternel, les bras tendus pour retenir un cheval en proie à une panique passagère. Rorke rêvait d’être aux côtés de son pater, les pieds dans la boue, les mains pleines de cornes à serrer un harnais en cuir lassé par le temps.

Quel doux souvenir.
_______


« Des chevaux ? Tu travaillais avec des chevaux avant ? »

Denzel hocha silencieusement la tête de haut en bas. Il regardait son bandage de fortune se faire défaire par sa nouvelle amie. Elle maîtrisait son affaire et Denzel choisit de souffler un bon coup et de faire confiance à sa bienfaitrice. S’en remettre à quelqu’un depuis autant de temps passé seul avait un côté libérateur. Denzel pouvait enfin souffler et respirer pleinement. Il se sentait aider et protégé. Il se sentait moins seul, il retrouvait sa part humaine et dépendante de quelqu’un d’autre. Sa solitude était enfin brisée.

- Il faut absolument que tu ne mouilles pas ta main, pour que ça cicatrise. »

Kowalski avait appris à ses dépens les dégâts de l’humidité sur sa blessure. Mais entendre ces conseils de la bouche d’une inconnue lui fit l’effet d’une révélation. Comme si quelqu’un venait de lui apporter une vérité déjà connue, mais bafouée et ignorer par intérêt de la survie.

C’était comme si après tant de temps à outre-passer les limites de son corps Kowalski réalisait à quel point il était à la limite de croiser la mort. Ses blessures ne guérissaient plus, son corps s’amaigrissait au fil du temps. Ses cheveux longs et gras devaient héberger une joyeuse colonie d’acariens voraces. Sa mémoire lui faisait défaut, sa fatigue ne disparaissait jamais. Le stress, la douleur, l’angoisse d’être seul, avaient bâtit dans son regard un soupçon de folie.

Rorke avait écouté cette histoire de capsule. La fin du monde visiblement. Quel monde de merde, quelle société à gerber. Même disparaître, accepter son extinction, l’être humain n’en était pas capable. Le polonais se projeta dans le récit de Junko. Il s’imaginait tel quel dans le monde qu’elle décrivait. Un monde aux ressources disparues. Une terre polluée, désertée par la vie sauvage. Il fût étonné de pas apprendre que le monde avait basculé dans une énième guerre qui aurai finalement eu raison de notre civilisation.

Une douleur vive dans sa main le ramena à la raison. La jeune femme triturait sa plaie avec attention. Du charbon ? Rorke n’y aurait jamais pensé.
Une sueur froide dans le dos, un léger étourdissement. Le polonais cacha son soudain malaise en baissant la tête, essayant de caller sa respiration sur les battements incohérents de son cœur. La confiance qu’il avait accordé à Junko avait trahit un léger relâchement de la part de son corps. Il devait se reprendre, ne pas être un boulet.

_______
Année 2036 :

Il finit d’une traite son verre. Le pub était sens dessus dessous. Noyer ses angoisses dans le bourbon était une habitude pour ce Rorke mal famé de l’époque. La clientèle était soit avachit sur les tables, soit les soulards essayaient d’avoir un semblant de conversation entre deux pas de réajustement de l’équilibre. C’était d’un ridicule. Le polonais estimait qu’il avait bien plus de charisme et de tenue que ces poivrots mals fagotés.

Pourtant, point de vue du barman, Rorke vacillait entre les tables tel un oiseau volant d’une aile brisée. Cette idée de bonne tenue n’était que fable rassurante pour le polonais entiché aux spiritueux.
Dehors, le clapot d’une pluie d’été berçait l’aigreur du Polonais titubant. Il ajusta son anorak, bacula son capuchon sur sa tête et s’enfonça dans la noirceur d’une énième nuit d’alcoolémie mélancolique.
_______


Denzel récupéra ses esprits. La vue avait soudainement cessée de tournoyer, le monde reprit petit à petit sa place. Le sifflement assourdissant s’estompa, les picotements dans son épiderme réveilla son afflux sanguin. Il se souvenait, il voyait enfin quelques parcelles de son passé.

« Affligeant » souffla-t-il à lui-même.


Dehors le spectacle avait fait son office, Denzel avait saisit le danger, mais il n’y était pas préparé. Le temps de récupérer ses esprits et il se pencha pour analyser le matériel qu’il pouvait emporter.

Une sortie ? Rorke observait Junko, il était médusé. Il jeta un coup d’œil à l’extérieur. Rien n’était comme d’habitude, le ciel, le vent, l’orage. La meute d’une vingtaine de ces saloperies de fennecs moqueurs. Les crabes avaient l’air bien plus agités, le claquement de leurs énormes pinces fit grimacer le polonais en proie à l’abandon. Il se tourna vers sa guérisseuse. Elle était déjà prête...

Le regard vide et en l’espace de quelques secondes il réalisa que tout ce qu’il avait entreprit, réparé, arrangé, fabriqué, tout allait probablement disparaître dans cet ultime combat. Son abri mal foutu, sa canne à pêche, ses pièges, sa marmite rafistolée. Les tissus rabibochés entre eux, son lit de fortune. Tout allait être happé avec ce déchainement sauvage. Il fit un tour sur lui-même, prit de panique, prit d’une angoisse insoutenable, un souvenir retrouvé, il crevait d’envie de s’enfiler une bouteille de ce bourbon poussiéreux.

« Kurwà lets’eu go » se répétait-il dans sa barbe pour se donner du courage. Il bascula son sac troué sur le sol, ouvrit en grand la poche principale et commença à y fourguer n’importe quoi. Une petite boîte en métal pleine d’on ne sait quoi, une cuillère en bois, une petite bâche en plastique, une gourde vide, une poêle tordue, un piège à rat, saisit maladroitement et qui se referma immédiatement sur ses doigts. Il étouffa un cri de surprise et secoua sa main pour se débarrasser du piège en question « Hopa.. »

dépêche toi…

Rorke bascula son sac sur le dos, le visage encore choqué de devoir abandonner son chez-soi à ces saletés de Dupkis. Il s’accroupit machinalement, récupéra sa machette émoussée et s’en remit à son invitée, bien plus organisée et calme qu’il ne l’était.

La foudre s’écrasa non loin, l’explosion souleva le cœur du polonais, mais déjà Junko se jeta en dehors de l’abris. Denzel lui emboîta immédiatement le pas.
Dehors c’était une approche tactique meurtrière. Un de ces fennecs était parvenu à faire basculer un crabe sur le dos, le canidé plongea ses crocs dans le ventre à découvert du crustacé géant. La meute quant à elle continuait de tournoyer autour de cet amas d’arthropodes indigents. Denzel, après quelques coups d’œil par-dessus son épaule, racolait la dizaine de mètre qu’il avait laissé se creuser entre lui et Junko. Ils quittaient la plage.




Kowalski bascula dans le sable. Le souffle coupé. La vision de Junko disparue. Le polonais roula sur le dos, tendit son bras pour récupérer la machette subitement lâchée. La gueule béante d’une de ces merdes de fennecs surgit alors à la face du blessé. Ce dernier s’était fait lâchement plaquer sur le côté, un coup de gueule dans les cottes avait suffit à faire vaciller le polonais pourtant pas si gringalet que ça. Il coinça son avant-bras gauche entre les canines de l’animal en rage, tendit à nouveau son bras pour chatouiller l’extrémité de sa machette, cherchant du regard son arme, il aperçut une autre de ces bêtes se ruer sur les pas de sa sauveuse.

Il voulut crier, prévenir Junko, mais son chasseur enserra sa prise, perçant généreusement son avant-bras. Rorke hurla de douleur, puis, comme animé par l’énergie du désespoir se mit à frapper de sa main libre le museau de l’animal. Le Polonais y mettait toute sa force, toute son énergie, tous ses souvenirs. Le fennec se pliait légèrement sous chacun de ces coups, mais l’animal enragé ne lâchait pas sa prise, Dupki essayait même de mener le bras du Polonais pour lui asséner comme aux petites proies un fatal coup du lapin. L’avant-bras du survivant n’avait que faire des tressautements du fennec. Poussé par la colère Rorke renversa la prise, se tenant désormais debout, le Dupki drôlement suspendu à l’avant-bras ensanglanté de l’homme. Ce dernier, dans un accès de colère démesuré se mit à soulever l’animal accroché à ses nouvelles plaies, le fracassant violement contre le sol, à chaque élan les crocs glissaient vers une nouvelle prise dans les chaires de Denzel, mais ce dernier ne faiblissait plus, la digue de la rage avait cédé.

Quand le fennec lâcha enfin sa prise au bout du troisième fracas, il s’étala de tout son long dans le sable maculé de sang. Son museau était tordu, les nerfs avaient été touchés et ses pattes gesticulaient sans que l’animal ne commande quoique ce soit. Rorke, l’avant-bras troué de part et d’autre, se pencha sans lâcher du regard l’animal blessé. Il ramassa sa machette et fracassa le crâne de l’animal d’un seul coup du dos de son arme.


Te souviens tu de l’homme dans le bunker ? Son crâne ? Son sang. Elle t’a vu. Meurtrier.


Une danse macabre se dessinait tout autour de l’abris. Le survivant observait de loin l’endroit qu’il avait côtoyé pendant des mois se faire envahir par cette foule sauvage. Rorke passa sa machette à sa ceinture, il comprima ensuite sa blessure de sa main valide. Son bras gauche, avec sa blessure à la main, n’allait visiblement pas se soigner sainement avant des lustres. Il saignait, bien que les crocs n’étaient pas énormes, ils avaient eu raison de sa chaire et Denzel devait comprimer la plaie de toutes ses forces pour ne pas se vider tel une bouteille percée.

Il quitta la plage des yeux, il observait la vaste étendue derrière lui. Une steppe proche des plages, quelques arbres à l’horizon. C’était par là qu’il avait vu le Dupki prendre en chasse Junko. Il reprit sa course, plus lente, à la recherche de la jeune femme ou d’une trace de combat.

Ils avaient déjà quitté le sable, les fourrées sèches proche de la plage crépitaient au grès du vent, les cailloux se dérobaient sous les pieds d’un Denzel à nouveau blessé et perdu. Voilà longtemps qu’il n’avait pas quitté cette étendue de sable. Derrière, le combat faisait sensation, les bêtes s’entre déchiraient, l’abris qui était celui du polonais n’était plus qu’une ruine mise sens dessus dessous, la nature avait repris ses droits sur cette sédentarisation humaine. Quelques Dupkis flairèrent néanmoins une piste chaude, un animal blessé s’était glissé dans le taillis derrière la plage. Trois de ces avortons quittèrent la meute et prirent en chasse cette discrète traînée de sang.

Kowalski cherchait désespérément sa comparse. Perdu et se sachant probablement prit en chasse il chevauchait maladroitement quelques hautes broussailles à la recherche d'indices, à la recherche de Junko.

Le temps pressait.

" Junko ? " soufflait il à chaque dizaine de pas hasardeux.
Denzel
≣ Labradorite des sables
Denzel
Denzel
Sam 22 Avr - 7:25
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La nature sera toujours plus forte que toi”, lui avait dit un jour son père. On pouvait domestiquer quelques animaux, mais rien ne garantirait jamais la fidélité de la faune du monde. Un animal blessé pouvait être dangereux. Un animal affamé pouvait être dangereux. Un animal protégeant ses petits pouvaient être dangereux. Un animal protégeant son territoire pouvait être dangereux. Les animaux étaient dangereux et il ne fallait pas les sous-estimer. Seul, leur échapper se révélait compliqué. C’était en partie pour ça que Junko se déplaçait toujours, pour éviter les trop territoriaux, pour ça aussi qu’elle dormait assez souvent dans les arbres et qu’elle ne dormait que d’un oeil. Tant qu’elle était seule, elle aurait toujours besoin d’être sur ses gardes. Surtout sans abri fixe. Toujours le sac et son arme à portée, son paquetage était d’ailleurs rangé de manière à ce qu’elle puisse atteindre les objets d’importance d’une main.

Denzel avait construit, à partir de ruines, un bel abri, mais malheureusement sans prendre en compte la défense que cela pouvait représenter en cas de besoin. Ici, ils étaient trop exposés. Elle ne savait pas pourquoi ses espèces de lycaons s’attaquaient maintenant aux crabes - peut-être une migration spontanée et donc une bonne source de nourriture pour eux ? Comme les orques qui attendaient les baleines et leurs petits sur leur chemin de migration ? - mais rester ici était bien trop risqué. Ils pourraient peut-être revenir, plus tard, mais dans l’idée, il fallait qu’ils s’éloignent rapidement, pour leur propre sécurité.

Et ça, Denzel n’y était pas préparé.

Elle était largement prête à partir, n’attendant que le moment opportun. Un œil sur “l’entrée”, un œil sur son compagnon d’infortune, qui remplissait un sac à la va-vite, et certainement d’objets bien trop inutiles. Elle ne pouvait guère lui en vouloir. Il s’était pensé en sûreté ici. En l’espace de quelques heures, il apprenait qu’il était plusieurs siècles de l’époque à laquelle il venait, qu’il devait survivre dans un nouveau monde, et maintenant qu’il devait laisser tout ce qu’il avait tenté de construire. Dans une telle situation, il semblait plutôt bien encaisser. Quand le danger serait passé, il faudrait qu’elle tente de l’aider un peu plus. Peut-être faire un bout de route avec lui, s’il voulait bouger comme elle, mais au moins s’assurer, s’il décidait de continuer un peu seul, qu’il soit paré à toutes éventualités. Actuellement, elle n’avait aucuns mots pour l’aider à appréhender ce qui allait se passer. C’était à elle de le guider.

Elle avait son couteau à sa taille. Son arbalète était chargée. Elle sortit quelques carreaux de plus, qu’elle passa à travers sa ceinture, et s’assura qu’elle pouvait plier la jambe sans être gênée. Les sangles de son sac étaient correctement resserrées. Elle attacha ses cheveux en arrière avec un bout de cordelette. Elle ferma lentement les yeux, inspira profondément, plusieurs fois. Denzel était prêt. Il suffisait de courir jusqu’aux steppes, au-dessus, puis de longer la forêt. Rien de bien compliqué. Rien d’infaisable.

Elle rouvrit les yeux, déterminée. Au même moment, un coup de tonnerre violent retentit. Le combat commença. Elle s’élança.

Elle était en très bonne forme physique, déjà avant sa cryonie. Mais les longues journées de marche après trois mois de réveil avaient un peu plus accentuées ses capacités et son endurance. Couplé à l’adrénaline, même le sable ne la ralentit pas. Elle contourna l’abri et remontait à vive allure la plage, en tout cas aussi vivement qu’elle le pouvait, totalement concentrée sur son objectif. Elle ne s’assura pas que Denzel l’a suivait, et ce fût son hurlement de douleur, derrière elle, qui lui fit prendre conscience de son erreur. Il n’était pas aussi en forme qu’elle. Et malgré les crabes, ils avaient été pris en chasse eux aussi. Elle voulut se retourner, aller l’aider, mais alors qu’elle tournait la tête, elle s'aperçut qu’on était sur ses traces. Denzel était à terre, c’est tout ce qu’elle pût voir. Le lycaon derrière elle était trop proche. Si elle s’arrêtait, il lui rentrerait dedans. Si elle tirait sans viser, elle allait perdre son carreau pour rien, pire, risquer de blesser l’autre homme. D’autres bestioles pouvaient s’intéresser à eux. Elle poussa un peu plus sur ses jambes, aidée désormais par le fait qu’ils étaient passés sur de la roche, accéléra encore sa course si possible. Et s’engouffra droit dans la forêt qu’elle voulait éviter.

Quelle vitesse pouvait atteindre un lycaon ? De mémoire, l’endurance à la course était une de leur qualité. Courir en ligne droite sur des steppes dégagées ferait d’elle une proie facile. Avec ses arbres, elle pourrait casser la vitesse du canidé. En espérant ne pas tomber sur plus gros en face d’elle. Son souffle commençait à lui manquer. Elle ne savait pas si Denzel avait pu s’en sortir. Elle tourna brutalement à droite, contournant un tronc, fit quelques mètres encore, changea une nouvelle fois de direction, entendit un léger gémissement et des bruits de feuilles piétinées alors que l’animal, sur ses talons, amorçait sa courbe… Elle se tourna sur elle-même dans un saut et tira.

Elle toucha sa cible mais vu sa vitesse, elle fût percuté quand même et tomba brutalement sur le dos, sur son sac, et le choc lui coupa le peu de souffle qui lui restait. Le lycaon passa par-dessus elle, mais il continuait de bouger, se releva même. Elle bascula sur le côté, s’accroupissant sur le sol boueux et dégaina son couteau. Elle avait lâchée sa précieuse arbalète lors de sa chute mais son instinct de survie prenait tout le dessus. Le Dupki ne revenait pas à la charge comme elle le pensait. Son projectile profondément enfoncé dans son corps, il lui faisait une sorte de gros dos, montrant ses crocs, mais clairement plus sur ses gardes. Pour la première fois de sa vie, imitant inconsciemment Denzel face à l’énorme fauve qui lui avait des jours tourné autour, elle hurla de rage, de colère, de frustration, peut-être de peur et de douleur mêlé, mais elle hurla en tout cas comme elle ne l’avait jamais fait, et se jeta en avant. La bête évita le couteau une première fois, mais se retrouva acculée contre un arbre dans le mouvement. Junko ne le manqua pas la seconde et il s’écroula, mort.

Elle resta quelques instants là, penchée sur son corps, essayant de reprendre son souffle autant que ses esprits. Elle prenait conscience du danger qui l’avait frôlé, mais le nom de Denzel lui revient vite à l’esprit. Elle arracha son carreau du cadavre, l’essuya sommairement sur sa jambe, comme son couteau, et revint ramasser son arbalète, et la charger à nouveau. Ses jambes commençaient à lui faire mal, sans parler du milieu de son dos, là où elle avait tapé de tout son poids sur son paquetage. Elle se remit en route, sans courir car elle n’en avait pas la force sur le coup, revenant au maximum sur ses pas.

- Denzel ??

La pluie et l’orage se déchaînaient, et c’était pire une fois sortie de l’abri relatif de la forêt. Elle était de toute façon déjà trempée, mais le vent, qui se mêlait au désastre en cours, ne l’aidait pas à entendre autre chose que les grondements du combat en contrebas de la plage. Elle aperçut enfin, soulagée, une silhouette non loin. Chancelante, courbée en deux, certes, mais bien vivante. Denzel était en vie !

Elle vient rapidement à sa rencontre. Il se tenait le bras, manifestement blessé, mais dans l’immédiat, il fallait qu’ils s’éloignent et vite. Avec tout ce sang, elle craignait que le grand félin des environs ne viennent réclamer des restes du festin, et les choisisse comme en-cas. Elle posa sa main sur son épaule droite, chercha ses yeux du regard, comme pour l’assurer silencieusement que tout allait aller, malgré tout, et le poussa légèrement devant elle, pour qu’il se remette en route. Cette fois, elle veilla à ne pas le laisser derrière. Elle le poussa avec le plus de douceur qu’elle en était capable, et malgré sa fatigue, recommença bien vite à trottiner, l’enjoignant à faire de même malgré tout.

- Je te soignerais dès qu’on sera à l’abri… Avance encore…

Elle n’était même pas certaine d’avoir assez de souffle ou de parler assez fort pour qu’il puisse l’entendre, peut-être qu’elle gaspillait juste son énergie pour rien, mais elle continua malgré tout, comme pour les encourager tous les deux à continuer encore. Haletante, désespérément consciente qu’ils étaient des proies faciles, elle finit par l’entraîner à nouveau sous le couvert de la forêt, pour les protéger un peu de la pluie, continuant de les éloigner de ce qu’elle espérait être les zones “territoriales” dangereuses. Elle n’arrivait plus à courir, et Denzel chancelait de plus en plus à ses côtés. Ils étaient encore trop proches du danger. Ils n’avaient plus la force d’avancer. Elle s’arrêta, se plia en deux comme si cela l’aidait à prendre une grosse gorgée d’air. Son coeur battait tellement fort qu’elle pouvait littéralement l’entendre. Elle fit basculer son sac à ses pieds, posa son arbalète à côté, et fit asseoir le polonais contre un arbre. Elle lui fit écarter légèrement la main pour voir les dégâts. Pas bon. Elle utilisa son couteau pour découper totalement sa manche, au niveau de l’épaule.

- Je te bande ça rapidement, il faut qu’on reparte. Il lui faudrait des points de suture, mais elle ne savait pas les faire, et elle n’avait de toute façon pas le matériel adéquat. Elle allait limiter son saignement, les éloigner et ensuite… On devra cautériser ça pour arrêter les plaies.

Elle n’avait pas pour habitude de cacher les choses. Autant être franche et lui laisser comprendre ce que cela impliquerait. Mais sans points, c’était le seul moyen de stopper efficacement le saignement, et sans doute lui sauver la vie. Ce ne serait pas agréable, mais c’était une solution d’urgence. Elle découpa l’autre manche de Denzel et utilisa l’une des deux pour faire un garrot, l’autre pour lui faire un bandage de fortune.

Elle n'eut pas le temps de faire plus.

La nature sera toujours plus forte que toi”, et il fallait toujours rester sur ses gardes, surtout quand on était à sa merci. Quelques lycaons avaient manifestement choisi de les suivre discrètement, flairant leur piste sans soucis vu les blessures de Denzel. L’un d’entre eux sauta sur la jeune femme au moment où elle s’y attendait le moins, et elle tomba sur le flanc. Par chance, elle était en train de se redresser quand il l’attaqua, si bien qu’il ne pût la mordre comme il l’espérait. Malheureusement, elle lâcha son couteau par réflexe. Elle crût entendre Denzel crier son nom. Elle n’avait pas son arbalète à portée de main. Elle attrapa par réflexe une branche et frappa l’animal alors qu’il plongeait vers sa gorge. Ses dents claquèrent à quelques centimètres de sa peau fragile. Elle tenta de se retourner, réussit à le faire basculer et descendre de son corps, mais il revenait déjà à la charge, et elle n’avait plus qu’un bout de bois pour se défendre…

Cette publication remporte un ruban puisqu'elle contient un défi mensuel réussi !
Junko
❦ Ramure de laurier
Junko
Junko
Palace des crabes - Page 2 Fall-autumn
Lun 24 Avr - 23:11
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La pluie. Elle frappait le visage du Polonais, glissait sur ses traits fatigués. Il leva la tête pour entrevoir entre la cime des arbres. Toujours ce ciel si sombre. Cette forêt offrait un couvert parfait, mais elle faisait perdre l'orientation aux survivants. Il soupirait, le regard quasiment dans le vide. L'orage et le clapot de la pluie avaient cette énergie si apaisante. Denzel se permit de fermer les yeux quelques secondes, la tête plantée en arrière, la face bien offerte au déluge vivifiant. Il ne pensait plus à rien. Le vide complet. Le repos, le vrai.

- Denzel ??

Il baissa calmement la tête, posant ses yeux épuisés sur sa comparse. Elle était en vie, bien que maculée de terre et de sang visiblement. Il ne s'inquiéta pas pour autant. Il sentait qu'elle avait déjà fait son nid dans ce monde farouche. La pilule d'avoir perdue son abri ne passait pas. Malgré que la vie n'y soit pas confortable, il aimait à vivre sans règle si ce n'est les siennes. Il aimait pêcher, il aimait construire, bricoler. Il avait fini par s'accoutumer à sa vie de naufragé, mais tout avait volé en éclat et si Junko n'avait pas été là, il serai sans doute déjà mort.
Il n'arrivait toujours pas à savoir si ça n’était pas mieux ainsi.


Le pas de courses des deux survivants claquait tel le galop hasardeux d’un cheval en détresse. La boue se soulevait à chacun de leur pas. La pluie devint battante, s’écrasant sur les visages fatigués des deux sapiens couvert de boue. L’orage pour couronner le tout faisait entendre sa rage à des kilomètres. La sensation d’être poursuivit avec acharnement ne faisait que battre plus fort les cœurs.

Denzel chancelait dans sa course, la mine affaiblit, son bras ne cessait pas de larmoyer du sang. Dans sa course le polonais avait sans doute relâché la pression sur ses plaies. Qu’importe, l’instant d’après Junko le fit s’assoir au pied d’un arbre et s’enticha de nouveau à soigner cet animal nonchalant. Il ouvrit sa main.
Sa précédente plaie dans le creux de sa main était à nouveau suintante, son avant-bras gauche affichait une plaie profonde. Quelques marques de morsures finissaient de noircir le tableau. Le sang se mêlait à la pluie, la bave du Dupki laissée sur ses plaies finissant de se mêler au sang du survivant. Denzel se savait presque fichu. S’il ne se vidait pas de son sang il finirait par succomber à une infection. Si ce n’était pas une infection son corps finirai par trahir la présence d’une zoonose transmise par ces chiens mal famés. Kowalski laissa de nouveau sa tête tomber en arrière, délaissant son crâne se reposer contre l’arbre, le regard à nouveau fiché dans le ciel.

« Tu feras ce que tu pourras Junko. » Il haussa les épaules. « Je pense que dans ce nouveau monde on se doit d’être un minimum égoïste. Je n’ai rien à t’offrir en échange. Garde des ressources pour toi. On cautérisera quand on pourra. En attendant tu as raison, on doit partir. » Il soupira « laisse moi juste cinq petites minutes. »

Etrangement, depuis qu’un de ses souvenirs lui était à nouveau revenu en mémoire, sa langue se déliait, son langage été devenu plus assuré. Peut-être que le contact humain, la sociabilité, ravivaient en Denzel la roue des souvenirs.
« Junko. Quand tu t’es réveillé…

La broussaille s’écarta soudainement. Dans l’obscurité de la forêt difficile de voir venir le danger bien qu’on s’y sente à l’abris. Trois autres de ces fennecs s’étaient lancés aux trousses des deux survivants. L’un chargea Junko, le second se rua sur Denzel, le dernier, lui, attendait une ouverture pour mordre dans une chaire offerte.

Kowalski eu juste le temps de crier le nom de sa compagne et de se saisir d’un bâton pour barrer la route à la gueule béante de son agresseur.
Les canines n’étaient qu’à quelques centimètres du visage de Denzel. Le bâton était enfoncé au plus profond de la gueule du Dupki. La bave s’échappait par vague émulsifiante. Kowalski pouvait sentir l’odeur fétide de la mort tant la bouche de l’animal était proche de son visage. Un coup d’œil sur sa gauche et il aperçut sa nouvelle amie se débattre avec l’un d’entre eux, un troisième Dupki courbait le dos et se rapprochait avec attention du combat, comme s’il attendait que le combat prenne fin rapidement pour se repaître dans un repas offert.
Et Kowalski se souvint. Il se souvint. De presque tout. De sa vie miséreuse. De son absence pour la mort de son pater. Il se souvint des chevaux. Il se souvint de son alcoolisme aigu. Il se souvint de son appartement miteux sous les combles d’un appartement en ruine dans un village anglophone. Il se souvint de son service militaire. Il se souvint du projet perséphone. Il se rappela les mensonges. Il brûlait de l’intérieur. L’énergie du désespoir animait cet homme brisé. Mais loin d’être à l’image des clichés de son époque, le châtain ténébreux se mit à pleurer. Le bras à moitié enfoncé dans la mort, le bâton à moitié rongé, le garçon se mit à sangloter, comme si cette vague de souvenir avait été le poids de trop sur la balance. Il pleurait à chaude larme tandis que le Dupki rongeait un peu plus du bout de bois qui le séparait du bras blessé de l’homme en pleur.

Il se souvint. Des après-midi barbecue avec les copains. Il se souvint de ses journées en mer à remonter des filets de pêche. Il se souvint, de lui, zigzagant entre les chaises d’un pub mal famé. Presque tout lui revenait en tête. Tous ses souvenirs disparus qui l’empêchaient d’être qui il était réellement. Tout lui sautait à la tête de la même façon que ce fennec puant se rapprochait de l’épiderme de son bras. Rorke s’anima. Son cerveau se mit à battre au même rythme que son cœur à tel point que l’individu ressentait son crâne battre au rythme de sa respiration. Les valves de l’adrénaline étaient ouvertes, son corps se mit à bouillir de l’intérieur. Kowalski était comme une cocote minute oubliée sur le feu. Il se mit à hurler, sans doute de désespoir de s’être réveiller si tardivement. Rorke Kowalski venait de renaître et dans ses souvenirs, Kowalski voulait en finir avec la vie. Tout se mélangea dans son esprit et l’énergie du désespoir prit véritablement le relai.
Les muscles amorphes du Polonais se gonflèrent, l’homme se mit à respirer aussi fort qu’un chien en rage, le bâton enfoncé au fond de la gueule du Dupki se plia sous la force exercée par l’homme en crise. Le dupki commença à se débattre de ses pattes avant, donnant des coups dans le vide tant le polonais avait attrait à soulever son agresseur. Quand l’homme finit par se redresser de tout son long, le Dupki finit par lâcher sa prise sur le bâton, il fit un pas rapide en arrière pour se jeter, gueule béante sur un Kowalski transformé. Ce dernier balaya l’air d’un coup de bâton pour renvoyer le fennec face contre terre, la gueule noyée dans la boue.

Un coup d’œil sur la gauche le fit se rendre compte de l’urgence d’intervenir, Junko était en prise avec un Dupki, le deuxième s’étant jeté sur les chevilles de son amie. Rorke était animé par l’envie d’en découdre, il ne valait pas plus que ces Dupkis affamés. Kowalski était absent, seul sa capacité à survivre subsistait.  
Il balança le bâton dans la direction du Fennec précédemment couché, Denzel s’abaissa ensuite pour se saisir de sa machette émoussée, se redressa et fit marche avant en direction de Junko en proie aux deux bêtes affamées. Il leva haut et clair son arme et l’abattit sur le fennec au plus proche de son amie, aussitôt le Dupki s’effondra sur Junko, le crâne fendu, la cervelle bouillonnante se répandant librement sur les vêtements de la jeune survivante. Le deuxième animal lâcha sa prise des mollets de Junko, le dupki fit quelques pas en arrières, feulant véhément en direction du couple survivant.

Kowalski restait de marbre. Il semblait désanimé de toutes émotions. En réalité, Denzel était déchiré par ses souvenirs, son passé, son présent actuel. Tout s’était mélangé et ses barrières de la morale avaient cédés.
Le premier Dupki se redressa de son léger coma, le second, qui avait battu en retraire montra les crocs. Kowalski s’était à nouveau baissé, ne lâchant pas du regard l’animal en face de lui, il se saisit de l’arbalète de Junko, délaissant sa machette. Rorke se trouvait devant Junko, prêt à tout pour protéger celle qui l’avait sauvé, celle qui l’avait certainement ramené à la raison. Un fennec en face de lui, un autre sur sa droite.

Kowalski se mit à hurler. Il ne criait pas. Il hurlait, tout ce qu’il avait gardé en lui pendant sa cryogénie se mit à sortir en un seul et même hurlement. Au même moment le Dupki sur la droite se jeta sur l’épaule droite du Polonais, restant fermement accroché à ses chaires. L’autre, ayant battu en retraite au démord du mollet de Junko se rua de nouveau vers le couple de survivant, poussant sur ses pattes arrières pour avaler de sa large gueule le visage de Rorke. Ce dernier, non surprit de cette attaque, éleva l’arbalète de sa comparse au niveau de la glotte du fennec et pressa la détente. Le carreau transperça l’animal de part en en part, ce dernier était tellement proche que le projectile traversa le crâne du fennec sanguinolent et la munition finit par se planter dans un arbre cinq mètres plus loin.
Rorke lâcha simplement l’arbalète au sol. L’arme tomba dans la boue et dans le fracas qui s’ensuivit Kowalski fit basculer le Dupki accroché à son épaule par-dessus lui, l’animal était plaqué dans la boue, Rorke déchaina sa rage à coup de poing. Il ne s’arrêta que quand sa main droite se mit à craquer anormalement. Le dupki dans un dernier élan de vie, la gueule déformée, tenta de geindre son mécontentement, mais le polonais fit s’éteindre définitivement l’animal à coup de poing dans le crâne.

Kowalski se laissa retomber sur ses fesses. Le corps couvert de boue, le visage tuméfié et couvert de sang. Le polonais haletait tel un chien assoiffé. Il essayait de calmer son regard paranoïaque entre la souche des arbres. Il avait l’impression de voir ces satanés Dupki au détour de chaque arbre.  Il se laissa finalement s’allonger de ton son long sur le dos, son garrot avait sauté dans la bataille, l’afflux sanguin de la colère l’avait fait se vider tel une bouteille percée.

Rorke Figea son regard dans le ciel étoilé et pluvieux, épuisé, il soupira avant de s’endormir.

« Sors-moi de là Junko. »
Denzel
≣ Labradorite des sables
Denzel
Denzel
Mer 26 Avr - 23:17
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La nature, énervée, les noie de sa fureur. Elle fulmine, râle, gronde, alors que le vent gémit autour d’eux. Un éclair, et le bruit sourd, éclatant, de son cri dans cet orage, alors que le ciel les inonde. Une colère immense qui hurle sa démesure, une pluie violente qui frappe son visage alors qu’ils s’enfoncent dans les bois, cherchant un illusoire abri. La main de Denzel glisse dans la sienne alors qu’elle tente de le guider, loin de cette folie. Les branches d’arbres heurtent sans vergogne son visage, et elle n’entends plus rien que ces bourrasques chargées de tonnerre qui tonnent, si proches et si loin à la fois. Courir, courir encore plus, alors que ses pieds manquent de déraper sur un lit de feuilles mortes et détrempées, alors que son souffle se fait si rare, mais courir encore.

Elle ne sait pas depuis combien de temps, ni même si c’est assez pour les sauver. Elle ne fait qu’agir à l’instinct, à fuir un danger bien trop grand pour le combattre, mais sa poitrine lui fait mal et le polonais est bien mal au point. Juste un instant de répit, quelques soins, et ils repartiront. Vers où, elle ne le sait pas encore, mais ils aviseront. Juste quelques instants, c’est le plan, et elle commence à lui faire un garrot sans prêter une vraie attention à ses paroles. Égoïste hein ? C’est parce que la société d’antan l’était qu’ils étaient désormais dans cette situation. Parce que personne ne comprenait vraiment l’intérêt de faire des efforts individuels, que c’était la faute des autres, mais jamais de la sienne, et chacun avait continué et détruit un peu plus la planète, sans penser aux générations d’après.

- Ne dit pas n’importe quoi, je ne fais pas ça par obligation. On est amis maintenant, c’est normal de t’aider.

Maintenant, la génération d’après, c’était elle, et Denzel, et tous ceux qui, comme eux, marchaient sur ses terres, et l’égoïsme n’avait plus sa place ici. Seul, on est rien, ensemble, on est plus fort. Qu’importe la rareté de ses ressources, elle les utiliserait sans scrupule pour le sauver, parce que la vie de chaque être humain était précieuse.

- Junko. Quand tu t’es réveillé…

Elle n’entendit pas la suite. Elle heurta lourdement le sol quand une de ses bestioles lui sauta dessus par surprise. Elle entendit le grondement de l’animal juste au-dessus d’elle, attrapa par réflexe un bout de bois pour l’empêcher de mordre, mais elle était en mauvaise posture. Il était plus lourd qu’elle et son ridicule bâton ne la sauverait pas. Denzel hurla, quelque part non loin d’elle, mais elle ne voyait rien à part le Dupki qui l’attaquait. Elle réussit à attraper son couteau et l’enfonça dans sa chair mais une douleur atroce au niveau de sa cheville lui arracha un cri. Elle donna un coup avec son autre jambe, mais sans réussir à faire lâcher prise au second lycaon, et le premier revenait déjà à la charge. Elle cria, plus de peur que d’autre chose, elle cria parce qu’elle n’arrivait à rien, elle cria parce que la mort arrivait et qu’elle ne savait pas comment l’éviter, elle cria même si sa voix était couverte par celle de l’orage.

Il y a eu une gerbe de sang chaud sur son visage et elle pensa au départ qu’il s’agissait du sien, bien qu’elle n’ai pas ressenti de nouvelles douleurs. Le poids de la bête se fit plus lourd encore sur son corps alors qu’il tombait totalement sur elle, et le visage de Denzel apparu, sa machette à la main, et un soulagement immense s’empara d’elle. Celui qui s’attaquait à sa cheville le lâcha enfin, et elle pu repousser le cadavre pour se redresser un peu. Denzel la protégeait. Denzel avait son arbalète à la main. Il en restait deux encore. Sa cheville lui faisait mal mais elle se remit péniblement debout, son couteau en main, prête à l’aider à se débarrasser de celui qui s’attaquait à son épaule, mais elle n’en eut pas le temps.

Était-ce de la rage ? C’était la première fois en tout cas qu’elle voyait quelqu’un se déchainer à ce point. Un carreau fusa, et l’homme lâcha son arme pour attraper violemment le dernier ennemi et le balancer au sol, le frappant avec force, encore et encore et elle ne put que le regarder faire, effarer et fasciner à la fois par ce déchainement de violence.

La nature criait toujours sa fureur au-dessus de la cime des arbres. L’orage est toujours déchaîné, la pluie toujours aussi glaciale et torrentielle, et malgré tout, elle avait l’impression de voir les alentours au ralenti, comme si chacune des gouttes qui s’écrasaient au sol prenaient un temps fou à achever leurs courses. Le sang se mélangeait déjà à la boue, et Denzel s’effondrait à terre, entouré des corps de ceux qu’il avait vaincu. Un éclair illumina une scène teinté de désespoir, et il lui fallut attendre le grondement du tonnerre, comme un coup de semonce, pour qu’elle se mette enfin à bouger, percutant enfin ce qu’il venait de se passer.

- DENZEL !!!


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Junko
❦ Ramure de laurier
Junko
Junko
Palace des crabes - Page 2 Fall-autumn
Lun 8 Mai - 17:57
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