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Tic-itic-itic.
- Mais non, c’est la bonne direction.
Tic. Tictic.
- J’en suis certaine. Regarde, il y a l’air d’y avoir un chemin, là…
Ti-tic-itic.
- Tu manques de foi.
Le petit droïde qu’elle suit depuis quelques temps ne répond pas, cette fois. Il hésite, il tortille, il scanne clairement les environs à la recherche de son objectif -et si Angel ne se trompe pas, ce sera une Ruche. Elle lui pointe du doigt quelque chose qui ressemble à une corniche assez large pour y marcher mais le robot s’en fiche. Ce n’est pas comme s’il avait un cerveau. Ou des sentiments. Ou comme s’il lui répondait vraiment.
Angel soupire devant les tergiversations de son guide miniature. Ca va prendre longtemps, cette affaire.
Autant se reposer. Avec un grognement, la jeune femme s’asseoit par terre sur un coin d’herbe au soleil, tout près du bassin d’eau qui leur barre le passage. De son sac à dos elle sort un autre sac, plus petit et plein d’arachides ramenées de sa propre Ruche.
- Tu sais même pas ce que tu vas trouver là bas.
Dit-elle ça au droïde ou à elle-même ? Peut-être les deux. Certainement les deux.
Une pause silencieuse, elle avec son goûter, le robot avec la vibration frustrée de ses mécaniques qui cherchent encore un chemin.
- Tu vas t’en sortir ?
Tic-tic-bvroooom.
- Oh tout ça.
C’est bien sa veine, d’avoir suivi le simplet de l’équipe… Et ce n’est pas qu’elle n’a pas confiance mais elle n’a pas assez confiance en un droïde qu’elle ne connaît pas pour ne pas essayer de s’enfuir si jamais elle le prenait dans ses bras pour traverser le bord du bassin et rejoindre la cascade qu’elle suspecte cacher la Ruche.
- Bon, ben si tu fais rien hein… Préviens moi quand le pathfinding sera fini !
Sans un regard autour pour s’assurer qu’elle est bien seule -pourquoi elle ferait ça, qui zonerait ici ?-, Angel enlève ses vêtements et les met en petit tas très propre dont sa mère serait fière. Elle pose un de ses t-shirt de rechange sur le bord ensoleillé de l’eau. Elle attache ses cheveux en palmier sur le sommet de sa tête.
Et elle saute.
Ca fait un gros splash, puis après ça fait “aaaaa c’est froiiiiiiid”, et puis encore après ça ne dit plus rien. Ca flotte juste tranquillement dans le bain improvisé, Angel simplement ravie de pouvoir se rincer un peu après plusieurs jours de trek dans la jungle. Finalement c’est utile que le droïde soit un brin idiot. Elle lui dira merci lorsqu’il se sera débloqué, promis. | ❀ Pissenlit Angel | |
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Alice avait regagné sa ruche, auprès des immenses cascades. Grâce à Géraldine, elle avait pu emmener plus de ressources qu'elle n'aurait pu en porter seule. La bête lui offrait une impression de sécurité qu'elle appréciait beaucoup en plus de diminuer le sentiment de solitude qui précédait chacune des rencontres qu'elle faisait.
Quelque part, elles se protégeaient l'une l'autre. L'ouïe et l'odorat du lamalpaga lui épargnaient certains dangers qu'elle ne devinait même pas et évitait uniquement grâce à eux. À côté de ça, elle lui brossait les poils avec une brosse improvisée avec des épines de Kipicafé, ce qu'elle avait l'air de beaucoup apprécier, lui apportait eau et nourriture et la protégeait des prédateurs. C'était un drôle d'accord gagnant-gagnant dont la rousse avait vraiment douté, à tort visiblement.
En arrivant, elle n'avait eu aucun mal à retrouver la paroi qui donnait accès au reste de la ruche du houx, mais y faire monter la lamalpaga avait été plus compliqué. Il avait fallu qu'elle la tire sans ménagement pendant un moment, ne serait-ce que pour lui faire atteindre le premier palier de roche. À croire qu'elle ne se sentait en sécurité que sur le plancher des vaches.
Avec quelques longs efforts supplémentaires, Géraldine avait atteint le bâtiment à demi détruit et Alice lui avait fait une place près de sa capsule en y attachant la longe improvisée en corde à base de tiges d'ortie dont elle avait tressé la fibre. Le vide n'était pas loin après tout, et par peur, elle aurait pu s'y précipiter. Un coup d'œil aux trois autres capsules lui apprit que rien n'avait changé.
Dès qu'elle eut posé ses affaires et déchargé les paniers tressés en feuilles de cocotier portés par la bête, elle alla couper pas mal d'herbe tendre pour que cette dernière n'en manque pas. L'un des droïdes se manifesta alors, visiblement contrarié d'avoir un herbivore planté là à le regarder de haut.
Géraldine, de son côté, n'avait vraiment pas l'air de l'apprécier non plus. Elle ne le quittait pas des yeux et s'écartait à chaque fois que le droïde voulait l'approcher. C'était un drôle de ballet qu'Alice observait, curieuse d'en voir le dénouement. Mais comme il ne semblait pas prêt d'évoluer, elle s'attela aux tâches qu'elle s'était imposées.
Le premier jour, elle réorganisa la ruche, vidant les casiers de leurs livres devenus presque inutiles et qu'elle entreposa dans un coin pour y placer des paniers de baies séchées, de pois-poisson, de carottes et d'oignons sauvages. Elle laissa également des instructions en recyclant le papier des revues et ouvrages humides pour y noter clairement ce qu'elle estimait être important.
Le deuxième jour, elle utilisa son petit schéma des lieux visités pour dessiner une carte incomplète mais plus grande et annotée sur le mur restant de la ruche avec du charbon. Puis elle pêcha un peu pour refaire ses réserves qui avaient fondu durant son voyage et dessina les nouvelles variétés observées. Parmi elles, une sorte de truites aux jolies écailles turquoise avait un goût particulièrement délicat, comme fumé au naturel.
Le troisième, elle alla couper des branches solides qu'elle noua entre elle avec de la corde confectionnée à partir d'orties, comme la longe de Géraldine. Avec ce petit parapet, l'endroit devenait plus cosy, et grâce au feuillage, qu'elle avait laissé, elle était moins exposée. Oui, vraiment, la rousse pouvait presque sentir l'envie d'y rester. Mais non. Ce jour-là, elle nomma aussi le droïde Toto, à cause de sa tête ronde.
Le quatrième jour, elle se réveilla groggy, en entendant un grand splash. Le soleil était déjà haut, combien de temps avait-elle dormi ? Le bruit de l'eau la berçait, elle s'y était habituée, à force, et n'y faisait quasiment plus attention. Mais ce bruit-là, celui qui l'avait tiré d'un sommeil bien mérité, sortait du chant régulier des cascades. Enfilant sa parka, elle se pencha par-dessus le parapet et se frotta les yeux à deux fois pour être sûre qu'elle n'hallucinait pas.
- Je peux me joindre à toi ? Demanda-t-elle à la femme nue qui se baignait dans un bassin plus bas, clairement séduite par l'idée d'un bain et de l'opportunité de bavarder un peu.
Il y avait un peu de provocation dans sa voix, mais aussi de la curiosité. C'était osé de se mettre en tenue d'Eve au milieu de nulle part ! Elle devait avoir du cran, ça lui plaisait.
- Je m'appelle Alice, et toi ? Ajouta la rousse en descendant tranquillement la paroi rocheuse après s'être dit que sauter d'en haut sans connaître la profondeur aurait certes son effet mais serait vraiment stupide, voir suicidaire.
| ❦ Feuille de Houx Alice | |
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Il ne devait y avoir personne ici. Elle devait être toute seule dans son petit bain improvisé. Voilà la raison pour laquelle la réaction d’Angel à la voix inconnue qui lui demande si elle peut la rejoindre est la suivante : elle hurle, elle sursaute, elle glisse sur le fond du bassin naturel, elle boit la tasse. Le tout en deux secondes montre en main, s’il y en avait encore en état de marche. C’est donc une Angel aux cheveux trempés, qui essaie de se couvrir tant bien que mal avec ses mains et ses bras tout en reculant vers l’autre rive de sa baignoire, qui répond de manière tout à fait utile. - Hein que quoi hein comment QUOI ?Et si elle se retourne ? Oh non, l’autre fille doit voir ses fesses ! Re-retournement, les joues d’un beau rouge écrevisse. Elle se recroqueville sur elle-même jusqu’à avoir à peine les lèvres hors de l’eau, les genoux qui remontent pour aider ses bras à protéger sa pudeur. Ce n’est pas qu’elle le soit, pudique, pas avec des années à prendre des douches collectives dans des piscines ou des coins de ferme après une journée de travail… Mais là c’est quelqu’un qu’elle ne connaît pas et surtout, elle devait être seule ! Elle ne s’attendait pas à ça ! - Mais qui vous êtes ?!Un prénom ce n’est absolument pas une information suffisante pour être sûre que la personne en train de descendre vers elle n’est pas prête à la manger. - Vous habitez ici ?Ca semblerait logique et l’endroit serait un bon abri, surtout s’il y a une Ruche à côté. Elle lui demanderait bien, à l’inconnue aux cheveux mandarine, si elle ne serait pas sortie de pods près d’ici. Sauf qu’une fois de plus, elle ne lui fait pas confiance. Elle la regarde donc avec un air méfiant, prête à prendre ses jambes à son cou. Ce serait dommage de perdre le droïde simplet et ses sous-vêtements dans la fuite mais ça ne serait pas plus dommage de perdre sa vie ? Si, hein. La course nudiste, donc, est bien la chose à laquelle elle pense le plus en ce moment précis. Ca et se couvrir les seins du mieux qu’elle peut. | ❀ Pissenlit Angel | |
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Oups. Sa soudaine légèreté n'était peut-être pas aux goûts de l'inconnue. C'est en tout cas ce que ses cris avaient l'air de dire... Double oups.
- Désolée ! Je ne voulais pas te faire peur !
Elle acheva de dégringoler la pente habilement et se plaça dos à la femme en remarquant son attitude. Pas un instant, elle n'avait réfléchi au fait que la personne qui nageait là serait gênée de se montrer nue. Elle manquait cruellement de tact et de discernement dans ce genre de situation... Peut-être même un peu de considération.
- Je m'excuse ! Même si ça parait dur à croire, je ne cherche pas à te nuire.
Sa question touchait juste. Ce n'était sûrement pas une bonne idée d'indiquer l'emplacement de sa ruche à qui le veut, mais... Cette femme n'avait vraiment pas l'air du genre à nuire aux êtres vivants. Mais elle pouvait donner cette fausse impression... Ah, elle réfléchissait trop !
- Oui, la ruche dont je viens est juste au-dessus, à flanc de roche. Elle est cachée en partie par la cascade... Tu peux te détendre, je t'assure que je ne te veux pas de mal, grimaça la jeune femme en levant des mains vides et égratignées au-dessus de sa tête en guise de drapeau blanc. Est-ce que tu veux quelque chose pour t'habiller ?
Elle-même ne portait que sa combinaison de cryonie. C'était quasiment comme être nue, vu la caractéristique moulante de la matière. Cependant, elle n'avait jamais été troublée de se trouver dévêtue devant des femmes. Pour ce qui était des hommes, en revanche... C'était une autre histoire.
- Je ne voulais pas porter atteinte à ta pudeur... J'aurais dû attendre avant de descendre... Je ne sais plus trop comment on réagit dans ce genre de situation. Depuis mon réveil, tout semble si familier et différent à la fois. Quand on rencontre une nouvelle personne, on a l'impression qu'on ne peut qu'être dans le même camp et être heureux de croiser du monde, et pourtant, on est capable de s'entretuer pour des ressources. Privilégier sa survie, ça va de soi... Mais en l'occurrence, je n'ai aucune raison de m'en prendre à toi. D'ailleurs, si tu as faim, ou que tu veux des informations, nous pouvons échanger tranquillement... Et je parle trop. Désolée, c'est nerveux... Je peux me retourner au moins ? Histoire d'être sûre que tu ne t'apprêtes pas à m'assommer pour dévaliser ma ruche ou à me planter là dans mon monologue ?
Alice commençait à danser d'un pied sur l'autre nerveusement. Elle n'appréciait pas du tout de ne pas avoir de visuel sur son interlocutrice. Cette position la mettait en danger. Et puis, il y avait Géraldine là-haut... Et si cette femme réagissait comme Lysandre ?
| ❦ Feuille de Houx Alice | |
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Elle ne voulait pas lui faire peur ? Hé bien c’est trop tard maintenant ! Il fallait y penser avant de descendre vers la piscine naturelle sans prévenir et ce n’est pas en se retournant pour protéger la pudeur d’Angel que l’inconnue lui fera oublier sa frayeur. Bon, c’est quand même sympa de faire ça, elle ne va pas mentir. Mettons un bon point pour l’invitée surprise.
- Mouais, d’accord…
Disons qu’elle y croit, que la jeune femme ne veut pas lui nuire. C’est un peu dangereux mais c’est aussi une meilleure manière de commencer une relation, et elle n’a jamais été du genre à garder une rancune très longtemps. Même le garçon qui à l’école lui avait cassé le tibia avait eu le droit d’être pardonné en quelques mois. Il doit être mort depuis longtemps… Et voilà, elle s’est rendue triste toute seule. Bravo Angel.
- Il y a une Ruche ? Je savais que j’avais raison !
Aussi vite que ça, elle oublie le garçon, sa peur et sa pudeur, et elle agite le poing en l’air pour exprimer sa joie.
- Et toi, qu’elle fait en agitant un doigt vers le droïde toujours bloqué dans son algorithme de cheminement, tu avais tort ! Et toi, finit-elle plus lentement en fronçant les sourcils vers Alice, tu fais trop confiance aux inconnus.
Que lui a toujours dit sa mère ? De ne pas suivre des gens bizarres avec des vans blancs. C’est un peu l’équivalent dans la jungle de ça là, non ?
- Tu es réveillée depuis longtemps ? Tu as déjà croisé d’autres personnes ? Moi non.
Pour les deux.
A chaque mot que la fille rousse prononce elle se calme un peu, finissant par flotter tranquillement dans l’eau en position presque assise. Amusant comment leurs niveaux de stress font des courbes opposées.
- Tu peux te retourner. Je vais pas t’assommer…
Elle va plutôt faire preuve de bonne volonté, pour voir, et s’avancer tout doucement vers Alice pour lui tendre la main -en restant à une distance suffisante pour pouvoir s’enfuir quand même, elle n’est pas folle.
- Moi c’est Angel, et je faisais partie du projet Perséphone. Et lui c’est Simplet, qui voulait aller faire des vidanges chez toi, donc tu dois aussi faire partie du projet comme nous deux sinon il aurait pas la ruche dans ses cartes. Je me trompe ?
Peu de chances, mais comme elle ne peut pas savoir ce qui s’est passé après sa cryonie, elle pourrait aussi être totalement à côté de la plaque. Il y a qu’à voir comment ils ont fait sa génération après en avoir congelé une longtemps avant ! | ❀ Pissenlit Angel | |
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Alice fut soulagée que la femme lui accorde le bénéfice du doute. Un peu moins soulagée qu'elle ait su d'une manière ou d'une autre qu'une ruche se trouvait là. Elle l'entendit bouger dans l'eau, mais se retint de se retourner pour voir ce qu'elle faisait. Pourtant, quand la rousse l'entendit parler à quelqu'un d'autre, avant de lui reprocher son attitude et de la questionner, la demoiselle souffla, légèrement bougon :
- Ça fera bientôt dix mois, j'ai croisé une douzaine de personnes, mais j'ai beaucoup bougé. Je viens seulement de revenir. À qui tu t'adresses ?
L'inconnue-nue l'autorisa enfin à lui faire face à nouveau, et la rousse flotter dans une attitude bien plus relax que quelques minutes seulement auparavant. Tant mieux, c'était tout de même plus confortable pour discuter. Immobile, elle la laissa avancer jusqu'à ne plus laisser qu'un mètre de sécurité que sa main franchis pour se présenter. Alice la serra doucement, mais fermement en répondant chaleureusement :
- Enchantée Angel, c'est un joli prénom ! Oui, tu as deviné, je fais partie de la première génération, et toi...
Elle profita de leur contact pour tourner légèrement son poignet où une fleur était tatouée et repris :
- La troisième, je vois.
Comme Nyx, pensa-t-elle en se remémorant ses explications et en lâchant la main de la brune. Elle se pencha ensuite de côté pour lorgner sur le bot, le trouvant différent de celui qui régentait sa ruche, puis se redressa en grimaçant.
- Il va falloir l'aider à monter s'il veut accéder à la ruche. Je crains fort qu'il n'y arrive pas seul, le chemin est très escarpé.
Elle regarda l'eau, puis la femme, et ajouta :
- Tu veux encore te baigner ? Sinon je peux te montrer les infos que j'ai regroupées et t'offrir de quoi manger.
| ❦ Feuille de Houx Alice | |
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Comme c’est amusant, la fille en face est une antiquité ! Bien sûr ça ne se voit pas, la technologie de cryonie étant ce qu’elle est, mais ça veut dire que même les personnes dans des pods depuis longtemps vont finir par en sortir en vie. C’est plutôt une bonne nouvelle pour les dormeurs encore dans leurs boîtes à la ruche du Pissenlit, et ça rassure Angel au passage.
Et la rend curieuse.
Elle a entendu des histoires sur le monde d’avant mais se retrouver face à quelqu’un qui l’a vécu c’est totalement autre chose. Est-ce que ça veut dire qu’Alice a vu des abeilles ? Des coccinelles ? Est-ce qu’elle vivait dans des villes peuplées de millions de personnes ? Ou dans la campagne sans avoir à polliniser à la main le blé ? Elle a tant de questions à lui poser !
Mais la première qui lui vient est celle-ci, d’une voix sincèrement étonnée :
- Comment est-ce que tu connais les générations ? Tu as croisé quelqu’un avec le petit papier de recrutement ?
Ou quelqu’un d’autre qui aurait travaillé pour le projet ? Elle ne peut pas être la seule petite main de Perséphone à avoir fait le trajet dans le temps, ce serait logique, et si un autre mécanicien se balade dans la jungle… Ah mais non, ce sera plus probablement du grand ponte. C’est nul.
Il va falloir qu’elle continue de veiller seule sur les droïdes.
Et en parlant d’eux…
- Oh non, il va s’en sortir. Il a une barrette de mémoire grillée, c’est pour ça qu’il est lent, mais ils sont faits pour grimper partout. J’en ai vu un escalader une falaise comme une chèvre une fois !
Ce n’est pas en le portant qu’elle va aider Simplet. Mais c’est vrai que le trimbaler avec elle et monter voir la Ruche du coin serait intéressant. Angel y réfléchit une bonne minute, le visage froissé de concentration, avant de se décider.
- D’accord ! Tu peux te tourner que je… ?
Elle pointe du doigt sa pile de vêtements sur la rive.
- J’ai pris des outils. S’il y a des réparations à faire sur vos installations je pourrais y regarder si tu veux pendant que les vidanges se font.
Ca sera sa manière de repayer sa future curiosité, et elle pense que c’est plutôt équitable un coup de clé à molette contre quelques dizaines de minutes de parlotte. | ❀ Pissenlit Angel | |
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La question de la jeune femme lui avait arraché un petit sourire. Alice n'était pas sûre de pouvoir révéler le poste qu'occupait autrefois Nyx sans le mettre en danger, mais elle ne voulait pas non plus mentir à sa nouvelle connaissance. Elle se passa la main dans ses mèches folles et souffla :
- J'ai rencontré un scientifique qui a suivi tout ça de près et il m'a expliqué pas mal de petites choses sur les dernières années de l'humanité telle que je l'avais connue. Avant ça, je n'avais aucune idée de l'existence d'autres générations que la mienne et ça m'a fait un sacré choc.
Elle la rassura ensuite sur les capacités de Simplet Le Bot qui était d'après elle tout à fait capable de grimper la falaise. Alice exécuta ensuite la demande de la femme et lança de dos après l'avoir entendu parler d'outils :
- Oh, j'apprécierais, oui ! Je n'y connais rien à ces choses-là, mon domaine, c'est plutôt tout ce qu'on trouve dehors, haha. Mais si tu as la patience de me montrer des choses simples que je peux effectuer pour que les capsules restent en bon état, j'apprécierai beaucoup. Pour eux...
La rousse passa sa main dans ses cheveux et fit un pas en avant. Elle se sentait soudain mal à l'aise. A l'époque, c'était déjà lui qui gérait tout l'administratif, tout l'informatique, ces choses qui lui faisaient perdre patience au bout de dix secondes. Elle n'avait jamais pris la peine d'apprendre à tripatouiller ce genre de choses, ne s'était pas doutée un seul instant que ça lui aurait été utile un jour. Force était d'admettre qu'elle n'avait pas été très perspicace dans ces moments-là.
Plongée dans ses pensées, elle en avait presque totalement oublié la présence de la brune. Elle secoua la tête, chassant cette spirale infernale avant qu'elle n'y sombre corps et âme.
- Tu es prête ?
Elle attendit son aval puis entama l'escalade vers la ruche, l'attendant et lui montrant les meilleurs prises.
| ❦ Feuille de Houx Alice | |
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C’est donc un grand ponte qu’Alice a croisé, et ça fait grimacer Angel. Bien sûr que ce sont pas les gens normaux -et utiles- comme les agents d’entretien et les chaudronniers qui ont été incorporés au projet ! Même elle, elle s’est retrouvée en cryonie presque par hasard, parce qu’il y avait de la place et pas d’autres volontaires à côté. Pas parce que les scientifiques auraient trouvé ça pertinent d’embarquer leurs employés dans l’aventure.
- C’est vrai qu’ils ont pas pu vous prévenir des générations suivantes…
Ca la fait réfléchir un peu, la mécano, cette réalisation. Qu’est-ce qui est normal pour elle mais pas pour sa nouvelle connaissance ? A quoi ressemblait la vie pour les générations précédentes ?
Les questions se bousculent dans sa tête alors qu’elle sort du bassin naturel et se dirige vers sa pile de vêtements pour les enfiler. Elle est incapable d’imaginer un monde différent de celui qu’elle a connu et pourtant, sa vie quotidienne serait sans doute étrangère à Alice. Si elle lui disait qu’elle était obligée de polliniser les maïs à la main à la ferme de ses parents, est-ce que ça choquerait l’autre jeune femme ?
Qui n’est pas si jeune. Combien d’années de différence entre elles ? Au moins trente. Oh dieu, Alice est plus vieille que l’était sa mère ! Quelle horrible pensée !
- Ce qu’on trouve dehors, comme les plantes, les animaux, ou plutôt comme la survie ?
Ou les trois ? Ce serait extrêmement classe mais elle ne sait pas trop ce qui était attendu des premier volontaires à la congélation humaine.
- Je peux te montrer l’entretien de base oui, pas de soucis ! C’est pas très difficile si tu sais utiliser une clé à molette, et puis eux, fait-elle en agitant le bras vers Simplet, sont là pour aider.
Avec un dernier tortillement de fesses, la voilà enfin habillée. Elle répond donc d’un petit bruit affirmatif à la question, puis se met en marche à la suite de sa guide… Avant de repartir en arrière, attraper le droïde paumé qui l’a menée jusqu’ici, et repartir en avant.
- Ca ira plus vite, justifie-t-elle.
C’est beaucoup moins pratique pour escalader avec Simplet sous le bras, bien sûr, mais peut-être que dans le fond elle ne veut pas le laisser tout seul en bas. Ce serait pas sympa pour lui.
- Il y a l’air d’y avoir eu des dégats…
A mesure qu’elles se rapprochent de la Ruche, il devient évident qu’elle n’est pas du tout en bon état. On croirait que les cascades n’étaient pas là avant et que quelque chose -un tremblement de terre ?- a causé des dommages.
- Est-ce que tout les pods sont encore là au moins ?
Et si Alice était la dernière survivante du lot… Mince, ce serait une énorme bourde que de demander si ses voisins ont survécu à la fin du monde. Angel se couvre la bouche d’embarras. Checke tes privilèges de Ruche complète, DiAngelo…
- Désolée pour toi si c’est pas le cas, vraiment… | ❀ Pissenlit Angel | |
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Alice hésita un instant avant de répondre avec un air enjoué :
- Tout ça, et bien plus encore ! Mais si j'en crois ce qu'on m'a dit, ce n'était plus vraiment d'actualité lorsque la dernière génération a été cryonisée... Peut-être que je pourrais dessiner des tableaux, des scènes que j'ai gardées en mémoire, pour les immortaliser... Mais quelque part, je ne suis pas sûre que ce soit utile. Les zones que j'ai visitées pour l'instant sont plus vertes, enfin même bleues, luxuriantes, et sauvages que tout ce que j'ai vu dans ma première vie.
Elle réalisa soudain un fait capital, et, se tournant vers la brune, demanda, les yeux plein d'étoiles :
- Mais attend, ça veut dire que tu n'avais jamais entendu de vrais insectes chanter en direct ? Qu'est-ce que ça t'a fait, la première fois ?
La survivante se calma bien vite, se maudissant de ne jamais parvenir à tenir sa langue, et se concentra sur les propos de la dénommée Angel.
- J'adorerais pouvoir les aider au besoin, à la hauteur de mes moyens, bien sûr. Et oui, quand je me suis réveillée, c'était déjà comme ça. Il manque une bonne moitié de l'édifice mais les capsules restantes ont l'air de fonctionner correctement.
Son regard se porta sur le bot et elle pensa à Toto, ou Astroboy, son sobriquet changeait en fonction des jours. Que faisait-il exactement ? Elle n'en avait pas la plus petite idée. Enfin, elle connaissait les grandes lignes bien sûr, mais pour ce qui était de la façon de s'y prendre...
- Les pods, demanda-t-elle en manquant glisser en se retournant, tu parles des bots ? C'est leur véritable appellation ? Ou je me plante totalement ?
Après avoir fait une petite moue de réflexion, elle lâcha en haussant les épaules, certaine que la brune la corrigerait au besoin :
- Il n'y en a qu'un, je ne sais pas combien ils sont censés être...
Pourquoi était-elle désolée ? Est-ce que les capsules risquaient de dysfonctionner sans entretien des robots ? Ou était-ce parce que chaque unité avait son rôle à jouer ? Comme dans une... ? Oh, zut, une ruche... Elle commençait à paniquer maintenant...
Comme elles avaient atteint l'entrée, Alice lui laissa le temps d'observer les lieux et s'effaça pour lui permettre d'entrer. Après avoir allumé le petit réchaud, elle le remplit d'eau et demanda à sa future professeure en attrapant deux coco-bol sur une étagère :
- Thé ou café ?
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