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Le flux et le reflux - RP Libre
Les formes qui se découpaient régulièrement sous la surface de l’eau m’intriguaient de plus en plus à mesure que je portai mon regard sur la mer. J’appréciai ces moments simples de contemplation placide où, assis pendant des heures perché sur le promontoire où se tenait mon campement, je laissais mon regard se perdre sur l’infinité de l’eau. Le temps devenait quelque chose de plus en plus abstrait pour moi à mesure que les jours passaient, et je m’étais même arrêté de compter ces jours qui me séparaient de mon éveil. Le temps n’avait plus aucune valeur, alors je pouvais des jours durant le perdre à loisir à regarder le ciel ou la mer ou les étoiles. Plus d’homme pressé en ces terres, au contraire, on pouvait prendre un temps infini pour exécuter la moindre tâche sans culpabilité aucune. Qui allait nous en blâmer hormis nous-même ? Et je ne m’en blâmerai pas, car c’était beaucoup trop agréable et précieux. Aussi, ce n’était clairement pas la culpabilité mais bel et bien ma curiosité qui m’avait poussé à construire une « embarcation » afin de pouvoir voir de plus près ce qui j’apercevais si souvent en plein milieu de l’eau claire. Cela avait été difficile et laborieux, mais la chose était suffisamment stable pour que je la jette à l’eau, avec moi dessus, bien décidé à percer ce mystère marin, par un jour de ciel gris et bas.

Je ramai bien plus longtemps que je n’aurais pensé, désespérant même de parvenir un jour à atteindre ces points qui m’intéressais tant lorsque mon embarcation se heurta à quelque chose qui n’était pas vivant. Du bout de ma rame, je tâtonnai l’objet en question comme pour essayer de me faire une idée de sa nature et de sa forme : c’était dur et plat malgré les algues – définitivement pas naturel - et si proche de la surface que je me décidai à descendre pour y poser le pied dessus. Tenant fermement un lien solidement attaché à ma barque, je me décidai à mettre la tête sous l’eau – j’avais préalablement déposé mes lunettes dans leur étui dans mon sac - et ouvrit les yeux.

Je… je n’avais pas les mots pour décrire ce qui se dessinait sous mes pieds et que, depuis la surface, je ne parvenais pas à voir distinctement sous les roulis des vagues. Sous moi et de toute part, s’étendait une immense ville engloutie. Mes pieds étaient sur le toit d’un gratte-ciel putain ! Je perdis mon souffle à cette révélation et remontai à la surface, mais je replongeai tout aussi immédiatement, de peur peut-être que tout ceci ne soit qu’un mirage et ne disparaisse. Mais elle était bel et bien là, une ville. Les rues se croisaient en angles droits et entouraient des bâtiments carrés entre lesquels dansaient des bancs de poissons colorés. La lumière du jour se reflétait pas moment sur des vitres encore intactes. Mon cœur battait à tout rompre et je ne pouvais plus me lasser de ce paysage de désolation, fasciné par ce symbole si fort de ce qu’avait été mon passé et qui ne serait plus. Je remontai sur mon embarcation et me mis à pleurer longtemps. L’humanité avait disparue. L’humanité était comme cette ville : tombée à jamais sous les flots de l’oublie et, à l’échelle de la vie de la planète, avait au final eu bien peu d’importance. Tout serait effacé par la mer et les arbres et le sable et tout retournerait dans les entrailles de la terre. J’étais un vestige d’une civilisation disparue, anéantie et, malgré mes mois d’errance solitaire ou presque, c’était la première fois que cette vérité cruelle m’apparaissait aussi clairement. Alors je pleurai là, sur mon tas de bois branlant, pendant presque une éternité.

Lorsque je fus enfin calmé, j’entrepris de rejoindre la rive, mon campement, et mes élans pour sauver les autres de cette ruche engloutie qui m’avait porté n’en étaient que renforcés. Ok, notre civilisation entière était morte mais il restait encore quelques hommes et femmes vivants, et il fallait en prendre soin. Enhardi, je redoublai d’efforts, mais le vent se leva subitement, et la mer jusque là très calme se fit de plus en plus forte. J’ai noué le bout de corde à ma taille et j’ai ramé, ramé, ramé, je bouffais de l’eau par la figure et le vent me fouettait et je tombai et me relevai et tombai et ramai. Ma lutte contre les éléments se devenait vaine, et arriva le moment où, alors que je n’étais plus si loin du rivage – mon rivage ? - ma barque de fortune se disloqua et ce n’est qu’à grand peine que je parvins à m’accrocher à un des bouts de tronc qui la composait. Nous avons dérivés, ballottés par les caprices de l’océan et du ciel, manquant de finir noyé un nombre incalculable de fois jusqu’à ce qu’enfin l’eau nous rejette miraculeusement sur une plage. Je donnai mes dernières forces pour m’éloigner autant que je le pouvais des vagues qui me fouettaient durement le dos et, à bout de force, je me suis écroulé dans le sable humide.
Samuel
❦ Feuille de ginkgo
Samuel
Samuel
Lun 27 Fév - 14:52
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Un peu plus de deux mois s'étaient écoulés à présent. Alice commençait à s'habituer à ce nouveau monde. De multiples expériences lui avaient démontrés que la faune et la flore étaient devenues étrangères à ses connaissances, pour la plupart, et que les autres avaient développés des caractéristiques différentes de celles qu'elle avait connu dans sa première vie. Elle apprenait chaque jour.

Après sa rencontre avec Lysandre et le rétablissement du Toudoux, elle avait décidé de s'aventurer à nouveau sur les plages. Elle espérait y trouver des noix de coco, comme avec Akara. Cette source d'hydratation formidable ne nécessitait aucun traitement pour être consommées et la chair pouvait être séchée pour être consommée plus tard.

Menant l'animal par la bride, elle s'arrêta face à l'océan. Aucune trace d'Humain, ni de bêtes, les alentours avaient l'air tranquilles et dégagés. L'endroit parfait pour établir un campement ! La demoiselle quitta la parka qui lui tenait trop chaud pour ne rester qu'en combinaison. Elle avait pris l'habitude de la porter continuellement, ne souhaitant pas abîmer ses seuls vêtements de rechange tant qu'elle n'était pas capable de s'en fabriquer d'autres.

Alice laissa le Toudoux brouter et rassembla du bois. Les branches ramenées par la mer, séchées par le soleil, étaient idéales et il ne lui fallut pas longtemps pour constituer une petite réserve pour la nuit à venir. Elle comptait dormir là, profiter du son apaisant des vagues pour dormir. Depuis cette nuit fatidique où elle avait entendu le chasseur de lamalpagos, Morphée ne voulait plus d'elle. Le moindre craquement la faisait sursauter une fois le soleil descendu derrière l'horizon et la rousse scrutait alors l'obscurité des heures sans plus trouver le sommeil.

Une fois le feu lancé, Alice prit le temps de noter ses dernières découvertes dans son carnet et de faire bouillir deux topignames dont l'odeur lui fit immédiatement monter l'eau à la bouche. C'est là que le ciel se couvrit subitement et que le vent se mit à forcir jusqu'à éteindre le feu qu'elle s'était donné du mal à entretenir.

- Ah bah non alors ! C'est pas cool ça... S'exclama-t-elle à l'intention des nuages, gris et bas, qui menaçaient de déverser sur elle leur colère.

Il lui fallait un abri. Passer la nuit sous la pluie ne l'enchantait pas. En plus, le son de l'averse masquerait l'arrivée d'un possible d'un prédateur. Ah, elle n'aimait pas ça ! Et puis, elle ne pouvait pas abandonner Geraldine et se réfugier dans les arbres... La pauvre bête n'était pas tout à fait rétablie, elle n'avait aucune chance sans la protection - ahem... - d'Alice.

La jeune femme se décida à retourner jusqu'aux abords de la jungle et installa la bâche de sorte à faire un abri assez grand pour elle et la créature qui mastiquait en continu. Elle noua la longe à l'intérieur et ressorti pour couper quelques branches et tiges végétales pour masquer un peu le plastique. Tant pis pour le feu, tout était bien trop humide à présent.

Elle étala le sac de couchage sur le sol et sorti sa bible : le livre de blagues qu'elle avait décidé d'emmener dans cette aventure contre l'avis général. Se raclant la gorge, elle haussa la voix pour être entendue de son amie par-dessus le battement de la pluie.

- Hé Geraldine, c'est l'histoire du p'tit déj, tu la connais ? Demanda-t-elle en fixant la bête qui continuait de ruminer sans même cligner des yeux. Nan ? Ah, pas de bol !

Alice lui raconta quelques blagues de plus avant de se lasser de l'absence de réaction de son public. Elle souffla sur une mèche de cheveux assombrie par la pluie qui lui collait désagréablement sur le front et se fit la réflexion que sa chevelure avait bien poussée et s'était même beaucoup abîmée malgré ses efforts à la protéger. Dans un soupir, elle essora la tignasse folle et la repoussa derrière ses épaules. C'est là qu'elle se rendit compte qu'elle avait laissé la parka sur la plage. La tempête prenait de l'ampleur à chaque minute qui passait, mais c'est justement pour cela qu'elle devait rapidement récupérer le vêtement.

- Bouge pas, Beefsteak, je fais au plus vite !

Quittant l'abri de fortune, Alice sprinta à travers la végétation humide et glissante jusqu'à sentir, plus que voir, le sable sous ses pieds. Ah, elle voyait déjà le reste du feu qu'elle avait monté plus tôt, et là, sa parka ! La jeune femme se hâta de la récupérer. Elle allait faire demi-tour quand elle sentit une présence dans son dos.

Hésitant entre se tourner ou fuir, la jeune femme ne put que se maudire de n'avoir pas pensé à prendre une arme. Et puis zut ! Si elle devait mourir, elle affronterait son dernier adversaire avec bravoure. Se tournant brusquement vers le rivage, Alice tomba des nues.

Il y avait là un humain. Respirait-il seulement ? Face contre terre, il demeurait immobile. Face à la mer, elle pria tout bas :

- Faites qu'il soit en vie... Faites qu'il soit en vie !

Alice se jeta à genoux dans le sable et tourna l'individu pour dégager son visage. C'était un homme, un peu plus vieux qu'elle sûrement. Il était trempé et glacé... Sa respiration assez faible pour être inquiétante. Elle attrapa ses poignets et le tira jusque dans sa cabane, ce qui fut long et épuisant. Geraldine la regarda arriver avec ce nouveau camarade en mâchant, placide comme à son habitude. La rousse l'enveloppa dans le sac de couchage, faute de mieux, et resta là à le fixer. Un frisson glacial remonta le long de son dos à la pensée qu'il ne soit trop tard.

- Réveille-toi... Allez... S'il te plaît...


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Alice
❦ Feuille de Houx
Alice
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Le flux et le reflux - RP Libre A2BD9PF
Mer 1 Mar - 21:47
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//musique ~~ Si près de la lagune
A tangué le navire

L'homme amusé depuis la dune
Voit le ferry mourir
// musique ~~


Allez bouge merde… Tu peux pas rester là...

Je voulais bouger, je le voulais vraiment, mais je n’y arrivais plus. Des bras de glace m’enveloppaient avec fermeté, son étreinte gelée empêchant tout mouvement de mon corps. Je ne pouvais plus rien faire... Toute l’eau du ciel s’abattait sur moi, me clouant de plus en plus dans le sable dans lequel je pouvais presque me fondre. Ça aurait été tellement plus facile si j’avais pu me fondre dedans et disparaître. Mais c’est tout le reste qui disparaissait, pas moi. Les couleurs et les sons s’estompaient, ne laissant place qu’aux ténèbres. Puis ma conscience et mon corps fusionnèrent avec le néant. Et puis plus rien.


//music ~~ Voilà ce qui arrive

Quand les bicoques sédentaires

S'en vont voir du pays
//music ~~


Quand je repris connaissance, je me trouvais dans les couloirs du CNES, mais l’ambiance y était lugubre. Peut-être était-ce parce que les couloirs étaient complètement vides et les néons beaucoup trop blafards ? Ou alors était-ce dû à la pluie battante que l’on entendait se répercuter contre les vitres et le toit ? Les gouttes se fracassaient en trombes et emplissaient l’espace d’une cacophonie brutale, dérangeante, malsaine. Je passai par la première porte que je trouvai et elle me ramena dans le même couloir. Alors j’en ai essayé une autre, puis une autre mais le résultat se répétait et la pluie ne cessait de tomber. « Assez » lui ai-je crié en levant le bras vers le plafond comme si cela pouvait tout changer. Mais elle n’écoutait pas… C’était pire même car maintenant l’eau ruisselait de partout, faisant tomber les plaques de faux-plafonds et noircissant les murs de moisissures. Enfin je vis des escaliers droit devant moi. Je les descendis quatre à quatre même si je ne pouvais voir où ils menaient. Plus je descendais, plus il faisait noir et froid mais je ne pouvais plus faire marche arrière, les marches avaient disparues ; dans mon dos il n’y avait désormais que le vide. Alors je descendis longtemps jusqu’à arriver devant un sas entrouvert.

Le sous-sol était rempli de droïdes – tiens, rien que des sosies de Bob - qui allaient et venaient dans les couloirs sans se soucier de moi. J’essayais de comprendre à quelle tâche ils s’affairaient avec tant d’empressement, mais ils ne faisaient que passer dans tous les labos sans même s’y arrêter. Tout à coup l’un d’eux me bouscula et j’ai basculé dans la piscine. Du fond de celle-ci j’ai vu des cordes transpercer la surface, elles tombaient du ciel… J’en ai agrippé une pour regagner la surface et lorsque je pus enfin m’extirper de l’eau, je me trouvais dans la jungle bleutée, environnement plus que familier, le seul que j’avais connu en dehors de la plage depuis mon éveil. Comme il pleuvait toujours je me suis abrité sous un énorme champignon, mais ce dernier rétrécit à vue d’œil et, bientôt, était rentré entièrement dans le sol, ne laissant qu’un grand trou là où juste avant se tenait son gigantesque pied. Tous les autres champignons l’imitèrent et la jungle se transforma en une plaine lunaire aux tons azurs. Petit à petit la pluie remplit les cratères nouvellement formés et tous les lacs se rejoignirent pour former un océan. J’étais sur mon bateau alors tout allait bien. Du moins, jusqu’à ce que les araignées de mer arrivent. Je les voyais  affluer de toute part pour se diriger vers moi et elle grimpèrent à bord en faisant claquer leurs pinces dans l’air. Leurs pattes martelaient le sol puis elles se montaient les unes sur les autres jusqu’à ce que le bateau coule sous leur poids démesuré. Alors j’étais dans mon caisson cryogène empli d’eau et il ne voulait pas s’ouvrir. Je sentais déjà l’air manquer à mes poumons, chaque goulée plus difficile que la précédente. Et je frappais et me débattais mais ça n’y changeait rien… Je savais que j’allais suffoquer comme à chaque fois. Mais tout à coup une méduse m’enveloppa le visage et j’ai senti l’air affluer dans tout mon corps. Je respirai… Enfin, enfin… Je respirai !

J’ouvris les yeux doucement, comme si je ne savais plus vraiment comment on faisait. Je me sentais engourdi et douloureux et épuisé… Et cette putain de sensation de « déjà vue » qui ne me quittait pas… Cette impression d’être retourné dans mon caisson. Encore ? Mais l’avais-je même un jour quitté ? Non non, c’était différent, j’étais dehors, je pouvais le sentir.. Les bruits se faisaient plus nets malgré mes oreilles qui bourdonnaient. Ouais, la pluie tombait, ou du moins je pensais qu’elle tombait. mais pas sur moi, ou si peu, quelques gouttes sur mon front, comme un baptême... C’était cette forme qui se tenait au dessus de moi qui m’abritait. Quoi ? Elle me parlait je crois… Un autre humain ?! Je tendis faiblement mon bras vers « ça » pour le toucher, être sûr de ne pas complètement halluciner une fois encore. Cette chose était tendre et chaude… Définitivement quelque chose d’humain, la faune n’avait pas changé à ce point. La forme se faisait plus nette maintenant. Oui, humaine ! Je laissai ma tête retomber lourdement contre le sol humide. Je ne comprenais pas par quel miracle nous étions là, deux putain d’humains... On était combien à s’être dispersé parce que l’algorithme n’avait pas été foutu de nos éveiller tous en même temps ? Quelques centaines ? Quelques dizaines ? Peut-être même moins… Et cet « Autre » était là pourtant, penché sur moi, me dispersant sa chaleur. Je laissai ma main sur elle et lui souris maladroitement.

- Tu es vraiment vrai ?

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Samuel
❦ Feuille de ginkgo
Samuel
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Jeu 2 Mar - 23:15
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Alice le fixait depuis longtemps, du moins, cela lui paraissait une éternité. Il palissait à vue d'œil et elle s'inquiétait de plus en plus. En approchant sa tête de son visage, elle paniqua soudain. Il ne respirait plus ! Sans perdre de temps, elle pinça son nez, bascula sa tête en arrière et appuya sur son menton pour dégager la voie. Prenant une grande inspiration, elle se pencha sur lui pour la lui insuffler. Une fois. Ses mains glacées se crispèrent d'effroi. Deux fois. Sa chevelure détrempée enveloppait leurs visages livides, comme pour garder le secret. Trois fois. Il y eut un frisson, comme si, enfin, il se raccrochait à la vie. Quatre fois. Cette fois, elle sentit sa cage thoracique se soulever. Il revenait à lui.

La rousse s'écarta, observant ses traits. Ses yeux s'ouvrirent et le soulagement s'écoula des siens en larmes cristallines. Sa main engloba sa joue. Elle était grande en comparaison des siennes, si menues. Il releva la tête un instant pour la regarder, le voile quitta son regard et elle y lut un sentiment similaire au sien. Son sourire et sa question la firent rire nerveusement et elle souffla en posant la main sur la sienne :

- Oui, je suis vraiment là. Repose-toi maintenant.

Ah, bon sang, elle tremblait tant, son rire maladroit se mêlait aux larmes de joie. Trop de sentiments contradictoires... L'ascenseur émotionnel l'avait épuisé. Elle posa la main de l'homme contre lui et réalisa qu'avec ses fringues trempées, il aurait du mal à se réchauffer. Ce n'était pas le moment de faire la prude, il n'était pas totalement tiré d'affaire. L'hypothermie pouvait encore être contrée, mais il fallait faire vite. Elle expliqua avec sérieux bien que ses joues enflammées traduisaient sa gêne :

- Il faut enlever tes vêtements mouillés, tu auras moins de mal à te réchauffer, sans.

Elle l'aida à se redresser un peu pour enlever le short et le tee-shirt et les étendit du mieux qu'elle pouvait sur les branches proches qui se trouvaient sous la bâche. La rousse referma ensuite sur lui le sac de couchage, remontant le zip jusqu'au menton et plaça sous sa tête une toile pliée.

- Dors, je ne vais nulle part. Murmura-t-elle, en reculant doucement, le libérant de sa chevelure.

Alice se laissa tomber en arrière, vidée. Elle n'aurait jamais imaginé être aussi bouleversée. Il ne s'agissait pourtant que d'un étranger repêché à la mer. Mais c'était un humain, quoi qu'il eût été dans l'Ancien Monde, il ne méritait pas d'être abandonné à son sort dans le nouveau. Le regard ambré d'Alice ne quittait pas le visage pâle qui reprenait peu à peu des couleurs. Tout son être était concentré sur la survie d'un autre. À tel point qu'elle ne ressentait ni la faim, ni la fatigue, ni même le froid insidieux qui, couplé à l'humidité, ne tarderait pas à la refroidir. Déjà, ses lèvres bleuissaient.

Alice
❦ Feuille de Houx
Alice
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Le flux et le reflux - RP Libre A2BD9PF
Ven 3 Mar - 20:22
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Je n’étais pas plongé en plein délire ! Tout était vrai. Cette femme était vraie. Je ne savais pas si c’était le fait d’avoir été recueilli alors que j’étais mal barré ou de rencontrer un être de chair et de sang – et qui parlait français - qui me rendait le plus euphorique, si tant est que je pouvais être euphorique dans la semie-léthargie où je me trouvais. Bien sûr j’adorais Bob et son programme bugué, il avait tant de personnalité pour un robot, mais un être humain… Je tremblais d’émotion. Et de froid. J’étais frustré qu’une telle rencontre se fasse dans ces circonstances, j’avais mal et froid et rien en moi ne semblait fonctionner correctement. Mes muscles se relâchaient et mes pensées s’estompaient malgré mes efforts pour rester focalisé sur l’instant présent. La femme me parlait et j’entendais ce qu’elle me disait, mais j’avais l’impression désagréable qu’un voile se posait sur tous ses mots comme si nous étions très loin l’un de l’autre. Complète poupée de chiffon entre ses mains, je me suis laissé dénuder et border sans rien dire. J’aurai voulu, j’avais des questions, beaucoup. Que s’était-il passé ? Où est-ce que l’on se trouvait ? Qui était-elle ? Pourquoi est-ce qu’il faisait si noir et que la pluie tombait si fort ? Pourquoi tant de gentillesse ? Pourquoi.. arghl.. le château de sable de mes pensées s’écroulait avant même que je puisse envisager de le construire. Le voile m’enveloppait et m’empêchait de parler. Alors je me laissai faire en silence.

Puis elle me conseilla de dormir et se glissa elle-même au sol dans un soupir, m’abandonnant à cette situation que je ne comprenais pas encore très bien. La pluie commençait à tomber plus fort encore et mes yeux restaient grands ouverts sur le vide de mon ciel bâché. La fatigue ça vous joue de drôles de tours, comme le fait de ne pas trouver le sommeil alors que tout notre être est au bord de l’évanouissement. Je planais presque et j’écoutais tous les sons qui m’entouraient, le souffle de la femme, l’animal qui semblait l’accompagner qui ruminait inlassablement de la verdure, le vent dans les feuilles, la pluie sur la bâche, le tonnerre au loin, des cris d’animaux inconnus, le cris de tout un peuple qui s’était éteint par sa propre action suicidaire. J’entendais les fantômes danser sur la terre à l’agonie. J’entendais les pleurs versés par les survivants pour chaque disparu et le tsunami formé par leurs larmes engloutissant tout un monde dans la nuit noire.  Que tout est noir. Que tout est noir...

J’ouvris de nouveau les yeux au petit jour. Je me sentais mieux. Pas bien mais mieux, fallait s’en contenter. Doucement je me redressai et observai à la lueur de l’aube l’abri de fortune où nous étions. La jeune femme dormait à mon côté et semblait frigorifiée ; elle n’avait jetée sur elle-même qu’une étoffe pour se protéger du froid de la nuit. Je grimaçai, reconnaissant de son sacrifice envers moi. Aussi je résolu à m’extraire du sac de couchage pour l’en recouvrir, qu’elle se repose dans la chaleur retrouvée. Il Faisait Tellement FROID. Je restai à moitié transi et le souffle coupé le temps de retrouver mon sac à dos et me jetai dessus… Mais ce n’était pas mon sac et il n’y en avait pas d’autre sous l’abri. Merde. Je me suis donc saisi de mes vêtements qui étaient accrochés ça et là et je les enfilai rapidement, ce qui était pire qu’être à poil… L’humidité de la nuit ne leur avait pas permis de sécher et formait avec le froid un combo mortel. Super… Vraiment super. Fallait que je bouge, que je réchauffe toute ma carcasse. La pluie avait cessée mais le ciel restait menaçant, une nouvelle averse n’était pas loin. Tant pis. Je décidai que la priorité, si je bougeai, était de retrouver mon propre sac à dos, même s’il ne contenait pas grand-chose puisque je n’avais pas vraiment prévu de découcher. Mais dedans il y avait mes lunettes et ma gourde et Major Tom ! Et de quoi grignoter aussi, quelques morceaux de fruits séchés que j’emmenais toujours, au cas où.

L’espèce de lama me regardai évoluer sans bouger de sa place, ayant vaguement protesté lorsque je me rapprochai de nouveau du sac de la demoiselle pour y chercher son crayon à papier et du papier. What the… Wouaw, son carnet était bien rempli. Des notes, des descriptions, des dessins de tout ce qu’elle avait observé, c’était fascinant. Si je n’avais pas eu si froid, j’aurai aimé lire avec plus d’attention, mais je me contentai de chercher une page vide sur laquelle je rédigeai :

« Parti sur la plage à la recherche de mon sac. Je reviendrai, promis.

Sam
 »


Je déposai le carnet ouvert en évidence et me mis en route doucement. La plage ne pouvait pas être loin puisque de toutes évidence la jeune femme n’avait pas pu me traîner bien longtemps, même aidée par son lama. La topographie du lieu n’était d’ailleurs pas difficile à lire et je trouvais sans trop de difficulté un bout de plage que je rejoignis en demie-foulée, histoire de me réchauffer. Je n’avais pas aussi bien récupéré que je croyais et par moment le vertige était proche, mais ce n’était pas ce qui pouvait m’arrêter. En chemin, j’avais réfléchis à la manière dont je pouvais remercier la jeune femme et résolus que, une fois mon sac retrouvé - oui j’y croyais ! - je m’engagerai à la recherche de quelque chose à partager pour le déjeuner, quelque chose qui nous redonnerai de l’énergie et nous réchaufferait. "Allez y’a plus qu’à…" me dis-je en portant mon regard sur le sable qui s’étirait jusqu’à perte de vue, y’a plus qu’à...
Samuel
❦ Feuille de ginkgo
Samuel
Samuel
Lun 6 Mar - 16:33
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Alice resta un moment à contempler l'homme endormi, allongée à même le sol, à côté de lui. Elle craignait qu'il ne disparaisse si elle fermait les yeux. Après tout, cette rencontre était si particulière... Elle lui faisait penser au conte de la petite sirène que lui racontait parfois sa mère. Sauf que c'était lui la sirène - le triton ? -, et qu'elle n'avait rien d'une princesse. Vraiment rien. Dans un soupir, elle se recroquevilla en frissonnant et se couvrit d'un grand carré de toile pour maintenir un peu de chaleur que l'humidité ambiante s'évertuait à annuler. La pluie ne semblait pas vouloir s'arrêter. Ses paupières papillonnèrent et finir par se fermer sans plus opposer de résistance.

La rousse fit un drôle de rêve, sans doute à cause de la pensée qui avait précédé son endormissement. Elle portait une longue robe avec froufrous et dentelles à outrance, armée d'une épée qui, même dans son rêve, paraissait lourde, et elle combattait un dragon. Après l'avoir terrassé avec l'arme, elle sauvait le triton enfermé dans une grotte et celui-ci lui demandait si elle était vraiment réelle. Alice eut envie de répondre que rien de tout ça ne pouvait être réel... Et c'est là qu'elle ouvrit les yeux.

Oh non, elle s'était endormie ! Se redressant dans la précipitation en faisant tomber la toile et le sac de couchage, elle fut frappée par le froid et se frictionna les bras. L'homme avait disparu... Alice se demanda même si elle n'avait pas rêvé. Elle avait pu faire un long rêve bizarre et avait fini par rouler au milieu de la tente... Non, ça semblait un peu trop tiré par les cheveux. En regardant autour d'elle, elle trouva son carnet ouvert sur son sac, le crayon marquant la page.

Maintenant, elle était sûre que c'était réel. Elle n'aurait jamais laissé ainsi son matériel dehors. S'enveloppant dans la toile, elle roula le sac de couchage et le rangea dans sa housse pour ne pas qu'il prenne trop l'humidité. Même si c'était un peu tard... Ses cheveux poisseux collaient à son visage glacé. Ah, la pluie avait complétement refroidi la jungle. Elle frissonna à nouveau et attrapa le carnet pour y lire le message. Oh, il s'appelait donc Sam ? Il était parti sur la plage dans son état ? Depuis combien de temps ? Ce n'était pas sérieux !

Alice rangea hâtivement ses affaires, sans démonter la cabane toutefois, et la quitta en courant. Il n'y avait pas d'hésitation dans ses pas. La jeune femme avait peur qu'il ne fasse une mauvaise rencontre, l'orage menaçait de gronder à nouveau. Il faisait sombre et la brume résultant de toute cette pluie se levait en dévorant tout sur son passage. Elle se rappelait de la direction de la plage, heureusement, car se repérer dans cette purée de pois n'avait rien d'évident.

Elle aurait pu attendre bien sagement dans sa cabane, manger, boire... Non, ce n'était pas son genre. Et en parlant de boire, avec toute cette eau, il serait malin d'en récolter sur les végétaux au retour, histoire de refaire des réserves. Mais d'abord elle devait retrouver Sam.

Alice déboula sur la plage si détrempée que le sable semblait noir. La mer mouvementée rejetait sur le sable de nombreux débris végétaux et des coquillages nacrés qui renvoyait la faible lumière des rares rayons de soleil étouffés par les nuages gris et bas. Le brouillard était moins dense, ici. Elle aurait peut-être moins de mal à le trouver. Elle marqua de rouge l'arbre le plus proche de l'accès en ligne droite à sa cabane, repositionna le sac sur ses épaules et longea la mer et son vacarme irrégulier, ramassant de-ci de-là de jolies coquilles qui lui rappelaient l'insouciance de certains de ses voyages. De temps à autre, elle criait le nom de l'homme, les mains en porte-voix. Elle commençait à avoir sacrément faim.

Au milieu du bois flotté, des méduses au chapeau gélatineux et des fragments de coquillages, elle ramassa plusieurs tests d'oursin, et des os de seiche. Elle n'avait pas d'idée particulière de quoi en faire pour l'instant, mais ça pourrait venir. La rousse fut étonnée de trouver plusieurs morceaux de verre poli si longtemps après la disparition quasi-totale de l'Humain et elle les ajouta à son butin. Elle fut toutefois soulagée de ne pas y trouver de plastique. Voilà quelque chose qui ne viendrait plus souiller la Terre...

- Sam ? Sam ! S'écria-t-elle soudain en voyant une silhouette qui lui faisait dos non loin en espérant que c'était bien lui et qu'elle ne se mettait pas en danger bêtement.

Alice
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Alice
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Mer 8 Mar - 9:51
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J’ai marché dans le sable mouillé, mon regard balayant tout le paysage vide qui s’ouvrait devant moi. Gauche, droite, gauche, droite, de la mer à la lisière d’une jungle, inlassablement, et pour rien. La lumière qui filtrait à travers les épais nuages m’incommodait, regarder tout sans mes lunettes me donnait mal à la tête. A moins que ce n’ait été cette chaleur poisse qui commençait à monter doucement, rendant l’air irrespirable sans la brise marine qui me fouettait le visage. Par deux fois j’avais été obligé de m’arrêter, de m’allonger et fermer les yeux longtemps, histoire de me remettre. C’était pas la grande forme… Mais je ne pouvais pas abandonner mes affaires. Pas celles qui se trouvaient dans ce foutu sac. Jamais.

Puis enfin j’aperçus quelques chose dans l’eau ; un amas de débris de bois et d’algues agglomérées s’était entravé contre des rochers qui l’empêchait de regagner l’océan et, au milieu de tout ça, mon sac. Ça faisait loin, mais c’était inespéré. Je me préparai psychologiquement à ré-affronter l’océan tumultueux. Si on avait été dans un monde merveilleux, une tortue géante ou un dauphin serait apparu pile à ce moment pour m’aider mais y’avait rien, juste moi et ma trouille. Parce qu’il fallait être honnête, je n’étais pas persuadé que j’allais y arriver même si j’essayai de m’en convaincre. « T’es bien arrivé vivant jusque là, alors c’est pas quelques grosses vagues probablement foisonnantes de méduses et de gros rochers aux angles bien effilés qui vont te faire peur, si ? » Si en fait, carrément… Merde…

Tout à coup mon nom résonna dans le vent et m’extirpa de mes pensées. Je mis quelques secondes à reconnecter mes neurones et à comprendre qu’il s’agissait de la jeune femme qui m’avait recueillie hier soir et que j’avais laissé en plan dans la matinée… Je lui fis un signe en retour et j’ai marché vers elle tranquillement. Qu’est-ce qu’elle fichait là ? J’avais envie de lui demander ce qui l’avait poussé à me retrouver mais je me sentais un peu comme un mec qui abandonne sa conquête d’un soir en laissant un faux numéro après avoir pillé le frigo et qui se fait gauler juste avant d’avoir pu refermer la porte sur lui. Sauf qu’il n’y avait pas eu conquête ni frigo ni rien du tout mais je me sentais con quand même. Elle arrivait à ma hauteur et je ne savais toujours pas quoi lui dire.

«  Salut.. Tu… » ...as fait une sacrée trotte pour me rejoindre, est-ce que tout va bien ? Tu as un problème ? Tu as faim ? Tu es plus grande que je ne pensais ? Tu n’aurai pas du t’inquiéter j’allais revenir ? Je suis désolé de m’être éclipsé comme ça mais je ne pouvais pas attendre plus longtemps ? Je suis reconnaissant pour tout ce que tu as fait pour moi ? Bordel, pourquoi ça devait toujours être aussi compliqué ?

« Salut, répétai-je d’une voix presque inaudible. Je crois que j’ai retrouvé mon sac. Mais… ça va pas être simple. », soufflai-je en désignant les flots qui se jetaient avec violence vers nous. J’étais vraiment pas prêt à y aller tout de suite. Je savais que je devrais, mais fuck… Pas tout de suite !

« Euh… il va pas s’évaporer alors j’dis pas non à une pause dans le sable perso… En plus on a de la chance regarde il a même arrêté de pleuvoir, j’vois pas comment tu pourrais refuser ». Allez demoiselle au lama, saisi la perche et laisse moi encore quelques minutes sur le sable s’il te plaît.
Samuel
❦ Feuille de ginkgo
Samuel
Samuel
Mer 22 Mar - 16:19
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C'était bien lui. Alice prit une longue inspiration qui s'inversa par un profond soupir de soulagement. Il était debout, et si on oubliait l'air de culpabilité flagrante qui transparaissait sur son visage, il avait l'air d'aller bien. La rousse acheva de se rapprocher de lui pour lui offrir un sourire tout en l'écoutant et en suivant son indication. Elle ne mit pas longtemps à repérer le sac Persephone qui flottait entre des débris de bois, de longues algues et d'autres fragments de ce que la tempête avait charrié. Le tout était coincé entre la colère de l'océan et des rochers qui affleuraient la surface, redoutablement pointus.

Une grimace lui échappa tandis qu'elle calculait la distance à parcourir dans cette mer houleuse. C'était trop loin pour être anodin, surtout par ce temps. Mais attendre revenait à prendre le risque de perdre ses affaires, et le kit de survie était indispensable pour parcourir ces terres sauvages.

Alice était plutôt en forme, même si le début de nuit avait été agité. Et de toute façon elle aurait trop de remords pour abandonner Sam là sans son matériel. Elle ne savait pas vraiment si ça valait le coup, mais il n'avait pas l'air d'un mauvais bougre.

- Je peux essayer d'aller le chercher si tu veux...

La jeune femme avait le regard fixé sur les vagues, elle ne les avait pas quittées en proposant cela. Quand elle se tourna enfin vers lui, ce fut pour remarquer son expression inquiète, à la limite de la crainte.

- Je suppose qu'on peut attendre un peu, tu as raison. Profitons de l'accalmie. La journée ne fait que commencer après tout, le rassura-t-elle. Tu as faim ?

Elle s'assit sur le sable humide en ramenant son sac devant elle et sortit l'un des contenant hermétique pour l'agiter devant l'homme en demandant :

- Tu aimes le poisson ? Celui-ci ressemble un peu à du saumon, c'est pas mauvais, et il me reste un peu de topigname bouilli.

Puis elle souffla avec agacement :

- Avec toute cette pluie, on ne trouvera pas de quoi allumer un feu de sitôt. J'aurais pu faire du café sinon...

Alice
❦ Feuille de Houx
Alice
Alice
Le flux et le reflux - RP Libre A2BD9PF
Jeu 30 Mar - 21:20
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