Le Deal du moment :
Bon plan achat en duo : 2ème robot cuiseur ...
Voir le deal
600 €

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas
Un lendemain pour nous
Ses mains serrent la corde à s'en bruler l'épiderme. Il tir, de toutes ses forces. Il garde son souffle comme si le relâcher revenait à perdre espoir. Mais l'espoir n'a pas sa place en ce lieu. Elle frotte contre la roche, s'étiole et craque. Il perd l'équilibre, projeté par une force qui n'a plus aucun poids à soutenir, et s'écrase en arrière.

Un sursaut. Il se réveille. Le corps suintant de transpiration. Sa gorge est pourtant aussi sèche qu'un désert. Sa tête lui tourne. Il est pâle. L'envie de vomir vient.

"Encore ce cauchemar ?" Lui demande une voix à ses côtés. Elle est douce, rassurante et pleine d'une empathie dont il a besoin, alors son regard la cherche dans l'obscurité de la nuit, uniquement brisé par les quelques braises rougeoyantes d'un feu éteint.
- Oui, encore.
- Il va falloir penser à passer à autre chose.
- Je sais mais . . .
- Ouais, c'est trop tôt, tout ça tout ça. Merde. Va faire plus de six mois, on va pas survivre des années si tu restes figé.
- Et toi, tu dors pas ?
- Non. Regarde moi ce ciel, ces étoiles, comment tu veux que je dormes avec une vue pareille ? Pis, faut dire que c'est putain de moustiques aident pas." Ils partagent un rire. Un éclat de joie suffisant pour lui faire oublier, l'espace d'un instant ce cauchemar.

Il se souvient de cet instant comme s'il s'était produit le jour même. La falaise à descendre. Le craquement. Le hurlement de terreur. Puis plus rien.

Le second remets quelques branches et feuilles sur le feu pour le raviver, et bientôt la transpiration sèche sans lui glacer le corps. Il est infiniment reconnaissant pour ces petites attention. Sans lui, il n'aurait pas tenu aussi longtemps.

Ils discutent sans se soucier du temps qui passe, ni de la marche qu'ils devront encore effectuer le lendemain. Mais ni l'un ni l'autre n'a envie de dormir. En réalité, ils ne le peuvent pas. Pourtant, les paupières se font lourdes alors que la lune continue sa traversé céleste, et avant qu'ils ne s'en aperçoivent, ils retournent aux bras d'un sadique morphée.



Ce qui commençait par un simple bâillement devient un étirement qui laisse à toutes ses articulations le plaisir de craquer. Sa mâchoire manque de se démettre tant il se laisse aller à ce divin plaisir.
Son regard se perd dans l'étendue sauvage qui lui fait face. Depuis combien de temps ce coin du globe n'avait pas été foulé par des humains ? Des siècles ? Un millénaire à en croire ce qu'avait dit les membres du projet. Une communauté en devenir. Un tas de gens pour la former. Pourtant, et depuis leurs réveilles, ils n'étaient qu'ensemble. Ils n'avaient croisé aucune âmes perdues en ces terres à découvrir.

- On est à combien de jours depuis le réveil ?" Demanda le second, comme s'il pouvait lire dans son esprit.
- Laisse moi regarder." Il déposa son sac à ses pieds, débutant ainsi une fouille méticuleuse à l'intérieur. Toutes leurs affaires étaient dedans. Pas par choix, uniquement car c'était le dernier sac qu'ils leur restait. Les autres ayant subit les affres des aventures dans la Terra Nova. Puis, avec autant de précaution, il en sortit son trésors le plus cher, un carnet qu'il avait payé une fortune avant de s'endormir pour il ne savait combien d'années. A l'intérieur, il y noté tous ce qui pouvait avoir une importance quelconque, et notamment les jours qui défilaient. Ca pouvait paraître stupide, mais c'était important pour lui, sans quoi il pensait finir par perdre la raison. "D'après mes dernières notes, 429 jours.
- Et tu es sûr qu'on est pas déjà passé par ici ? Ca me dit vaguement quelque chose . . .
- Certain." Les pages défilèrent entre ses doigts tandis qu'il cherchait le semblait de carte qu'il dessinait. "Regarde, on monte toujours vers le nord, normalement, si on partait vers l'est il devrait y avoir les côtes ou un truc du genre.
- J'aime ta précision."
Un simple sourire se dessinait sur son visage. Certes, il aurait aimé pouvoir utiliser les termes techniques, mais il les ignorait alors souvent Truc, Machin et Bidule s'invitait à la conversation pour camoufler son ignorance. "Si tu es toujours d'accord, on devrait continuer tout droit, vers la montagne la bas. Je pense qu'elle nous offrirait une belle vue sur les alentours, et peut être une trace de civilisation encore vivante.
- T'as trop d'espoir. Je crois qu'on est bien les seuls actuellement.
- Arrête !
- Roooh, calmes toi. Il faut rester positif, au moins, ça fait de toi les deuxième plus beau mec de la terre. C'est pas rien quand même."
Il ne rigole plus. L'espoir il l'a toujours, mais il se meurt un peu plus à chaque jours qui passe. Pourquoi n'ont ils encore croisé personnes d'autres ? Etait-ce possible, un monde qu'à eux deux ? "Remettons nous en route." Gronde t'il sans ménagement.
- C'est toi le patron.

La marche reprend, silencieusement, comme souvent. Ils n'ont plus grand chose à s'échanger, si ce n'est quelques mots déjà milles fois exprimés. Depuis sa hauteur, le soleil les observe avancer sur un plateau aux broussailles garnies, et bientôt ils disparaissent en leur sein.



Il sifflote gaiement. C'est rare, alors l'autre ne fait aucune remarque, il profite simplement. Deux mois s'étaient écoulés sans que rien ne change. La montagne n'avait rien apprise, le paysage était toujours le même, peu importe où ils regardaient. Un océan de verdure, de rocaille ou de bitume sans vie. Sans réelle direction, ils continuent d'avancer, toujours en ligne droite, plein nord comme il disait pour se rassurer. En réalité, il n'était plus sûr. La boussole s'était brisé il y a bien longtemps, et depuis, ils voyageaient aux étoiles, mais aucun n'étaient sûr de reconnaître la grande ours.

Profitant de l'ouverture d'une clairière, son regard se perd vers les cieux où il y découvre les nuages devenir noir de pluies, s'accumulant au dessus de leurs têtes. Ils s'interrogent du regard, et sans un mot conclu qu'une tempête approche. Pas de temps à perdre. Ils connaissent la procédure à suivre, comme s'il s'agissait d'une simple routine. Chacun part dans son coin récupérer le nécessaire pour s'aménager un abris de fortune, si possible dans les branches.
Il souffle, maudit dieu s'il existe car l'orage s'annonce alors qu'ils arrivaient à une mangrove, le pire endroit où vivre cette catastrophe.

Un premier craquement déchire les cieux, suivi par un arc de lumière aveuglant. Ils n'ont pas eu le temps de créer un abris suffisant, alors ils croisent les doigts. Au deuxième grondement de tonnerre, la masse noirâtre ouvre son réservoir et une pluie antédiluvienne s'abat sur le monde.

Une minute ne c'est pas encore écoulé qu'il est trempé jusqu'aux os. Le simulacre de toi qu'il avait mis en place s'est effondré en quelques secondes. Au moins, il n'est plus sur la terre ferme et heureusement, car déjà l'eau débute son écoulement vers une direction inconnue.

Ses dents claquent les unes contre les autres tandis qu'il s'accroche de toutes ses forces à la branche qui le protège. Et la tempête continue à se déchainer sans aucun remords, sans aucune pitié. Le flot continue à se déverser, et un torrent se forme en contrebas, emportant branches, feuilles et souches avec lui.

A finir




Mathias
⚘ Bouquet d'orties
Mathias
Mathias
Dim 29 Oct - 3:01
Revenir en haut Aller en bas
Sauter vers: