Katell Le Guen
13 décembre 1999
71 ans
Femme
Bi
Bretonne
Français, galo, breton, anglais, un niveau fort acceptable en allemand, espagnol et portugais, se débrouille en chinois, hindi, arabe, russe et japonais.
1m60
Poivre et sel jusqu’à ce qu’elle trouve une plante similaire à l’henné pour se les reteindre en brun (ça ne saurait tarder).
Vert clair, commencent à s’entourer d’un cercle blanc
Si on cherche à lire sa peau entre les rides, en plus de l’ortie sur son poignet, on peut voir l’encre qui a bavé tout le long de son bras jusqu’à son épaule. Des feuilles de lierre, peut-être. Oui, ça doit être ça.
Génération 2 (2070)
Ortie

Dans les années 10 (2010, bien sûr), Kat suit ses parents en fest-noz et en randonnée, parle galo avec son père et breton avec sa mère, dévore les contes bretons, apprend à jouer du violon, aime l’école.

Dans les années 20, Kat fait des études de langues. Elle veut faire de la linguistique, ou être traductrice, ou en tout cas, apprendre les langues dans l’ordre de celles qui sont le plus parlées au monde. Non, en fait non, elle va plutôt faire de la biologie, c’est trop intéressant, ce qu’on peut faire avec les plantes. Médecine ? Non, pas médecine. De la socio, alors, et de l’anthropologie. Et de l’architecture ! Bon, Kat, tu peux pas changer tous les deux ans, il faut te décider. Elle va faire de l’Histoire, mais elle trouvera bien quelqu’un à qui piquer ses cours de lettres. Elle veut tout savoir. TOUT.

Dans  les années 30, Kat élève des enfants dans une coloc géante avec des ami·e·s, leur fait découvrir la musique et apprend avec eux, continue à fréquenter les conférences d’Histoire (et autres quand ça lui chante), se spécialise sur les périodes de révolutions, continue à apprendre des langues, fait des balades herboristerie et de l’escalade, apprend à soigner avec les plantes et l’alimentation, conte des histoires au coin du feu.

Dans les années 40, elle monte des spectacles où se mêlent chants traditionnels, mélodies au violon et histoires du monde entier, car rien ne lui paraît plus intemporel en cette période difficile où les catastrophes naturelles s’enchaînent. Elle apprend à faire des décors, aide sur des chantiers, met en application les théories d’architecture qu’elle a apprises. Elle emmène ses enfants en fest-noz et en randonnée avec leurs grand-parents.

Dans les années 50, son appétit pour l’apprentissage de tout et n’importe quoi ne se tarissant pas, elle fait des stages de poterie, de couture, de tricot, de tissage, de bricolage, de menuiserie, de vannerie, de tannerie, de sculpture sur bois, de créations de bijoux en matériels récupérés, de construction de four à pain, de reliure, de mécanique, de plomberie, d’élec, de comment faire un toit en chaux ou une maison en terre, d’informatique, d’instruments de musique, bref tout ce qui s’organise : elle y va et elle apprend. Et puis dès qu’il y a un mouvement social, un groupe ou un autre qui a besoin de soutien : elle y va et elle donne un coup de main.

Dans les années 60, Kat élève des petits-enfants. Elle leur transmet ce qu’elle a appris, leur raconte les évolutions technologiques, continue à apprendre le nom des plantes et des oiseaux dans toutes les langues, à marcher tous les jours, à continuer à faire tout ce qui l’a fait vibrer de vies ces dernières décennies.

Sa famille, les fest-noz et les bibliothèques.

Transmettre les savoirs dont les humains ont encore besoin ; avoir la sagesse de faire la différence entre ceux qui leur sont essentiels et ceux qu’il vaut mieux oublier.

Curieuse – Pragmatique – Dynamique – Sociable

Avant la Cryonie

Anaëlle : Grand Mouman elle sait tout faire, moi je la veux dans mon équipe de survie !

*

Sterenn : Tu devrais postuler, Mouman. Les gens seraient très chanceux de t’avoir encore parmi eux.
Katell : Et perdre le temps qu’il me reste à vivre à vos côtés ?  E de qa d’aotr ? [Et puis quoi encore ?]

*

Sterenn : Mouman, postule. C’est encore le meilleur moyen de te protéger de la pandémie.
Katell : Mais maï je m’en moque, de la pandémie. Est-ce que je t’ai conté l’histoire de l’homme qui a voulu se cacher de l’Ankou ?
Sterenn : Mouman… Toi tu t’en moques, mais nous on veut que tu vives !
Katell : Et tu crois que je vivrais plus en m’enterrant sous terre ? Qhi qi s'ariveraet si qe j'me réveille, les températures sont insupportables et y a pas une goutte d'eau ? [Qu'est-ce qui se passe si quand je me réveille, ...]
Sterenn : Mais non, voyons, tu seras réveillée quand les conditions seront bonnes. Et tu ne seras pas seule, tu auras une ruche. Ils savent ce qu’ils font.
Katell : Depuis quand les gouvernements savent ce qu’y font ? Tchhhh.

*

Katell : Maïna était la meilleure compagnonne qu’on puisse demander pour traverser ce siècle. Elle est partie très soudainement… Pour qu’aujourd’hui, elle reste encore un peu avec nous, et que personne n’oublie qui elle a été, je vais vous conter son histoire.

*

Ayden : Y a plus que nous, Kat. On finit à deux comme un vieux couple, tu te rends compte ? Le cauchemar.

*

Katell : C’est quoi, ça ?
Sterenn : Oh ! Entretien préalable… Ton dossier a été pré-sélectionné !
Katell : E qhi don ? [Et pourquoi donc ?]
Sterenn : J’ai postulé pour toi. Ça coûte rien d’essayer, Mouman, vas-y maintenant…
Katell : D’agrë, si tu veus-ti. N’y a pouint chouer, ils vont me refouler pour mon âge, de toute façon. [D'accord, si tu veux. C'est pas grave, ...]

*

Officier (en anglais) : Et pourquoi est-ce qu’on prendrait le risque de vous choisir malgré votre âge ?
Katell (en anglais) : Vous avez lu mon dossier. Je suis en très bonne santé, je fais encore de l’escalade et de la danse, je parie que si on allait marcher j’irais bien plus vite que vous, qui passez tout votre temps derrière votre bureau ! Mais surtout je sais plein de choses. Les livres ne tiendront pas. Et moi, c’est pas très important si je ne survis pas longtemps : il faut juste que je survive assez longtemps pour transmettre aux autres. Je serai votre encyclopédie vivante. J’apprendrai à vos pros de la survie à faire du fil avec des orties, tisser leurs nouveaux vêtements, se faire des paniers en osier, bref, tous ces savoirs utiles pour survivre au long terme. Et puis, vous recevez des gens de plein de nationalités différentes, si j’ai bien compris ? Comment voulez-vous qu’ils se comprennent ? Moi, je transmettrai notre Histoire dans toutes les langues. Ne sous-estimez pas les vieux. Vous me mettez dans une ruche avec des survivalistes grands et forts, mais pas des arrogants, des qui comprennent à quoi je sers dans cette affaire, et tout ira bien.

*

Katell : Et merde.

*

Katell : Tu prendras soin d’eux, hein, Ayden ? Y a plus que toi, maintenant.
Ayden : Je prendrai soin de ton passé. Prends soin de notre avenir.


Après la Cryonie


Katell termine de se couper les cheveux au couteau. Mille ans dans une capsule, elle a besoin de faire quelque chose pour se sentir renaître. Elle garde les cheveux dans une de ses sacoches : ça pourra toujours servir.

Elle a eu de la chance, sa ruche est encore en bon état. En même temps, on a choisi pour elle un endroit moins risqué géologiquement et on l’a enterrée avec « les 100 livres de l’Humanité ». Malheureusement, les personnes qui sont sorties avant elle de leurs capsules ont fait l’erreur de vouloir les toucher ; il y en a plusieurs déjà tombés en poussière. Ce sera du travail, de restaurer assez les autres pour pouvoir les lire sans les abîmer.

Mais ce n’est pas sa priorité ; les autres membres de l’Ortie étant endormis ou disparus, elle va devoir commencer par survivre seule, ce qui n'était pas prévu : n'était-elle pas censée se réveiller après les autres ?

Son premier objectif : faire en sorte que ça dure le moins possible. Elle n’est clairement pas en état de crapahuter partout à la recherche de ses congénères, alors elle accroche un message, écrit en plusieurs langues sur une feuille de son carnet, à chacun des droïdes. S’ils bougent d’une ruche à l’autre, quelqu’un apprendra ainsi son existence. Ensuite, elle fera des signaux de fumée. Ça, les humains potentiels du coin devraient comprendre.

Plus qu’à aller jeter un œil dehors, alors, pour commencer à répertorier les possibilités pour se nourrir, se tenir au chaud, se retrouver. Elle soupire.

— Bienvenue dans ton troisième millénaire, Kat.

[Autre info utile : si quelqu’un veut se réveiller avec une petite grand-mère pour les accueillir au réveil, la ruche de l’ortie est ouverte !]