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Quand Ely rencontre Junko.
Cela avait été exténuant de ramper dans la boue du tunnel de sortie de la salle des caisson. S'écroulant à même le sol, Ely se retourna pour laisser son regard vagabonder dans le ciel. La jeune femme était épuisée par tant d'effort à peine sortie de la cryonie. Le ciel se parait d'un bleu profond qui était léché par le feu du soleil couchant, à la frontière de cette rencontre explosive de couleurs, un dégradé de violet, mauve et de magenta annonçait la fin de la journée. Déjà, la voute céleste se piquait de timides étoiles. Avec un grognement d'effort, la survivante réussit à s'asseoir. Maintenant, il fallait tirer sur cette corde qui plongeait vers le trou sombre d'où elle était sortie. Il fallut du temps et maintes efforts pour être récompensée par l'apparition de son sac, de sa trousse de survie. Il pesait pas loin d'un tonne, mais il y avait tout ce qu'il fallait pour la survie. Un regard vers le ciel et Ely constata qu'il y avait peu de nuage. Certainement qu'il ne pleuvrait pas cette nuit, elle pourrait se passer de la tente. Le sac de couchage serait largement suffisant. Il faudra juste penser à réunir du petit bois afin de faire un flambée.

Assise près du feu, les yeux perdus dans le vide, Ely mâchait machinalement une de ses pilules trouvées dans un flacon. Le goût était absent, mais la chose semblait plutôt nourrissante à défaut d'autre chose. L'eau allait être un problème, un gros problème, mais pour l'instant la fatigue rattrapa la jeune femme qui passa son sac de couchage autour des épaule et piqua du nez.

Battant frénétiquement des cils, la jeune femme se rendit compte qu'il faisait jour. La nuit était passée sans un songe. Toujours percluse de douleur, Ely eut bien du mal à se mettre debout. Malgré la douleur qui la tiraillait, elle tenta de s'étirer. La survivante tourna sur elle-même afin de voir ce qui l'entourait. A la lumière du jour, le monde semblait différent de ce qu'elle en avait aperçu la vieille au soir. En tendant bien l'oreille, Ely avait entendu le chant cristallin d'un cours d'eau. Elle se saisit de sa gourde métallique et se laissa guider par son ouïe et trouva enfin de l'eau.

- Check ! Trouver de l'eau. Fait ! Un petit coup d'œil circulaire. Maintenant, faut manger un bout et passer à la suite.

De retour près de son paquetage, la jeune femme regarda de manière peu amène la boite avec les pilules de la veille. Elle opta pour faire chauffer de l'eau. Elle verrait plus tard pour trouver de quoi faire infuser dedans ou bien des légumes pour faire une soupe. La chaleur du plat revigora les sens anesthésiés et une onde de bienfaits parcourra le corps, les muscles et les os endoloris de la survivante. Elle rangea ses affaires dans le sac et décida d'en sortir un boussole. Ely ignorait où elle se trouvait. Il lui était impossible de savoir où aller. Elle jeta un coup d'œil dans la direction où elle avait trouvé le ruisseau.

- Bah ! Faut bien c'mmencer par quelqu'chose.

Direction Sud-Est. En haussant les épaules, la survivant prit son sac sur les épaule et entama avec précaution la descente vers le cours d'eau. En avant tout vers le Sud-Est ! De toute façon, elle arriverait bien quelque part. La marche fut exténuante, car le terrain n'était pas des plus praticable et la jeune femme avait dû faire un certain nombre de détours pour contourner certains obstacles, mais elle gardait toujours la même direction. De la journée, qui s'écoula particulièrement vite, Ely eut le plaisir de constater que le ruisseau allait dans la même direction qu'elle. Que ferait-elle s'il bifurquait ? La jeune femme remisa ce questionnement à plus tard si cela s'avérait nécessaire.

Le disque solaire rougeoyait bas dans le ciel et enflammait le ciel de couleurs qu'Ely avait assez peu vu au cours de sa vie. rectification, de son autre vie, celle d'avant. Le spectacle saisissant annonçait avec une certain splendeur l'arrivée de la nuit. Alors,  la survivante déposa son sac au pied d'un arbre immense, ramassa du petit bois, une opération qui prit un peu de temps et déjà l'obscurité gagnait inlassablement du terrain. Regardant en direction de l'astre disparaissant à l'horizon, Ely plissa ses yeux.

- 'Tain ! C'est quoi ça ? Un feu d'camp ?

Murée dans sa réflexion, la survivante semblait peser le pour et le contre. Allumer son feu de camp et don signaler sa présence à des inconnus ? Aller voir de plus près ce que c'était ? Ignorer ? Ne pas allumer de feu ? Dormir dans un arbre ? Elle fouilla dans son sac pour voir un peu ce qui pourrait lui être utile.

- Un couteau !? C'est mieux qu'rien.

A l'aide de sa corde, elle hissa son sac dans les branchages de l'arbre. Elle grave dessus un symbole afin de le retrouver. Ely imprima les détails topographiques afin de retrouver l'endroit quand elle viendrait chercher ses affaires. Après une légère hésitation, la jeune femme prit la direction du feu de camp qu'elle percevait par intermittence. Quand elle fut assez proche, la survivante grimpa dans un arbre afin d'un plus large vision de l'endroit. La flambée était belle, le feu de taille imposante, il était clairement fait pour être visible et attirer les gens, mais dans quel but. Toujours méfiante, Ely se demandait à qui elle aurait à faire. Passant de branche en branche et d'arbre en arbre, la jeune femme retrouva rapidement ses réflexes et son agilité malgré les courbatures et les douleurs dues à sa cryonie qui avait certainement été plus longue que ce qu'on lui avait annoncé initialement. De son perchoir, Elle avait une assez bonne vue du feu et de son environnement immédiat. Il y avait une cabane et des signes de vie. Perplexe, Ely décida d'observer un peu. Même si pour le moment, elle n'avait vu personne, il devait y avoir quelqu'un pour allumer ce feu.
Ely
≣ Minerais de fer
Ely
Ely
Lun 10 Avr - 9:20
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Ses longs mois de marche avaient permis à Junko de conserver sa forme physique, et même de gagner en endurance. Pendant ses journées d’exploration, elle n’avait cessé d’avancer et de voir de nouveaux paysages, passant de la jungle à la plage, des ruines de l’ancien monde aux steppes sauvages. Avait-elle aimé ses intrépides instants de liberté ? Bien entendu. Mais elle devait avouer qu’il y avait quelque chose de réconfortant à avoir un endroit “où rentrer chez soi”, un endroit où elle pouvait être en sécurité et penser un peu à la suite. Cartographier les lieux avait une réelle utilité, mais elle ne pouvait pas faire que ça de sa vie. Il fallait penser collectivement désormais.

Et pour cela, le camp qu’avait commencé à créer Akara avant qu’elle ne la rejoigne était sincèrement un lieu parfait. Il y avait toutes les commodités de base: une petite cabane où elles pouvaient dormir, une petite réserve, un espace dédié aux ablutions et un grand feu… Et depuis peu, Junko avait commencé quelques plantations selon différentes techniques de permaculture. Elle avait entouré ses différents “carrés potagers” de bouts de bois, et observait avec application comment les plantes poussaient et quelles conditions étaient les meilleures. Comme elle s’en doutait, de la terre seule ne donnait pas des résultats optimaux. Alors que le carré “en lasagne” - elle avait créée une butte de culture en alternant des couches de pas mal de plantes fraîchement coupées à des couches de plantes mortes, et une mélange de deux en couche finale - semblait plutôt bien porter ses fruits. Le manioc et ce qui ressemblait à des haricots s’y plaisait clairement. Ses espèces de courges par contre ne prenaient pas, elle n’avait pas encore trouvé les conditions idéales pour elles.

Dans tous les cas, pour le moment, Junko était la seule dans le coin. Akara profitait de sa présence au camp pour explorer un peu elle aussi, et elle lui devait bien ça, après tout le taff qu’elle avait déjà accompli ici. De mémoire, la brunette allait passer voir Alba à son retour. Peut-être même que le fameux Callem serait là et qu’elles pourraient lui demander des techniques pour leurs propres cabanes ? Elle n’avait rien contre dormir aussi proche du sol, mais apprendre les techniques de quelqu’un qui maîtrisait aussi bien le bois ne pouvait être qu’une bonne chose. L’entraide serait la clef de la future humanité. vEn attendant, toutefois, et bien que la nuit s’approchait déjà à grands pas, elle remit du combustible dans le feu, et récupéra son arme pour aller vérifier ses pièges. Tant qu’elle était au camp, elle n’avait pas besoin de se balader avec tout son sac d’équipements, elle n’avait que les indispensables sur elle: son arbalète, quelques carreaux, et son couteau de chasse. Elle n’allait pas loin de toute façon.

Marcher dans la semi-pénombre ne lui faisait guère peur, elle savait parfaitement où elle allait après tout. Tendant l’oreille, et restant sur le qui-vive, au cas où, elle s’enfonça dans la jungle. Ses deux premiers pièges étaient vides, elle vérifia malgré tout que les collets étaient bien faits. Elle eut plus de chance au troisième, où elle acheva rapidement le gros rat qui s’y était pris. Rien dans les suivants non plus, mais des signes indiquaient que quelque chose avait bien été pris dedans… Le sauvageons qu’elles apercevaient très rapidement du coin de l’oeil peut-être ? Un autre animal était prisonnier du dernier piège, mais elle se contenta de le relâcher et de le regarder filer rapidement. Il lui était totalement inutile de tuer plus que ce qu’elle avait besoin pour manger, surtout qu’elle était seule. Certains jours, elle relâchait les trois quarts de ses prises, quand tous ses pièges avaient fonctionné. Et d’autres fois, elle se contentait de légumes. C’était un cycle normal, et elle s’en accommodait très bien.

Demain, je devrais tenter d’attraper un poisson dans la rivière… Elle se révélait étonnamment moins bien douée pour la pêche que pour la chasse, malheureusement. Peut-être qu’elle devrait tenter de trouver de quoi les appâter ? Mais avec quoi pourrait-elle…

Elle s’arrêta soudainement. Cette marque, sur cet arbre… C’était récent. L’écorce était encore au sol. Un signe de reconnaissance ? Elle plissa les yeux. D’ici, elle apercevait la lueur de leur campement. Qu’il soit visible était justement le but recherché. Mais elle n’avait pas entendu le système d’alarme se déclencher… Quelqu’un l’avait évité et aurait rejoint le foyer ? Pourquoi marquer les alentours dans ce cas ?...

Enlevant lentement le cran de sûreté de son arme, elle reprit sa route, lentement, aux aguets. Si quelqu’un voulait la surprendre, c’était raté. Mais où se trouvait donc cette fameuse personne ?... Elle ne voyait rien, alors qu’elle enjambait machinalement le dispositif d’Akara. Pourtant, il y avait bien quelqu’un dans le coin: les oiseaux qui chantaient d’ordinaires étaient tous silencieux, dérangés dans leurs habitudes par quelque chose qui les effrayait… Elle prit une grande inspiration et s’avança jusqu’au feu. Ne rien distinguer ne voulait pas dire qu’il n’y avait rien qui l’observait. Mais vu la marque sur l’arbre, elle savait que c’était un humain, et non pas un quelconque prédateur.

Elle posa doucement son arbalète sur le siège préféré d’Akara, pour la garder à portée de main, et montrer à son curieux voyeur qu’elle était armée, et s’accroupit pour déposer sa proie sur le sol. Puis, elle alla fouillée innocemment près de son sac, qu’elle gardait toujours prêt, s’assurant que tout était bien dedans au cas où elle devrait partir précipitamment. Rassurée, elle alla enfin dans la réserve récupérer quelques légumes, et revint finalement au niveau du feu. Ses déplacements n’avaient rien d'anodin, car ils lui permettaient de regarder discrètement aux alentours. Toujours rien. Elle mit son chaudron à moitié plein d’eau sur le feu et leva légèrement les yeux. Il y avait un petit groupe d’oiseaux dans des arbres à sa gauche, mais elle n’en détecta pas à droite. Bien.

- J’ai de quoi manger et boire, si tu en as envie, lâcha-t-elle à haute voix. Je t’ai repérée depuis un moment, mais sache que nous ne mordons pas.

Akara n’était pas là, mais l’inconnu n’avait pas besoin de le savoir, pas plus qu’elle n’avait qu’une vague idée de la direction dans laquelle il se trouvait.  Tout était dans la posture et l’allure qu’elle donnait. Elle était sûre d’elle, et elle était loin d’être sans défense si on venait à l’attaquer.
Junko
❦ Ramure de laurier
Junko
Junko
Quand Ely rencontre Junko. Fall-autumn
Dim 16 Avr - 22:00
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