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Basile, touche pas ça.”
Mais maman!
Je m’en fous. Touche pas ça, c’est peut-être dangereux.

Sage femme, sa mère. Sage, et d’un naturel que tout impressionne, l’édifiant au sommet de la méfiance, devant tous les mortels. Elle ne le saura jamais, mais elle était persuadée qu’elle avait vécu une longue, très longue vie. Elle était comme ça. Elle avait peur de tout. Un inconnu au coin de la rue? Basile, tu rentres. Un petit rhume? Basile, va chez le docteur. Une plante à la sève odorante? Tu touches pas ça Basile.

Qu’est-ce qu’elle dirait maintenant. A la voir patauger dans la gadoue avec ses bottes humides. Autant dire qu’elle devait baliser sévère, de là où elle se trouvait, où que ça soit. Et puis à côté, Medhi devait bien se foutre de sa gueule. “Alors, tu l’aime toujours ta nature?”

“- Hmar. Hmar!” Sa voix s’échappa de sa gorge un peu toute seule, pour rompre le silence pesant qui avait recouvert les environs. Après tout, si elle parlait toute seule, c'était surtout pour elle.

C’était sa première expédition si loin de son nid. Oh, on avait bien essayé de l’en dissuader, mais si il y avait bien un trait de son caractère qu’elle n’arriverait pas à effacer, c’était qu’elle était salement têtue. Et férocement têtue, de surcroît. Peu raisonnable, de mauvaise humeur, plus on l’en dissuadait, plus elle rêvait de quitter le nid. Aussitôt dit, aussitôt fait. Mais quelle plaie!
Les premiers jours avaient été plutôt tranquils, mais plus elle s’enfonçait dans une forme de mangrove sordide, plus elle regrettait amèrement son caractère de chien.

Cela faisait maintenant plusieurs heures qu’elle avançait à la vitesse d’un mollusque dans un marais malodorant. L’eau boueuse et foncée dégageait une forte ordeur de soufre et de vase - elle y décelait aussi un tapis d’argile qui aurait d’ordinaire plu à ses narines, mais qui ce jour là ne faisait qu’augmentait la nausée que lui inspirait la boue noire. Elle se sentait comme une gamine, les deux pieds dans la flotte, sous la pluie et perdue, qui cherche la fenêtre éclairée de la cuisine, phare accueillant qui éclaire la nuit obscure pour la tirer vers la maison. Plus jamais elle ne remettrait sa place dans son nid en question. Plus jamais elle ne se plaindrait du lit de terre. Le ragoût de racine qu’elle avait mangé lui paraissait si délicieux, à cet instant!
Tous les arbres autour d’elle lui semblait inconnue. Elle maugréa dans sa barbe. La botanique arboricole, ça avait jamais été trop son truc. Son prof avait la tête de l’emploi. Il devait bien être un arbre aussi, d’ailleurs; Il poussait en été et en automne, tous ses poils tombaient comme par magie. Les quelques souvenirs qu’elle avait de son court parlait de vaste canopée, d’arbres à l’armature habile et robuste qui s’étendait vers le ciel, volant la lumière aux plantes grimpantes qui recouvraient les troncs tels des gymnastes en quête pendant ce temps là.

Ceux qu’elle avait sous les yeux semblaient particulièrement robustes, certains couverts d’épines, d’autres aux branches mortes et pointues. Et puis, il y avait le silence. Pas de chant, pas de cris d’oiseaux.
C’était un coup à avoir des frissons. Juste le gris des troncs sales, l’eau noir, la lumière d’un ciel anthracite d’orage en train de naître, l’air humide et vaseux.

Mais quel film d’horreur.”

Elle était à ça de détaler. De faire demi-tour. De se casser.
L’odeur.
La lumière grisâtre.
Le silence.
La boue.

Presque comme un lundi parisien, en pire. Ses yeux regardaient partout.
Là.

Oui, là.

Elle avait vu l’eau bouger.

Basile s’arrêta brusquement. Elle en était sûre, il y avait un mouvement. La main tremblante et peu habile, elle enserra la lame du couteau qu’elle avait récupéré dans son nécessaire de survie. Faite que ça ne soit pas un crocodile. Ou pire…
Basile
⚘ Bouquet d'orties
Basile
Basile
Mar 8 Aoû - 21:05
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