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De sang et d'os
Denzel était couvert de sang, blessé de toute part, et elle avait cru, l’espace d’un instant, qu’il avait cessé de respirer. Malheureusement, s’il était toujours en vie, rien n’indiquait qu’il allait le rester, surtout si elle ne faisait rien pour le sortir de là. Le sang appelle le sang. Il y avait d’autres prédateurs dans le coin, sans parler des charognards, et ils viendraient bien assez vite se régaler sur les carcasses de vaincus. Il fallait qu’elle emmène Denzel ailleurs, mais comment ? Il était bien plus lourd qu’elle, et elle n’aurait jamais la force de le porter. Mais ils ne pouvaient pas rester ici, et elle refusait de l’abandonner à son sort alors qu’il venait de lui sauver la vie.

Réfléchis Junko, réfléchis.

Elle était passée par ici ce matin-même, avant de trouver son comparse sur les steppes, bien qu’il lui semblait que des siècles s’étaient écoulés depuis cet instant. Ils ne devaient plus être très loin du coin où elle avait passé la nuit, la veille. L’abri serait relatif, mais ils ne seraient déjà plus sous la pluie, et elle pourrait s’occuper de ses blessures. Elle les lui cautériserait toutes s’il le fallait, mais elle n’allait absolument pas le laisser mourir. Hors de question ! Elle regarda autour d’elle. L’herbe du sol était trempée, de même que les nombreuses feuilles mortes qui en tapissaient la surface. Peut-être que…

Déterminée, elle refit le garrot du polonais en urgence, et banda sommairement ses autres plaies. Elle récupéra le carreau tiré, l’essuya et réarma son arbalète, puis elle sortit de son sac l’énorme bâche qu’on lui avait fourni, et l’étala par terre. Faisant fi de toutes les précautions d'usage envers un blessé grave, elle fit basculer - difficilement - le corps de Denzel dessus et récupéra sa corde pour la passer à travers les oeilletons avant de faire plusieurs fois le tour de sa taille et de s’attacher solidement avec. Elle remit son sac sur le dos, passa celui du jeune homme par devant, et elle se mit enfin en marche, son arme à la main, bien que consciente qu’une nouvelle attaque les condamnerait tous les deux désormais.

Ce n’était pas aussi facile qu’elle se l’était imaginée. Denzel était littéralement parlant un poids mort qu’elle tractait derrière elle. La corde lui cisaillait les hanches, et sa cheville lui faisait un mal de chien, mais elle serra les dents, et continua d’avancer malgré tout, relativement aidé par l’humidité du sol qui permettait à son attelage de fortune de glisser, lentement mais sûrement. Elle devait veiller à contourner les arbres et les racines hautes, et nul doute que malgré ses précautions, des tas de pierres et de branches devaient frapper régulièrement le dos de son compagnon de mésaventures mais elle s’excuserait plus tard. Quand il serait sauf et que toute cette histoire serait derrière eux. Alors elle tirait, un pas après l’autre, douloureusement, et continuait sa route. Ses jambes lui semblaient lourdes, sa respiration était de plus en plus laborieuse, mais s’arrêter signifierait condamner son comparse. Elle continuait donc.

Elle pensait être globalement à une heure de son “campement” de la veille, elle en mit presque deux avant d’y arriver.

Ca et là, des pierres grises et taillées se distinguaient encore malgré la nombreuse végétation qui la recouvrait. Le petit village, ou peut-être l’ancienne ville, qui s’était tenue là, des siècles auparavant, était retourné à la nature, engloutit par les plantes et les arbres. Seuls quelques semblant de murs étaient encore relativement debout, vestiges oubliés de ce qu'avait été le monde, il fût un temps, dans leur passé dont ils étaient encore les seuls à se souvenir. Elle tira encore, et atteignit enfin les ruines où elle s’était installée la nuit dernière, un reste de bâtisse à moitié effondrée, mais dont l’ancien étage leur servirait de toit, et où ils pourraient facilement barrer la seule entrée restante avec sa bâche, quand elle l’aurait récupéré.

Elle défit les nœuds de sa corde, lâcha les deux sacs et tomba à genoux. Elle était perclus de courbatures, éreintée et totalement épuisée, sans parler du froid et la pluie qui la faisait trembler malgré ses efforts. Elle aurait aimé se rouler en boule et dormir, là, à même le sol, juste dormir et prendre un repos bien mérité, mais elle ne pouvait pas encore. Elle essuya lentement son visage et se redressa, malgré toutes les protestations de son corps. Elle avait laissé un peu de bois sec ici en partant. Elle le rassembla dans les restes de son ancien feu et s’acharna à en allumer un nouveau. Chacun de ses mouvements lui paraissait dix fois plus longs qu’à l’ordinaire, mais elle s’acharna. Quand le feu prit, elle renversa le contenu des deux sacs, récupéra sa casserole et celle de Denzel pour aller les remplir sous la pluie, et les mettre à chauffer dans un équilibre précaire.

Enfin, elle revient s’occuper de son ami. Il était aussi trempé qu’elle, mais il respirait toujours. Elle nettoya avec précaution son bras, là où ses blessures étaient les plus profondes. Cautériser était la seule solution qui lui restait. Elle mit la lame de son couteau dans le feu, prépara une autre pâte de charbon pour “l’après”, mais surtout pour s’occuper l’esprit.

Tout va bien Junko, tu sais faire ça. Tu connais la théorie, tu vas y arriver.

Mais elle n’était plus face à une caméra, à adresser un sourire de façade à des inconnus qu’elle ne verrait jamais. La théorie, c’est bien beau quand on est à l’abri chez soi et que tout va bien mais qu'on se prépare “au cas où”. La théorie, c’était comme les “et si ?”, on en parlait facilement, mais au moment de l’appliquer, on se rendait compte que tout était bien différent. Là, si la théorie ne marchait pas, c’était un être humain qui en payerait le prix.

Son corps s’était refroidi, et elle était toujours trempée. Mais il y avait plus important qu’elle, n’est-ce pas ? Elle reprit son couteau et s’accroupit près du jeune homme, presque soulagée de voir qu’il avait ouvert les yeux pendant ses derniers préparatifs.

– Ne bouge pas, on est à l’abri. Je vais cautériser tes blessures, et ça va être douloureux. Tu veux tenir quelque chose pendant que je m’occupe de toi ?

Elle espérait afficher une confiance qu’elle était loin de ressentir… Lentement, quand il fût prêt, elle posa sa main libre sur l’épaule de Denzel, et vint appuyer la lame incandescente sur sa première plaie dans un horrible grésillement…
Junko
❦ Ramure de laurier
Junko
Junko
De sang et d'os Fall-autumn
Lun 8 Mai - 17:59
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Le parfum enivrant du Gulasz remontait jusqu’aux narines du jeune Denzel. Tout juste adolescent dans son apparence. L’enfant glissait hors de son lit, chaussait ses chaussons poussiéreux et s’aperçu dans le miroir de sa chambre. Un visage d’enfant, les pommettes rouges, les cheveux longs en batailles, le visage quelque peu couvert de terre. Denzel dévala l’escalier et rejoignit la pièce à vivre de son enfance. Quelques fauteuils anciens, des vitres embuées donnant vue sur un champ verdoyant. L’odeur du Gulazs rappela rapidement le bambin à sa première quête, manger. Son père était assis en bout de table, seul, le visage penché vers son bol remplit de ce ragoût rouge chaleureux. Le Pater remuait son repas avec sa grande cuillère tandis que le jeune avorton se jeta sur sa chaise, aux côtés de son père.

La cuisine était petite, vieillotte. Mais elle convenait au père et au fils. Cette pièce rappelait de lointains souvenirs de longs dîners en famille restreinte. Les chaises de bois étaient bancales, mais confortables. Le four, toujours chaud, cuisait en permanence pains et gâteaux. Denzel remua vaguement son Gulazs avant de porter une cuillère gargantuesque à sa bouche. La mâchoire largement élargie par son repas l’enfant regardait en silence son père remuer son ragoût. L’enfant avait un air amusé et souriant, bêtement.


« Tu es partit fiston. Tu m’as laissé seul »

L’enfant, toujours amusé regardait son père remuer son ragoût éperdument. Le gamin souriait toujours bêtement, il avait même l’air jovial aux paroles de son père. Il s’empiffra d’une nouvelle bouchée.

«  Je suis mort seul, dans mon lit. Dupek que tu es tu as oublié ton vieux père. Dupk' que tu es Rorke. Dupki Kowalski. »

L’enfant regardait toujours son père avec amusement, puis le bambin se jeta hors de sa chaise et se rua dans la pièce à vivre, ouvrit la porte d’entrée et disparue dans le champ verdoyant en laissant la porte se claquer sur elle-même.
Un Denzel Adulte resta perché dans le coin de la cuisine à regarder son père remuer machinalement son gulazs. Denzel se retourna vers un grand miroir prostré là dans la cuisine, ce miroir n’existait pas, mais Rorke s’y perdu.
Un visage tiré par la fatigue, des cheveux encore plus longs et gras. Quelques cicatrices de garçon de bar, un regard abattu et fatigué. Pendant que l’homme s’observait dans le miroir le Pater tenait un monologue accablé.


« Tu es partit sans jamais revenir Dupk. Je t’aime fils.
- Je t’aime aussi Papa. »


L’homme quitta enfin le miroir des yeux et quand il se retourna vers la table la cuisine était plongée dans une rivière au courant impétueux.

Le père choit parmi la cuisine, son corps s’immerge entièrement dans ce torrent d’eau, la figure vers le bas, ses bras flottent au niveau de son torse et bougent au grès du courant qui circulent dans la cuisine noyée dans ce courant d’eau inconnu.
Rorke s’avance et saisit le corps sans vie de son paternel, il retourne ce dernier pour voir le visage de l’homme et s’arrête sur cette figure d’autorité vieillie, presque vulnérable. Rorke secoue le macchabé.


«  Je t’aime papa ! » lâcha Rorke en secouant le corps.  l’enfant, devenu adulte, tenait le cadavre de son père dans ses bras, il releva la tête vers le miroir. Son visage d’adulte était couvert de boue et ses orbites se mirent à saigner. Son nez trémoussant, les larmes montèrent aux yeux ensanglantés d’un Rorke éperdus et quand il rabaissa la tête vers le visage de son père, ce dernier s’était transformé en fennec puant qui se jeta à la gueule d’un Denzel désemparé.

_________

" Ne bouge pas, on est à l’abri. Je vais cautériser tes blessures, et ça va être douloureux. Tu veux tenir quelque chose pendant que je m’occupe de toi ? "

C’était certainement l’un des pires cauchemars qu’ait subit Rorke depuis des semaines. Ses yeux s’ouvrent vaguement, il entend les paroles de Junko, son amie, puis le froid le saisit de nouveau, il se fige, s’aplatis sur ce quoi il est allongé et ses yeux se ferment à nouveau.

Ca sent le cochon grillé. Rorke ouvre à nouveau les yeux et observe son environnement, pataud il bouge lentement la tête puis pose son regard sur son avant-bras meurtri, fumant. Une myriade de points blancs scintillent devant ses yeux et l’animal blessé retombe à terre, pamis ses souvenirs. Endormit.

Il se réveille enfin. Sa deuxième plaie est cautérisée et il n’en reste plus qu’une nécessitant ce traitement insoutenable. Les sens de Rorke se remettent en alerte, son corps se réveille, son cerveau sort de sa torpeur. La douleur survient et machinalement le bras blessé se contracte sous la douleur. Erreur. La douleur ne fait qu’empirer, mais au lieu de plonger le Polonais dans son sommeil protecteur la douleur lance en lui l’envie de tout casser. Il sert les dents et acquiesce quand Junko vint lui proposer un bout de bois en tant que mord. Il serra les dents autour de ce bout de bois tandis qu’elle rapprochait sa lame de la dernière plaie sanguinolente.

Tout ce qu’il voulait c’était ne pas retomber dans ce rêve déprimant.
La fumée s’échappa, les dents s’enfoncèrent dans un bois mort qui craqua, évidemment, sous la mâchoire endolorie du Polonais en proie aux divagations. La chaire se souleva, bouillonnante de chaleur, les chaires se liquéfièrent et se refermèrent sur une plaie à vif. Le sang se mêlait à l’air, le cochon grillé se transforma en odeur insupportable de sa propre chaire fumante. Rorke rendit son dernier repas en basculant sa tête sur le côté. Bien maigre repas rendu, mais tout de même, il venait de vomir chez son hôte.

Les yeux larmoyants de douleur il regardait son œuvre. Du crabe recraché il n’en restait que quelques morceaux. Le restant n’étant que bile et eau déjà manquante aux corps des deux survivants.

Dehors le clapot d’une pluie battante faisait son train. Denzel se laissa choir dans ses propres épaules et observa plus attentivement son environnement.
Ils n’étaient plus sur la plage. Ils n’étaient plus dans cette forêt meurtrière. Un bâtiment visiblement effondré, un feu de camp. Une lame rougeoyante. Le clapot de la pluie. Rorke ne se concentrait que sur ce son régulier et apaisant pour calmer la sensation de douleur qui envahissait son corps meurtri. Il réalisa finalement et cracha son bâton sur le côté.

« … Tu m’as trainé pendant combien de temps ? Où sommes nous ? » lâcha-t-il finalement en plantant son regard dans le plafond. Rorke avait l’air hagard, presque sur le point de rebasculer dans un malaise soudain. L’homme était livide, il n’osait pas regarder son bras gauche encore fumant.

Rorke était perdu. Entre rêve et réveil le Polonais reprenait peu à peu ses esprits. Il se redressa douloureusement, s’adossant contre le mur pas loin duquel il était posé. A demi allongé il regardait son environnement. Tout ça était nouveau pour lui. Il s’émerveillait du bruit apaisant de la pluie, de la jungle luxuriante qu’il apercevait entre les décombres. Il daigna finalement poser son regard sur son bras, puis releva la tête vers Junko.

« Merci Junko. Je t’en dois une autre maintenant » dit-il. Il voulu sourire, mais la douleur lancinante le rappela aussitôt à l’ordre et il se mit à observer Junko de haut en bas, remarquant la blessure à sa cheville. Il pointa la cheville de son amie du menton et reprit.

" et ça ? "
Denzel
≣ Labradorite des sables
Denzel
Denzel
Mar 9 Mai - 20:11
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Les théories, c’est de la merde. Les théories, c’est bien beau quand on est à l’abri chez soi, mais la réalité est tellement différente… Les théories ne prennent jamais en compte tous les éléments d’une situation. C’est abstrait, et vu que c’est abstrait, c’est fortement incorrect. Et pourtant, elle devait les utiliser, ses connaissances théoriques, et se rendre ainsi compte à quel point ça cache tellement de choses derrière de belles informations… La théorie, c’est de faire chauffer une lame à blanc et de l’appliquer sur une plaie pour la cautériser pour arrêter le saignement et sauver Denzel. La vérité, c’est qu’elle voit, aux contractions de ses muscles, que c’est horriblement douloureux pour le polonais, et qu’elle doit supporter le grésillement de la chair et cette odeur absolument horrible de… Cochon grillé. Sauf que ce n’est pas un cochon, c’est la peau de l’autre homme qu’elle brûle, et elle le fait sciemment.

Les théories, c’est de la merde.

L’odeur est horrible. Une puanteur mêlant cette odeur de viande au sang, qui la prend à la gorge. Une odeur âcre et métallique, accentuée par les bruits ambiants et la brûlure qu’elle inflige au bras de son comparse. Malgré sa bonne volonté, elle sent ses mains trembler et ses yeux s’embuer de larmes. Ce n’est pas elle qui doit subir ça, mais elle a l’impression de ressentir chaque bribe de douleur que Denzel ressent.

Elle s’oblige à une pause après la seconde plaie. Denzel est retombé dans l’inconscience mais il remue faiblement. Le goût de la bile lui remonte le long de la gorge et elle a du mal à respirer, comme si elle n’avait jamais arrêté de courir. Elle a froid alors qu’elle remet son couteau dans le feu, elle tremble et elle se frotte les paupières tout en reniflant. Elle ne peut pas pleurer, ce n’est pas elle qu’on cautérise. Elle ne peut pas craquer, pas encore. Les théories, c’est vraiment une sacré merde. Elle est prise d’une quinte de toux. Elle est à deux doigts de vomir. Elle est livide quand elle se penche à nouveau sur le blessé. Denzel est à nouveau conscient. C’est pire, autant pour elle que pour lui. Son corps se contracte, tentant vainement d’échapper à la douleur, et elle se souvient de la force qui l’a animé quand il a terrassé les Dupkis. Le bâton qu’elle lui donne n’atténue pas totalement les bruits de gorges que son ami laisse échapper alors qu’elle s’occupe de sa dernière blessure.

L’odeur est toujours là, et même pire encore. Elle peut enfin reculer, mais l’air qui lui parvient est saturé par cette odeur immonde. Elle entend vaguement Denzel dégueuler alors qu’elle se laisse totalement tomber par terre, juste à l’entrée de leur abri de fortune, le dos appuyé contre une ancienne et antique pierre. Elle remonte ses genoux et pose sa tête dessus, se force à respirer calmement. Juste un instant, un instant pour oublier.

Juste un instant où elle aurait aimé être dans un rêve, ou au moins que quelqu’un prenne les décisions importantes à sa place. Avoir ses parents pour lui dire quoi faire. Faire des vidéos, dans la grande maison autonome qu’ils avaient construite, à la bordure d’une forêt de pin, et savoir que, quoi qu’il se passe, elle aurait quelqu’un qui viendrait l’aider si vraiment elle en avait besoin. Faire pousser ses légumes, parler d’autonomie alimentaire, montrer comment faire du feu, chasser un sanglier peut-être, mais tout en sachant, au fond d’elle-même, que rien de grave ne pouvait lui arriver. Ses parents n’étaient pas loin, il y avait un hôpital assez rapide à rejoindre en voiture, elle pouvait faire des erreurs, elle pouvait ne pas savoir quelque chose, il lui suffirait d’apprendre et cela ne ferait rien.

L’air et le vent extérieur l’aidèrent à chasser la nausée. Elle tremblait, de froid, de fatigue et sûrement pour un tas d’autres raisons. Ses habits lui collaient à la peau et la pluie lui tombait de temps en temps dessus, selon la direction du vent. Elle prenait enfin conscience de la nouvelle vie dans laquelle elle se trouvait. Si elle faisait une erreur, elle risquait sa vie. Si elle ne savait pas quelque chose, elle pouvait en mourir. Elle ne pouvait plus ouvrir un livre ou chercher quelque chose sur internet pour apprendre. Elle ne sentirait plus jamais la chaleur rassurante de son foyer, et la sécurité qu’il apportait. Elle qui avait rêvé de liberté, elle se sentait terriblement seule maintenant. Elle aurait voulu que ses parents soient là. Elle aurait voulu que son frère soit là. Elle voulait que quelqu’un soit là et lui apporte son aide. Elle ne voulait pas mourir. Elle avait manqué de mourir. Plus personne ne pourrait l’aider. Plus personne ne la prendrait dans ses bras pour la consoler. Elle avait tout perdu en participant à ce projet.

Il n’y avait plus personne pour tenir la caméra.

Je ne suis pas une guerrière papa…

Dans la protection illusoire de ses bras, Junko laissa ses larmes couler.

La morsure du froid est toujours douloureusement présente sur son corps. Le ciel continue de déverser des trombes d’eau sur ce monde dépouillé de l’humanité. Chacun de ses muscles lui fait mal, et si elle ferme les yeux, elle pourrait sans doute s’endormir comme ça, et plonger dans un univers plus serein, peut-être éternel. Qui la pleurerait donc ?... A travers la brume de ses pensées noires, elle entendit Denzel parler, lui demander quelque chose, si proche et si loin d’elle en même temps. Il lui fallut quelques instants pour que ses mots aient un sens dans son esprit. Elle aurait voulu crier, pleurer de tout son soûl, envoyer chier cette vie qu’elle avait naïvement souhaité mener. Mais ça aurait été un gaspillage d’énergie inutile. Elle déglutit et se redresse un peu, appuyant son crâne en arrière, et essaie de parler le plus normalement possible bien qu’elle ait la gorge nouée:

– J’ai dormi ici hier soir… J’ai du te traîner plus ou moins deux heures je dirais…

Elle n’a pas la force de supporter sa gratitude. Elle aurait aimé lui dire qu’elle serait morte sans lui, qu’il a fait le plus gros du boulot. Mais elle n’en tire aucune joie. Depuis son réveil, elle s’est baladée, presque la fleur au fusil, sans vraiment prendre conscience des dangers qui l’entouraient vraiment. Les premiers prédateurs qu’elle avait croisés auraient pu être les derniers. Et dire qu’elle se pensait prête à tout…

Le polonais la regardait maintenant, et elle n’avait pas écoutée ce qu’il avait pu dire. Elle suivit son regard pour regarder, enfin, sa propre blessure. Elle ne saignait plus, mais maintenant qu’elle avait cessé de bouger et que son muscle refroidissait, elle sentait la douleur à chacune de ses inspirations. Elle pensa à dire que ce n’était rien, mais ce n’était pas une raison pour ne pas s’en occuper n’est-ce pas ? La fatigue passerait après.

Elle se pencha et retira sa chaussure, et le simple mouvement lui arracha une grimace douloureuse. Pourtant, elle avait eu de la chance: le cuir de ses rangers et le tissu de son pantalon avaient grandement atténué la puissance de l’attaque. Les crocs avaient percé la chair, mais pas assez profondément pour lui arracher le pied. Elle pouvait sans doute s’en estimer heureuse. Elle se força à se relever, et manqua de s’effondrer purement et simplement quand elle dû s'appuyer sur sa jambe blessée. Voilà qui clôturera cette journée en beauté.

Elle clopina jusqu’au feu, et surtout à son sac, dont le contenu était toujours éparpillé sur le sol, et s’occupa lentement de désinfecter la plaie et de la panser. Les bandes de tissus dont elle s’était servies pour Denzel étaient déjà plongées dans l’eau bouillante, en train de se faire stériliser. Cela lui fit prendre conscience qu’elle était gelée, et que c’était tout aussi dangereux que n’importe quelles blessures qu’ils avaient pu subir.

– Il faut que je me change. Toi aussi. Tu as des fringues de rab pour toi ?

Elle n’aurait sûrement rien à sa taille, mais rester avec les habits trempés sur le dos serait pire encore. Il fallait les faire sécher. Il faudrait aussi qu’ils dorment, et il leur faudrait bientôt manger. Trouver quelque chose avant qu’il ne fasse nuit, ils n’avaient plus que quelques heures de lumière devant eux…
Junko
❦ Ramure de laurier
Junko
Junko
De sang et d'os Fall-autumn
Jeu 11 Mai - 15:21
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La civilisation avait sombré dans la mort. Au travers des déserts les tombes de bétons s'étaient effondrées sur elles-mêmes. Les squelettes, autrefois vivants, jonchaient ça et là quelques recoins de cette région rendue à la vie sauvage. La plage était déserte, habitée uniquement par ces crabes rêveurs et ces chiens galeux ne se déplaçant qu’en meute. La jungle était encore un endroit inconnu, mais pour sûr qu’aucune âme n’y vit au travers d’une civilisation reconstituée. La jungle est sauvage, la météo avait repris de sa force. L’être humain n’était qu’une poussière dans cette machine lancée et dont le tambour ne faisait plus qu’accélérer. Impossible de faire machine arrière.

La race humaine est à son extinction, elle barbote, gigote, mais finira comme le veau perdu dans un torrent, noyée au fond d’une rivière remplit de vie.
Kowalski voulait à nouveau sombrer dans un sommeil profond. Tomber dans les vapes l’aidait à se souvenir de sa vie d’autrefois, récupérer ainsi quelques bribes de souvenirs. Mais le sommeil ne vint pas. Le malaise s’en était allé. Les souvenirs avec.

Adossé contre le mur en miette il s’éprit à observer Junko faire et tourner dans son abri. Voilà des siècles qu’il n’avait pas observé quelqu’un. Ne s’étant probablement que concentré sur lui-même il regardait Junko sans dire un seul mot. Ce jeune bout de femme s’en était tiré comme si de rien n’était, elle semblait pourtant contrariée, préoccupée, mais elle n’avait à rougir de rien, elle avait même montré bien plus de force de vivre que n’importe qui dans l’entière vie du Polonais.

Kowalski laissa finalement sa tête basculer sur le côté. Il entre voyait l’extérieur au travers d’une brèche dans le béton écroulé, le Polak ferma les yeux et se laissa bercer par le son de la pluie qui clapotait autour de l’abris.


Une unique fenêtre donnant sur une rue piétonne. Valser, tanguer jusqu’à la table où les cadavres de bouteilles sèches tel des poissons laissés sans écaillers. Ecraser son front contre le verre. Regarder la pluie arroser les badauds, rire seul, soulever le goulot d’une nouvelle bouteille. S’allonger au pied du lit, bouteille en main, réveil réglé pour une ouverture forcée des paupières dans moins de quatre heures, rire de nouveau et s’endormir pareil à un vieillard jouant aux dominos.



Kowalski s’arracha à sa tentative de s’endormir en redressant la tête. Son hôte soignait sa cheville, visiblement elle ne perdait pas de temps sur sa santé, trop préoccupée. Choquée ? Peut-être. Epuisée, certainement, tout comme l’était le Polonais en proie aux divagations.

Il faut que je me change. Toi aussi. Tu as des fringues de rab pour toi ?

Denzel étouffa un rire amer. Il se râcla finalement la gorge en réalisant l’importance de cette question. Il posa son regard sur son sac étalé non loin de lui.

Kurv’ j’ai pris quoi déjà

Une poêle distordue. Quelques pièges à rats de fortunes. Des bibelots sans importances immédiate, une « conserve de crabes faite maison » pleine de moisissures. Du fil de cuivre, quelques pièces d’un ancien temps. Une bâche et si !! Un anorak vert kaki en presque bon état. Ce dit anorak servant de « porte » pour l’entrée de son abri.

Rorke se mua silencieusement en faisant jouer ses épaules, le regard toujours porté vers son sac au contenu bien ridicule, il écarquilla les yeux, plongé dans le souvenir de l'action.

Il se revoyait, prit de panique que son abri soit soudainement sous le siège d’animaux. Ridicule. Il se voyait tel un touriste, incapable de prévoir l’imprévu. Il avait pourtant fait son service militaire. Sac ? Paré. Mangé ? prêt ! Dormir ? couchage ! tout était toujours prêt, toujours paré à l’inconfortable. Et là il se retrouvait avec une poêle tordue et des merdes sans importance. Néanmoins son service lui avait appris l’utilité d’objets en diverses circonstances. Mais tout de même, toujours être prêt ‘, attendre que’, en mesure de’, attendre que’, il en était bien loin avec sa poêle pétée et son anorak troué.

« Je n’ai rien, qu’un poncho Junk’ »

Denzel soupira longuement, il était lassé de galérer, lassé d’être un boulet pour sa comparse. Les souvenirs revinrent. L’alcool, la drogue, des douleurs ? Fumer, des bagarres, un nez tordu ? Fumer, encore. La tristesse, l’alcool. Toutes ces solutions n’étaient que des enzymes. Il suffisait à Rorke de produire ces enzymes lui-même à défaut de les trouver pour outre-passer le fait qu’il était souffrant et complètement désorienté. Seulement voilà, on ne créé pas le bonheur sur commande.  

Kowalski se souleva, non sans mal, il s’appuya sur son genou douloureux, son bras gauche sursautait de douleur, on avait l’impression que ce dernier respirait de ses propres poumons, les chairs à vifs se tendaient et se détendaient au grès des battements du cœur de son hôte.

Denzel s’avança finalement non loin de Junko. L’homme fit marge de sa douleur et alla s’assoir en tailleur au plus proche du feu. Il éloigna immédiatement son bras gauche du foyer tant la chaleur réveillait la douleur dans ses chaires. Il observait les flammes danser au grès d’un léger courant d’air. Il retourna finalement plonger son regard dans celui de Junko.

- Prends le temps de te soigner correctement M’lody. Et dis-moi quoi faire, je veux aider au mieux. »

Denzel avait entreprit de retirer ses quelques vêtements, les bottines, le cuir était usé, craquelé sur les côtés, il retira également ses chaussettes, baignant dans un jus mal odorant. Rorke grimaça et s’assura que Junko ne le remarque pas, trop tard. Le polonais regardait Junko d’un air désolé, il grimaça et fourgat ses chaussettes au fond de ses godasses.

Les pieds, s’il y avait bien une partie du corps à ne pas négliger c’était celle-ci. Ses panards étaient blancs, trempés. Les avoir laissé macérer parmi l’eau, le sable, la boue, la transpiration avait rendus leur état à la limite du raisonnable. Il planta ses gros petons devant le feu quelques précieuses secondes, il soupira bruyamment en sentant la plante de ses pieds se réchauffer.

En un geste le Polak se releva, entreprit de déboutonner son pantalon gorgé d’eau, ce dernier, entraîné par le poids de l’eau tirait ridiculement vers le bas. Un coup d’œil vers Junko, Denzel n’était pas du genre pudique, néanmoins il ne voulait pas paraître rustre face à son hôte. Il fit volteface, se plaçant de dos à la jeune femme. Dès lors que le bouton fut libéré le pantalon alourdi de flotte s’écrasa au sol dans un fracas humide.

Le plus délicat arriva. Retirer le par-dessus, une sorte de caban usé, sans pour autant s’arracher les dernières chaires restaient attachées au bras gauche de l’homme. Le polonais se contorsionna, libéra son bras saint, passa ce dernier au plus loin de sa manche gauche, par l’intérieur, il écarta de cette façon les tissus et entreprit de retirer son bras blessé.

Le caban s’écrasa avec un fracas tout aussi bruyant, il étendit son vêtement non loin du pantalon et de ses bottines crasseuses. Il balança finalement son débardeur gris non loin du reste de ses vêtements. Rorke était dans un sous-vêtement des plus confortables, l’iconique caleçon ample décoré de carreaux. Même si Rorke n’avait pas à rougir de sa carrure, le poids de la faim, de la fatigue, s’entrevoyait sur son torse malmené, son ventre avait bien perdu de sa graisse, ses muscles, bien qu’il nageait tous les jours sur la plage, s’étaient quelques peu dégonflés. Ou bien l’âge commençait à faire son office.

Le polonais retourna son sac avec flegmatisme, il trifouilla parmi ses affaires pour s’assurer qu’il n’avait bien récupéré que du matériel merdique. Il ne s’était pas trompé, pas grand-chose de véritablement utile là-dedans, mais il récupéra néanmoins son poncho kaki qu’il enfila immédiatement. Il retourna ensuite se mettre en tailleur près du feu, un poil plus loin que précédemment de peur de re-réveiller la douleur dans son bras gauche. La douleur. Toujours présente, mais son corps commençait à s’en accommoder si bien que l’homme regardait son bras mutilé.

« Tu m’aura laissé un sacré souvenir quand-même » dit-il en souriant à Junko. « Merci pour tout ce que tu as fait. »

Il tapotait nerveusement son genou. La fatigue, le stress, l’angoisse, la soif, la faim, tous ces sentiments mettaient le Polonais en émoi. Néanmoins l’homme se trouvait étrangement paisible et calme, presque serein. La compagnie de Junko, était rassurante, elle renormalisait l’état d’être humain, les sentiments, la peur, l’empathie.

« Si tu as de l’eau, je peux bien m’occuper de la traiter si tu veux. On a besoin de boire. Faudrait pas se dessécher alors que dehors c’est le torrent qui tombe. »

Kowalski plaça ses mains devant lui, devant le feu. Il regardait Junko finir de se soigner. Il sentait que sa comparse en avait plein le dos, qu’elle était à bout de nerf, fatiguée de bien des choses.

«Ça va aller Junko. Ça va le faire. Ça pourrait être pire., ça peut toujours être pire. » dit-il en s’essayant à un vague sourire amical.
Denzel
≣ Labradorite des sables
Denzel
Denzel
Mar 16 Mai - 18:59
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L’odeur du sang. La fatigue de son corps. Le reste du choc. La douleur de sa cheville. Les vêtements trempés. Le crépitement du feu. Les relents insoutenables de la chair brûlée. Les tremblements. L’adrénaline qui l’avait quittée. Le froid. Les torrents d’eau à l’extérieur.

Elle avait l’impression de tout ressentir en même temps, de manière bien trop intense, et de ne plus savoir comment gérer les choses, comment s’organiser et continuer de penser à la suite. Toujours dans l’action, toujours prête, hein ? Elle se sentait juste épuisée. Elle voulait dormir, arrêter de penser, ne plus réfléchir à rien, juste fermer les yeux et que tout s’arrête. Mais elle n’était plus une petite fille faisant un cauchemar et dont les parents viendraient consoler sous peu. Elle était une adulte qui venait d’échapper à la mort et qui avait douloureusement pris conscience de la réalité de la situation dans laquelle elle se trouvait désormais. S’arrêter ne la sauverait pas. Elle devait continuer de se battre et d’avancer. Pour elle. Pour sa famille. Pour ses abonnés qui l’avaient soutenus. Pour ses milliards de personnes qui étaient mortes à la fin du monde. Elle portait en elle tous les espoirs de l’humanité. Elle se devait de continuer à avancer, pas après pas. Même quand tout se liguait contre elle.

Réfléchir. Une chose à la fois. Un problème après l’autre. Elle ne pouvait pas dormir maintenant. Réfléchit Junko, réfléchit et agit !

Se changer, en premier lieu. Denzel farfouilla dans son sac à sa demande, et sa grimace n’augurait rien de bon. D’un autre côté, c’était normal, elle avait vu sa panique quand elle lui avait ordonné de préparer ses affaires. Il avait pris ce qu’il pouvait, ce qu’il voyait, sans vraiment songer à leur utilité. Il n’avait jamais pensé qu’il devrait tout abandonner un jour ou l’autre, alors rien n’était prêt pour ce cas de figure. Elle songea à ses parents, qui avaient fait en sorte de préparer à chacun des membres de leur famille un sac de survie, pour quand l’apocalypse arriverait, s’ils devaient s’enfuir rapidement. Elle se montrait désormais très critique sur l’éducation qu’elle avait reçue, mais elle ne pouvait nier que ses apprentissages passés lui étaient désormais très utiles.

- C’est toujours quelque chose à te mettre sur le dos, murmura-t-elle doucement. - Ce sera mieux que des fringues trempées.

Elle n’aurait rien à lui passer pour ce coup-ci, ses habits de rechange n’étant clairement pas du même gabarit. Et elle avait sincèrement l’esprit ailleurs, le corps qui tournait au ralenti, comme une machine grippée qui essayait désespérément de faire ce pour quoi elle était prévue. Alors elle se soignait, surveillant quand même de temps à autre le jeune homme, au cas où il devait faire un malaise. Après quelques instants auprès du feu, il se décida enfin à se déshabiller, petit à petit. Elle détourna pudiquement les yeux, sans lui faire la moindre réflexion sur l’état de son corps. Elle l’avait déjà bien assez jugé sur son apparence aujourd’hui. Si on l’avait lâché dans la nature sans la moindre connaissance de ce qu’il se passait et de quoi faire, elle serait certainement dans un pire état que lui. Et vu ce qu’ils venaient de vivre, elle était mal placée pour se permettre des réflexions maintenant.

Elle bougea lentement sa cheville, puis sa jambe, pour garder son muscle le plus chaud possible, tout en écoutant les bruits qui venaient de son dos alors que Denzel enlevait ses habits trempés. Ses propres gestes étaient terriblement lents, maintenant que la fatigue prenait le dessus. Elle adorerait s’enrouler dans une couverture et dormir de longues heures. Bientôt ? Son compagnon d’infortune, à peine habillé, retourna s’asseoir près du foyer, observant les cicatrices que son intervention avait causées. Elle n’avait même pas la force de lui sourire, le souvenir de la chair qu’elle brûlait étant encore bien trop présent dans son esprit. Elle déglutit difficilement et remit sa chaussure pour tenir son bandage en place. Elle s’appuya précautionneusement sur sa jambe et fit quelques pas prudents, l’écoutant d’une oreille. Traiter de l’eau hein ? Ce n’était pas une mauvaise idée. Ils pouvaient facilement récupérer de quoi remplir leurs gourdes avec ce qui tombaient, autant en profiter pour rendre tout ça potable.

- Ça va aller Junko. Ça va le faire. Ça pourrait être pire, ça peut toujours être pire.

Elle serra les dents. Il ne pensait pas à mal, mais sa sympathie et sa gratitude lui rappelait juste qu’ils avaient frôlé la mort et qu’ils s’en sortaient de justesse. Ses pensées noires la submergèrent et elle se tendit, luttant pour contenir ses larmes.

Pas maintenant, tu es censée être forte.

Souris, souris à la caméra ma belle guerrière. Montre leur la femme forte que tu es.

Souris leur Junko. C’est normal qu’ils t’admirent, tu es l’incarnation des valeurs de la femme moderne. Alors continue de sourire. Ne t’arrête pas.

Souris.

Souris à la caméra.

Souris bordel. Ce n’est pas difficile.

Ne montre pas tes faiblesses, souris.


Son sourire était de façade, et il ne monta absolument pas à ses yeux. Mais c’était ce qu’elle avait toujours appris, alors elle sourit, comme si rien ne la touchait, et bien qu’elle tremblait de froid, elle se dirigea vers la “sortie” de leur abri de fortune.

- Je vais profiter d’être encore trempée pour récupérer du bois à faire sécher, on en aura besoin pour le feu. Tu peux essayer de mettre la bâche devant l’entrée, pour nous protéger du froid, si ça ne te fait pas trop mal. Je reviens.

Elle était déjà dehors, et s’éloignait aussi rapidement que sa blessure le lui permettait. La pluie se mêlait à quelques larmes traîtresses, mais elle était seule, alors elle se permit de les laisser couler, alors qu’elle marchait un peu au hasard dans les ruines de cette ancienne ville. Elle finit par s’adosser à un arbre, définitivement trempée, le temps de reprendre le contrôle de ses émotions. Et pleurer en silence son passé désormais perdu…

Une grande maison en bois, entièrement rénovée de manière écologique au fil des années. Différents systèmes pour fabriquer une énergie verte se trouvaient également là. Des éoliennes de fortune, des panneaux solaires, un petit système hydraulique dans la rivière non loin. Un immense potager où elle aimait travailler et faire ses vidéos en été. Les bois qui entouraient leur demeure, où elle allait chasser avec son père. Sa mère qui fabriquait des cosmétiques naturels dans son atelier. Les arbres auxquels Kaosu lui avait appris à grimper. Elle aurait aimé repartir au temps où ils vivaient tous ensemble et où, le soir, ils s’installaient tous dehors, près d’un feu de camp improvisé, et se racontaient des histoires en regardant les étoiles.

Avant que son frère ne disparaisse, et qu’on ne commence à contrôler, petit à petit, tout ce qu’elle faisait…

Elle ne savait pas combien de temps elle était restée là, sans bouger sous la pluie. Sous un temps pareil, il lui était difficile de savoir quelle heure il pouvait bien être. Il faisait encore jour, mais la nuit approchait sûrement à grand pas. Elle se redressa difficilement. Elle claquait franchement des dents désormais, il fallait vite qu’elle se réchauffe. Elle se remit lentement en marche, récupérant quelques morceaux de bois par-ci, par-là. Quelques maniocs, ou en tout cas une espèce qui y ressemblait assez, et deux tomates tout juste mûres. Avec le demi-rat qu’elle avait d’hier soir, ils pourraient au moins manger un peu, songea-t-elle alors qu’elle revenait enfin du côté de Denzel… Restait juste à éviter d’attraper un rhume quelconque, elle devait vraiment se changer.

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Junko
❦ Ramure de laurier
Junko
Junko
De sang et d'os Fall-autumn
Mer 7 Juin - 16:35
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Il y a des épaules larges, d’autres plus fines. Des musclées, des plus sèches. Imposantes ou encore rentrées. Des épaules tombantes, d’autre vraiment massives. Parfois pour une photo on réhausse le buste, on s’efforce d’agrandir son spectre. On se grandit, on retient sa respiration, on gonfle le torse, on fait le coq pour paraître plus qu’il n’en est. De temps à autre on s’aide d’un camarade pour agrandir notre silhouette, on se porte, on s’élève entre amis, mais parfois les épaules ne suffisent plus et la pyramide s’effondre. Physiquement les épaules sont toujours là, hautes et bien portantes. L’ombre quant à elle s’effondre sous le poids de l’insupportable.

La Fatigue.

Denzel était quelqu’un d’hyper empathique. Bien que son air faussement froid laissât dire aux gens que les Kowalski étaient des êtres renfrognés, il n’en était en réalité rien. Denzel, habitué dans sa jeunesse à essayer de lire les émotions des chevaux, transperçait relativement facilement les émotions de ses comparses humains. Il lisait généralement plutôt bien la gêne, la tension et l’étonnement.

Rorke rabattit ses mains vers lui, il les rentra dans son poncho synthétique et colla ses paumes contre son cœur. Il observait danser le feu, il écoutait le cœur de Junko entrer sur la déraille. Sa comparse parlait, il écoutait, mais bien qu’elle alignât quelques phrases, son ton avait changé, ses mots n’avaient sensiblement plus le même sens. Là où avant elle aurai pris le temps, du temps elle n’en avait soudainement plus.  

Fatiguée ?

Sans doute. Une goutte de sueur perla sur le front de Rorke, ce dernier l’essuya du revers de son épaule. L’humidité quittait son corps en un nuage de vapeur, perlant et s’accrochant à l’épiderme usée du Polonais. Junko soumit l’idée d’accrocher la bâche à l’entrée, en effet, la pluie battante s’immisçait à l’intérieur de l’abris, Rorke leva les yeux pour acquiescer du regard, mais Junko avait déjà disparue.

Envolée.

Denzel s’étira pour chercher la silhouette de sa comparse au-delà de l’entrée, invisible. L’homme afficha une moue préoccupée et se releva de tout son long, contourna le foyer et s’arrêta finalement pendant sa marche. Il croisa son regard dans le reflet d’une vitre encore presque intact. Il se rapprocha de son reflet, troublé.

Ses cheveux longs, tirés en arrière, lui donnaient un air d’homme des cavernes, ses quelques mèches rebelles lui tombant presque sur les épaules. Une barbe drue, non taillée et mangée par quelques poils blancs, prônait fièrement sur un visage épuisé. Rorke souleva son poncho et redécouvrit son propre corps. Adieu corps sculpté, muscles saillants, pectoraux renversants. Son corps était plus sec, les muscles, toujours présent, affichaient néanmoins un manque criant de bonnes graisses. Ses hanches avaient fondu. Rorke ne se reconnaissait plus, lui qui aimait tant manger, travailler, faire du sport, il pensait pourtant que vivre sur la plage l’avait aidé à maintenir son corps, il n’en était rien, il avait changé. Son regard glissa vers son bras blessé, dans le reflet il distinguait ses chairs brûlées. Il hocha silencieusement la tête. Remerciant dans son esprit Junko de lui avoir sauvé la vie. Le focus de son regard se défit, sa vue transperça le reflet et dévoila quelques bâtisses en ruines. Junko avait elle déjà fouillé ces bâtiments ? Certainement.

Il lui fallait un rasoir, sa barbe le grattait affreusement.

Rorke se défit du miroir improvisé et rejoignit l’entrée, il fit craquer ses genoux pour ramasser ladite bâche et déplia cette dernière. Quelques petits cordages accrochés aux extrémités de la bâche suffiraient à tendre le morceau de tissu synthétique. Faisant dos à l’obscurité il resta quelques instants la tête tournée vers l’arrière, vers l’extérieur, cherchant tristement Junko. Introuvable. Il Passa le premier cordage dans une sorte de vieux crochet planté dans le mur, tendit convenablement la bâche et assura le nœud avec deux demi-clefs. Il fit de même avec l’autre extrémité et termina par verrouiller un coin du bas de la bâche en y calant une grosse pierre, du bout du pied, sa blessure se remettant à lui lancer quelques appels désagréables.

Les minutes passèrent, longues et inquiétantes. Junko refit finalement surface. Rorke ne fut pas surprit par son état, il était calmement adossé au mur et quant il comprit l’état de son amie il quitta sans empressement sa position, il alla aux côtés de Junko et l’aida à se débarrasser de sa cueillette. Des légumes.

« Kurv’.. Des tomates. »

Sur la plage, les crabes ne faisaient pousser aucun légume. Les steppes environnantes n’offraient que des baies inconnues. Voir deux tomates, bien rondes, offrit un semblant bonheur au Polonais qui se mit immédiatement à sourire bêtement.

« Junko. Change-toi, reposes toi. » il récupéra les légumes, les déposant précautionneusement sur son sac retourné près du feu. « Tu as une marmite ? Un truc du genre. » il pointa son sac du menton « j’ai une poêle tordue, mais pour faire une.. Kurv’.. Zupa ? » il chercha ses mots, le regard dans le vide « soupe ? Oui soupe. Pour une bonne soupe il me faut un truc mieux que ma krepa en métal »

Il s’agenouilla près du feu, récupéra son petit couteau et entreprit d’éplucher ce qui ressemblait à du manioc, légume complètement inconnu pour le Polonais, peu importe, il y avait deux tomates.

Préparer à manger prendrait un peu de temps, surtout pour une soupe, mais c’était le meilleur moyen de tirer tous les nutriments possibles de chacun des aliments. Il tourna la tête vers Junko et relança sa phrase, d’une voix amicale, mais directrice.

« Allez Kurv’ changes toi, sèches toi et reposes toi. Je m’occupe de nous préparer quelques choses. Repose toi Junko. Ne pense à rien d’autre que te reposer prosze. Et ne sors plus, reste au chaud hein. »

Il termina sa phrase par un sourire discret adressé à son amie et lui tourna complètement le dos et lui laissa l’intimité qu’il pouvait lui céder afin qu’elle se change.

Rorke restait néanmoins attentif à Junko. Il se devait d’essayer de la mettre à l’aise, ne pas trop parler, juste l’aider, il fallait l’obliger à se reposer, s’arrêter de penser.
Denzel
≣ Labradorite des sables
Denzel
Denzel
Ven 16 Juin - 18:04
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La fatigue. C’était vraiment ce qu’elle ressentait le plus maintenant. Une vague de lassitude qui l’emplissait de toute part, dans chacun de ses membres, le moindre de ses muscles, alors que ses mouvements lui paraissaient longs et lents. Elle avait l’impression que tout était ralentit autour d’elle, et que chaque geste lui demandait un effort considérable, alors que son corps, cette machine d’ordinaire bien huilée mais actuellement grippée, mettait un temps fou à réagir. Elle n’avait pas le souvenir d’avoir été aussi fatiguée un jour, et elle en venait même à se demander comment elle arrivait encore à se mouvoir vu l’épuisement manifeste qu’elle ressentait. Sans doute un sursaut de volonté, ou une bride de conscience qui lui répétait sans cesse que, de toute manière, elle ne pouvait pas tout simplement s’arrêter ici. Elle devait rejoindre l’abri.

Alors elle avançait, lentement. A sa fatigue se mêlait le froid et l’humidité. Elle était depuis longtemps trempée, et sa température interne devait fatalement avoir commencé à chuter, car des frissons de plus en plus violents remontaient le long de sa peau. Ses doigts peinaient à détacher les tomates de leurs tiges, et elle manqua d’ailleurs de les lâcher dans la boue tellement ses extrémités étaient engourdies.  Les résultats ne furent pas plus glorieux pour les différentes branches qu’elle ramassa et qu’elle cala difficilement sous son bras. Mais au moins, ils auraient de quoi passer la nuit sans avoir besoin de ressortir. De toute façon, elle ne serait certainement plus en mesure de se relever si elle s’allongeait, et son comparse n’était guère dans un meilleur état, donc…

Elle aperçut enfin les ruines de l’ancienne bâtisse qui les abritait. Denzel avait manifestement réussi à accrocher sa bâche, car l’entrée était désormais protégé des bourrasques du vent et de la pluie qui n’arrêtait pas de tomber. Elle rentra enfin, péniblement. La chaleur, bien que relative, qui régnait à l’intérieur lui fit un bien fou. L’autre homme était appuyé contre le mur, non loin, et il semblait l’avoir attendu avec inquiétude. Combien de temps avait-elle passé dehors, à se laisser aller au chagrin et au désespoir ? Quelques minutes ou quelques heures ? Elle avait perdu la notion du temps. Assez longtemps pour être trempé et gelé en tout cas. Un mal de tête s’ajoutait à la liste de ses divers symptômes, certainement dû à ses larmes. Tous les efforts de ses dernières heures commençaient à se faire ressentir, et elle devrait bientôt en payer le prix. Tenir debout était déjà un bel exploit en soi.

Son compagnon l’aidait à se décharger de ses affaires, et elle hocha vaguement la tête pour le remercier alors qu’elle déposait le bois dans un coin, assez proche du foyer, pour qu’il puisse sécher et leur servir de combustibles sous peu. Les maigres légumes qu’elle avait dénichée semblaient ravir Denzel. Il semblait avoir récupéré assez d’énergie pour s’occuper de leur préparer un repas, et elle lui en était reconnaissante. Elle n’était désormais plus en état de pouvoir accomplir grand-chose. Elle se pencha sur son sac avec l’idée d’en sortir sa marmite, avant de se rappeler que cette dernière était déjà sur le feu, avec de l’eau et les bandages qu’elle avait mis à stériliser après ses soins d’urgence. Elle les lui indiqua d’un geste fatigué :

- On a qu’à étendre les bandages pour qu’ils sèchent et tu pourras l’utiliser.

Même si c’était plus des bandes de tissu que des bandages, en soit… Mais ils pourraient être utiles, surtout si elle devait lui refaire ses pansements demain. Pas vraiment ses meilleurs soins ou les conditions les plus optimales, c’est vrai, mais elle n’avait rien de mieux à lui proposer, et elle faisait sincèrement au mieux pour limiter les risques. Ils n’auraient plus qu’à espérer que rien ne s’aggrave malgré tout.

Quitte à être dans son sac, elle sortit le petit sachet étanche où elle conservait le reste du rat qu’elle avait chassé la veille, et le déposa près de son ami. Ce n’était pas grand-chose, mais avec les quelques légumes, ça leur permettrait au moins de manger un peu. Une soupe et quelques morceaux de viande, ce serait presque du grand luxe après tout ce qu’ils venaient de traverser.

- Ça a un goût de poulet, laissa-t-elle faiblement tomber quand il sembla examiner le contenu du sachet. Bon, on reconnaissait sans aucun doute le rongeur malgré les morceaux manquants, et sans doute n’avait-il pas eu besoin d’en arriver à de telles… Extrémités, vu qu’il n’avait pas eu de soucis à se nourrir avec les crabes, mais par les temps actuels, ils ne pouvaient pas se permettre d’être trop difficile avec la nourriture. Si c’était comestible, alors autant manger.

- Aller Kurv’ chantes toi, sèche toi et repose toi. Je m’occupe de nous préparer quelque chose. Repose toi Junko. Ne pense à rien d’autre que te reposer prosze. Et ne sors plus reste au chaud hein.

Elle hocha légèrement la tête, consciente qu’elle en avait déjà trop fait, et que tirer plus sur la corde ne ferait que les mettre en danger tous les deux. De toute manière, elle n’avait plus de force, et elle n’aspirait qu’au repos. Savoir que son partenaire allait s’occuper du repas lui enlevait déjà un poids du cœur. Elle n’était pas seule dans cette galère. Même blessé, Denzel pouvait l’aider, et il lui avait prouvé, un peu plus tôt, qu’il n’hésiterait pas à se mettre en danger pour elle s’il le fallait. Elle lui rendit un léger sourire, certainement trop faible pour éclairer ses yeux, mais comme un semblant de remerciements pour tout, et récupéra, enfin, des habits secs dans son sac. Un léger coup d'œil à l’autre survivant… Il lui tournait totalement le dos, lui laissant par la même occasion toute l’intimité dont elle pouvait avoir besoin.

Elle enleva son haut, qu’elle laissa tomber par terre, en boule, sans vraiment y prêter attention, s’employa à défaire ses chaussures, dont les nœuds mouillés des lacets furent une horreur à défaire, puis s’acharna un bref instant pour faire subir le même sort à son pantalon, qui lui collait désagréablement aux jambes. Ses sous-vêtements étaient tout aussi trempés que le reste, vu le temps qu’elle avait passé sous l’eau, la pluie avait largement traversé les différentes couches de tissus qu’elle portait. Elle hésita quelques secondes, jeta un nouveau regard vers Denzel, qui s’occupait des légumes, toujours sans lui faire face… De toute manière, elle ne pouvait pas se permettre de rester dans de l’humidité. Après quelques secondes supplémentaires, elle acheva de se déshabiller totalement.

Si on exceptait sa blessure à la cheville, son corps était relativement exempt de cicatrices. Et son rythme de marche quotidien et les efforts qui en découlaient lui avaient permis de garder une apparence sportive et musclée, les privations et le manque de diversités en termes de nourriture n’ayant pas encore entraîné de gros soucis à ce niveau-là. Bien qu’à long terme, son nouveau rythme de vie risquerait d’être mis à rude épreuve. Bien sûr, elle savait qu’elle devrait bien, au final, trouver un endroit où s’établir durablement, et voir pour des cultures et une source de nourriture plus facilement accessible, mais pour le moment, elle savait qu’elle n’était pas trop à plaindre sur ce sujet. Peut-être pas seule, songea-t-elle en enfilant des vêtements secs malgré sa peau encore humide. A plusieurs, on est plus forts. Surtout face à des bêtes sauvages. Tout aurait été si simple si tous les membres des Ruches s’étaient réveillés en même temps…

Elle étala son pantalon et son haut près de ceux de l’autre homme, remis le reste de ses dessous dans son sac – pas question de laisser ça sécher comme ça… - avant de mettre sa propre parka sur son dos, et vient enfin s’asseoir près du feu. Pieds dénudés, ses mains frictionnant ses bras, associé à la chaleur du foyer, elle avait l’impression que son corps reprenait vie, se réchauffant enfin. Ses tremblements et ses frissons se calmèrent petit à petit, et même si ses cheveux gouttaient encore le long de son dos, le tissu de l’imperméable lui évitait de finir à nouveau trempé. Elle en soupira de plaisir.

Ainsi installée, elle regarda Denzel s’occuper du repas, bien plus détendue qu’elle ne l’aurait cru de premier abord. Après ce qu’ils avaient traversé, c’était sans doute normal qu’elle lui fasse un peu plus confiance après tout. Et elle était trop fatiguée pour le moment, alors ça lui faisait du bien de ne pas avoir à réfléchir, de juste… Profiter.

Bercée par la pluie et les bruits ambiants, accompagnée par l’odeur de plus en plus alléchante du repas qui commençait à cuire, elle ferma les yeux doucement, et s’autorisa quelques instants de repos.
Junko
❦ Ramure de laurier
Junko
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De sang et d'os Fall-autumn
Mer 21 Juin - 18:19
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Denzel écoutait les conseils d'une Junko inanimée. Quand il eut fini de débarrasser les bandages et de les étendre sur une branche quelques peu éloignée du feu il se remit à sa popotte. Il redéposa la marmite sur le feu et laissa le métal reprendre une température stable. Pendant ce temps il s’était redirigé vers l’entrée, décala la bâche et déposa sa poêle tordue non loin de l’endroit où s’écrasait la pluie, il déposa également son unique chaussette « propre » à même le sol. Sur le chemin du retour il observait son amie, assise, enroulée dans sa parka synthétique, le sommeil la guettait, la fatigue s’emparait d’elle.

Il retourna près du feu et ouvrit le sachet contenant les restes d’un rat. « Le goût de poulet » peu importe, tant qu’il nourrirait ces deux corps en perdition. Il s’assura que l’animal avait était bien vidé auparavant en exécutant une timide incision dans l’abdomen du rongeur, ceci fait il plaça l’animal à plat sur une planche en bois et scinda la bête en deux parties presque équivalentes. Tête comprise, il déposa le tout dans la marmite et retira aussitôt cette dernière du feu, la déposant non loin de lui.

Les chaires crépitaient à nouveau, mais cette fois-ci l’odeur était bien moins désagréable. La température baissait au sein de la marmite hors du feu, laissant se répandre les quelques maigres graisses contenues dans l’animal au fond de la casserole, les graisses ne brûlaient pas, elles se répandaient simplement dans une cage de fer et dans un crépitement alléchant.

Denzel trancha singulièrement les deux tomates en deux parties, déposant les quatre morceaux dans la marmite, les écrasant du dos de la main, laissant le jus se répandre largement parmi le suc animal presque collé au fond de la grande casserole. Il détailla ensuite largement le manioc en dès qu’il fit rejoindre le fond de la marmite d’un geste de chef nonchalant.

Le polonais s’en alla récupérer sa poêle débordante d’eau et sa chaussette imbibée de pluie. Il déposa cette dernière au plus proche feu et versa ensuite le contenu de sa poêle dans la marmite. Il répéta plusieurs fois l’opération jusqu’à remplir la marmite à la moitié de sa contenance et finit par s’installer non loin de l’unique fenêtre de la pièce.

Dehors la pluie battait son plein. Il devait bien y avoir quelques trésors cachés dans ces ruines d’époques.


Elle était étendue là. Les yeux clos, les paupières lourdement fermées. Allongée dans une parka synthétique, semblable à son propre poncho bien moins étanche ceci dit, elle était étalée là, à même le sol. Se reposant. Paisiblement.


Une vive douleur dans le bras surprit Denzel, les chaires séchaient petit à petit, la cautérisation faisait son travail. La douleur lui fit serrer les dents, et elle s’en alla, tout aussi vite qu’elle était survenue.


Allongée là, par terre. Paisiblement et comme éteinte. Rorke se rapprocha de Junko, l’esprit embrumé par quelques pensées aléatoires et sans véritable sens.


La nausée.

Rorke retint un haut le cœur et se mit à réaliser que finalement, il était peut-être lui aussi en proie à la fatigue, à la perdition. Il s’agenouilla non loin du visage de Junko et observa cette dernière quelques instant. Silencieux. Calmement il laissa sa main couler jusqu’au feu de camp et ramassa la chaussette trempée, tout juste brûlante. Denzel fit glisser ce morceau de tissu entre ses doigts jusqu’à qu’il ait une température acceptable.


Il déposa la chaussette imbibée d’eau chaude sur le front de Junko et s’effaça sans un bruit vers la sortie de l’abris.

_____

Dehors le fracas de la pluie était assourdissant. Il était à nouveau seul. Perdu dans un environnement dont il ignorait tout.

Il assura l’entrée en accrochant sa poêle tordue à une ficelle avec laquelle il fit suffisamment de retour pour " barrer " l’entrée. En réalité ce n’était qu’un avertisseur. Quiconque entrerait dans cet abri devrai couper ces fils, fils qui laisseraient alors tomber la poêle dans un fracas alarmant.


Denzel s’enroula dans son poncho sous lequel il était presque nu, il dévala les escaliers de ses pieds fermes et entreprit de rejoindre cette ruine juxtaposée à la fenêtre où il s’était accoudé quelques instants plutôt. Il pénétra alors dans la bâtisse en ruine.

Un rasoir, il devait trouver un rasoir ou quelques choses s’y apparentant, se débarrasser de cette tignasse infâme qui le répugnait tant.

La bâtisse était en ruine, ce n’était qu’une petite maison écroulée, où l’on pouvait encore deviner une cuisine partiellement à l’abris de la pluie et un atelier dont le toit s’était effondré sur lui-même.

L’obscurité régnait dans ce délabrement de civilisation. La pluie s’abattait dans ce qui avait pu être autrefois un salon, une salle à manger. Il ne restait qu’une médiocre cuisine avec quelques placards fermés, une coiffeuse aux pieds ébranlés et une armoire depuis bien longtemps dévalisée.

Rorke pénétra silencieusement dans la bâtisse effondrée et se mit à tirer un tiroir, vide. Un second, vide aussi. Il s’arrêta quelques instants, s’imprégnant de la pièce, réfléchissant. Il tira un troisième tiroir, quelques chiffons troués. Rien d’intéressant, il ouvrit un placard, balança toute la merde qu’il pouvait y trouver, une bouteille, vide.


« Kurv’ » il balança la bouteille vers la coiffeuse amochée et entreprit de fouiller tous ces autres foutus placards certainement vides eux aussi. Il balançait tout frénétiquement, une pierre à aiguiser ? ça dégage ! directement dans cette putain de coiffeuse de merde, rien quedal

« Quedal, NIET rien bordel de kurv’ à la con !! »
Rorke balançait tout ce qu’il trouvait en direction de la coiffeuse, sa vision se brouilla, il se mit à respirer tellement fort qu’il eut inconsciemment l’impression que quelqu’un d’autre lui soufflait au travers les oreilles.



« Perte de mémoire. Désorientation. Ce n’est qu’un test. Vous en êtes bien conscient. On établira des données plus solides. Grâce à vous peut-être l’humanité…



Kowalski se mit fracasser chaque maudite bouteilles vides sur cette foutue coiffeuse, écroulée désormais.


Un fracas, et un autre. Le sang coule et s’échappe en un fleuve imperturbable. Chaud et visqueux. La pierre est lourdement logée dans le crâne de ce pauvre macchabé. Tu es nu comme un ver. Aussi perdu qu’une phrase hurlée dans une bouteille jetée à la mer. T’as besoin de quoi ? t’envoler ?


« Certains manques au début se feront ressentir. Et des faits marquants pourraient vous revenir en mémoire. Ce n’est qu’une reprise de vos moyens… Perdu et je te souhaite d’être perdu pauvre alcoolique à la con. tu as triché à ton test et voilà le résultat. Va manger tes dupki sale Pater de merde »



La pluie bat toujours son plein. Le monde autour de Denzel tourne et retourne sans jamais s’arrêter. La silhouette s’adosse maladroitement contre un mur effondré. Il planque son visage entre ses mains tremblantes. Ce n’était pas un rasoir qu’il était venu chercher. Il était venu chercher quelque chose pour l’aider à passer outre sa douleur, ses peurs.

Denzel vomit un repas inexistant. Il s’appuya sur ses genoux douloureux et se hissa de toute sa hauteur. Il s’avança, titubant vers la sortie. Le polonais s’arrêta brusquement après quelques pas et fit volteface vers la coiffeuse effondrée, couverte d’un bordel éclaté par sa folie passagère.


___


Il désamorça le piège inventé de sa poêle et pénétra à l’intérieur de l’abris.


Il se mit à fixer quelques secondes le corps de Junko.
Le corps de ce mec crevé, baignant dans son sang.


Denzel chassa cette image sombre de sa tête et retourna s’installer près du feu de camp. Il déposa son trésor balancé contre la coiffeuse délabrée non loin de l’endroit où il s’échoua. Une petite pierre à aiguiser, un morceau de miroir brisé et une sorte d’éponge de fer, outil pouvant servir à gratter la rouille des vieux outils.

« Zupa.. »

La soupe avait mijoté un bon trois-quarts d’heure, durée de son absence, l’eau avait bien réduite, la soupe avait l’air consistante, il suffisait de la laisser refroidir et elle serait prêtre à être consommée sous quelques minutes.

Denzel récupéra la chaussette encore trempée sur le font de Junko et la redéposa auprès du feu. Il observait les flammèches danser et s'éteindre parmi le vide au dessus du foyer.

" Balagan wariujé.. " se répétait il dans sa barbe envahissante.

Il récupéra la chaussette à nouveau bouillante de chaleur et la redéposa sur le front de Junko, il entreprit finalement de transvaser une moitié de soupe dans une écuelle et l'autre moitié dans sa poêle tordue. Il répartit le plus équitablement possible le maniok, les tomates ayant complètement fondue dans l'eau, une moitié de rat chacun. Il restait un fond de " Zupa " soupe faisant finalement penser à un lointain Bortsch . Il suffirait aux deux survivant de compléter le fond de soupe par de l'eau pour étancher une possible nouvelle faim à venir...

Pratique la soupe !

Denzel laissa refroidir les plats, s'occupant d'aiguiser un couteau à l'aide de cette nouvelle pierre à aiguiser, en attendant que Junko se réveille il comptait bien réfléchir à sa nouvelle coupe de cheveux et faire disparaitre cette horrible barbe de père fouettard. Il avait un sourire sincère aux coins des lèvres, il n'avait à nouveau plus l'impression d'être seul, il avait retrouvé une bonne part de sa raison.

Il bailla néanmoins, attendant que Junko daigne sortir de sa torpeur bien méritée.



__________

Denzel commence à ressentir un manque. Le stress, ses blessures font que le manque d'alcool commence à surgir. Cryogénisé  dans son état il commence à avoir quelques passes de folie. Perdu dans ce nouveau monde et addicte à cette potion "apaisante"  ses accès de folie commencent à faire surface. Mélangeant tout, il s'enfonce rapidement dans le manque et a l'impression de manquer de quelque chose de vital à son bien-être.

Junko a tiré les dés pour Denzel et aux résultat :  56

1 à 50 n'étant qu'une illusion, une profonde fatigue voir une crise d'énervement.

50 à 80 étant une crise illusoire. Kowalski peut prétendre à quelques accès violents

80 à 90 étant une profonde crise, au delà du manque d'alcool Rorke divague complètement, effets secondaire d'une cryonie aux standards non respectés par lui-même ? Forte chance qu'il ne se souvienne que d'une partie de son début de crise.

90 à 100 Profonde paranoïa. Kowalski a l'impression de revivre sa sortie de Cryonie. A ce terme il n'est même plus question de manque, mais de crise profonde. Violence, discours décousue. L'individu paraît incontrôlable, tout peut se passer, comme rien. Forte probabilité que l'individu ne se souvienne de rien une fois la crise passé.


Actuellement la santé mentale de Denzel se trouve être très correct, un manque néanmoins se fait ressentir. Il s'efforce de rester comme Junko l'a connu, même si, son corps parait un peu plus tendu et ses mains plus tremblotantes. Crise passagère


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Denzel
≣ Labradorite des sables
Denzel
Denzel
Sam 24 Juin - 21:24
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Le vent soufflait un air frais dans la cime des arbres non loin, juste assez pour qu’il soit agréable d’être dehors tout en profitant du beau temps. Une grande maison, faite de bois et de pierres, se tenait devant elle, la cheminée fumant doucement. Sur le côté, elle apercevait déjà tout le système de récupération d’eau de pluie, et le début du grand potager qu’elle affectionnait tant. Le caquètement de quelques poules se faisait entendre. La nature vivait, tout simplement, autour d’elle, alors que le soleil se couchait dans son dos, sur cette scène de vie régulière. Sa vie. Son chez-elle. Sa maison.

Doucement, elle marcha jusqu’au porche, et déposa ses chaussures à côté de celles de son père, comme à son habitude, avant d’entrer. Il y avait l’odeur d’un bon petit plat qui mijotait sur le feu, et sa mère qui lui souriait tendrement, comme dans ses souvenirs d’enfant. Il y avait les rires de son paternel, et son frère qui mettait la table, dans cet intérieur rustique mais chaleureux, le foyer de sa famille chérie.

Un coup de vent, un peu plus féroce, fit claquer une fenêtre soudainement, et tout s’évanouit. La maison était sombre, et plus aucun éclats de voix ne troublaient son silence. La poussière avait envahit les lieux, comme si plus personne n'avait osé en franchir le seuil depuis des siècles. La cuisinière était éteinte, l’âtre de la cheminée tristement vide.

- Maman ?

Ils étaient tous là il y a un instant seulement. Une vague de peur la saisit, incontrôlable, et elle sortit vivement. La belle maison était délabrée. Le toit méritait d’être réparé. Certaines fenêtres étaient brisées, et le bardage foutait le camp à plusieurs endroits de la façade. Le récupérateur d’eau était totalement rouillé. Il n’y avait que le vent, frais, trop frais, qui sifflait, menaçant, sur la forêt qui l’entourait.

- Kaosu ? Papa ?!

Pourquoi personne ne lui répondait ? Elle avança lentement en direction du jardin. Le potager n’était plus entretenu depuis un moment. Il n’y avait que de l’herbe, des ronces et quelques plantes vivaces et desséchées. L’atelier de son père était inexistant. Le poulailler semblait avoir été éventré. Il ne restait que des ruines sur ses terres de désolations qu’elle avait autrefois tant aimées.

- Maman, papa ! Où êtes-vous ??

Tout à l’arrière de la maison, deux tombes avaient été creusées à même le sol, et on distinguait leur emplacement grâce au petit monticule de terre, et aux vagues croix de bois qui avaient été posées dessus. Celles de ses parents, morts seuls et abandonnés par leurs enfants.


Elle ouvrit les yeux brusquement.

Les ruines d’une ancienne bâtisse, mangée par la végétation, mais qui les abritait encore fidèlement du déluge extérieur. Le crépitement d’un feu qui diffusait sa lumière et sa chaleur non loin d’elle, et l’odeur de nourriture qui embaumait l’air. Pendant un instant, un bref instant, elle crut – elle espéra – qu’elle allait voir ou entendre ses parents bientôt. Avant que la réalité ne se rappelle à elle, et au monde dans lequel elle vivait désormais. Elle s’assit lentement. Elle n’avait même pas eu conscience de s’être allongée, mais la chaleur du foyer et sa fatigue avait dû avoir raison d’elle, et elle s’était endormie sans s’en rendre compte. Le mouvement fit tomber quelque chose sur ses genoux, une chaussette humide, et elle resta là, un moment, à la fixer sans comprendre exactement ce qu’elle faisait sur sa tête ni pourquoi.

Elle se prit le visage entre les mains et se força à souffler doucement, à respirer lentement pour éloigner ce début de nausée qui lui prenait à la gorge, alors que les souvenirs de son rêve étaient encore trop vivaces dans son esprit. Ce n’était qu’un rêve. Il était trop tard pour les regrets. Elle soupira, et regarda enfin autour d’elle.

Denzel était là, non loin, et s’il avait remarqué son état, il ne lui fit cependant pas de remarques, et elle l’en remercia silencieusement pour ça. Elle ne savait pas combien de temps elle avait dormi, mais elle était encore trop fatiguée pour que ce soit une nuit complète, et ses cheveux étaient encore mouillés de toute façon mais sa sieste avait au moins eu le mérite de lui faire reprendre quelques forces, même si elle n’était pas encore au top de ses capacités. L’odeur de nourriture s’attardait toujours dans les airs, et elle prit conscience que ce n’était pas une réminiscence de son rêve, mais que l’autre homme avait cuisiné pendant son sommeil. Et qu’elle avait faim. Très faim.

- J’ai dormi longtemps ? Demanda-t-elle, la voix un peu rauque.

Il ne manquerait plus qu’elle attrape un rhume, avec ses bêtises. Heureusement, elle était au sec, et la bâche calfeutrait à merveille la grande entrée, ce qui les isolait de la fraîcheur de la jungle. Elle s’étira doucement, dans un bruit de plastique dû à sa parka, et se leva précautionneusement, vérifiant que sa cheville blessée supportait son poids avant de s’avancer vers son comparse, en boitillant à peine. Elle se rassit près de lui. Denzel… Avait l’air fatigué. C’était logique après tout, il avait été tout autant qu’elle dans l’action, et du repos lui ferait tout autant du bien, surtout avec ses blessures. Ses cheveux étaient aussi légèrement humides, comme s’il avait été sous l’eau récemment. Mais… Après ce qu’elle avait fait elle-même, ce serait mal vu de sa part de se permettre une remarque sur le sujet. Elle se contenta de lui adresser un léger sourire, et d’accepter avec un grand plaisir sa « ration » à l’odeur si divine.

- Oh mon dieu… J’ai l’impression de ne rien avoir mangé d’aussi bon depuis une éternité !

Vu qu’elle était nomade actuellement, elle prenait peu soin de ses préparations de repas, elle devait bien l’avouer. Juste de quoi reprendre des forces avec des poissons – la pêche n’était pas encore probant malgré tout – et des rats. Alors, certes, c’était nourrissant, et les fruits qu’elle trouvait complétait bien le tout, mais rien à voir avec quelque chose d’aussi… Travaillé. Seule, elle se serait certainement contenter de faire braiser les légumes et de manger comme ça, ce qui aurait quand même été bien moins savoureux, gustativement parlant.

Pendant un instant, l’abri se fit silencieux, alors qu’ils dégustaient tous les deux leur soupe et lui faisaient honneur comme il se doit. Ce repas revigorait Junko tout autant que sa sieste improvisée, et elle laissa de temps à autre échapper quelques soupirs de plaisir à mesure qu’elle mangeait. Au moins, cela avait le mérite d’éloigner totalement de son esprit le rêve qu’elle avait fait, et le désespoir naissant qui l’avait envahie un peu plus tôt, quand elle s’était laissé aller à ses émotions. Peut-être aussi parce qu’elle était plus détendue en la présence de l’autre homme, après tout ce qu’ils avaient vécu. Ce n’avait pas été une journée facile, et elle avait été vive en émotions.

Elle s’étira à nouveau, même si ses muscles quémandaient du repos, et pris finalement la parole alors qu’ils terminaient enfin :

- Et maintenant, tu comptes faire quoi ?

Elle lui avait peut-être sauvé la vie, mais il n’avait désormais plus d’abri solide sur la plage. Et puis, il n’avait pas été préparé à crapahuter dans la jungle comme elle, elle rechignait donc à le laisser seul pour le moment. D’un autre côté, rien ne les obligeait, l’un comme l’autre, à voyager à deux. Elle n’allait pas le forcer à faire quelque chose qui ne l'intéressait pas.

- Je peux sûrement t’apprendre quelques trucs pour survivre si tu veux.

Le coin actuel pouvait faire un assez beau campement, il y avait en tout cas des bases solides pour ça, mais les dangers de la jungle étaient différents de ceux qu’il avait connus avant, alors s’il préférait s’établir dans le coin, elle préférait l’aider au mieux avant. Elle-même ne savait pas encore si elle allait monter un camp, ni même comment. Elle espérait toujours, au fond d’elle, pouvoir être rejointe par les autres membres de sa Ruche. Mais Denzel étant seul, elle se sentirait coupable de partir sans lui avoir donné les clefs pour lui permettre de survivre par lui-même...
Junko
❦ Ramure de laurier
Junko
Junko
De sang et d'os Fall-autumn
Lun 10 Juil - 22:09
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