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Sous les frondaisons...
D’extérieur, c’était une forêt comme les autres. Une de ses grandes forêts comme on en trouvait des centaines dans le Nouveau Monde, large, haute et fière de ses siècles d’existence, les frondaisons bleutées regardant avec sagesse le paysage qui les entouraient. A ses abords, une belle diversité de faunes et de flores s’épanouissait joyeusement. Les animaux profitaient d’un petit cours d’eau qui en bordait les frontières, et la végétation luxuriante permettait à une vie diversifiée de prospérer. Un véritable havre de paix sur un territoire qui avait été à nouveau et pendant longtemps vierge des hommes. Un endroit parfait pour s’y installer, n’est-ce pas ? Cet endroit regorge manifestement de bons points.

Mais il ne fallait guère se fier aux apparences.

Souhaitaient-ils toujours avancer ?

Quand ils entrent dans cette forêt, tout semblait être normal. Les chants des oiseaux accompagnaient les pas des voyageurs, et les rayons du soleil semblaient éclairer opportunément un petit chemin naturel en terre qui s’enfonçait dans les profondeurs. Non, le soucis venait plus loin, quand l’entrée se cachait à la vue au fur et à mesure de la marche. Au début, rien ne semblait indiquer un quelconque changement, mais en tentant l’oreille, l’on pourrait remarquer que les bruits des animaux s’étaient petit à petit tus, et que plus aucunes bêtes ne vivaient à l’intérieur de ses bois. La bleu-ûre si caractéristique du lieu s’était peu à peu affadie, et des couleurs plus ternes entouraient maintenant ceux qui avaient bravés ses limites. L’astre solaire éclairait encore le coin, mais de façon si haute et si diffuse autour des opportuns qu’il était difficile de discerner en détails ce qui pouvait bien les entourer.

Ne serait-ce pas le moment de faire demi-tour ?

C’est la solution la plus logique après tout. Il suffit de suivre le même sentier qu’à l’aller, et de revenir sur ses pas. Mais, comme tous ceux qui sont déjà passés par ici sans que personne ne le sache, un étrange phénomène se produit alors. Le chemin est toujours là, et ils n’ont pas quittés cette route depuis que qu’ils sont entrés, et pourtant, la forêt ne cesse de devenir sombre, et ils semblent s’enfoncer toujours plus en son cœur.

Après toutes ses heures à marcher, l’épuisement commence à se faire sentir. Mais l’espoir est encore là. Dés que le soleil se lèvera, ils peuvent espérer repérer dans quelle direction se trouve leur point de départ, et il n’y a rien à craindre de plus. Camper, faire du feu, s’occuper de cuisiner leurs réserves… Rien de véritablement inquiétant. Comme tous les habitants de cette nouvelle ère, c’est un quotidien que tout le monde connaît désormais. Chacun est à la recherche d’un endroit idéal pour s’installer, et en chacun des marcheurs, il y a le sentiment qu’ils ont bientôt trouvés leur « chez eux ». Demain est un autre jour, et ils dormiront d’un sommeil paisible.

Il est déjà trop tard, ne le comprennent-ils donc pas ?

Au matin, la marche reprend de plus belle, avec l’entrain coutumier de ceux qui ont toujours de l’espoir. Tout droit, toujours tout droit, et, ils n’en ont aucun doute, ils finiront bien par atteindre les limites de cette forêt. Alors, quand après tant de temps, ils tombent à nouveau sur le reste de leur camp de la veille, le choc est rude. Et c’est là que les premiers esprits s’échauffent. C’est là que les premières craintes arrivent.

Était-ce une illusion, ou tout était plus sombre autour d’eux ?

L’entrain se transforme petit à petit en contrainte, alors qu’ils ont beau marcher, ils finissent invariablement par revenir sur leur pas à un moment ou à un autre. La cohésion n’est plus présente dans le groupe. Les plus craintifs évoquent déjà une malédiction. La dissension règne, et ce soir-là, l’ambiance ne sera plus à la fête autour du feu. Leurs réserves s’épuiseront vite s’ils ne trouvent rien à manger dans les environs.

Le lendemain, un d’entre eux manquera à l’appel. Quelques heures après, un autre montera à un arbre pour tenter de trouver une sortie à l’horizon. Il ne redescendra jamais, et ils eurent beau appelés, il ne répondit pas. Personne n’osa monter pour le chercher. Et ils tournaient encore en rond, cherchant cette sortie dont certains ont encore l’espoir de trouver.

Mais c’est déjà trop tard, et maintenant, ils le comprennent bien. A l’instant où ils ont mis leur pied dans la forêt, ils ont été condamnés. Dans cet endroit si charmant et pourtant dénué d’autres vies que la végétation, le monde entier semble se liguer contre les êtres fait de chairs et de sang. S’ils avaient observés un peu plus les abords avant d’entrer, ils auraient pu voir que les animaux s’abreuvaient non loin, certes, mais toujours en scrutant prudemment ses bois non loin. Car les bêtes savent, après tant d’années, là où elles peuvent aller, et là où c’est trop dangereux.

La forêt est toujours aussi silencieuse en son cœur, et la nature a vite repris ses droits, la mousse venant recouvrir les traces du passage de ses humains qui ne reviendront jamais. Et la forêt grandira un peu plus, nourrie par le sang des inconscients qui tentent de la traverser.

Et si l’ont regarde attentivement les arbres en son sein, peut-être pourra-t-on voir le visage de ceux qui sont jadis passés par ici...
Junko
❦ Ramure de laurier
Junko
Junko
Sous les frondaisons... Fall-autumn
Sam 28 Oct - 11:52
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