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Shéhérazade "Basile" Ben Youssef
Ft. Goldenrod by 0037.UV

Shéhérazade "Basile" Ben Youssef Basile-mini

Code:
https://i.ibb.co/F5TR4ZW/Basile-mini.png
 
Je suis le personnage de Basile et je parle en #00ff99 !
Carte d'identité

Nom complet
Shéhérazade “Basile” Ben Youssef
Date de naissance
10 septembre 2049
ge
22 ans
Genre
Femme
Orientation
Bisexuelle

Nationalité
Franco-marocaine
Langues parlées
Arabe, Français, anglais rudimentaire

Taille
1m55
Couleur des cheveux
Brun
Couleur des yeux
Noisette/doré
Autres marques distinctives
Piercing au nez et au nombril

Cryonie
Génération 2
Ruche
Ortie

Trois questions

Quel était son métier et ses occupations avant la cryonie
Étudiante en botanique, artiste
Qu'est-ce qui lui manquera le plus
Ses plantes, les cigarettes mentholées et peut-être un peu - juste un peu - sa famille et ses amis
Quel est son objectif sur Gaïa
Trouver la paix, pour elle, et établir un codex sur la botanique actuelle, pour tous

Objets personnels choisis

Une bague en or ornée de la main de Fatma de sa grand-mère
Un vieil exemplaire d’Alice au pays des merveilles, de Lewis Caroll
Son carnet à dessin avec un pastel noir
Et au milieu de tout son bric à brac de survie, quelques graines de basilic
Shéhérazade "Basile" Ben Youssef UZqfZsH
Caractère


I got my head checked
By a jumbo jet


Ses doigts passaient lentement sur chacune des grandes feuilles qui se détachaient du mur. La chlorophylle, doucement veloutée, avait la texture du velours et la couleur de l’émeraude. C’est avec une profonde satisfaction qu’elle dessinait le contour du cœur vert, avant de machinalement continuer l’inspection vers une autre de ces merveilles, dans sa petite chambre de Paris. Le vingtième arrondissement n’était plus ce qu’il était. Sa grand-mère lui disait tout le temps. A mon époque, il faisait frais! A mon époque, tu pouvais passer un ramadan sans douleur! A mon époque, on pouvait encore faire de longues promenades! Bullshit. C’était donc ça, son héritage? Un ciel gris un jour, et le lendemain, une chaleur crevante?

Philodendron gloriosum, calathea ornata, verrucosum, scandens micans. Une à une, elle vérifiait que ses enfants, les seuls qu'elle autoriserait, allait bien.

It wasn't easy
But nothing is


C’est marrant Basile, t’as l’air plus déprimée que d’habitude.” Sans déconner? Elle fixa le grand jeune homme, sa peau noire faisant ressortir toutes ses dents dans les lumières tamisées du bar de quartier où ils s’étaient retrouvés. Elle se demandait encore ce qu'elle foutait là. Enfin, non. ça, elle le savait déjà. Les sirènes d’une pinte pas chère et d’une soirée clope l’avait appelé comme toujours, quitte à supporter des gens qu’elle n’aimait pas. Elle y arrivait bien, à être hypocrite. Être là à supporter de faux sourires, tout ça pour oublier un peu, ça passait. Mais s’il y avait bien quelque chose qu’elle n’arrivait pas à prétendre, s’était à s’amuser. Pour ça, il fallait qu’elle soit seule, recluse, dans sa jungle et ses pensées, avec Netflix et ses bouquins. Non, un sourire, c’était trop demander. Non, elle n’était pas hypocrite,finalement. Elle était trop honnête pour ça.

Elle termina son verre et sortit une cigarette de sa poche. Il y en avait de moins en moins, dans ce monde qui partait à volo.

Hmar.”

When I feel heavy metal

La porte grinça derrière elle. Sa tête était lourde, embrumée par les vapeurs de liqueur et de shit pas cher. Ses vêtements devaient le trahir fortement. Son sweater trop ample pour sa petite stature en était la principale victime, le témoin silencieux et martyr de toutes ces soirées parisiennes à traîner de coin en coin avec de prétendus amis qu’elle supportait à peine. Ses amis, ses vrais, se comptaient sur une main. Mais ils partageaient les mêmes qualités: ils savaient tous qu’elle était du genre solitaire, et ils la laissaient relativement tranquille. C’était le bon plan, entre solitaires, on se soutient, et on se laisse seul. Même quand on est en groupe, finalement. Ils étaient seuls ensemble.

En passant le couloir, elle remarqua le contour de la silhouette de son frère que la lumière jaune de la cuisine découpait dans l’encadrement de la porte. Sa gorge se serra. Si il y avait quelqu’un qu’elle ne voulait pas voir, c’était lui. Lentement, elle baissa les yeux, et commença instinctivement à longer les murs comme un chat. C’était peut-être ce qu’elle était, au fond. Un gros chat, un peu nul, qui préfère se complaire dans rien, manger à l'œil à rouler son ventre, plutôt que de faire des efforts. Bref, des chats, elle en avait d’autres à fouetter, Mehdi, pour commencer. Elle aurait bien voulu qu’il détourne le regard mais il semblait déterminer à la confronter, vu qu’il s’avançait déjà.

C’est à cette heure que tu rentres? Bon sang, Shé, c’est…

Basile.”

Tu n’es plus une gosse, Shéhérazade”.

Basile.”

Il était bien parti pour continuer, mais elle avait saisi profité de sa taille trop grande pour le contourner sous son bras tendu, et s’enferme dans la salle de bain. Sa tête était trop lourde pour supporter une nouvelle engueulade. Et elle n’avait pas la tête à ça, de toute façon.

And I'm pins and I'm needles

L’amphi était loin d’être plein. Au contraire, ils devaient bien être cinq pelés à avoir bravé la chaleur. Le professeur avait l’air d’être aussi démotivés qu’eux. En même temps, dans ce monde où la fin était si proche, valider des crédits en étude de plantes aquatiques, ça n’avait guère de sens. Mais pas pour tout le monde: pour elle, c’était une libération. Elle voulait tout savoir, des plantes aquatiques. C’était bien les seuls moments de sa semaine où elle était plutôt contente. Alors même si le prof n’en avait plus grand chose à carrer, elle levait la main, tout le temps. A chaque question, pour en poser, pour réveiller tout ce petit monde qui en avait clairement marre. Elle ferait sa guerre, à elle. Sa bataille. C’était la seule chose qui la tenait encore debout.

Well, I lie and I'm easy

Le casque était vissé sur ses oreilles, balançant bien fort, mais dans sa tête uniquement, les riffs animés de Blur. C’était vieux, maintenant, ça remontait à loin. Rachida lui avait dit que c’était presque sa jeunesse. Mais elle s’en fichait, c’était bien trop bon. Autour d’elle, sa jungle restait immobile, la veillait comme une enfant qui se dandine toute seule pour apprendre à bouger. Elle dansait comme un singe, Basile, à remuer ses fesses dans témoins et sans foules. Dehors, la pluie était battante, une délivrance après de longs jours de canicule. Le bruit de la guitare saturée se substituait aux gouttes qui martelaient ses vitre, créant une musique plus sublime encore. Et elle adorait ça. Cette exaltation immédiate, la joie sublime qui la chaleur était parti, qu’aujourd’hui il ne faudrait pas sortir, qu’elle pourrait juste traîner en slip dans sa chambre à profiter de la pluie, de son monde, qu’aujourd’hui ce n’était pas la fin du monde mais un répit.
Elle aimait ça, ce souffle froid. Elle aurait voulu que tout soit ainsi, pour toujours. Plus de soleil, plus de cons, plus d’humains en règle générale. Que la nature, la nature éternelle, la nature splendide, et la pluie.

All of the time but I'm never sure why I need you
Pleased to meet you


Comme une chirurgienne, elle était complètement affairée sur les racines de son epipremnum manjula quand son smartphone se mit à vibrer. La main pleine de terre, elle répondit machinalement sans regarder qui était son interlocuteur. Sûrement Kenza, à cette heure. C’est pour ça qu’elle lâcha un “tu veux quoi?” sans détourner le regard de son trésor, roulant sa clope du bout de sa langue qui avait maintenant un sale goût de terreau humide.

Mme Ben Youssef? It’s the Persephone program. You filled an application with us recently?”

Oh shit. Elle en lâcha la cigarette incandescente qui tomba la braise la première sur son jean déjà troué, brûlant sa cuisse au passage, mélangeant au prétrichor une arrière odeur de cochon cuit. Shit.
Heureusement, le feu avait évité la plante à coeur ouvert qui trônait sur son bureau, attendant patiemment de retrouver un nouveau pot et sa terre bien aimée.

Yes, yes that’s me.” Ses mots étaient peu assurés. Elle savait qu’elle aurait dû travailler plus à l’école, mais l’anglais n’avait jamais été son fort. Et son accent en plus, mêlant à la France les accents du Maroc. Rien de très british, du coup.

Congratulations, Miss Ben Youssef. You have passed the first tests. I’m calling to tell you you have been selected.”

Oh. Shit.

Whoo-hoo.


Cheminement



Oxalis Tetraphylla

Shéhérazade? Oh, je t’appelle! ‘Tain, elle court partout cette gamine…

Rien n’allait dans la journée de Mehdi. Condamné à surveiller sa petite sœur de sept ans de moins que lui dans un vieux jardin partager du XXème. Enfin, il la surveillait pas vraiment. Il regardait surtout son portable. Le whatsapp de sa classe était en ébullition - les 3ème 4 du collège Rosa Parks, une classe hétérogène mais sympathique - et son écran s’allumait toutes les secondes. En même temps, ce Hmar de Mohammed avait demandé à Sarah des quatr…

Medhi, tu as vu ta soeur?

Ouais ouais Maman, deux sec…

Elle est OU?

Medhi leva un oeil, quitta les troisième, quitta whatsapp, quitta la virtualité pour se retrouver en tête à tête avec sa daronne, Fatima, qui s’était téléporté face à lui.

Deux minutes, je te demande de la surveiller DEUX MINUTES!!

L’adolescent d’une quinzaine d’année, au cou bien trop grand et à la moustache naissante et clairsemée, regarda autour de lui à la recherche de la petite figure à la tête hirsute - Shé était là, devant les fleurs or… Hein?

Mais elle était là, il y a trois sec…

C’est pas possible, par Allah vous me faites que des misèr…

“T’inquiète pas Maman”, Medhi essaya de sonner rassurant, mais il avait l’air tout sauf rassuré. Sa peau mat était devenue blanche, et il avait un sale rictus autour du nez qui trahissait son agacement.

La petite… Si il l’attrapait. Ses yeux firent le tour du jardin en un éclair. Il n’y avait pas grand chose, en même temps avec la chaleur, c’était difficile de faire tenir les vieilles espèces, du coup on plantait surtout des plantes tropicales. Le genre de gros machin avec des feuilles immenses qui s’accrochent aux arbres morts que la mairie n’avait pas encore déraciné. Elle était passée où encore, la petite… Merde. Si il ne la trouvait pas, il se ferait défoncer. Et aussi… Merde, il espérait qu’il ne lui était rien arrivé.

Il fit le tour du jardin deux fois avant de s’apercevoir qu’il y avait un passage dérobé derrière un gros buissons. C’est un bout de l’immonde robe jaune qu’ils lui avaient forcé de porter qui le rassura immédiatement. Shéhérazade se tenait debout dans un gros bidon bleu en plastique, le genre de truc où on stockait des produits chimiques ou de l’alcool. Sauf qu’à la place, c’était une joyeux masse de tiges vertes qui s’élevaient, répandant l’odeur de l’Italie et du soleil. C’était la première fois qu’il en voyait du vrai. Avec les chaleurs, c’était devenu presque impossible à cultiver. Et pourtant, il était là, rayonnant, captivant la petite dame qui ne le quittait pas des yeux.

Tu sais que Maman va nous tuer, hein? Petit Basilic.”

Et c’est resté.


Allium Sativum

La petite cuisine sentait fort les épices. Safran, cumin, l’harissa fraîchement écrasée, le couscous. Des vapeurs interdites renfermées dans les papiers peints datées et délavés. Une vieille lampe pendait lamentablement du plafond. L’ampoule était recouverte d’une couche épaisse et brunâtre, les restes d’une huile de cuisson qui s’accumule sans fin. Ce domaine, c’était celui de Rachida. Son territoire. Son royaume. L’endroit du monde où elle se sentait bien. Et aujourd’hui, elle accueillait en son sein une nouvelle présence, un peu perdue. Sous d’épaisse boucles noires, le visage secret, ses yeux dorés tournés vers la table.

Alors, l’école, ma Basile? Tu t’en sors?

La petite - enfin, la petite. Elle avait bien treize ans maintenant, même si elle était plutôt petite et qu’elle faisait moins. Rachida ne la comprenait pas trop, cette enfant. Toujours renfrognée, toujours enfermée. Elle semblait ne rien aimer dans la vie.

C’est pas trop dur, tu as des copines?

Basile restait silencieuse, à l'exception de petits acquiescements sans bruit. Pas moyen de savoir ce qu’il se passait sous cette tête. Des pensées obscures, de la joie? Elle ne montrait rien. Peut-être qu’elle était contente, au fond. Mais à ne rien révéler, ça commençait à inquiéter ses parents. Sa mère lui avait tenu les mains quelques heures plus tôt, en se lamentant que sa fille soit un tel mystère. Et pourquoi elle ne sort pas? Elle reste toute la journée à la maison, elle veut jamais voir des amis, faire de sport… Elle veut simplement voir les jardins, elle s’achète des petites plantes. Mais elle ne fait rien! Elle a de bonnes notes mais… Mais! Rachida avait sourit, et l’avait renvoyée chez elle, elle avait besoin de repos. Et ça lui allait bien, que sa petite fille soit comme ça.

Allez, aide moi à peler l’ail, ma fille.” Elle poussa vers elle un bol rempli à raz bord de petites gousses blanches. “Elles sont fraîches! Elles ont coûtés un bras à ton papy.

Une lueur traversa les yeux de l’enfant - elle attrappa une petite gousse blanche, commençant à machinalement passer l’obgle sous la peau épaisse pour pousser doucement le cuir épais et filamenteux loin du petit trésor odorant. Encore un parfum qui aller s’ajouter dans la cuisine.

Dieu est grand, Basile. Dieu est grand.

Elle lui disait tout le temps. C’était son truc. “Basile, il pleut. Dieu est grand. Basile, mets la table. Dieu est grand.

Tu sais, tes parents s’inquiètent pour toi. Tu pourrais leur parler. Pas grand chose, hein. Juste les nouvelles. Ce que tu fais, tes copines… Tu aimes bien ça, au moins, l’école?

Oui Mamie.”

Un sourire illumina le visage de la vieille dame, à la peau du désert, aux yeux riants des berbères.

“Dieu est grand.

Philodendron Melanochrysum


Basile!! Tu viens tout de suite, la con de toi!!

La voix tonitruante de son père retentit dans l’appartement comme le tonnerre pendant l’orage. Si il pouvait en faire, il serait entouré d’éclairs et de vents. Il fulminait. Il bouillonnait.

Tu me fais que des misères!” Ses poings étaient serrés, forts. Face à lui, sa famme et son grand fils, déjà vingt-quatre ans, assis autour de la table en regardant le bois, ou leurs chaussures, ou rien, en priant pour que ça s’arrête et qu’il se calme. Mais rien ne pourrait l’arrêter.

BASILE!

Au bout d’une minute, l’adolescente finit par apparaître dans la cuisine, emmitoufflée dans une chemise à carreau bien trop grande pour elle, surmontant une paire de collants troué qui révélait des bouts de ses jambes. C’était déjà presque trop pour ses yeux - le corps de sa fille, ainsi? Un blasphème, mais il avait bien comprit qu’il ne pourrait pas la contrôler, lui imposer des règles simples. Déjà qu’elle voulait bien aller à la mosquée, il ne voulait pas pousser. Mais là…

C’est quoi ça?

Il ouvrit la main, dans laquelle se trouvait, pliée par sa main énervée, un paquet de cigarette entamée. Il était tombé de son sac d’école, un peu plus tôt, alors qu’elle l’avait jeté par terre avant de se cacher dans sa chambre. Elle ne leur disait jamais rien, à eux. Ils avaient appris à faire avec. Mais là…

Par Allah, c’est comme ça qu’on t’a éduqué? Tu fumes, ma fille??

Ils marchaient sur des oeufs depuis des années. Leur fille avait toujours été sage, mais plus elle vieillissait, plus il comprenait que la petite fille sage et réservée qu’il avait vu grandir avait disparu. Et parfois… Parfois il croyait qu’on l’avait remplacé par un diable, un agent du chaos qui avait pour seul désir de semer le désordre dans leur maison. Il savait bien que ce n’était pas vrai. Enfin, au final, il ne savait pas grand chose. Il savait juste qu’elle repoussait toujours un peu plus les limites qu’ils lui fixaient, comme si ils pédalaient dans la semoule, comme si elle avait depuis longtemps échappé à leur contrôle et qu’ils ne faisaient qu’essayer de la rattraper sans jamais le pouvoir. Comme si ils l’avaient déjà perdu.

Oui, c’est à moi.

Mehdi se raidit sur sa chaise. Il craignait le bras vengeur plus que quiconque, sachant le maghrébin impulsif sous l’emprise de la colère. Basile le regardait avec ses grands yeux vides et dorés, où rien ne filtraient, ni remords, ni fierté. Désarmante. Le père leva sa main au dessus de son épaule.

Tu n’es même pas désolée!”

Il allait se lever, protéger sa soeur, mais avant même que le ocup fuse, elle haussa les épaules et se retourna.

Dieu est grand papa.

Et elle était partie. Désarmante.

Ginkgo Biloba

Tu vas leur dire pour Lucas?” Kenza attrapa la bouteille de vin dans les mains de Basile, l’arrachant pour en avaler quelques gorgées. Elle n’était plus fraîche depuis longtemps, réchauffé par des paumes tièdes, et avait un sale goût. A ce prix là, ça devait être du faux. Mais elles s’en fichaient. Rien n’avait meilleur goût qu’une cuite pas chère, aux faux fruits ou aux vrais, ils s’en fouttaient bien.

Non, t’es folle.” Si Basile le disait à sa mère, elle devrait leur dire pour Clémence, pour Yacine, pour Ahmed… “L’ignorance, c’est mieux. Ils ont pas à le savoir, de toute façon.”

Kenza regarda son amie - sa meilleure amie - pendant longtemps. Elle avait l’air désabusée, plus que d’habitude. Elle n’avait jamais été du genre à avoir l’air de quoique ce soit, mais cette fois-ci elle semblait un peu vide. Kenza la connaissait bien. Elles se tenaient souvent compagnie, sans rien attendre, sans rien demander. Se tenir ensemble dans la même pièce, c’était déjà bien assez. Et si l’une d’entre elle avait besoin de vider son sac, elle y allait, sans crainte, sans doute. Et l’autre lui présentait une oreille attentive, et vide de jugements. Parfois des conseils, parfois cela donnait une longue discussion. Mais la plupart du temps, elles se soutenaient juste.

Faut que je te dise quelque chose.”

Elle leva un sourcil. C’était rare pour Basile de parler. La plupart du temps, c’était elle qui racontait sa vie, et Basile qui l’écrasait en faisant quelques commentaires plus ou moins bienveillants pour les protagonistes de son histoire. Kenza se retourna vers elle - son petit visage se détachait bien de toute la chlorophylle de la pièce. Des plantes, il y en avait partout. Sur les murs, sur les meubles. C’était comme un jardin secret, perdu, un monde juste à elle.

Tu vois, le programme Perséphone. Ils en ont parlé, à la fac. C’est un truc nouveau, qui pourrait permettre aux inscrits de… Bah de survivre, quoi. D’être gelé jusqu’à ce qu’ils soient réveillés dans des centaines, des milliers d’années. Quand toute cette merde sera passée, qu’on sera tous morts et que la terre aura gagné. Un truc du genre.

Kenza se redressa brusquement. Elle voyait pas trop où elle voulait en venir, mais ça commençait sérieusement à l’inquiéter.

... Tu… Ca t’intéresse ces trucs? Wesh, je pensais que t’étais pas du genre à…

Bah tu vois, je me suis inscrite. Je vais tenter ma chance.

Une grosse larme roula sur sa joue. Pourquoi?

Ocimum Basilicum

Elle passa sa main sur les feuilles, regarda une dernière fois son jardin. Sa famille. Toutes ces petites âmes vertes qu’elle s’était évertuée à garder en vie, à entretenir, à aider. Pour qu’elles s’épanouissent, grandissent, se déploient. Trouvent la paix dans ce monde qui brûle.
Devant elle, une valise à peine remplie. Quelques fringues, son carnet, quelques graines. Au fond, elle savait qu’elle ne serait riche que de souvenirs. Ces babioles, c’était surtout pour tenir le coup quand tout serait… Sa gorge se serra. C’était pas le moment de flancher, sa décision était prise.

Lentement, elle ajouta quelques mots à une grande liste posée sur son bureau, les instructions pour prendre soin de chacune de ses plantes. Luminosité, terreau, engrais… Rien n’était laissé au hasard. Parce qu’elle les connaissait toutes, après tout. Leurs petits caprices, aussi. Elle savait tout. Elle soupira. Peut-être que dans deux milles ans, sa chambre serait devenue une forêt verdoyante et qu’elles seraient toujours là à l’attendre.

Tu vas dire au revoir aux parents, au moins?

Quand la voix résonna dans la chambre, elle ne se retourna pas. Mehdi était entré, mais se tenait encore dans l’encadrure. Il ne s’était jamais avancé dans la chambre plus que ça. Il respectait son espace, après tout. Il l’avait toujours respecté. C’était un homme bien, sage. Plus le petit con qu’elle avait observé en grandissant, maintenant il était marié, était papa. Elle lui souhaitait le meilleur, au fond d’elle, mais elle était bien incapable de le lui dire.

Je pense pas. Je suis suffisamment un échec pour eux, je vais pas remuer le couteau.” Elle soupira. “Tu leurs diras pour moi.

Mehdi soupira à son tour, grand dadet mince.

Pourquoi tu fais ça? Pourquoi t’as besoin de partir? Tu dois prouver quelque chose, c’est ça?

Tu vas bien prendre soin de mes plantes, hein? Tu as tout écrit là.

Bien sûr, Hmar. Mais Shé… Basile. Tu pourrais le faire toi, tu sais. Tu pourrais rester.

Oui, elle pourrait rester. Mais à quoi bon? Pour mourir? Pour regarder ce qu’elle aimait, ce à quoi elle se rattachait, mourir? Pour voir ses parents déçus dés qu’ils la voyaient? Pourquoi, l’amour? Elle n’avait jamais vraiment réussi à s’adapter, à aimer, à comprendre. Elle était déconnectée de tout ça. De ce monde. Elle voulait… Elle voulait la paix.

Dieu est grand.”

Dis pas ça. Tu crois même pas de toute façon.”

Elle referma sèchement son sac, recouvrant au passage son coran, son carnet, toute une petite vie coincée dans un si petit espace. D’une main, elle redressa le col de sa chemise, attrapa une clope qu’elle ne prenait même plus la peine de cacher.

Aucune idée.”

Selaginella lepidophylla


On traversa sa peau. On… Pas on. Un truc. Un truc piquant, froid. Ses yeux s’ouvrirent péniblement, pour la première fois depuis des centaines d’années. Des diodes éclairaient faiblement son corps refroidis. Elle aurait pu grelotter si elle n’était pas violemment engourdie. Plus rien ne répondait, elle était enfermée dans son corps comme une prisonnière. Ce qu’elle sentait, c’était des aiguilles. Pleins de petits pistons qui déclenchaient des seringues. On le lui avait expliqué, à l’institut. Comme le réveil se passerait. Elle avait anticipé l’expérience, mais c’était quand même bien moins agréable que ce qu’elle avait anticipé. Son esprit était encore plein de brume. Rien n’allait. Elle avait mal, faim, froid. Rien n’allait. Elle voulait crier.

C’est alors qu’elle s’aperçu du tuyau dans sa gorge. Rapidement, elle se mise à suffoquer, perdue. Elle voulait l’arracher, mais ses mains étaient trop ankylosées. Elle était coincée, piégée. Perdue. Une vagabonde dans sa prison de chair, coincée sous le plexiglas qui lui renvoyait des images troubles et couvertes de buée.

Quelle calvaire.

Quelle merde.

Merde!

Un clic retentit dans sa petite cabine, suivit d’un bruit de piston et d’une sensation de glissement désagréable et glissant dans le fond de sa gorge. Le tuyau se mit à bouger, glisser le long de sa trachée suivit d’une douleurs amère. Et brusquement, la cabine s’ouvrit. Son calvaire avait peut-être duré une ou deux minutes, tout au plus. Mais elle avait l’impression qu’il avait duré mille ans. C’était peut-être bien le cas.

Timide. Vacillante. Basile se hissa de ses bras lourds, tomba par terre avec la vilaine sensation que son corps répondait mal et pesait deux tonnes. Immédiatement, elle se précipita sur ses affaires. Heureuse de trouver toutes ses affaires. Tout était là, son carnet, ses graines. Un soulagement l’envahit. Mais…

Mais il manquait quand même des choses. Beaucoup de choses. Son ventre se creusa. Mehdi, Kenza, Rachida, le monde. Maintenant, son bagage, c’était surtout ses souvenirs. Sa main se serra, son coeur s’alourdit, son visage se lissa. Quelque part, à Paris, poussait une forêt luxuriante de pin et de philodendron. Son héritage, alors qu’elle se levait de nouveau pour découvrir le monde. Des bruits étouffés l’attirèrent. A la conquête d’un nouveau monde.
Basile
⚘ Bouquet d'orties
Basile
Basile
Mer 19 Juil - 11:02
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blush

J'adore ta fiche. Avec les noms des plantes, c'était gagné d'avance, mais Basile est juste dfjksdkalls;rktjt. Voilà, c'était le message très sérieux de validation.

C'est pas très raisonnable, mais j'ai très envie de te demander un RP pour me relancer.
L'horizon
Omniprésence narrative
L'horizon
L'horizon
Shéhérazade "Basile" Ben Youssef Anime-gif-anime
https://gaia.forumactif.com
Lun 31 Juil - 3:47
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Owi!!

Merci beaucoup à vous pour la validation! Trop trop contente, je vais pouvoir venir vous embêter eheh o/

(Et on peut s'arranger pour un rp quand tu veux bien sûr Sourcils )
Basile
⚘ Bouquet d'orties
Basile
Basile
Lun 31 Juil - 15:35
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